Ce livre célèbre sur les bas-fonds du Berlin des années 1925-1930 fait penser à Voyage au bout de la nuit et aux Mystères de Paris, mais aussi à Brecht, à Dos Passos et à Joyce. Car ce récit épique, plein de tendresses, de violences, de vices, étonne par sa modernité. L'aventure de Franz Biberkopf, criminel poussé par la fatalité vers un retour au crime, est comme le chant d'une symphonie composée de la rumeur de la foule, du hurlement des tramways, des sanglots et des râles échappés des hôtels délabrés et des bistrots minables.
« Un grand seigneur est tombé dans des difficultés conformes à l'air du temps et se trouve contraint d'abandonner son train de maison habituel. Avec deux compagnons, qui ne sont pas mieux lotis que lui, il mène la vie d'un pauvre diable, passe par un grand nombre de villes, dont nous ne nommerons que Bagdad, Constantinople et Paris, pour signaler l'ampleur de leurs efforts et des résistances auxquelles ils se heurtent.
En chemin, ils rencontrent bien des obstacles, liés à l'amour, à la boisson, au mensonge, auxquels ils n'avaient été exposés jusqu'ici ni de près ni de loin.
Lentement, juché sur les épaules des deux autres, le grand seigneur réussit à prendre pied. La paix dans l'âme, il tient.
Lui qui ne s'était pas soumis volontairement aux fatigues du voyage, il doit à la fin reconnaître qu'il fut long, mais que cela valait la peine.
Accessoirement, c'est l'histoire d'un Adam qui rencontre beaucoup d'Èves, mais non le péché, et qui a du mal à quitter le paradis.
Accessoirement, l'histoire d'un tyran qui se croit pareil à Dieu, se trouve précipité dans les plaisirs et les misères de notre existence, et c'est son ascension à la pauvre humanité. »
Récit des derniers jours de la présence allemande en Alsace-Lorraine, Bourgeois et soldats installe le roman au milieu de l'agitation, soldats révoltés et population civile mêlés : officiers provisoirement détrônés et bourgeoisie locale en spectatrice ricanante ; amours qui se font et se défont; petits trafics, chapardages, et enfin les drapeaux tricolores cousus à la va-vite. En dehors de Berlin Alexanderplatz, toute l'oeuvre d'Alfred Döblin reste pratiquement à découvrir. Roman de l'exil, la tétralogie de Novembre 1918 mêle personnages historiques et de fiction : elle tisse, de Strasbourg à Berlin, les destinées d'un drame qui prélude au siècle qui commençait.
Cette parution intégrale en français comble partiellement les lacunes de la bibliographie de ce grand oublié de la littérature allemande.
Les deuxième et troisième tomes de Novembre 1918, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l'on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles... ; ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manoeuvres : au niveau des États, les affrontements autour du Traité de Versailles, qui décideront de l'avenir de l'Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d'amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.
Obéissance, assiduité, pragmatisme sont des vertus de soldat et de serviteur, d'employé, de larbin. Ce sont les vertus d'une fourmi, non pas d'une personne humaine. Qu'on montre pour quelle raison une collectivité a le droit de sacrifier des hommes, de transformer des personnes en machines. Qui plus est, on n'a pas fait cela ici - et dans beaucoup d'autres lieux - au profit d'une collectivité mais au profit d'une classe seigneuriale. Voilà la vérité fondamentale, le fin mot de l'histoire. » « Cette panique dans la bourgeoisie ! Ils se rendent enfin compte qu'ils ne tiennent plus les rênes et que ça ne peut plus continuer ainsi ! Ils vont consentir à ouvrir les yeux, sinon ils passent sous les roues ! Oui, Marx avait raison sur ce point : le capitalisme a élevé lui-même son fossoyeur - ils ont construit des usines, se sont étendus mais, en même temps, les ouvriers aussi ont grandi et, un jour, ça ne va plus sans eux et, un jour, ils ont eux aussi des idées libérales sous une forme compacte, quasiment en béton et, un jour, ils ont tout le pouvoir, et alors quoi ? » Dans cette série de lettres écrites en 1930 à un étudiant qui le questionnait sur son positionnement dans les débats de son époque, Döblin développe une réflexion sur le rôle des intellectuels dans la société. Convaincu que ceux-ci expriment naturellement ce que leur classe prescrit, il les incite à se rapprocher des ouvriers, seuls porteurs des idées de liberté autrefois bourgeoises. Mais il reste méfiant vis-à-vis de Marx et de Lénine, à qui il concède les « bonnes bases » du matérialisme historique mais reproche un « messianisme pur jus », préférant affirmer les principes d'un « vrai » socialisme : liberté, rassemblement spontané des hommes, refus de toute contrainte, indignation face à l'injustice, tolérance et pacifisme.
