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Perrin
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D'abord écouter Picasso : « Si je connais Cézanne ! Il était mon seul et unique maître ! Vous pensez bien que j'ai regardé ses tableaux... J'ai passé des années à les étudier... » Ou encore : « Les Ménines, quel tableau ! Quelle réalité ! Vélasquez est le vrai peintre de la réalité. » Picasso, toujours lui : « Si une oeuvre d'art ne peut vivre dans le présent, il est inutile de s'y attarder. » C'est ce « présent » que Pascal Bonafoux recompose ici, s'appuyant sur les seuls propos et écrits des peintres. Le résultat est une leçon pour le regard, un mode d'emploi de la peinture inédit et décapant, qui rompt avec les classifications de l'histoire de l'art. Où l'on voit et saisit les peintres à l'oeuvre, étudiant les travaux des Anciens, célébrant leurs maîtres, indifférents aux écoles et aux mouvements, tout à leur exploration de voies nouvelles. C'est Kandinsky, le père de l'abstraction en arrêt devant Les Meules de Monet, Poussin décriant le Caravage, Ingres et Renoir louant Raphaël, Balthus copiant Piero della Francesca, Van Gogh se mesurant à Cézanne, etc.
Car le coup de coeur et la passion opèrent en art, au moins autant que la prouesse du geste. A l'image de cette peinture sans cesse en mouvement, l'ouvrage se décline en autant d'entrées : des défis aux influences, des sujets peints aux techniques employées, des ambitions particulières aux exigences du marché, des mythes aux théories, la peinture s'offre ici dans tous ses états, abrupte, sans concession et bien vivante.
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Né en 1840 à Paris rue Laffitte, la célèbre rue des marchands de tableaux, élevé au Havre, au bord de la mer qu'il chérira tant, Monet adolescent s'exerce au crayon quand il fait la rencontre déterminante d'Eugène Boudin, qui devient bientôt le maître à penser du jeune artiste.
Désormais, avant la célébrité qui viendra fort tard, Monet connaît la vie âpre de l'artiste maudit et désargenté. Autour de Bazille, Cézanne, l'ami Renoir, Pissarro, Sisley, sans oublier l'immense Manet qui joua un si grand rôle auprès d'eux, Pascal Bonafoux fait revivre les heures mouvementées de l'impressionnisme à ses débuts, conspué par une élite révulsée devant cette révolution artistique. Longtemps, en effet, la France n'aima pas ses impressionnistes, et l'on voit combien la naissance de l'abstraction qui se fit sur son sol la laissa indifférente.
Pourtant, quelques marchands et de rares collectionneurs enthousiastes soutiennent le mouvement et le succès éclate, mais de New York d'abord. Au jour le jour de sa correspondance ? Car Monet ne cesse d'écrire, de compter, et surtout de douter ? Voici le récit d'une vie magnifique obsédée par l'accomplissement d'une oeuvre sublime.
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Né à Limoges, Renoir a grandi à Paris, à deux pas du Louvre, où ses parents, de simples tailleurs, se sont installés pour y trouver une vie meilleure. A treize ans, le jeune Auguste doit travailler et, montrant depuis sa petite enfance un vrai goût pour le dessin, entre au service d'un céramiste. Travailleur à la chaîne, il peint les rois et reines, s'inspirant de scènes de genre façon Lancret, des Diane au bain de Boucher ou autres Fragonard qui l'ont tant impressionné au Louvre. Mais la carrière de Renoir est ailleurs. Sa rencontre avec Monet, Bazille, Sisley, Cézanne, Pissarro, tous ceux qui vont être appelés " impressionnistes " en 1874 est décisive. Le destin est là. S'ouvrent alors le long cycle de la maturation, les années bohème à Montmartre, aux Batignolles entrecoupées par les voyages en Espagne, en Algérie, les peintures sur le motif aux bords de la Seine, en Normandie... Dans les années 1880, contre toute attente, Renoir change de style et affronte l'incompréhension de ses amis mêmes : ses Grandes Baigneuses font scandale ! Peu lui importe. Renoir persiste. Vieillard prématuré, souffrant de rhumatismes déformants, l'immense peintre qu'il est devenu n'aura eu de cesse d'accomplir une oeuvre, un " bon tremplin " pour les recherches à venir. Modeste...