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Des Femmes
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« Je trouvai aimables la couleur sourde et rouge des lumières voilées, la blanche flamme en amande des lampes à opium, l'une toute proche de moi, les deux autres perdues comme des follets, au loin, dans une sorte d'alcôve ménagée sous la galerie à balustres. Une jeune tête se pencha au-dessus de cette balustrade, reçut le rayon rouge des lanternes suspendues, une manche blanche flotta et disparut avant que je pusse deviner si la tête, les cheveux dorés collés comme des cheveux de noyée, le bras vêtu de soie blanche appartenaient à une femme ou à un homme. » C.
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À bien des égards, Renée, l'impétueuse narratrice de "La Vagabonde", se pose comme le double de Colette qui signe ici son roman le plus personnel. Comme elle, sa jumelle littéraire est divorcée, actrice de music-hall, écrivaine et surtout farouchement indépendante. Elle se laisse pourtant toucher par Max, un homme beau, brillant et riche : une intrigue simplissime dont Colette a l'audace de prendre le contre-pied pour mieux interroger l'indépendance, le courage et la liberté des femmes et réaffirmer leur force. Un roman profondément optimiste, provocante ode à la solitude, d'une remarquable intelligence.
« Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et en moi. En lui, surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue, à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau... Si bien que je n'attends plus, à chaque désespoir, ma fin, mais bien l'aventure, le petit miracle banal qui renoue, chaînon étincelant, le collier de mes jours. » C.
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« C'est folie de croire que les périodes vides d'amour sont les "blancs" d'une existence de femme », écrivait Colette, en 1937. Car c'est le temps où peut fleurir sa vie propre, saison de poèmes comme l'atteste La Naissance du jour, composée l'été de ses cinquante-quatre ans. « L'âge où s'offre, en coupe d'oubli, le dernier amour n'est-il pas plutôt celui d'inventer, hors des dépendances, sa maturité au pays du soleil ? »
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« À la campagne l'été. Elle somnole, sur une chaise longue de rotin. Ses deux amis, Toby- Chien le bull, Kiki-la-Doucette l'angora, jonchent le sable. [...] Kiki-la-doucette : Tu crois qu'elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire sous la tonnelle de roses l'odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur. [...] C'est pourquoi tu la vois si sage et les yeux clos, car ses mains pendantes, qui semblent vides, possèdent et égrènent tous les instants d'or de ce beau jour lent et pur. » Colette
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Au cours d'une soirée où se rend le Tout-Paris de la Belle Époque, en 1905, Colette rencontre la marquise de Morny, dite « Missy ». Celle-ci, divorcée et à la tête d'une grande fortune, vit pleinement sa préférence sexuelle. Cheveux courts, pantalon, bottes et complets-vestons : son personnage inclassable dérange et effraie son époque. Un an plus tard, Colette divorce de Willy et va vivre avec Missy une intense histoire d'amour qui durera jusqu'en 1911. Après leur rupture, leurs lettres témoignent d'une indéfectible complicité. Cette relation est fondatrice dans la vie de Colette, dans sa construction personnelle autant que dans son oeuvre littéraire.
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Les lettres de Sido, restées inédites jusqu'à la présente édition, furent écrites entre 1905 et 1912, année de sa mort. Elles sont toutes adressées à Colette. À les lire, on mesure tout ce que Colette a pu apprendre de sa mère et que l'on ne connaissait, jusqu'à maintenant, qu'à travers l'oeuvre et les déclarations de l'auteure elle-même. En ces lettres, coexistent la faiblesse émouvante de Sido vieillissante, comme sa force - affirmation et transmission d'une connaissance vitale. Sous l'orgueil, mêlé d'humour, d'une mère évoquant son « chef d'oeuvre », sous la trame d'un quotidien répétitif, symptomatique ou imprévu, un seul message, essentiellement centré sur la nature et l'identité des femmes, revient, et tout, psychologie animale, familiale, humaine et amoureuse, douleurs ou joies, le suscite. Sido créatrice existe, d'avoir transmis la vivante possibilité d'une interrogation et d'un accomplissement. Cette correspondance est précédée de quelques lettres inédites de Colette.
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Lettres à Colette ; Sido
Sido, Colette
lu par Edwige Feuillère- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 2 Juillet 2004
- 3328140020120
Entre Sido, qui orienta la destinée d'une de nos plus grandes écrivaines et Colette, qui fit de toutes ses oeuvres un hommage direct ou indirect à la déesse Sido, il manquait un maillon. Ce maillon est là, dans la correspondance adressée par Sido à Colette, de 1905 à 1912. Les lettres de Sido font écho aux dires de Sido dans la fiction et répondent aux questions que nous nous posions encore sur Colette.