Les deuxième et troisième tomes de Novembre 1918, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l'on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles. ; ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manoeuvres : au niveau des États, les affrontements autour du Traité de Versailles, qui décideront de l'avenir de l'Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d'amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.
Avilie par un mari qui la brutalise, la jeune Elli se révolte, trouve refuge auprès d'une amie, se confie, s'abandonne et, dans ses bras, découvre l'autre versant de la sexualité. C'est alors qu'à ces deux femmes vient l'idée de faire payer à l'époux ses outrages... Inspiré d'un procès qui défraya la chronique dans les années 1920, L'Empoisonnement est de ces récits auxquels la cruauté confère un éclat inoubliable. Médecin psychiatre, Alfred Dôblin dissèque le drame selon les règles d'une autopsie méticuleuse. Sous sa plume, la rancoeur et le désir de vengeance des deux amies semblent s'insinuer et se propager sur un rythme implacable, de phrase en phrase, de ligne en ligne, inexorablement, comme un empoisonnement.
Paru en pleine Grande Guerre, premier grand roman d'Alfred Doblin (1878-1957), Wang Lun s'empare d'un événement de l'histoire chinoise du XVIIIe siècle : un soulèvement des pauvres contre l'oppression.
Accompagnant la grandeur et la décadence d'un fils de pêcheur devenu l'instrument d'une immense révolte populaire, il tourne autour d'une question : est-il fatal que les faibles se servent des armes des forts et s'enferment à leur tour dans la sphère du pouvoir et de la violence ?
Voici l'heure du discours de rosa, son chant du cygne.
Mais qu'a-t-elle donc ? tous regardent ce petit bout de femme. ils la regardent avec amour et émotion, même ceux qui ne sont pas d'accord avec elle. ils savent qu'elle est la flamme qui brûle pour eux depuis des décennies. elle est à présent épuisée, fragile. la prison l'a affaiblie. elle parle, elle est dans son élément. elle dit toute la vérité. karl liebknecht est assis parmi les délégués. la voix de rosa luxemburg résonne, claire et précise.
En dehors de berlin alexanderplatz, toute l'oeuvre d'alfred döblin reste pratiquement à découvrir. écrit en 1942 depuis un exil dont l'auteur ne peut espérer la fin tant le nazisme semble triompher, karl et rosa donne le dernier acte de l'évanouissement d'un espoir : que l'ordre ancien disparaisse avec la fin de la grande guerre. personnages historiques et de fiction se croisent ici pour rendre le drame de l'écrasement de la révolution spartakiste, prélude funeste au siècle qui commençait.
Homère était assurément aveugle, mais seulement au moment de chanter - auparavant, il avait eu un regard tranchant et incorruptible, il connaissait sur le bout des doigts la société et la terre grecques et troyennes. Les écrivains et les poètes constituent une espèce particulière de savants et c'est pourquoi ils tiennent fermement sur la terre. La littérature n'est pas une forme d'idiotie.
C'est seulement dans les États libéraux modernes, ceux qui se sont voués au commerce, à la banque et à l'industrie, au capital et à l'armée, que pouvait s'implanter cette parole de mépris : « L'art est libre », c'est-à-dire complètement inoffensif. Ces messieurs et mesdames les artistes peuvent bien écrire et peindre ce qu'ils veulent ; nous relions cela en cuir, y jetons un oeil ou l'accrochons au mur, nous fumons là-dessous nos cigarettes, les tableaux intéressent aussi éventuellement le commerce de l'art.
L'artiste aujourd'hui doit se créer lui-même sa liberté. L'art agit et il a des tâches à accomplir.
