Pour les besoins d'une thèse consacrée à «la vie à la campagne au XXIe siècle», l'apprenti ethnologue David Mazon a quitté Paris et pris ses quartiers dans un modeste village des Deux-Sèvres. Logé à la ferme, bientôt pourvu d'une mob, s'alimentant au Café- Épicerie-?Pêche et puisant le savoir local auprès de l'aimable maire - également fossoyeur -, le nouveau venu entame un journal de terrain.
Mais il ignore encore quelques fantaisies de ce lieu où la Mort mène la danse. Quand elle saisit quelqu'un, c'est pour aussitôt le précipiter dans la Roue du Temps, le recycler en animal aussi bien qu'en humain, lui octroyer un destin immédiat ou dans une époque antérieure.
À l'exception d'une trêve de trois jours par an au cours de laquelle est donné un banquet afin que les fossoyeurs ripaillent, sans scrupule et dans une fabuleuse opulence de nourriture, de libations et de langage. Car les saveurs de la langue, sa rémanence et sa métamorphose, sont l'épicentre de ce roman hors normes, aussi empli de truculence qu'il est épris de culture populaire, riche de mémoire, fertile en fraternité.
Lorsque les parents de Chen sont réduits en cendres devant ses yeux, le soir de son quatorzième anniversaire, par une boule de foudre, il jure de consacrer sa vie à l'élucidation de ce phénomène naturel resté mystérieux pour la science. Sa quête le mènera à la compréhension d'une manifestation météorologique fascinante qui pourrait bien devenir l'arme ultime si les humains parvenaient à la maîtriser... Comme dans la magistrale trilogie du "Problème à trois corps", Liu Cixin excelle à donner une forme romanesque aux concepts les plus abscons de la physique. "Boule de foudre" est un "page turner" d'exception.
Une dramatique vérité familiale dévoilée par deux jeunes gens dans une maison-mausolée élevée à la mémoire de ceux qui ont péri dans un incendie. Etrange et obsédant. Prix polar international de Cognac 2010.
En nous lançant aux trousses de David Bell, l'inquiet et séduisant narrateur du roman, Don DeLillo nous entraîne dans les arcanes d'une société où l'on bascule facilement du confort de l'establishment au vagabondage, sous l'influence de mythes, fantasmes et obsessions auxquels se raccrochent les personnages irrésistibles qui peuplent cette aventure.
Premier roman de l'écrivain reconnu qu'est aujourd'hui Don DeLillo, Americana apporte une nouvelle preuve que l'Amérique est encore et toujours à découvrir.
Dans les derniers jours de la guerre civile espagnole, l'écrivain Rafael Sánchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, échappe au peloton d'exécution des troupes républicaines en déroute grâce à un soldat qui, bien que l'ayant vu, lui laisse la vie sauve. Soixante ans plus lard, un journaliste s'attache au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans un seul regard et entreprend de recueillir des témoignages pour transformer cette histoire en fiction.
Roman-document qui a bouleversé l'Espagne et connu une carrière internationale, ce livre est porté par une réflexion profonde sur l'essence même de l'héroïsme et sur l'inéluctable devoir de réconciliation. II a été adapté au cinéma par David Trueba.
Traduit de l'espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic.
Retraçant le parcours d'une fée gymnaste qui, dans la Roumanie des années 1980 et sous les yeux émerveillés de la planète entière, mit à mal guerres froides, ordinateurs et records, ce roman dont la lecture politique n'épargne ni le bloc de l'Est ni la version falsifiée qu'en donnait à voir l'Occident délivre une passionnante méditation sur l'invention et l'impitoyable évaluation du corps féminin.
Un trentenaire installé dans un couple sans surprise mais sans problème croise celle qui fut son premier grand amour d'enfance, devenue entraîneuse dans un bar. Après «Le Poids des secrets» et «Au coeur du Yamato», Aki Shimazaki, dans ce nouveau cycle romanesque, observe l'intimité sensuelle et amoureuse des individus sans se départir de sa pudeur ni de son élégance.
