Après Une Métamorphose iranienne et le Petit Manuel du parfait réfugié politique, Mana Neyestani réalise un fascinant docu-fiction à propos d'un tueur en série qui a sévi dans l'est de l'Iran au début des années 2000. Basé sur des entretiens filmés par deux journalistes proches de Mana Neyestani, L'Araignée de Mashhad retranscrit le parcours de Said Hanaï, qui, au prétexte de se conformer à des prescriptions religieuses, assassina seize femmes prostituées ou droguées en quelques mois dans la ville sainte de Mashhad, située au nord-est du pays. Le tueur amenait toutes ses victimes chez lui avant de les étrangler, d'où l'appellation par les médias de « meurtres de l'araignée ». Alternant véritables interviews du tueur et passages fictionnels, Mana Neyestani dévoile aussi bien le point de vue du tueur que celui de ses proches, de ses victimes ou du juge en charge du dossier. Il met en lumière le poids d'une vision rigoriste de la religion dans cette ville, l'une des plus conservatrices du pays, où une partie de la population a manifesté en soutien au tueur après son arrestation. Combinant différents registres narratifs et graphiques en passant d'un protagoniste à l'autre, Mana Neyestani montre à travers ce fait divers une société malade où ceux qui vivent en marge sont considérés comme des sous-humains, allant parfois jusqu'à justifier les pires extrémités.
Après Une métamorphose iranienne, dans lequel l'auteur racontait avec retenue mais aussi une pointe de cynisme et d'humour son exil d'Iran, c'est à Paris que se déroule le nouvel ouvrage de Mana Neyestani. Suite à son arrivée en France début 2011, Mana et sa femme entament rapidement des démarches pour devenir réfugié poli-tique. Après avoir testé de première main l'infernal système répressif iranien, Mana se trouve alors confronté à un univers certes beaucoup moins violent mais tout aussi kafkaïen pour les demandeurs d'asile, celui de l'administration française. Après un an et demi de tracasseries éreintantes, il parvient finalement à obtenir le statut tant convoité, ce qui en dit long sur les difficultés que peuvent rencontrer les demandeurs d'asile qui, pour la plupart, n'ont pas un dossier aussi documenté que le sien. Il décide alors d'en tirer un livre, entre bande dessinée autobiographique, autofiction et dessin de presse. Il raconte le quotidien d'un apprenti réfugié politique dans la ville-lumière, les tracasseries administratives poéti-quement mises en scène, les fameux parisiens dont la réputation n'est plus à faire...
Ce Petit manuel du parfait réfugié politique à l'humour sec et tranchant ne manque pas de réalisme.
Auteur d'Une Métamorphose Iranienne et de l'Araignée de Mashhad, Mana Neyestani est aussi dessinateur de presse depuis l'âge de 16 ans. D'abord en Iran, pour des journaux réformistes puis gouvernementaux - jusqu'à un dessin qui provoquera son emprisonnement et sa fuite à l'étranger -, puis en Malaisie, entre 2006 et 2011, et enfin en France, où il vit en tant que réfugié politique. Son travail d'illustrateur pour des sites dissidents iraniens a connu un énorme retentissement à partir de 2009 et des mouvements de contestation d'une partie de la population iranienne. Il est depuis devenu l'un des porte-paroles de la contestation du régime théocratique et tyrannique de la république islamique d'Iran. Membre de l'association Cartooning for Peace, créée par Plantu, il a reçu le prix international du Dessin de Presse, le 3 mai 2012, des mains de Koffi Annan. À travers ses dessins aux fines hachures rappelant ceux de Serre et de Topor, Mana Neyestani porte un regard empreint d'humour noir sur le monde, et notamment sur la situation politique en Iran et dans d'autres pays du Moyen-Orient (Syrie, Israël, Palestine...). Cette nouvelle édition de ce recueil de dessins de presse rassemble plus de 200 illustrations dont 30 nouveaux dessins.