Ce livre est le compte rendu d'un voyage que fit Alfred Döblin en Pologne entre septembre et novembre 1924. Lorsqu'il décide de faire ce voyage, Döblin est médecin pour une compagnie d'assurances à Berlin, déjà écrivain (il a publié 5 romans) mais pas encore consacré par le succès de Berlin Alexanderplatz. Au début des années 1920, l'Allemagne voit naître le nazisme et apparaître les premiers pogroms. Döblin, d'origine juive mais n'ayant jamais pratiqué le judaïsme, éprouve le besoin de comprendre ce qui se passe ; pour cela, il lui faut « s'informer sur les Juifs » : c'est d'abord parce que la Pologne est le plus grand foyer du judaïsme d'Europe occidentale qu'il s'y rend.
Outre l'intérêt de Döblin pour les Juifs, ce voyage a un but politique : il veut savoir ce qui se passe en Pologne, découvrir les conditions politiques et sociales du pays, les relations des minorités ethniques entre elles et leur situation dans l'ensemble de l'État ; savoir quelles forces gouvernent officiellement et officieusement.
Les impressions de voyage sont parfois incomplètement rédigées, notées dans un style télégraphique, faisant une large part aux sensations recueillies sur le moment.
S'y entremêlent des épisodes, des anecdotes, qui révèlent le grand narrateur et le grand écrivain.
Récit des derniers jours de la présence allemande en Alsace-Lorraine, Bourgeois et soldats installe le roman au milieu de l'agitation, soldats révoltés et population civile mêlés : officiers provisoirement détrônés et bourgeoisie locale en spectatrice ricanante ; amours qui se font et se défont; petits trafics, chapardages, et enfin les drapeaux tricolores cousus à la va-vite.
Les deuxième et troisième tomes de Novembre 1918, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l'on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles. ; ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manoeuvres : au niveau des États, les affrontements autour du Traité de Versailles, qui décideront de l'avenir de l'Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d'amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.
Écrit en 1942 depuis un exil dont l'auteur ne peut espérer la fin tant le nazisme semble triompher, Karl et Rosa donne le dernier acte de l'évanouissement d'un espoir : que l'ordre ancien disparaisse avec la fin de la Grande Guerre. Personnages historiques et de fiction se croisent ici pour rendre le drame de l'écrasement de la révolution spartakiste, prélude funeste au siècle qui commençait.
Au cours de la Grande Guerre, de 1915 à 1918, Alfred Döblin est médecin militaire dans l'armée allemande. Installé avec sa famille à Sarreguemines puis à Haguenau, il échange une correspondance fournie avec son ami Herwarth Walden relatant tour à tour son activité à l'hôpital militaire, sa carrière d'écrivain et la vie quotidienne à l'arrière du front. Ses lettres constituent de précieuses chroniques dans lesquelles il nous transmet un regard irremplaçable sur une région aujourd'hui transfrontalière et partie intégrante de l'empire allemand à l'époque. Il y dépeint avec réalisme Sarreguemines, Sarrebruck, Haguenau, et nous fait partager sa perception de cette guerre qu'il finira par qualifier d'absurde, se mettant ainsi à dos sa hiérarchie.
L'ouvrage comprend deux nouvelles, Le fantôme du Ritthof (dont le cadre se situe entre Bliesransbach en Sarre et Blies-Guersviller, en Lorraine) et L'abominable cochon, ainsi que sa correspondance avec l'écrivain Anton Betzner de 1946 à 1953 ; et enfin, Le discours de Sarrebruck sur l'Europe de 1952. Publié en 2010 dans sa version originale en langue allemande par les éditions Gollenstein sous le titre Meine Adresse ist: Saarguemünd, cet ensemble de lettres, de textes et d'articles rassemblés et commentés par Ralph Schock, nous est révélé ici dans sa traduction française.
Comme au début d'un rêve, lorsque le corps ne sent pas l'oreiller et la couverture - la petite âme commence à tourner doucement autour d'un poteau, plus vite, plus vite, hop là, hourra hop, et la conscience attachée à un fil de laine suit, s'égare, se perd, chancelle, tombe, s'endort, oui s'endort - je me perds à présent dans mes métaphores.
Ce qui n'a rien de surprenant, avec un style d'une telle ampleur homérique. Cela me rappelle, avec nostalgie, un homme qui durant de longs mois acheta des briques, une telle quantité de belles briques brillantes, qu'à force de les entasser, les remiser, les surveiller, il oublia de construire sa maison, songea constamment à cet oubli, et finalement ouvrit un commerce de harengs.
Déconcertant et puissant, ce premier roman d'Alfred Döblin (1878-1957) laisse déjà pressentir, bien avant Berlin Alexanderplatz, l'un des plus importants écrivains de l'expressionnisme allemand.