L'île où se déroule cette histoire est depuis toujours soumise à un étrange phénomène : les choses et les êtres semblent promis à une sorte d'effacement diaboliquement orchestré. Quand un matin les oiseaux disparaissent à jamais, la jeune narratrice de ce livre ne s'épanche pas sur cet événement dramatique, le souvenir du chant d'un oiseau s'est évanoui tout comme celui de l'émotion que provoquaient en elle la beauté d'une fleur, la délicatesse d'un parfum, la mort d'un être cher. Après les animaux, les roses, les photographies, les calendriers et les livres, les humains semblent touchés : une partie de leur corps va les abandonner.
En ces lieux demeurent pourtant de singuliers personnages. Habités de souvenirs, en proie à la nostalgie, ces êtres sont en danger. Traqués par les chasseurs de mémoires, ils font l'objet de rafles terrifiantes...
Un magnifique roman, angoissant, kafkaïen. Une subtile métaphore des régimes totalitaires, à travers laquelle Yoko Ogawa explore les ravages de la peur et ceux de l'insidieux phénomène d'effacement des images, des souvenirs, qui peut conduire à accepter le pire.
Hymne au désordre et à la poésie des corps, ce roman de formation retrace l'éducation politique et sentimentale d'un jeune Français arrivé à Berlin juste après la chute du mur, qui tombe amoureux fou et décide de rester dans cette ville où tout paraît possible. Par l'auteur d'«Un océan, deux mers, trois continents» (prix France Bleu / «Page des libraires», prix des lecteurs de L'Express»/ BFM TV, prix Ahmadou-Kourouma).
Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d'une femme ordinaire, confrontée à une expérience-limite. Après une catastrophe planétaire, l'héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s'être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d'une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les conditions de l'expérience humaine
Ce formidable roman qui a marqué son époque - au point que le monde anglophone a fêté en 2008 le cinquantenaire de sa parution - a immédiatement inscrit Chinua Achebe (1930-2013) au rang des écrivains d'Afrique les plus lus et étudiés. Riche et dense, il brasse des thèmes tels que la destruction de la vie tribale à la fin du XIXe siècle à la suite de l'arrivée des Européens, la conversion au christianisme, la vie quotidienne des femmes et des enfants d'un village de forêt...
Cette épopée contemporaine retrace le parcours d'étoile filante de Jean-Michel Basquiat, l'un des plus grands peintres du XXe siècle, dans le New York artistique des années 1980. Une fiction biographique ardente et poétique.
Avant que la lucidité ne le quitte à jamais, un homme écrit à la femme de sa vie, dans le chaos absolu d'une mémoire vacillante, de longs feuillets recto/verso. D'un côté : l'itinéraire d'un enfant sans amour et l'affliction d'un adulte sans dieu ; de l'autre : l'histoire du Mal souverain. Confiteor (en latin : je confesse) est une véritable cathédrale profane.
Sa femme a été assassinée et violée. Wahhch se lance sur les traces du meurtrier, un Indien mohawk qui profane les plaies ouvertes dans le ventre de ses victimes. De cette poursuite du monstre, les animaux sauvages ou domestiques sont les témoins, se relayant pour prendre en charge la narration. Une fascinante geste initiatique polyphonique et animiste.
En juin 2005, l'histoire d'un paisible nonagénaire barcelonais fait le tour du monde : Enric Marco, le charismatique président de l'Amicale de Mauthausen, qui pendant des décennies a porté la parole des survivants espagnols de l'Holocauste, n'a jamais connu les camps nazis. L'Espagne affronte sa plus grande imposture, et Javier Cercas sa plus audacieuse création littéraire. Avec une mise en garde à ne pas négliger : "La littérature n'est pas un passe-temps inoffensif mais un danger public." Roman traduit de l'espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic.
Lorsque leur père et leur oncle se font engloutir par la mer du Nord, les trois jeunes frères Lauritz, Oscar et Sverre sont contraints de quitter l'île de leur enfance, pour rejoindre la ville de Bergen et devenir apprentis dans une corderie. Par un heureux concours de circonstances, ils sont repérés par le fils du propriétaire pour leur habileté artisanale hors du commun. Leurs études en génie civil seront alors prises en charge. C'est ainsi qu'en 1901, les trois fils de pêcheur sortent de l'université de Dresde avec chacun un diplôme d'ingénieur en poche.
