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René Char
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«Pourquoi le cacher ? Ce n'est pas une poésie facile. Ses difficultés sont à proportion, en nous, des vieilles habitudes de voir et de leur résistance : René Char ou la jeunesse des mots, du monde... Il faut le lire et le relire pour, peu à peu, sentir en soi la débâcle des vieilles digues, de l'imagination paresseuse... Poésie qui se gagne, comme la terre promise de la légende et de l'histoire : celui-là qui y plante sa tente, qu'il soit assuré de s'en trouver plus fort et plus juste.» Yves Berger.
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«Les poèmes sont des "bouts d'existence", fruits d'une furieuse bataille dont brouillons ou manuscrits gardent la trace. Mais qu'en était-il de leur existence, avant leur publication en recueil ?
C'est le fil que l'on déroule ici : celui de la création, de l'état primitif des poèmes qui paraissent en revue, en plaquettes à tirage limité pour renaître sous un nouveau titre, kidnappés d'un volume, transformés dans un autre. Enfance, premiers écrits, adhésion au mouvement surréaliste, Résistance - autant de moments où Char se révolte et, au coeur du combat, forge ses mots et tisse ses alliances. Une histoire des poèmes imbriquée dans la vie du poète dans un parcours chronologique qui respecte le souci constant de Char de protéger l'intimité de son être.
À cet "artisanat furieux" de celui qui oeuvre dans son atelier se joignent les peintres, auxquels Char confie le soin d'enluminer ses textes. Des échanges de correspondance avec les philosophes, les poètes, les écrivains : Blanchot, Camus, Éluard, Gracq, Lely, Saint-John Perse ; avec les peintres, dont on trouvera les oeuvres reproduites : Braque, Brauner, Giacometti, Valentine Hugo, Wifredo Lam, Matisse, Miró, Picasso, Nicolas de Staël, Vieira da Silva... scandent ce cheminement. Dans l'atelier du poète évoque ce trajet de vie dans le foyer incandescent de la poésie.»
Marie-Claude Char. -
On savait Char et Camus frères en amitié. Les quelque deux cents lettres inédites ici rassemblées l'attestent, qui retracent ce que furent les engagements et les travaux communs des deux hommes après-guerre et leur proximité attentive et réciproque. Mais ce qui donne tout son sens à cette correspondance est ce qui l'a peut-être initiée : la rencontre et la reconnaissance de deux oeuvres en même temps que leur convergence dans une époque de démesure et de déraison. Tout comme «l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise où ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons» (Char à Camus), le moment de doute dans l'accomplissement d'une oeuvre ne peut que s'appuyer sur «l'ami, quand il sait et comprend, et qu'il marche lui-même, du même pas» (Camus à Char)... Une façon lumineuse, entre Ventoux et Luberon, de rejoindre l'intuition de Julien Gracq qui, avec l'éloignement du temps, voyait se «rapprocher aussi, dans la signification de leurs oeuvres, deux amis dont les silhouettes pouvaient sembler si différentes».
Édition de Franck Planeille.
Édition augmentée de huit lettres inédites.
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Lettera amorosa ; guirlande terrestre
René Char, Jean Arp, Georges Braque
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 23 Février 2007
- 9782070344277
«La présente édition de Lettera amorosa réunit deux versions illustrées du poème de René Char, publiées à dix ans d'intervalle. L'une et l'autre sont enluminées par les peintres, en 1952 par Jean Arp puis en 1963 par Georges Braque. [...] Traces du dialogue que le Poète a entretenu toute sa vie avec les peintres, ses alliés substantiels, ces livres et manuscrits rares sont pour la plupart la propriété privée de bibliophiles ou sous clef dans la réserve d'une bibliothèque. Les voici enfin mis en lumière dans une collection de poche et offerts au regard du grand public. Leur beauté témoigne de la fraternité spirituelle qui unit l'art et la poésie.» Marice-Claude Char.