Durch die beiden Kristallfenster der schonen und reichen Kapelle zu München in der Residenz schien die rote Wintersonne. Das schmale Gewolbe, weißer polierter Gips, nahm purpurne Flecken und Linien an, als würde es angehaucht. Über dem Pflaster von Jaspis und Achat auf Kniestühlen der bayrische Hof, spanische Kostüme, gesenkte Schultern, niedergedrückte Kopfe, grauhaarig, weiße Perücken, dunkle gezügelte Locken. Auf der Kanzel zur Linken des großen Silberaltars mit den Reliquien und dem reitenden Ritter Georg - golden, drei Federbüsche am Helm mit Diamanten, Rubinen, Smaragden - sprach in schwarzem geschlossenen Jesuitenrock ein langer glutäugiger Priester; seine Arme fuhren, ohne daß sie es sahen, über sie weg in der drohenden Erregung:
Es ist eher erlaubt, Gott zu hassen als zu lieben. Denn Gott steht uns zu fern, zu hoch; es ist eine Sünde, sich ihm zu nahen, selbst in Gedanken. Zu wagen, ihn zu lieben, wie dieses und jenes aus dem Alltag, ihn behängen mit Putz Juwelen und Gold, ihm zarte Gefühle darzubringen: das heißt, ihn erniedrigen. Es ist das Vergehen einer Beleidigung der Gottlichkeit. Kriechen vor ihm, ihm ausweichen, ja ihm grollen: das mag einem Menschen gut anstehen. Ihr habt schon Gott verleugnet in dem Augenblick, wo ihr ihn nicht fürchtet. Er hat euch keine Freundlichkeit gegen sich erlaubt, ist nicht euer Vater, eure Mutter, euer Buhle, euer Herzensbruder. Er ist nicht einmal euer Konig und Fürst, er lehnt es ab, euer Richter zu sein; sein Gericht ist euch nicht zugänglich; er vollzieht es, wann er will und gegen wen er will. Es läßt sich nicht fassen und erforschen, wer er ist, und darum heißt es nur, Grauen vor ihm empfinden - und so habt ihr getan, was Menschenpflicht ist.
Durch die beiden Kristallfenster der schonen und reichen Kapelle zu München in der Residenz schien die rote Wintersonne. Das schmale Gewolbe, weißer polierter Gips, nahm purpurne Flecken und Linien an, als würde es angehaucht. Über dem Pflaster von Jaspis und Achat auf Kniestühlen der bayrische Hof, spanische Kostüme, gesenkte Schultern, niedergedrückte Kopfe, grauhaarig, weiße Perücken, dunkle gezügelte Locken. Auf der Kanzel zur Linken des großen Silberaltars mit den Reliquien und dem reitenden Ritter Georg - golden, drei Federbüsche am Helm mit Diamanten, Rubinen, Smaragden - sprach in schwarzem geschlossenen Jesuitenrock ein langer glutäugiger Priester; seine Arme fuhren, ohne daß sie es sahen, über sie weg in der drohenden Erregung: Es ist eher erlaubt, Gott zu hassen als zu lieben. Denn Gott steht uns zu fern, zu hoch; es ist eine Sünde, sich ihm zu nahen, selbst in Gedanken. Zu wagen, ihn zu lieben, wie dieses und jenes aus dem Alltag, ihn behängen mit Putz Juwelen und Gold, ihm zarte Gefühle darzubringen: das heißt, ihn erniedrigen. Es ist das Vergehen einer Beleidigung der Gottlichkeit. Kriechen vor ihm, ihm ausweichen, ja ihm grollen: das mag einem Menschen gut anstehen. Ihr habt schon Gott verleugnet in dem Augenblick, wo ihr ihn nicht fürchtet. Er hat euch keine Freundlichkeit gegen sich erlaubt, ist nicht euer Vater, eure Mutter, euer Buhle, euer Herzensbruder. Er ist nicht einmal euer Konig und Fürst, er lehnt es ab, euer Richter zu sein; sein Gericht ist euch nicht zugänglich; er vollzieht es, wann er will und gegen wen er will. Es läßt sich nicht fassen und erforschen, wer er ist, und darum heißt es nur, Grauen vor ihm empfinden - und so habt ihr getan, was Menschenpflicht ist.
