La nuit tombe sur les corons du nord de la France, et une fratrie se presse devant l'écran de télévision. Soudain, apparaît le visage attendu : celui du père. Qu'y raconte-t-il ? À l'époque, aucun de ces enfants ne s'en soucie vraiment. Pourtant, alors, cet homme s'est saisi d'un combat, celui des mineurs marocains qui se lèvent pour leurs droits. C'est l'histoire de cet homme que nous raconte Samira El Ayachi, mais aussi celle des siens ; de l'une de ses filles, surtout, qui deviendra l'archétype de la «réussite républicaine», jusqu'à se voir renvoyée à sa condition «d'Arabe» quand la folie islamiste se saisira d'une certaine jeunesse. C'est l'histoire d'un lieu, ce Nord, et de ses habitants, solidaires et oubliés. C'est un bout d'Histoire de France. C'est simplement sublime.
« Mes yeux sont sourds, mes paupières restent closes et ma bouche, éteinte. Car je suis bel et bien mort. Mais c'est avec stupéfaction que je comprends que je vais tout entendre de leurs discours. Et que mon enfer durera quarante longs jours. » Le narrateur est mort, certes, mais il est bel et bien le personnage principal de la tragi-comédie qui va suivre ! Condamné au silence, il assiste, impuissant, au pugilat entre ses femmes et à la détresse de sa mère, subit la haine de son cousin, l'amour de son oncle, les litanies de l'Ivrogne... Samira El Ayachi dresse le portrait d'une famille marocaine aux prises avec ses cadavres intimes et donne à entendre, à travers la voix d'un jeune homme pris dans les filets de notre temps, les désillusions de toute une génération en quête d'elle-même.
« Le monde est fait pour deux catégories de personnes. Les hommes. Les femmes riches. Les autres se retirent sur la pointe des pieds en riant doucement, et en s'excusant. » Elle doit monter une pièce de théâtre. Finir sa thèse.
Lancer une machine. Régler des comptes ancestraux avec les pères et les patrons. Faire la révolution - tout en changeant la couche de Petit Chose. Au passage, casser la figure à Maman Ourse et tordre le cou à la famille idéale. Réussir les gâteaux d'anniversaire.
Retrouver la Dame de secours. Croire à nouveau en l'Autre.
Comme toutes les femmes, la narratrice de ce roman est très occupée.
En classe, Salima occupe le premier rang : les profs le disent, elle réussira sa vie. Pourtant, pour mademoiselle S., la vie est ailleurs, au pays des mille et une sornettes. Mais le bac approche, le monde adulte se profile ; et si ses rêves se brisaient, à force de réalité ?
En classe, Salima occupe le premier rang : les profs le disent, elle " réussira sa vie ". Pourtant, pour Mademoiselle S., la vie est ailleurs, au pays des mille et une sornettes. Mais le bac approche, le monde adulte se profile ; et si ses rêves se brisaient, à force de réalité oe