Dans les années quatre-vingts, un homme s'embarque dans un long voyage pour fuir les troubles du Pékin communiste. Il suit la piste d'une mystérieuse montagne et traverse une Chine méconnue, infiniment riche, qu'il n'imaginait pas. À la recherche de lui-même, son voyage est aussi spirituel et philosophique. Un roman poétique, teinté d'autobiographie, considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.
À l'heure de la Révolution culturelle chinoise, sous le régime de Mao Zedong, un jeune écrivain témoigne de la dérive du « Grand Bond en avant ». Persécution des déviants, purges, endoctrinement collectif et censure, il démonte dans un réquisitoire implacable les rouages de la machine totalitaire communiste. À travers ses amours furtifs, les ruses pour déjouer la répression policière, Gao Xingjian fait part de ses propres tourments teintés pourtant de rêve et d'espoir.
Romancier, dramaturge, metteur en scène et peintre, Gao Xingjian est né en 1940 en Chine. Réfugié politique, il vit en France depuis 1988. Il est l'auteur entre autres de La Montagne de l'Âme et d'Une Canne à pêche pour mon grand-père, disponibles en Points.
De rares nuages défilent au-dessus d'un vieux temple en ruine. Un jeune couple en voyage de noces savoure toute la plénitude de son bonheur. Deux anciens amants regardent le soleil s'éteindre dans un parc. Un homme est rattrapé par le souvenir ému de son grand-père... L'amour, la douceur de l'enfance, l'amitié et l'injustice de la vie se mêlent avec grâce dans ces six nouvelles.
"Depuis qu'il écrit poèmes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, livrets d'opéra, depuis qu'il peint, à l'encre de Chine, sur papier ou sur toile, des tableaux de toutes les tailles, mais jamais avec des couleurs, seulement avec les multiples nuances qui vont du blanc au noir, depuis qu'il filme, en plein air ou en studio, en couleur ou en noir et blanc, et crée des films muets ou parlant, depuis qu'il prononce des discours à l'invitation des musées, universités, associations artistiques et littéraires du monde entier, Gao Xingjian s'exprime en son nom propre, sans suivre les modes, en livrant son témoignage au sujet des difficultés existentielles que rencontrent les hommes depuis des temps immémoriaux, sans jamais penser que l'avenir pourrait être radieux, sans jamais croire aux discours des hommes politiques, des philosophes radicaux, des prophètes et des démiurges.
C'est un homme seul, qui n'appartient à aucune chapelle et qui se contente de livrer aussi bien sa vision du monde passé et du monde actuel que sa propre expérience artistique".
ND.
La nuit.
Une pluie fine qui s'infiltre partout. dans cette ville perpétuellement polluée par les gaz et le bruit des voitures, tu ne sais depuis quand, ni depuis combien de temps tu n'as plus senti la fraîcheur de la pluie. tu te promènes dans la rue ; ton corps tout entier est mouillé par l'air frais.
[. ] etre enfin un homme sans problème ! tu te demandes s'il s'agit du bonheur. et tu ne peux t'empêcher de te sentir heureux.
Tu accélères le pas, arpentes le pavé, et tombes soudain sur des boîtes de carton entassées sur le trottoir, de l'autre côté de la rue.
Une tête sort d'une grosse boite : un sans-abri. un coup de feu ! ton cauchemar commence. et tu n'en sortiras plus.
Plasticien accompli, écrivain reconnu, Gao Xingjian construit depuis de longues années une oeuvre personnelle, très originale et profonde. S'il se sent avant tout artiste, créateur, résolument tourné vers la pratique, il n'en a pas moins développé, au fil du temps et des textes, une réflexion théorique singulière, à rebours des modes et des canons de l'art contemporain.
