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Sciences humaines & sociales
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Syllogismes de l'amertume se présente sous l'aspect fragmenté d'un recueil de pensées, tour ´r tour graves ou cocasses. Rien pourtant de moins Tdispersét que ce livre. Du premier au dernier paragraphe, une meme obsession s'affirme : celle de conserver au doute le double privilcge de l'anxiété et du sourire.
Alors que dans son premier essai, Précis de décomposition, Cioran s'attaquait ´r l'immédiat ou ´r l'inactuel avec une rage lyrique, dans celui-ci il promcne sur notre époque, sur l'histoire et sur l'homme, un regard détaché ou la révolte ccde le pas ´r l'humour, ´r une sorte de sérénité dans l'ahurissement. Ce sont l´r propos d'un Job assagi ´r l'école des moralistes.
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«Toute idée devrait être neutre ; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences : le passage de la logique à l'épilepsie est consommée... Ainsi naissent les mythologies, les doctrines, et les farces sanglantes. Point d'intolérance ou de prosélytisme qui ne révèle le fond bestial de l'enthousiasme. Ce qu'il faut détruire dans l'homme, c'est sa propension à croire, son appétit de puissance, sa faculté monstrueuse d'espérer, sa hantise d'un dieu.» Cioran.
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«Cioran avait vingt ans. Vingt ans quand il publiait dans les jounaux roumains, en 1931, les premiers articles qu'on trouvera dans ce recueil. Grand dévoreur de philosophes allemands, il jargonnait un peu à leur manière, mais, quels que soient les sujets abordés, il s'interrogeait - avec quelle maturité pour son âge ! - sur la condition humaine et il en reculait les frontières. Déjà, le Cioran que l'on connaîtra par la suite en France commençait à s'annoncer là : considérations paradoxales, éclairage inattendu des questions traitées, jeu de massacre avec les idées reçues. Amertume et dérision... Déjà, son pessimisme foncier étouffait les rares élans porteurs d'espoir, car "y a-t-il sur cette terre quelque chose qui ne puisse pas être remis en question ? Vraiment, Dieu est trop loin." Cioran d'avant, pour mieux comprendre Cioran d'après.» Alain Paruit.
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«Selon une légende d'inspiration gnostique, une lutte se déroula au ciel entre les anges, dans laquelle les partisans de Michel vainquirent ceux du Dragon. Les anges qui, irrésolus, se contentèrent de regarder furent relégués ici-bas afin d'y opérer le choix auquel ils n'avaient pu se résoudre là-haut, choix d'autant plus malaisé qu'ils n'emportaient aucun souvenir du combat et encore moins de leur attitude équivoque.
Ainsi le démarrage de l'histoire aurait pour cause un flottement, et l'homme résulterait d'une vacillation originelle, de l'incapacité où il était, avant son bannissement, de prendre parti. Jeté sur la terre pour apprendre à opter, il sera condamné à l'acte, à l'aventure, et il n'y sera propre que dans la mesure où il aura étouffé en lui le spectateur. Le ciel seul permettant jusqu'à un certain point la neutralité, l'histoire, tout au rebours, apparaîtra comme la punition de ceux qui, avant de s'incarner, ne trouvaient aucune raison de se rallier à un camp plutôt qu'à un autre. On comprend pourquoi les humains sont si empressés d'épouser une cause, de s'agglutiner, de se rassembler autour d'une vérité. Autour de quelle espèce de vérité ?»