Extrakt :
Vor der Abfahrt des Zuges lächelte Frau Barinianu auf dem Bahnhof Bukarest. Ihr Mann der Oberst, neben ihr promenierend, schob einen Zeitungsausrufer beiseite, blähte die Nase, straffte seinen Uniformrock, indem er seinem kolossalen Brustkasten einen scharfen Ruck gab: Liebe Cesarine, ich weiß, daß du von einer Last befreit bist, aber wir sind auf dem Hauptbahnhof und du gehst in Trauer. Es brauchen nicht alle Leute sehen, daß dir mein seliger Vater nichts bedeutet hat.
Sie nahm sich kaum zusammen; mit heiter verwirrtem Ausdruck hauchte sie hinter ihrem schwarzen Schleier: Verzeih, ich geh heute zum ersten Male ein paar Schritt.
Er zog ein Portefeuille mit braunen Banknoten aus der Brusttasche. Als die Maschine pfiff, rief er ins Coupéfenster hinauf, sie solle gleich ein paar Aussteuersachen für Matilda in Dresden besorgen. Die Wagen rollten. Der Oberst klappte etwas zusammen. Sie winkte und nickte. Er, träumerisch mit dem Säbelknauf spielend, fuhr in der Kalesche ins Kasino zum Festdiner.
Auf den Bergen Tschi-lis, in den Ebenen, unter dem alles duldenden Himmel saßen die, gegen welche die Panzer und Pfeile des Kaisers Khien-lung gerüstet wurden. Die durch die Städte zogen, sich über die Marktflecken und Dorfer verbreiteten. Ein leiser Schauer ging durch das Land, wo die Wahrhaft Schwachen erschienen. Ihr Name Wu-wei war seit Monaten wieder in allen Mündern. Sie hatten keine Wohnstätten; sie bettelten um den Reis, den Bohnenbrei, den sie brauchten, halfen den Bauern, Handwerkern bei der Arbeit. Sie predigten nicht, suchten niemanden zu bekehren. Vergeblich bemühten sich Literaten, die sich unter sie mischten, ein religioses Dogma von ihnen zu horen. Sie hatten keine Gotterbilder, sprachen nicht vom Rade des Daseins. Nachts schlugen viele ihr Lager auf unter Felsen, in den riesigen Waldungen, Berghohlen. Ein lautes Seufzen und Weinen erhob sich oft von ihren Raststätten. Das waren die jungen Brüder und Schwestern. Viele aßen kein Fleisch, brachen keine Blumen um, schienen Freundschaft mit den Pflanzen, Tieren und Steinen zu halten. Da war ein frischer junger Mann aus Schan-tung, der das erste Examen mit Auszeichnung bestanden hatte. Er hatte seinen Vater, der allein im Fischerboot ausgefahren war, aus schwerster Seenot gerettet; ehe er dem Vater nachfuhr, gelobte er, den Wu-wei-Anhängern zu folgen. Und so ging er, kaum daß die freudevollen Examensfeiern vorbei waren, still aus dem Haus. Es war ein ehrerbietiger, etwas scheuer Jüngling, mit eingekellerten Augen, der sichtlich schwer unter seinem seelischen Zwiespalt litt. Ein Bohnenhändler, ein rippendürrer Mann, lebte fünfzehn Jahre in kinderloser Ehe. Er grämte sich tief, daß niemand nach seinem Tode für ihn beten würde, seinen Geist speisen und pflegen würde. Als er fünfundvierzig Jahre alt wurde, verließ er seine Heimat.
Nachdem die Bohmen besiegt waren, war niemand darüber so froh wie der Kaiser. Noch niemals hatte er mit rascheren Zähnen hinter den Fasanen gesessen, waren seine fältchenumrahmten Äuglein so lüstern zwischen Kredenz und Teller, Teller Kredenz gewandert. Wäre es moglich gewesen neben dem schweren kopfhängerischen Büffel zu seiner Linken, dem grauen Fürsten von Carafa, Hieronymus, und dem stolz schluckenden und gurgelnden Botschafter Seiner Heiligkeit im heißen Rom, - rot schimmernd die seidene knopfgeschlossene Soutane, purpurn unter dem Tisch die Beine mit Strümpfen und Schuhen, bei den schneeweißen zappelnden der deutschen Majestät - so hätte Ferdinand jeden den Vorhang durchlaufenden Kammerknaben, jeden Aufträger Vorschneider, erhaben mit schwarzem Stab abschreitenden Oberstkämmerer mit üppigem Halloh empfangen, ihm zugezwinkert: Heran! Näher! Nicht gezogert, Herrchen, haha. Hier sitzt er. Kaute, knabberte, biß, riß, mahlte, malmte. Der Oberküchenmeister bewegte sich an den gelbseidenen Tapeten entlang, beäugte freudig listig durch das seitliche Gestänge des Baldachins die muskulosen Lippen Ferdinands, die wie Piraten die anfahrenden Orlogs entleerten, die Backentaschen, die sich rechts und links wulsteten, sich ihre Beute zuwarfen, sich schlauchartig entleerten, von der quetschenden Zunge sekundiert.