Le 6 avril 1912, Sido écrivait : « [...] Les hirondelles sont arrivées ce matin à quatre heures ; j'ai pu assister à leur arrivée, elles passaient et repassaient follement devant mes fenêtres. Nous ne sommes que le six et le plus tôt de leur arrivée en général c'est le onze, mais nous avons eu des journées si exceptionnellement chaudes que nos délicieuses bestioles ont pu se tromper sur la date. Enfin, elles sont là et c'est tout ce que je leur demande, car nous sommes de vieilles connaissances comme tu sais. »
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La maison de Claudine ; ma mère et les bêtes
Colette
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 29 Décembre 2003
- 3328140020038
Précédé de Ma mère et les bêtes lu par Colette.
Ma mère et les bêtes, écrite en 1922, est l'une des nouvelles de La maison de Claudine. En 1947, Colette en fait une lecture, et c'est par cet enregistrement que commence le CD. Sa voix porte les couleurs de sa terre, aux « r » voluptueusement roulés. Les nouvelles du recueil racontent le temps où, petite fille, elle goûtait « la condition d'être une enfant de son village et d'avoir une mère au rire aigu de jeune fille » ; elles racontent aussi le temps de sa fille, de sa « subtilité d'enfant et de la supériorité de ses sens qui savent goûter un parfum sur la langue, palper une couleur et voir, - fine comme un cheveu, fine comme une herbe - la ligne d'un chant imaginaire ».
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Lettres à Moune et au Toutounet, 1929-1954
Colette
- Des femmes
- Correspondance
- 25 Juin 1985
- 9782721002792
Cette correspondance régulière à Moune et au Toutounet commence en septembre 1929 pour s'achever au printemps 1954, à la fin de la vie de Colette. « Moune » est le surnom de Hélène Jourdan-Morhange, qui, d'abord violoniste, devint critique musicale sur les conseils de Colette et écrivit notamment un Ravel et Nous, dédié à ce musicien dont elle avait été l'élève préférée. Le « Toutounet » est Luc-Albert Moreau, dont on connaît bien les nombreuses lithographies et, précisément, les portraits qu'il fit de Colette, ainsi que les gravures de la Treille-Muscate.
Ces vingt-cinq années sont pour Colette celles de l'épanouissement et de la gloire littéraire. Quelque temps durant, elle fut également « marchande de secrets de beauté », comme se plaisait à le dire Cocteau. Puis commence une longue maladie et c'est au cours de ces journées que Colette écrit à Moune : « Aujourd'hui je ne vaux rien. » En 1954, « elle s'éteint comme un soleil qui sombre », dit Maurice Goudeket.
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Sexe, race et pratique du pouvoir ; l'idée de nature
Colette Guillaumin
- Indigo Cote Femmes
- 12 Mars 2003
- 9782907883399
On imagine trop souvent que les caractères " naturels " (le sexe, la race, par exemple) " tombent sous le sens ", sont des évidences inquestionnables.
Tout au plus admet-on que les sociétés manipulent un peu tout cela, qu'il en résulte des différences, bonnes ou mauvaises, c'est selon. pourtant, ne serait-ce pas déjà une manipulation que de prétendre certains caractères " naturels " ? le " naturel " ne serait-il pas une interprétation, bref un " artifice ", ancré dans de très particulières relations sociales oú certains sont assignés à l'état d'objet ?
Cet ouvrage associe la description d'une réalité matérielle quotidienne dans ses formes les plus banales (conversations de bistrot, scènes de rue, faits divers) et l'analyse précise des systèmes idéologiques qui prétendent expliquer cette réalité.
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« A-t-on jamais tenté d'explorer par les seuls moyens plastiques l'histoire de l'art ou l'un de ses aspects, comme le font l'historien ou l'essayiste à l'aide de l'écriture ? Mon projet est de tenter, à travers une infinité de dessins, de reprendre les diverses représentations de la femme depuis la préhistoire jusqu'à nos jours afin de réaliser une analyse visuelle des diverses postures, situations, mises en scène. La citation picturale ne saurait être une citation littérale comme est la citation littéraire parce qu'elle passe par la main et la manière du citateur. D'où un léger tremblé doublement allusif de l'oeuvre citée et citateur. Mon projet explore ce "tremblé" parce qu'il suppose un exercice extrêmement long de la citation vers son usure et sa fatigue. En fait, poursuivant ce travail jour après jour, c'est une sorte de journal intime quotidien à travers l'histoire de l'art que je poursuis. » C.D.
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