«Voici l'histoire d'un meurtre politique de masse.» C'est par ses mots que Timothy Snyder entame le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Tous l'ont été dans un même territoire, que l'auteur appelle les «terres de sang» et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes.
Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim. Deux des plus grands massacres de l'histoire - les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940 - ont été perpétrés ainsi. Tous deux ont précédé l'Holocauste et, selon Timothy Snyder, aident à le comprendre.
Les victimes des deux régimes ont laissé de nombreuses traces. Tombées après la guerre de l'autre côté du rideau de fer, elles sont restées dans l'oubli pendant plus de soixante ans et ne sont revenues au jour qu'à la faveur de la chute du communisme. Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe paraît s'ouvrir avec lui. Ce faisant, il redonne humanité et dignité à ces millions de morts privés de sépultures et comme effacés du souvenir des vivants.
Par sa démarche novatrice, centrée sur le territoire, son approche globale, la masse de langues mobilisées, de sources dépouillées, l'idée même que les morts ne s'additionnent pas, Timothy Snyder offre ici un grand livre d'histoire en même temps qu'une méditation sur l'écriture de l'histoire.
« Nous sommes un peuple de 42 millions d'habitants sur un territoire plus vaste que la France ou qui l'était, jusqu'à ce que la presqu'île de Crimée lui soit arrachée. Notre civilisation est plus ancienne que celle de la Russie, nos liens avec la France remontent au Moyen Age. L'Ukraine était un royaume avec Kiev pour capitale quand Moscou n'était qu'un bourg au milieu de nulle part.
Pendant plus de trois siècles, nous sommes passés pour la province d'un empire qui nous avait pris jusqu'à notre nom. Mais lorsque les murailles de l'Union soviétique sont tombées, notre « terre qui n'est pas la nôtre » comme l'écrivait le poète, s'est réveillée. Enfin, elle allait pouvoir choisir son destin et cesser de suivre celui imposé par les autocrates de l'Est. Vingt-deux ans plus tard, Vladimir Poutine a cru pouvoir mettre un terme à cette « récréation ». Au nom d'un génocide, sorti de son imagination, contre les russophones, il a cru que ses soldats seraient accueillis avec le pain et le sel. Pour annexer l'Ukraine, il suffisait de cent cinquante mille hommes et d'un déluge de bombes. Écrase-t-on une idée avec un marteau ?
Je suis née à Kiev. Mon père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Il portait l'uniforme soviétique, comme près de sept millions de soldats ukrainiens. Près de la moitié ont été tués.
Violoniste, professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev, j'ai reçu, à Moscou, les conseils du meilleur des hommes, un des rares violonistes dont les Français connaissaient le nom : David Oïstrak, né en Ukraine où il a étudié et commencé sa carrière. Et j'ai aimé de toute mon âme d'artiste la culture ukrainienne, de Chevtchenko, notre Hugo, à Silvestrov, comme j'ai aimé la culture russe, de Tchaïkovski à Tolstoï et Dostoïevski.
Dans l'après-guerre, ma mère qui avait été chanteuse à l'opéra de Kiev, voulut me faire apprendre le français... « A quoi cela lui servira-t-il ? » lui demandait-on. Personne ne pouvait alors quitter l'Union soviétique.
J'aimerais aujourd'hui raconter aux Français pourquoi notre identité n'est pas une invention de Maïdan, et pourquoi les Ukrainiens, tenaces, têtus, courageux, à l'image du boxeur Klitchko, montagne des rings qu'aucun coup ne parvenait à ébranler, font envers et contre tout, et depuis si longtemps, le choix de l'Europe et de la démocratie.
Une nation est, comme un diamant, composée de milles facettes, si scintillantes que parfois elles nous aveuglent. Nous sommes le passé, le présent, les vivants et les morts, l'histoire et la géographie, la poésie, les oeufs peints de Pâques, les chemises brodées, le bortsch. Et la passion.
La Russie, si prompte à renouer avec ses vieux démons, nous accuse du crime de fascisme : mais qui se trompe d'époque ?