Le XXe siècle vient tout juste de commencer, charriant son lot d'avancées technologiques prometteuses, et les jeunes diplômés sont promis aux plus audacieux projets de construction ferroviaire. Mais leurs chemins se séparent. Sverre part à Londres, Oscar en Afrique, seul Lauritz rentre au pays natal. Aventure, danger et conflits les attendent : Oscar affronte la chaleur accablante de la savane en Afrique de l'Est allemande et Lauritz le blizzard arctique du haut plateau du Hardangervidda.
À travers ce roman tumultueux qui unit le sérieux de l'enquête historique et la vivacité du grand récit d'aventures, Jan Guillou livre le premier volet de son projet littéraire le plus ambitieux à ce jour, "Le siècle des grandes aventures", une captivante saga consacrée aux bouleversements qui ont ébranlé l'Europe du XXe siècle.
Rastignac d'après le désenchantement, Aurélien ne croit en rien mais veut tout. La gloire, le scandale, la liberté, tout casser et tout réinventer, connaître l'ivresse du plaisir et toucher du doigt la beauté comme on vole un baiser. Et ce tout, c'est Paris qui le détient, Paris qui le lui donnera. Entre intrigues et orgies, quête du pouvoir et tentations mystiques, «Les Parisiens» suit la trajectoire aussi tragique que burlesque de quelques étoiles filantes dans le ciel parisien.
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s'éteint; son plus jeune fils s'en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré et aussi le haïssable roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l'insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s'accomplir, de quelque manière, l'apprentissage de la honte.
Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent «l'argent de New York», leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Après sa disparition, une artiste plasticienne fait l'objet d'une enquête menée par un professeur d'esthétique auprès de tous ceux qui, de près ou de loin, l'ont côtoyée. Cet envoûtant thriller intellectuel redistribue avec brio les thèmes chers à Siri Hustvedt et constitue une inoubliable plongée dans les arcanes de la création comme de l'âme humaine, explorées ici par une romancière au sommet de son art.
Gardien de la citadelle Europe, le commandant Salvatore Piracci navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes, afin d'intercepter les embarcations des émigrés clandestins. Plusieurs événements viennent ébranler sa foi en sa mission et donner un nouveau sens à son existence. Dans le même temps, au Soudan, deux frères s'apprêtent à entreprendre le long et dangereux voyage qui doit les conduire vers le continent de leurs rêves, l'Eldorado européen. Parce qu'il n'y a pas de frontière que l'espérance ne puisse franchir, Laurent Gaudé fait résonner la voix de ceux qui, au prix de leurs illusions, leur identité et parfois leur vie, osent se mettre en chemin pour s'inventer une terre promise.
La prise de la Bastille est l'un des événements les plus célèbres de tous les temps. On nous récite son histoire telle qu'elle fut écrite par les notables, depuis l'Hôtel de ville, du point de vue de ceux qui n'y étaient pas. «14 Juillet» raconte l'histoire de ceux qui y étaient. Un livre ardent et épiphanique, où notre fête nationale retrouve sa grandeur tumultueuse. Par l'auteur de «L'Ordre du jour», Prix Goncourt 2017.
Élevé au rang de classique contemporain par la critique internationale«, L'Ombre du vent», le livre aux 25 millions de lecteurs, est le premier volet de la saga du «Cimetière des Livres oubliés», magistralement conclue par «Le Labyrinthe des esprits» (Actes Sud, 2018).
Barcelone, 1980. Le jeune Óscar a l'habitude de s'échapper du collège où il est pensionnaire lorsqu'un jour, il rencontre Marina, une jeune fille qui va briser la solitude de ses escapades quotidiennes. Intrigués par une femme se recueillant régulièrement devant une tombe anonyme flanquée d'un papillon noir d'un cimetière oublié, les deux amis décident de la suivre et de mener l'enquête. D'un effrayant théâtre abandonné aux vestiges de la cité souterraine de Barcelone, Óscar et Marina vont faire ressurgir une vieille tragédie et réveiller les fantômes du passé.