Nachdem die Bohmen besiegt waren, war niemand darüber so froh wie der Kaiser. Noch niemals hatte er mit rascheren Zähnen hinter den Fasanen gesessen, waren seine fältchenumrahmten Äuglein so lüstern zwischen Kredenz und Teller, Teller Kredenz gewandert. Wäre es moglich gewesen neben dem schweren kopfhängerischen Büffel zu seiner Linken, dem grauen Fürsten von Carafa, Hieronymus, und dem stolz schluckenden und gurgelnden Botschafter Seiner Heiligkeit im heißen Rom, - rot schimmernd die seidene knopfgeschlossene Soutane, purpurn unter dem Tisch die Beine mit Strümpfen und Schuhen, bei den schneeweißen zappelnden der deutschen Majestät - so hätte Ferdinand jeden den Vorhang durchlaufenden Kammerknaben, jeden Aufträger Vorschneider, erhaben mit schwarzem Stab abschreitenden Oberstkämmerer mit üppigem Halloh empfangen, ihm zugezwinkert: Heran! Näher! Nicht gezogert, Herrchen, haha. Hier sitzt er. Kaute, knabberte, biß, riß, mahlte, malmte. Der Oberküchenmeister bewegte sich an den gelbseidenen Tapeten entlang, beäugte freudig listig durch das seitliche Gestänge des Baldachins die muskulosen Lippen Ferdinands, die wie Piraten die anfahrenden Orlogs entleerten, die Backentaschen, die sich rechts und links wulsteten, sich ihre Beute zuwarfen, sich schlauchartig entleerten, von der quetschenden Zunge sekundiert. Weich rauschte die Harfe, die deutsche Querpfeife näselte. Sprung an, Sprung ab: es hieß hurtig sein, die Becher heranschleppen; wer ißt, liebt keine Pausen; was schluckt, muß spülen. Ferdinands Lippen wollten naß sein, sein Schlund naß, sie verdienten's reichlich, droschen ihr Korn.
Im Reich - wovon ließ sich sprechen - im Reich ging's gut daher. Die Bohmen geschlagen, Ludmilla und Wenzel, die heiligen, hatten die Hand von ihren tollen Verehrern gezogen: da saßen sie auf dem Sand, haha, samt Huß, allen Brüderschaften, ihrer Waldhexe Libussa, dem Pfalzgrafen Friedrich. Der Pfalzgraf - wovon ließ sich sprechen - der Pfalzgraf schleppte seine Konigskleider im Sack, am Strick hinter sich her, im Frühjahrsdreck hinter sich her, schreiend durch die Gassen, ungeübter Bänkelsänger auf Märkten, auf Dorfern: Keiner da, der mir was zu fressen gibt? Zehn Kinder und kein Ende, keiner da, der uns den Bauch stopft? Habe die englische Konigstochter zur Frau, in Bohmen war ich Konig; das 'war' freut mich armen Hansen wenig. Wer wird sprechen in solchen Zeiten.