Aux femmes qui ont accouché sous les bombardements, à ceux qui se sont terrés dans leurs caves, à ceux qui ont passé leur rage en fabriquant des « cocktails ukrainiens », à ceux qui tiraient les missiles stinger, à ceux qui distribuaient la nourriture dans les supermarchés, à ceux qui posaient les garrots, à ceux qui les fabriquaient, au sniper qui abattit le général Tchétchène, à tous ceux qui se sont battus, à ceux qui ont attendu. Et même à ceux qui doutent encore que l'Ukraine existe, je dédie ce livre. »
"Indépendante depuis 1991, l'Ukraine a connu au début du XXIe siècle deux révolutions puis un conflit avec la Russie. Ces événements s'enracinent dans une longue histoire peu connue en France, où elle n'a généralement été étudiée qu'à travers le prisme russe. L'ouvrage propose une lecture de cette histoire, des origines à nos jours, en partant des questions les plus souvent posées ou les plus complexes. Des chronologies et un atlas historique complet font de cet ouvrage un outil de référence pratique pour tous ceux qui veulent comprendre le passé et la situation actuelle de l'Ukraine. Cette deuxième édition a été améliorée et complétée pour la période 2008-2019."
Depuis une dizaine d'années, l'Ukraine apparaît régulièrement sur le devant de la scène internationale, que ce soit pour ses mouvements protestataires, ou à propos de l'annexion de la Crimée par la Russie et du conflit à l'est du pays, semblant constituer le théâtre d'une nouvelle guerre froide qui cristallise les tensions entre la Russie et les nations occidentales.
Les événements récents sont aussi l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l'URSS et d'une suite de gouvernants entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine, terre de contrastes.
Raconter l'histoire de Volodymyr Zelensky, c'est raconter celle de l'Ukraine et des Ukrainiens.
Volodymyr Zelensky, dit « Vova », est issu d'une famille d'intellectuels juifs laïques. Il naît dans une Ukraine socialiste et soviétique, à Kryyi Rih, connue pour ses usines de métallurgie et sa mauvaise réputation. Au moment de l'indépendance en 1991, des milliers d'ouvriers se retrouvent au chômage et la jeunesse désoeuvrée sombre dans la délinquance. C'est par la comédie que Volodymyr cherche à fuir la tristesse industrielle et la violence de sa ville natale. Les modèles du jeune Zelensky sont occidentaux, Benny Hill et les Monty Python. Avec ses amis de lycée, il monte bientôt sa société de production Kavartal 95, du nom du quartier où il a grandi. Elle connaît un immense succès, mais après la Révolution de Maïdan et les représailles infligées par le Kremlin en Crimée et dans le Donbass, il décide de couper tout lien avec le marché russe. Comme nous le rappelle « Zelensky chef de guerre », Vladimir Poutine a toujours maté dans le sang les élans d'autonomie d'anciennes nations soviétiques. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Volodymyr a choisi d'incarner un professeur d'histoire dans son plus grand succès, la série "Serviteur du peuple". L'histoire, c'est également l'une des obsessions de l'homme fort du Kremlin qui assène sa propre version des faits sur l'époque de la Rus' de Kiev : l'invasion du 24 février n'ayant pour but que de recréer la Grande Russie.
Faire le portrait de Volodymyr Zelensky, c'est aussi évoquer son identité juive et aborder la question de l'antisémitisme dans l'histoire de l'Ukraine, que Vladimir Poutine dit vouloir dénazifier. C'est faire la lumière sur ses zones d'ombre, comme sa relation embarrassante avec l'oligarque Igor Kolomoysky, mise en évidence dans la fuite des Pandoras Papers. C'est analyser le flou qu'il a intentionnellement entretenu entre le candidat réel et le personnage virtuel qu'il incarnait à l'écran, ambiguïté dont il s'est servi comme arme de communication, jusqu'à ce 24 février 2022 où tout a basculé, lorsque la Russie a envahi l'Ukraine. Zelensky joue désormais le rôle de sa vie, celui que Vladimir Poutine lui aura tragiquement donné.
Depuis Les Cercueils de zinc et La Supplication, Svetlana Alexievitch est la seule à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu'a été l'URSS, la seule à écrire la petite histoire d'une grande utopie. Mais elle est avant tout un écrivain, un grand écrivain. Ce magnifique requiem utilise une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés.
Ce livre donne des clés pour déchiffrer non seulement les faces cachées de Poutine mais aussi les aléas de ce nouveau monde. Il est le résultat d'une longue enquête qui devait être publiée plus tard, mais les événements tragiques en ontaccéléré la parution.