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«On ne parle pas de René Char (1907-1988) : on le lit, on le dit, on l'entend, on le voit, tel un tableau de ces peintres, ces alliés substantiels qui l'ont parfois illustré, ou l'un de ces paysages où il s'est enraciné, entre la Sorgue et le Luberon, domaine poétique qu'il a défendu par des mots comme les armes à la main. Tout poète réinvente le langage. Le sien est fait d'alliances inouïes, "lyre pour des
monts internés", approfondissant l'entreprise surréaliste jusqu'à l'expérience métaphysique la plus évidente et la plus nécessaire, celle de l'espace et du temps, à l'école d'Héraclite et de Heidegger. Couleur et douleur, soleil et rivière ou pluie, il faut "faire du chemin avec..."» Daniel Poirion. -
Les matinaux ; la parole en archipel
René Char
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 22 Janvier 1969
- 9782070300662
Qu'il vive ! Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains. La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif. Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému. Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée. Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays. On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté. Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n'avoir pas de fruits. On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur. Dans mon pays, on remercie. (in Les Matinaux)
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Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Mouvement littéraire : La Résistance, un devoir de poète - Genre et registre : Le fragment poétique - L'écrivain à sa table de travail : Du carnet de guerre aux Feuillets d'Hypnos - Groupement de textes : La poésie en procès - Chronologie : René Char et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture. Recommandé pour les classes de lycée.
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Le nu perdu Porteront rameaux ceux dont l'endurance sait user la nuit noueuse qui précède et suit l'éclair. Leur parole reçoit existence du fruit intermittent qui la propage en se dilacérant. Ils sont les fils incestueux de l'entaille et du signe, qui élevèrent aux margelles le cercle en fleurs de la jarre du ralliement. La rage des vents les maintient encore dévêtus. Contre eux vole un duvet de nuit noire.
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« C'est dans l'intimité que s'épanouissent les rencontres. Cette anthologie d'un poète, dont la voix rassemble les milieux les plus divers et dont la haute figure s'étend sur le siècle plus largement et plus profondément qu'une autre, ouvre une voie, un "chemin du secret" vers l'intimité du lecteur. La rencontre avec René Char, que les auteurs de cette anthologie ont voulue pour le grand public et plus particulièrement pour le public scolaire, naît sous une lumière qui par notes, par images, par mises en situation des poèmes, éclaire et apprivoise des textes perçus justement comme saisissants par leur concentration. [.] Éclairant le chemin de vie et d'écriture de René Char, ce livre offre [.] à tous ceux dont le poète écrivait : "Ils disent des mots qui leur restent au coin des yeux", les conditions d'une lecture intime. »
Pascal Charvet.
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Commune présence est un recueil composé par René Char lui-même : son anthologie personnelle, avec un parcours de lecture qui n'obéit pas à la chronologie mais au jeu des résonnances. «Le poète est maître de rapprocher ses routes sur le damier du temps. Ou de se suivre sur de plus longs silences», écrit Georges Blin dans sa préface. Cet ouvrage, qui n'appartient pas sous cette forme au corpus de la Pléiade, constitue sans doute l'accès privilégié à la poésie de René Char. Ici se déploient les grands thèmes d'une création qui, sans faiblesse, fait toute la place à la beauté, qui proclame qu'il n'y a pas de fatalité douteuse attachée à l'action et que l'homme, avec sa part de rêve, son poids de tendresse, ses désirs fougueux ou fragiles, peut sortir du chaos, grandi et inentamé. René Char a sans doute recueilli l'héritage d'une fée impérieuse : il est doué d'une perception ardente qui le fait complice de toutes les métamorphoses, le met à l'écoute de toutes les effractions, de toutes les aventures, de toutes les communions de la nature. Ce don si personnel, il a l'élégance de le partager, afin d'en révéler à tous la commune présence.
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Recherche de la base et du sommet
René Char
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 8 Décembre 1971
- 9782070319183
«Base et sommet, pour peu que les hommes remuent et divergent, rapidement s'effritent. Mais il y a la tension de la recherche, la
répugnance du sablier, l'itinéraire nonpareil, jusqu'à la folle faveur, une exigence de la conscience enfin à laquelle nous ne pouvons nous soustraire, avant de tomber au gouffre. Pourquoi me soucierais-je de l' histoire, vieille dame jadis blanche, maintenant flambante, énorme sous la lentille de notre siècle biseauté ? Elle nous gâche l'existence avec ses précieux voiles de deuil, ses passes magnétiques, ses dilatations, ses revers mensongers, ses folâtreries. Je m'inquiète de ce qui s'accomplit sur cette terre, dans la paresse de ses nuits, sous son soleil que nous avons délaissé. Je m'associe à son bouillonnement. Par la trêve des décisions s'ajourne quelque agonie.» -
Le visage nuptial ; retour amont
René Char, Alberto Giacometti
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 15 Mars 2018
- 9782072786150
Née au temps du surréalisme, l'amitié qui liait René Char et Alberto Giacometti n'a cessé de se renforcer et de s'affirmer plus active et créative à partir de 1946, au point qu'il n'est pas exagéré de dire qu'ils devinrent dès lors l'un pour l'autre des «alliés substantiels», au sens que le poète donnait à cette expression.