Dans le recueil De la création, Gao Xingjian a personnellement choisi les textes qu'il désirait voir traduits en français. Il s'y exprime sur le rôle de l'écrivain et ses conceptions artistiques, que ce soit en peinture, au cinéma, ou au théâtre et sur l'attitude de l'artiste par rapport à la société, qu'elle soit dominée par un régime totalitaire ou libéral. Ces textes dénoncent le " politiquement correct " et montrent l'originalité de l'auteur qui persévère dans sa voie d'homme seul, indépendant, dont la raison d'être est avant tout la recherche du beau dans tous les domaines.
Personnage principal de Chronique du classique des mers et des monts, le récitant introduit chaque dieu, déesse et monstres plus étranges les uns que les autres en tissant une narration poétique et plaisante. Les divinités du Ciel sont en proie aux mêmes vices et émotions que les humains : les dieux se révèlent excessifs, jaloux, vaniteux, cruels. La mythologie chinoise regorge de bêtes fantasmagoriques, buffle unijambiste, serpent à tête humaine, corbeaux d'or et oiseaux aux couleurs chatoyantes interviennent pour forger le monde tel qu'il est actuellement.Empruntant beaucoup à la tradition chinoise (dans ses thèmes et pour les personnages), cette pièce s'inscrit également dans la modernité du théâtre occidental du XXe.
Elle dit que les mots ne sont que des apparences, elle ne va pas le laisser.
Jamais elle n'a pensé l'abandonner... S'il se retournait et s'il la regardait ainsi, elle se jetterait à nouveau dans ses bras, recevrait ses caresses, et tous les malentendus se dissiperaient. Elle semble glisser sur une rivière gelée. Elle, aveugle, ne s'arrête plus, risque à tout instant de tomber dans les crevasses et de disparaître aussitôt, tel un flocon de neige affleurant l'eau... Sans valeur, sans attraits, elle sera tout de suite délaissée, oubliée, effacée du monde immense.
Elle connaît ce vaste creuset de l'illusion, cet espace où se conjugue le néant. Elle se voit maintenant, allongée dans les ténèbres, onduler légèrement et glisser sans poids ; elle voit son propre corps, nu, sur le point d'être immergé, à peine porté par la crête des vagues noires, mais invisibles, puis plonger profondément. Quand une nouvelle vague montante la soulève, elle se livre aussitôt à la chute suivante, plus profonde encore, et plus noire...
"Je ne sais si c'est le destin qui m'a poussé à cette tribune..." Ainsi commence le discours que Gao Xingjian a prononcé à Stockholm, lors de la réception du prix Nobel de littérature. Gao Xingjian réaffirme sa foi dans une littérature libre de toute contrainte, où l'écrivain ne représente que lui-même. Étonné que l'on veuille enfin l'écouter, il explique que la littérature reste la seule consolation pour survivre dans un monde fou... et la seule façon pour l'homme de se sentir vivant dans ce monde-là. II nous a semblé important d'adjoindre à la publication de ce discours les dialogues sur l'écriture échangés par Gao et son ami Denis Bourgeois, dialogues qui viennent confirmer l'opinion de l'auteur: "L'écriture, pour moi, c'est un moyen de supporter l'existence."
Six nouvelles où se mêlent des souvenirs d'enfance, les bonheurs simples de l'amour et de l'amitié, le pays natal et ses lieux familiers, comme des instantanés de la Chine. Gao Xingjian évoque ici ses sentiments et ses rêves, avec justesse, pudeur et poésie.
Rechercher dans dialoguer-interloquer une histoire, vraie ou fictive, n'a pas de sens, pas plus que d'essayer de raconter la pièce.
Gao xingjian nous entraîne sur le mode de questions-réponses s'apparentant au dialogue dans l'esprit zen du bouddhisme. un dialogue profond et étrange entre un homme et une femme davantage prisonniers de leur philosophie de vie que du huis clos qui les réunit incidemment. plus que jamais cette pièce met en lumière les conceptions dramaturgiques de l'auteur, dont le recours au "je", au "tu" et au "il/elle" chez un même personnage est un élément-clé.
Elle témoigne de l'originalité et de la puissance de la théâtralité de gao xingjian.