L'auteur, qui a connu Vladimir Poutine, aide à comprendrece qui se trame dans l'esprit du dirigeant russe. VladimirFédorovski voit en lui cinq hommes qui façonnent le leader guerrier d'aujourd'hui : l'enfant meurtri, le sportif tacticien, l'espion fourbe, l'homme politique blessé et le tsar fantasmé. Ce qui arrive est d'une gravité pire que la guerre froide car il y avait des lignes rouges à ne pas franchir.
On assiste à un grand mélange entre propagande et politique réelle ; on ne parle plus le même langage ; on joue perdant perdant. Pour reconstruire, il faut tenir compte dne erreur fondamentale qui remonte à la fin de la sortie du communisme : les Occidentaux ont refusé d'associer la Russie au monde libre. On a marginalisé la Russie, on l'a humiliée même, et on le paie très cher aujourd'hui.
De mère russe, de père ukrainien, l'auteur est doublementdéchiré. Il a le sentiment que tout le sens de sa vie diplomatique comme fossoyeur de la guerre froide a été anéanti.
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man's land, ces ennemis d'enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s'ajoute la monotonie des journées d'hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d'«apithe´rapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part a` l'aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et du silence des montagnes de Crimée, l'oeil de Moscou reste grand ouvert...
Peut-on parler de malédiction ukrainienne ? Les crises succèdent aux crises et l'Ukraine surgit régulièrement dans l'actualité comme un diable de sa boîte et généralement, c'est dans un contexte de catastrophes, de rébellions contre le pouvoir ou de scandales : Tchernobyl, Révolution orange, EuroMaïdan, problèmes gaziers avec la Russie, élections à répétition, corruption, collusions entre oligarques et politiciens, instabilité politique chronique, etc. Tout cela sur fond de divisions et de rivalités persistances entre les deux parties du pays, l'est - globalement tourné vers la Russie - et l'ouest qui regarde l'Union européenne avec les yeux de Chimène Expliquer les raisons de cette situation hors normes en plongeant dans l'histoire récente de l'Ukraine, tel est le propos de l'ouvrage.
Il revient sur l'histoire mouvementé de cet État qui a toujours cherché à exister sans y parvenir de manière durable. Plusieurs questions se posent sur les mythes et les réalités de l'identité ukrainienne. Quelles sont les racines historiques du « peuple ukrainien » ? Et d'ailleurs, un seul peuple ou plusieurs ?
Un chapitre sera consacré à chacune des étapes de la création de l'État ukrainien et à ses différents avatars jusqu'à aujourd'hui.
La deuxième partie traitera des événements qui ont secoué l'Ukraine depuis novembre 2013 et qui, même s'ils n'ont pas dégénéré en guerre civile, ont provoqué l'une des crises internationales majeures en Europe depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
En réalité, il n'y a pas une seule crise mais plusieurs qui s'emboîtent à la manière des matriochki de l'artisanat. Un chapitre sera consacré à chacune d'entre elles, à savoir crise économique, crise politique, crise institutionnelle, crise internationale.
La famine meurtrière qui frappa l'Ukraine au début des années 30 reste un des chapitres les moins explorés de l'Histoire soviétique. Anne Applebaum répare enfin cette injustice par un livre qui fera date. Elle impressionne par la somme des connaissances rassemblées et commentées sur ce qui fut une véritable extermination de tout un peuple organisée par le Parti communiste soviétique sous Staline, mais aussi par son talent d'écrivain. Son récit des faits débute par l'histoire de la révolution ukrainienne en 1917 et celle du mouvement national qui en est issu, puis se poursuit par les premières décisions du Politburo sur la politique agricole à mener dans cette province si fertile de l'Union Soviétique jusqu'à la persécution systématique de l'élite ukrainienne. Le tableau brossé par Applebaum nous plonge de manière inédite dans les horreurs de la répression menée par le régime stalinien. Car cette famine « organisée » fit plus de 5 millions de victimes - dont 3.9 millions d'Ukrainiens, et l'héritage de cette mémoire que l'URSS a tenté d'éradiquer joue évidemment un rôle considérable dans les relations russo-ukrainiennes au temps présent.
Famine rouge s'impose par sa documentation incontestable, sa hauteur de vue et les perspectives qu'il dégage, c'est aussi un livre nécessaire pour comprendre un épisode tragique de l'Histoire du XXème siècle autant que la réalité politique actuelle de cette région du monde.