Char consacre un texte à Giacometti dans Recherche de la base et du sommet. Giacometti réalise un portrait de Char. Ils échangent dédicaces, lettres et dessins. Mais leur entente se révèle surtout quand ils participent à une oeuvre commune, ce dont témoignent précisément deux ouvrages dissemblables : le manuscrit enluminé de Visage nuptial et l'édition de luxe de Retour amont. Le premier date de 1963, l'écriture calligraphiée de Char y est accompagnée par sept dessins de Giacometti, d'une facture inhabituelle puisque l'artiste use ici de crayons de couleur. Le second date de 1965, le texte typographié par Guy Lévis Mano est illustré par quatre eaux-fortes.
En publiant ces deux oeuvres à la suite, ainsi qu'une longue lettre inédite de Giacometti à Char, qui évoque la dynamique de leur collaboration, Poésie/Gallimard entend poursuivre le dialogue essentiel entre les poètes et les peintres déjà ébauché dans la collection avec Braque, Arp, Éluard, Man Ray, Zao Wou-Ki, Leiris, Masson, Miró, Reverdy, Picasso, et bien sûr René Char, le plus présent en ce domaine.
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En trente-trois morceaux / sur la poésie / le baton de rosier / loin de nos cendres / sous ma casquette
René Char
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 11 Avril 1997
- 9782070329847
«Soudain - à la suite de quelle maladresse ? - la tour de mes poèmes s'écroula au sol, se brisa comme verre. Sans doute, forçant l'allure et rencontrant le vide, avais-je voulu saisir, contre son gré, la main du Temps - le Temps qui choisit -, main qu'il n'était pas décidé à me donner encore. Le marteau sans maître, Placard pour un chemin des écoliers, Art bref, Dehors, la nuit est gouvernée, n'avaient plus du livre que le nom. Je ramassai trente-trois morceaux. Après un moment de désarroi, je constatai que je n'avais perdu dans cet accident que le sommet de mon visage.»
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La poésie engagée
Anna Akhmatoya, Louis Aragon, Aimé Césaire, René Char, Robert Desnos, David Diop, Paul Eluard, Collectif
- Belin éducation
- Classico College - Anthologie Et Dossier
- 8 Août 2017
- 9782410004762
Tout au long du XXe siècle, des voix se sont élevées contre la guerre, le colonialisme et la barbarie. Les poètes engagés ont écrit des textes en vers ou en prose pour témoigner ou résister ; ils ont fait de leur plume une épée pour combattre les injustices de leur temps. Un mot d'ordre les guide : celui de liberté.
Auteurs :
Textes de A. Akhmatova, L. Aragon, A. Césaire, R. Char, R. Desnos, D. Diop, P.
Éluard, F. García Lorca, A. Machado, P. Neruda, J. Prévert, Y. Ritsos, L. S. Senghor.
Dossier pédagogique de Gaêlle Le Guern-Camara est professeur de français à La Courneuve (collège Jean Villar).
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Le marteau sans maitre/Moulin premier
René Char
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 16 Octobre 2002
- 9782070410682
«Je pense que si je n'avais écrit que Le Marteau sans maître, on me situerait quelque part dans le surréalisme, ce qui serait inexact. Quand j'ai écrit Arsenal, je n'avais que dix-sept ans et je ne savais même pas que le surréalisme existait. [...] J'ai toujours ignoré l'écriture automatique et tout ce que j'ai écrit était consciemment élaboré.» Publiée en 1990 dans l'ouvrage de Paul Veyne, cette déclaration de René Char résume son engagement pris dans un mouvement dont il ne fut que le «locataire» durant quelques années. Le Marteau sans maître témoigne de cette proximité et de ce passage. Tous les poèmes ici regroupés par René Char, et dont il a plusieurs fois modifié les intitulés et l'ordre, proviennent de son fonds propre, c'est-à-dire de ce qui le singularise et confère à sa voix ce timbre irréductible qui n'appartient qu'à lui. D'emblée, il y a, en dépit du titre qui suggère une énergie sans frein, une volonté de maîtrise, un repérage dans le champ du réel, et une façon d'être au monde sans faiblesse.
