Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
La Republique Des Lettres
-
Deux adolescents de 15 et 16 ans, Vinca et Phil, amis depuis toujours, s'éveillent à l'amour et à la sexualité durant leurs vacances d'été sur la côte bretonne. Phil est séduit, initié puis abandonné par une femme beaucoup plus âgée que lui. Vinca, qui devine tout, tente de le reconquérir. Elle l'épie, le suit, l'attend, puis se donne à lui. Sur fond d'aquarelle maritime où la mer, le ciel, le soleil, les vagues fluctuent au gré des passions adolescentes, les deux jeunes gens s'aiment, se désirent, s'exaspèrent, se trahissent et se querellent. Le paradis de l'enfance a laissé place aux tourments de l'amour et les vacances s'achèvent sur un adieu amer et nostalgique à l'insouciance. À travers ces deux beaux portraits d'adolescents et sa prose poétique aussi délicate qu'imagée, l'auteur de "Claudine à l'école", qui s'est inspirée en partie de sa liaison avec son propre beau-fils, excelle ici à évoquer le douloureux passage de l'enfance à l'âge adulte. Lors de sa sortie en 1923, et encore plus tard en 1954 lors de la sortie du flm réalisé par Claude Autant-Lara, "Le Blé en herbe" ne manqua pas de scandaliser le public bien-pensant en raison de son audace subversive.
-
Roman de la jalousie tout en subtiles nuances et fines observations, "La Chatte" de Colette relate la passion amoureuse d'un jeune marié pour son animal de compagnie, une fascinante chatte des Chartreux. Son épouse délaissée nourrit bientôt une haine viscérale pour cette redoutable rivale installée au coeur du foyer conjugal. «Rarement Mme Colette a été mieux inspirée que dans "La Chatte". Il faut, en effet, pour faire un beau livre, non seulement un grand talent, mais l'union de ce talent avec un sujet qui lui permette l'épanouissement de ses meilleures qualités... Quand cette union est naturelle, intime, et qu'elle obéit à une sorte de fatalité inéluctable, le chef-d'oeuvre est bien près de naître: c'est le cas de "La Chatte"» (Edmond Jaloux).
-
Dans ce triptype autobiographique, Colette évoque avant tout la figure qui traverse toute son oeuvre, celle de sa mère, Sidonie Landoy, dite «Sido». S'efforçant de comprendre la personnalité et le secret de cette mère, mi-bourgeoise mi-paysanne toute occupée par les travaux domestiques, elle relate avec nostalgie et d'infinies nuances ses souvenirs d'enfance, invoquant tour à tour les autres membres de la famille: «Le capitaine» (son père) et «Les sauvages» (ses frères et soeurs). Le jardin de la maison familiale de Saint-Sauveur-en-Puisaye, riche des mystères de la nature et de ses premières émotions érotiques, est le décor central de cette plongée dans l'enfance de l'auteure.
-
Dans "Les Vrilles de la vigne", premier des vingt-trois contes et nouvelles du recueil, un jeune rossignol se retrouve empêtré dans les vrilles d'une vigne. Il réussit à s'en libérer mais doit ensuite se tenir éveillé et chanter toutes les nuits pour préserver sa liberté reconquise. Le sens qui se dégage de ce conte est intimement lié à la vie même de Colette, qui à l'époque vient de rompre le lien d'emprise de Willy et Georgie Raoul-Duval. Après cette libération, il s'agit désormais pour elle de conquérir son autonomie dans et par l'écriture. Ce qui suit de sa vie sentimentale, érotique et / ou professionnelle avec des personnages réels - Willy (Henry Gauthier-Villars), Missie (Mathilde de Morny), Valentine (Valentine de Saint-Point) - et de ses réflexions sur l'amour, les bêtes ou encore le music-hall (elle devient mime, danseuse, actrice) - se retrouve sous plusieurs autres métaphores et motifs littéraires s'entrelaçant tout au long du livre, chaque texte étant lui-même une variation dans un jeu infini de kaléidoscope entre la vie et l'écriture.
-
En 1947, l'éditeur suisse Mermod proposa à Colette de lui envoyer régulièrement un bouquet de fleurs à chaque fois différentes. Colette, en contrepartie, ferait le portrait de l'une ou l'autre de ces fleurs. Le résultat fut un petit recueil de 22 textes qui sont autant d'évocations de fleurs (le lys, la rose, l'anémone, le muguet, la jacinthe, le pavot, etc.) qui parut sous le titre de "Pour un herbier", dans la collection "Le Bouquet". Extrait: «À part le grand aconit, une scille, un lupin, une nigelle, la véronique petit-chêne, le lobélia, et le convolvulus qui triomphe de tous les bleus, le Créateur de toutes choses s'est montré un peu regardant quand il a distribué chez nous les fleurs bleues. On sait que je ne triche pas avec le bleu, mais je ne veux pas qu'il m'abuse. Le muscari n'est pas plus bleu que n'est bleue la prune de Monsieur... Le myosotis ? Il ne se gêne pas pour incliner, à mesure qu'il fleurit, vers le rose. L'iris ? Peuh... Son bleu ne se hausse guère qu'à un très joli mauve, et je ne parle pas de celui qu'on nomme «flamme», dont le violet liturgique et le profane parfum envahissent au printemps les montagnettes, autour de La Garde-Freinet. L'iris des jardins s'habitue docilement à tous les sols, se baigne les pieds dans les petits canaux de Bagatelle, se mêle à ses cousins les tigridias, embrasés et éphémères. Il a six pétales, trois langues nettes, étroites, et trois larges un peu chargées de jaune - le foie, sans doute - et il passe pour bleu, grâce à l'unanimité d'une foule de personnes qui n'entendent rien à la couleur bleue.» - Colette