L'Ukraine est au centre de la nouvelle guerre froide qui s'est installée entre les pays occidentaux et la Russie. En 2013, les Ukrainiens ont conduit une révolution pour se rapprocher de l'Europe. Ils l'ont vite payé par l'annexion de la Crimée, puis par un conflit armé alimenté par la Russie, à l'est de leur territoire. Depuis, malgré la guerre qui se prolonge, l'Ukraine tente de se construire un nouveau destin. Quelles sont ses chances d'y arriver ? D'où est venue cette aspiration à s'émanciper ? Comment ce pays s'est-il transformé depuis la révolution du Maïdan ?
Entre enquête et reportage, ce récit revient sur les événements clés de la crise ukrainienne, dont l'auteur a été le témoin. Il dessine le visage d'une nation en train de se réinventer et permet de comprendre ce qui se joue, aujourd'hui, dans ce pays nouveau sur la carte de l'Europe mais dont l'histoire vient de loin.
Entre Baltique et Pacifique, la Russie constitue un ensemble sans équivalent. Elle incarne " l'Eurasie ", une notion désormais centrale dans le discours géopolitique russe. Au sud, le Moyen-Orient est perçu comme un arc de crise. Au nord, l'océan Arctique fait figure de nouveau front stratégique. A l'est, la Chine, l'Asie, puis les Etats-Unis. Au sud-ouest, l'Iran, la Turquie... A la mesure de ces immensités, le projet russe consiste à retrouver un statut de puissance globale, en opposition à l'Occident.
L'approche raisonnée de ce " phénomène " géopolitique suppose la connaissance des lieux et espaces où s'exerce la puissance, la compréhension des rapports bilatéraux, la saisie des représentations à travers lesquels les dirigeants voient et pensent le monde. Ce dictionnaire géopolitique multiplie les perspectives sur la Russie et l'Eurasie postsoviétique en 550 entrées. Un ouvrage géopolitique sans équivalent aujourd'hui.
Le photographe Niels Ackermann et le journaliste Sébastien Gobert sont des arpenteurs amoureux de l'Ukraine. Ils nous emmènent en voyage dans le Donbass, dans la ville de Novhorodske, autrefois appelée New York. À quelques kilomètres de la ligne de front, en plein coeur du conflit russo-ukrainien, ils rencontrent les habitants, les écoutent, les regardent, partagent un peu de leur quotidien. Tous décrivent leur lutte pour continuer à vivre librement sur ces terres qui les ont vus naître.
New York, Ukraine se présente comme un guide d'une ville que vous ne vous attendiez pas à visiter. Loin des clichés sur l'Europe de l'Est, les auteurs nous conduisent à travers la ville, dévoilant des lieux déglingués et surprenants, et une histoire riche de la tradition mennonite des anciens colons allemands. Dans les portraits merveilleusement vivants de Niels Ackermann, dans les interviews drôles ou graves de Sébastien Gobert, le lecteur découvre les répercussions de la guerre sur la vie des habitants. Ce livre nous donne à sentir leur formidable énergie de vivre. Aujourd'hui, les Novhorodskiens ont obtenu de rendre à leur ville son nom originel de New York : il devient le symbole d'un nouveau départ.
Empoisonné au Novitchok en août 2020 et évacué en Allemagne pour y être soigné, Alexeï Navalny, gure sans égale de l'opposition russe, est rentré à Moscou sous les feux des médias du monde entier en janvier 2021. Son arrestation immédiate a ouvert la voie à un a rontement inédit avec Vladimir Poutine.
Qui est vraiment Alexeï Navalny ? Un héros de la démocratie ? Un nationaliste, un raciste ou un traître à la mère patrie ? Comment l'ex-homme d'a aires, simple blogueur, est-il devenu un candidat sérieux à la mairie de Moscou, puis à l'élection présidentielle ?
Écrit par trois spécialistes de la politique russe, ce livre explore les nombreuses dimensions de l'action politique du militant depuis ses enquêtes pionnières sur la corruption, ses idées et son mouvement pour la démocratie, jusqu'à son activisme de rue. Pour la première fois, la lumière est faite sur l'homme, son courage, ses paradoxes, son parcours et l'engagement total de celui qui, en osant dé er le chef du Kremlin, est devenu, même emprisonné, la deuxième personnalité politique de son pays.
Pour comprendre la Russie d'aujourd'hui, il est urgent de comprendre Alexeï Navalny./Jan Matti Dollbaum est allemand, chercheur postdoctoral à l'université de Brême.