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Éloge d'une soupçonnée ; autres poèmes
René Char
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 3 Novembre 1989
- 9782070325313
Bestiaire dans mon trèfle Soupçonnons que la poésie soit une situation entre les alliages de la vie, l'approche de la douleur, l'élection exhortée, et le baisement en ce moment même. Elle ne se séparerait de son vrai coeur que si le plein découvrait sa fatalité, le combat commencerait alors entre le vide et la communion. Dans ce monde transposé, il nous resterait à faire le court éloge d'une Soupçonnée, la seule qui garde force de mots jusqu'au bord des larmes. Sa jeune démence aux douze distances croyant enrichir ses lendemains s'illusionnerait sur la moins frêle aventure despotique qu'un vivant ait vécu en côtoyant les chaos qui passaient pour irrésistibles. Ils ne l'étaient qu'intrinsèquement mais sans une trace de caprice. Venus d'où ? D'un calendrier bouleversé bien qu'uni au Temps, sans qu'en soit ressentie l'usure. Verdeur d'une Soupçonnée... [...]
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Effilage du sac de jute
René Char, Wou-Ki Zao
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 24 Février 2011
- 9782070441471
Suivi de Lettres en chemin, correspondance René Char - Zao Wou-ki
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Correspondance ; 1951-1954
René Char, Nicolas de Staël
- Éditions des Busclats
- 23 Septembre 2010
- 9782361660048
Début 1951 Char fait la connaissance de Staël à Paris. Les nombreuses visites du poète à l'atelier de Staël, rue Gauguet, fortifient leur admiration et leur fascination réciproques. La correspondance que nous présentons ici éclaire les nombreux projets élaborés en commun, dont la réalisation d'un livre de poèmes de Char accompagné de bois gravés de Staël qui lui font délaisser les pinceaux pour la gouge.
En 1953 Staël et les siens viennent s'installer dans le Sud, à proximité du poète, dans son milieu intime et familier. Poussé par sa recherche passionnée des couleurs et de la lumière, Staël voyage deux ans durant à travers l'Italie et la Sicile., partageant sans cesse avec Char, son jumeau de coeur, sa quête artistique et ses passions.
Les lettres et cartes qu'ils échangent jalonnent leur chemin de créateurs et racontent à demi mot leur magnifique histoire d'amitié.
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On savait Char et Camus frères en amitié. Les quelque deux cents lettres inédites ici rassemblées l'attestent. qui retracent ce que furent les engagements et les travaux communs des deux hommes après-guerre et leur proximité attentive et réciproque. Mais ce qui donne tout son sens à cette correspondance est ce qui l'a peut-être initiée : la rencontre et la reconnaissance de deux oeuvres en même temps que leur convergence dans une époque de démesure et de déraison. Tout comme " l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise ou ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons " Char à Camus, le moment de doute dans l'accomplissement d'une oeuvre ne peut que s'appuyer sur " l'ami. quand il sait et comprend, et qu'il marche lui-même. du même pas " (Camus à Char)... Une façon lumineuse, entre Ventoux et Luberon. de rejoindre l'intuition de Julien Gracq qui, avec l'éloignement du temps, voyait se " rapprocher aussi. dans la signification de leurs oeuvres. deux amis dont les silhouettes pouvaient sembler si différentes ". Correspondance croisée établie. présentée et annotée par Franck Planeille, enrichie d'annexes et de documents inédits.