Vor der Abfahrt des Zuges lächelte Frau Barinianu auf dem Bahnhof Bukarest. Ihr Mann der Oberst, neben ihr promenierend, schob einen Zeitungsausrufer beiseite, blähte die Nase, straffte seinen Uniformrock, indem er seinem kolossalen Brustkasten einen scharfen Ruck gab: Liebe Cesarine, ich weiß, daß du von einer Last befreit bist, aber wir sind auf dem Hauptbahnhof und du gehst in Trauer. Es brauchen nicht alle Leute sehen, daß dir mein seliger Vater nichts bedeutet hat. Sie nahm sich kaum zusammen; mit heiter verwirrtem Ausdruck hauchte sie hinter ihrem schwarzen Schleier: Verzeih, ich geh heute zum ersten Male ein paar Schritt. Er zog ein Portefeuille mit braunen Banknoten aus der Brusttasche. Als die Maschine pfiff, rief er ins Coupéfenster hinauf, sie solle gleich ein paar Aussteuersachen für Matilda in Dresden besorgen. Die Wagen rollten. Der Oberst klappte etwas zusammen. Sie winkte und nickte. Er, träumerisch mit dem Säbelknauf spielend, fuhr in der Kalesche ins Kasino zum Festdiner. Frau Barinianu saß in dem schmetternden Zug auf dem roten Polster der ersten Klasse. Das Coupé leer. Runde Backen hatte sie und sehr kleine Füße in grauen Gamaschen. Der Hut neben ihr rutschte vom Sitz; sie beugte sich zur Seite, um ihn festzuhalten. Sich aufrichtend sah sie im Rundspiegel drüben, daß das Haar ihr über die Stirn gesunken war und vor der koketten Nase wehte, ebenholzschwarz und ohne einen einzigen grauen Faden. Dunkler Flaum auf der Oberlippe. Das Gesicht gerotet und weiß und so kindlich lebendig, daß sie sich freudig zurücklehnte, den Hut hinuntergleiten ließ und die metallstrahlenden Augen schloß. Den Gang kamen dauernd Menschen herauf, Kinder sprangen vorbei, der Kellner warf eine Speisekarte herein. Sie gähnte und zog sich die langen Lederhandschuhe ab.
Die Digue von Ostende lag in dem blitzenden Mittagslicht. Die geschmückten Menschen auf der breiten Meerespromenade lachten und gingen an einander vorüber. Unter dem Widerschein des unermeßlichen Wassers funkelten die Fenster der Strandhäuser zärtlich auf. Das unablässige Brausen des Meeres rollte von den Steindämmen zurück, schwoll wieder an, schwoll immer wieder ab.
Der schwere Brasilianer ging mit offenem Munde unter den geschmückten Menschen. Er ging dicht am Meeresgitter der Promenade. Er hielt den Kopf gesenkt wie überrieselt vom Badewasser; seine vollen Lippen waren feucht. Die schwarzen weißdurchzogenen Haarsträhnen fielen über seine Ohren. Er bog den Kopf mit dem Kalabreser nach rechts und links, um dem Anprall des scharfen Windes zu begegnen. Er streifte ab und zu mit einem freudigen Blick das graugrüne Wasser. Sein gelbbraunes schwammiges Gesicht zuckte, die Augen, die in grauen Hohlen lagen, schimmerten; er spürte den feinen Luftwirbeln nach, die um seinen bloßen Hals fuhren, das graue Schläfenhaar anhoben und gegen seine Wange mit feinen Stiletten anschwirrten. Er fror leise; blickte an seinem weißen Vorhemd entlang, über das weißer Sonnenschein floß, und einen Augenblick beunruhigte ihn der Gedanke, daß sein Blick vielleicht Schatten werfe. Er seufzte, drängte sich tiefer zwischen die Menschen.
Daß ich nicht vergesse -.
Ein sanfter Pfiff von der Straße herauf. Metallisches Anlaufen, Schnurren, Knistern. Ein Schlag gegen meinen knochernen Federhalter.
Daß ich nicht vergesse -. Was denn? Ich will das Fenster schließen.
Die Straßen haben sonderbare Stimmen in den letzten Jahren bekommen. Ein Rost ist unter die Steine gespannt; an jeder Stange baumeln meterdicke Glasscherben, grollende Eisenplatten, echokäuende Mannesmannrohren. Ein Bummern, Durcheinanderpoltern aus Holz, Mammutschlünden, gepreßter Luft, Geroll. Ein elektrisches Floten schienenentlang. Motorkeuchende Wagen segeln auf die Seite gelegt über das Asphalt; meine Türen schüttern. Die milchweißen Bogenlampen prasseln massive Strahlen gegen die Scheiben, laden Fuder Licht in meinem Zimmer ab.
Ich tadle das verwirrende Vibrieren nicht. Nur finde ich mich nicht zurecht.
Ich weiß nicht, wessen Stimmen das sind, wessen Seele solch tausendtonniges Gewolbe von Resonanz braucht.
Dieser himmlische Taubenflug der Aeroplane.