Il étudie la protestation, les mouvements sociaux et leurs liens avec la politique en Russie et en Europe de l'Est.
Morvan Lallouet est français, doctorant en politique comparée à l'université du Kent.
Il rédige une thèse sur Alexeï Navalny et l'opposition russe.
Ben Noble est britannique, maître de conférences en politique russe à l'University College London et membre associé de Chatham House. Ses recherches portent sur la politique intérieure russe et la politique législative dans les pays non démocratiques.
« En quelle langue parler au lecteur ? ».
Souvenirs de la Kolyma est un cycle de textes écrits par Varlam Chalamov dans les années soixante-dix, soit une vingtaine d'années après sa libération des camps et son retour. Ils sont complétés par des évocations de ses contemporains, écrivains ou poètes, comme Pasternak, ainsi que par une étrange liste de 1961 qui énumère avec une sècheresse poignante ce qu'il a « vu et compris dans les camps ». Ces souvenirs, comme les Récits de la Kolyma, transmettent la réalité par fragments et s'interrogent avant tout sur ce que peut la langue et ce qu'est la mémoire.
« J'essaierai de restituer la suite de mes sensations - je ne vois que ce moyen de préserver l'authenticité de la narration. Tout le reste (pensées, paroles, descriptions de paysages, citations, raisonnements, scènes de la vie courante) ne sera pas suffisamment vrai. Et pourtant je voudrais que ce soit la vérité de ce jour-là, la vérité d'il y a vingt ans, et non la vérité de mon actuelle appréhension du monde. ».
Avec Souvenirs de la Kolyma, la collection « Slovo » poursuit le travail d'édition complète des oeuvres en prose de Varlam Chalamov, auteur fondamental du xxe siècle, désormais reconnu comme un des grands écrivains non seulement de l'histoire des camps, mais surtout de la littérature mondiale.
La Russie est-elle européenne ? Qu'est-ce qu'être russe ? Depuis le xvie siècle, la Russie entretient un lien complexe et ambigu avec l'Europe occidentale. À la tête d'un véritable État-continent s'étendant de l'Europe à l'Asie, les tsars de Russie puis les leaders soviétiques n'ont cessé de s'interroger sur l'identité de leur pays et les relations à nouer avec l'Europe, tour à tour perçue comme modèle de modernité et d'efficacité ou comme source de danger et de subversion. D'Ivan le Terrible à Vladimir Poutine, les décideurs russes ont été confrontés à ce « dilemme » : fallait-il imiter l'Europe pour mieux la dépasser, ou bien s'en protéger ? D'une plume alerte, en s'appuyant sur un vaste ensemble documentaire, Marie-Pierre Rey explore les tourments de l'identité russe, à la croisée de l'histoire des relations internationales et de l'histoire des représentations.
Au pouvoir depuis vingt ans, Vladimir Poutine a ouvertement annoncé son intention de replacer la Russie au centre de la politique mondiale. Sa stratégie : perturber les règles du jeu partout où il le pourra. C'est ce que montre cette enquête passionnante.
Isolée par son intervention en Ukraine, la Russie s'est servie du conflit syrien comme d'un tremplin pour revenir en puissance dans les affaires internationales. Le chef du Kremlin use, sans complexe, de méthodes de déstabilisation hors-champ et recourt à ses réseaux de l'ombre en Europe, aux États-Unis, dans l'espace postsoviétique, en Afrique, en Asie, et jusque dans le Grand Nord. Tous les moyens sont bons : ingérence dans des élections, élimination d'opposants, pressions politiques, économiques et énergétiques, cyber-attaques, interventions militaires...
Face à cette offensive globale, les Occidentaux, divisés, hésitants, voire bienveillants, semblent incapables de trouver une parade efficace. Moscou façonne pourtant un monde plus dur, instable et conflictuel. Un monde où le rapport de force s'impose sur la coopération, où les droits de l'homme s'effacent, où la démocratie cède devant l'autocratie. Un monde favorable aux ambitions du Kremlin que Vladimir Poutine impose par sa stratégie du désordre.
Vladimir Poutine est-il toujours populaire après vingt ans au pouvoir ? Pourquoi a-t-il décidé de changer la Constitution ? A-t-il une opposition politique ? A-t-il gagné la guerre en Syrie ? La Russie veut-elle déstabiliser l'Occident ?