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Nouvelle édition en 1964
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«Si l'on jugeait utile de ressaisir en peu de traits la force du poème tel qu'il s'éclaire dans l'oeuvre de René Char, l'on pourrait se contenter de dire qu'il est cette parole future, impersonnelle et toujours à venir où, dans la décision d'un langage commençant, il nous est cependant parlé intimement de ce qui se joue dans le destin qui nous est le plus proche et le plus immédiat. C'est, par excellence, le chant du pressentiment, de la promesse et de l'éveil, - non pas qu'il chante ce qui sera demain, ni qu'en lui un avenir, heureux ou malheureux, nous soit précisément révélé -, mais il lie fermement, dans l'espace que retient le pressentiment, la parole à l'essor et, par l'essor de la parole, II retient fermement l'avènement d'un horizon plus large, l'affirmation d'un jour premier. L'avenir est rare, et chaque jour qui vient n'est pas un jour qui commence. Plus rare encore est la parole qui, dans son silence, est réserve d'une parole à venir et nous tourne, fût-ce au plus près de notre fin, vers la force du commencement. Dans chacune des oeuvres de René Char, nous entendons la poésie prononcer le serment qui, dans l'anxiété et l'incertitude, l'unit à l'avenir d'elle-même, l'oblige à ne parler qu'à partir de cet avenir, pour donner, par avance, à cette venue, la fermeté et la promesse de sa parole.» Maurice Blanchot.
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«Soupçonnons que la poésie soit une situation entre les alliages de la vie, l'approche de la douleur, l'élection exhortée, et le baisement en ce moment même. Elle ne se séparerait de son vrai coeur que si le plein découvrait sa fatalité, le combat commencerait alors entre le vide et la communion. Dans ce monde transposé, il nous resterait à faire le court éloge d'une Soupçonnée, la seule qui garde force de mots jusqu'au bord des larmes. Sa jeune démence aux douze distances croyant enrichir ses lendemains s'illusionnerait sur la moins frêle aventure despotique qu'un vivant ait vécu en côtoyant les chaos qui passaient pour irrésistibles. Ils ne l'étaient qu'intrinsèquement mais sans une trace de caprice. Venus d'où ? D'un calendrier bouleversé bien qu'uni au Temps, sans qu'en soit ressentie l'usure. Verdeur d'une Soupçonnée...» René Char.
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«Retour amont ne signifie pas retour aux sources. Il s'en faut. Mais saillie, revif, retour aux aliments non différés de la source, et à son oeil, amont, c'est-à-dire au pire lieu déshérité qui soit. La conclusion, nous la demanderons à Georges Bataille : "Cette fuite se dirigeant vers le sommet (qu'est, dominant les empires eux-mêmes, la composition du savoir) n'est que l'un des parcours du labyrinthe. Mais ce parcours qu'il nous faut suivre de leurre en leurre, à la recherche de l'être, nous ne pouvons l'éviter d'aucune façon."» René Char.
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Correspondance (1954-1968) ; correspondance René Char - Gisèle Celan-Lestrange (1969-1977)
Paul Celan, René Char
- Gallimard
- Blanche
- 29 Octobre 2015
- 9782070143115
Cette correspondance rapproche deux hommes, deux écrivains, et aussi deux lecteurs, bien qu'ils ne fussent ni de la même langue ni du même monde ni du même âge. Leur voisinage, leur rencontre n'a en fait rien pour surprendre. L'échange entre René Char et Paul Celan semble aller de soi et apparaît d'emblée sous un jour des plus prometteurs; il laisse augurer d'une certaine égalité des voix; d'un dialogue nourri d'expériences comparables:celui du poète du maquis de Provence avec le poète juif d'Europe orientale qui, contrairement à ses parents, ne subira que les camps de travail roumains et échappera à la machine d'extermination nazie. Tous deux connurent, jeunes, la clandestinité, la disparition de proches, le sentiment de l'imminence de la mort, la haine absolue des politiques mortifères. Tous deux ont écrit et pensé dans des situations extrêmes. Les poèmes de Celan nés dans les camps, qui constituent le socle de toute son écriture, sont encore, quand s'ébauchent leurs échanges, quasiment inconnus en France. Char et Celan ont trempé pour toujours leur parole dans ces multiples épreuves. Une parole qui devait assumer sa part obscure, issue des méandres et des gouffres du siècle. L'obscurité de leur dire résulte de la coagulation et de l'élaboration d'expériences limites, d'un passage par l'abîme et non d'un hermétisme délibéré, au sens d'un cryptage volontaire de quelque chose de préalablement clair, destiné à on ne sait quels initiés! C'est à travers le filtre ou l'optique des événements vécus que les deux poètes mettent à l'épreuve leurs lectures, s'approprient ce qu'il leur faut pour situer leur propre voix tôt fondée en nécessité.