Grande puissance nucléaire et énergétique, la Russie fait partie des leaders mondiaux en matière de dépenses militaires et de ventes d'armes. Depuis 2014, elle s'est rendue incontournable sur les grands dossiers internationaux. Car Vladimir Poutine impose de manière spectaculaire sa politique musclée en Ukraine, en Syrie, voire en Libye. Alors qu'il cherche à prolonger ses mandats jusqu'en 2036, de nombreux défi s guettent le pays en prise avec des faiblesses structurelles démographiques, économiques et technologiques. Voici cent clés pour mieux saisir les dynamiques de la société russe.
Pour l'Ukraine est composé de vingt-trois discours choisis parmi les plus marquants de ceux que le président Zelensky a prononcés depuis la veille de la guerre, puisque, le 21 février, pressentant l'attaque, il a solennellement appelé son peuple à l'unité de la nation. On y trouvera les dramatiques discours du premier jour (le matin et le soir de l'invasion), mais aussi les grands discours institutionnels comme ceux qu'il a tenus devant le Congrès américain, le Parlement français, le Parlement anglais, et de nombreuses adresses à la population ukrainienne, diffusées sur les réseaux sociaux.
Sans relâche, il se pose en défenseur de son pays et, bien au-delà, des valeurs humanistes et de liberté mises en danger par cette guerre. Volodymyr Zelensky nous avertit : si l'Ukraine tombe, c'est l'Europe qui tombe. Une parole qui restera à l'égal des plus grands discours de défense de la démocratie.
Cet ouvrage exclusif, publié avec l'accord des autorités ukrainiennes sur la base de textes autorisés, constitue la première édition mondiale de ses discours.
PREMIERE PUBLICATION MONDIALE.
TOUS LES PROFITS DE LA VENTE DE L'OUVRAGE SERONT REVERSÉS A L'ORGANISME DE SOUTIEN AU PEUPLE UKRAINIEN GÉRÉ PAR L'AMBASSADE D'UKRAINE A PARIS.
Chaque 8 mai, la Russie célèbre la « Grande Victoire » de la Seconde Guerre mondiale. Des défilés sont organisés partout en Russie mais aussi à travers le monde. Ces défilés sont ceux du « Régiment immortel ».
Pourquoi cet engouement soudain, quand la guerre est terminée depuis plus de 70 ans ? En perdant l'URSS, les Russes sont devenus une puissance régionale pauvre et mal aimée de ses voisins. Le génie de Poutine a été de redonner aux Russes la fierté de leur passé soviétique en occultant progressivement ses côtés sombres. Or la victoire sur le nazisme n'est-elle pas le moment le plus glorieux de l'époque soviétique ?
Par un tour de passe-passe, le peuple russe, qui a « gagné la guerre contre le mal absolu », devient porteur du bien absolu. Et Staline, une figure populaire, désormais préférée à Poutine et à Pouchkine.
La conscience nationale ainsi sacralisée, il n'est pas difficile à au gouvernement, qui s'appuie sur une armada de journalistes et de « technologues politiques », de convaincre le « petit peuple » que tous ses agissements sur la scène internationale et à l'intérieur du pays (aggressions contre l'Ukraine et la Géorgie, extinction de la liberté de la parole et de réunion, assassinats politiques), est légitime : le Régiment immortel ne doit-il pas rester prêt à défendre la Patrie et à écraser ses ennemis ?
La Russie de ce début du XXIe siècle mène quatre combats.
Le premier est territorial. En Ukraine, en Géorgie, en Syrie, dans l'Arctique, le néo-impérialisme russe y projette sa puissance militaire et son savoir-faire diplomatique.
Le deuxième est symbolique. La forteresse du Kremlin, les missiles nucléaires, les défi lés militaires et un patriotisme kitsch incarnent la création de cette nouvelle identité.
Le troisième est « biopolitique ». Il cible la sphère privée des citoyens. L'orientation sexuelle, le rapport à la religion et à l'éducation, les contacts avec l'étranger, deviennent des enjeux publics.
Le quatrième est mémoriel. Il réhabilite Staline et refuse les traumatismes du passé. L'Histoire devient le réceptacle des rêves d'une grandeur révolue.
À l'apogée du règne de Vladimir Poutine, Sergueï Medvedev nous livre une analyse lucide de la situation de la Russie et du futur qu'elle nous réserve.