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Des femmes
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Partant de l'analyse des interdits misogynes, solides remparts d'une supériorité masculine dont la réalité paraît sérieusement ébranlée, Virginia Woolf définit les conditions d'existence et la spécificité de la création pour les femmes. Il faut d'abord « une chambre à soi », dont la portée va bien au-delà du matériel.
« Il suffit d'entrer dans n'importe quelle chambre de n'importe quelle rue pour que se jette à votre face toute cette force extrêmement complexe de la féminité... Car les femmes sont restées assises à l'intérieur de leurs maisons pendant des millions d'années, si bien qu'à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice.» V.W.
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À Londres, ce soir, Clarissa Dalloway offre une fête ! La haute société anglaise a intérêt à s'amuser. Or, de vieilles connaissances ressurgissent des limbes et exhument des souvenirs comme on ouvre une boîte de Pandore. Ce mois de juin d'après-guerre n'en est pas moins radieux. Quant à Lucrezia, déracinée de son Italie natale, elle tente de retrouver son mari dans la froide Angleterre.
Septimus est là, mais absent. Pâle vétéran décoré, le jeune homme reste hanté par les tranchées et les bombes. Parfois, il entend la voix d'un de ses amis morts au front.
« Elle ne dirait plus jamais de personne, il est ceci, il est cela. Elle se sentait très jeune ; et en même temps, incroyablement âgée. Elle tranchait dans le vif, avec une lame acérée ; en même temps, elle restait à l'extérieur, en observatrice. Elle avait, en regardant passer les taxis, le sentiment d'être loin, loin, quelque part en mer, toute seule ; elle avait perpétuellement le sentiment qu'il était très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu'un seul jour. » V. W.
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« Derrière nous s'étend le système patriarcal avec sa nullité, son amoralité, son hypocrisie, sa servilité. Devant nous s'étendent la vie publique, le système professionnel, avec leur passivité, leur jalousie, leur agressivité, leur cupidité. L'un se referme sur nous comme sur les esclaves d'un harem, l'autre nous oblige à tourner en rond... tourner tout autour de l'arbre sacré de la propriété. Un choix entre deux maux... » Virginia Woolf « On découvre là comme la poésie de la grande romancière anglaise est fondée sur une pensée politique audacieuse et précise. Sa dénonciation de la colonisation, de la ségrégation des femmes est, en 1938, d'une lucidité cruelle, d'une ironie violente qui n'ont pas à cette heure été dépassées. [...] Les femmes, mais il n'y a pas encore de femmes [...]. Il n'y a jamais eu que l'annulation des femmes. Restent la folie, la douleur de n'être pas qui circulent dans les lignes, les veines de Virginia Woolf... Une femme, aux prises avec ces réseaux barrés, cette mort vivante, captive en elle, de l'être qu'elle était. » Viviane Forrester
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Au phare, c'est cette destination vers laquelle se tend et se déploie tout le roman, un serment en suspens, à flux tendu au-dessus des profondeurs abyssales de la conscience des personnages. La promesse d'une promenade scelle l'alliance de Mrs Ramsey avec ses enfants, contre le père, contre vents et marées, le temps qui passe et la Guerre - c'est autour de cette parole donnée que se nouent les désirs enfouis et les pensées tues, que se cristallisent tragiquement les souvenirs d'enfance.
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Écrite par en 1935 pour amuser amis et neveux, cette pièce est un petit chef-d'oeuvre d'humour et d'intelligence. Virginia Woolf y met en scène des personnages aussi authentiques que pittoresques. Les Cameron, qui ne veulent pas partir aux Indes sans leurs cercueils, attendent ceux-ci d'une minute à l'autre... depuis des mois. Mrs Cameron se hâte de faire encore quelques photographies, tandis que leur ami Tennyson se hâte de leur déclamer une dernière fois ses poèmes. Pendant ce temps, Ellen Terry, fatiguée de poser éternellement pour son mari, grand spécialiste des allégories, s'échappe et va retrouver sur la plage le bel officier de marine avec lequel elle s'enfuira. Sur un rythme trépidant, les répliques fusent, les actions se catapultent. Nous avons là un exemple étonnant de ce que pouvait être cet humour que Virginia Woolf affectionnait tant dans la vie, ce rire « déboutonné » qui filtre si rarement entre les lignes de ses romans.
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Derrière la pureté romanesque de Virginia, son amie Vita Sackville West pressentait le mordant, la dent acérée de Woolf, bref, tout l'esprit critique de celle qui reste la plus brillante pamphlétaire d'Angleterre. Ces essais, tout en éclairant les analyses de Trois guinées et d'Une chambre à soi, mêlent le charme d'une conversation intime, à bâtons rompus, à l'indépendance d'une critique impressionniste. À la faveur d'une visite du presbytère hanté par les ombres des soeurs Brontë, de l'évocation du boudoir où Jane Austen cachait ses manuscrits, ou de la disparition de Katherine Mansfield, elle illumine le moment où, « sondant les eaux, les fonds, les sombres profondeurs », une romancière « laisse son imagination dériver librement autour de chaque rocher et chaque crevasse du monde submergé dans les profondeurs de son inconscient ».
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Ces deux textes reflètent toutes les facettes de l'oeuvre d'essayiste de Virginia Woolf.
De veine très lyrique, De la lecture est tout en digressions, en chassés croisés passé-présent, lieux d'écriture et lieux de lecture. Un va et vient constant - qui passe par le regard de Virginia Woolf entre le livre, la manière de le lire, le paysage autour d'elle - tisse une matière qui s'enrichit, dans laquelle elle puise une vue toujours neuve sur le monde.
De la critique, le deuxième essai, est quant à lui écrit dans un style violemment polémique. « Debout à la fenêtre, le regard plongeant dans le jardin, j'entendais le doux murmure de tous ces livres vivants emplir la pièce. Mer profonde, en vérité, que le passé, marée destinée à nous entraîner et nous engloutir. » V. W.
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"Livre sans nom" - tel est le titre même que donna dans son journal Virginia Woolf au roman-essai Les Pargiter, consacré à « la vie sexuelle des femmes ». Dans cette audacieuse entreprise, dès les années 1930, la plus brillante pamphlétaire d'Angleterre commente et critique, en essayiste, sa propre démarche de romancière - analysant, à travers l'élaboration même de l'oeuvre, tout ce qui doit ordinairement rester en marge du texte.
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« Derrière nous s'étend le système patriarcal avec sa nullité, son amoralité, son hypocrisie, sa servilité. Devant nous s'étendent la vie publique, le système professionnel, avec leur passivité, leur jalousie, leur agressivité, leur cupidité. L'un se referme sur nous comme sur les esclaves d'un harem, l'autre nous oblige à tourner en rond... tourner tout autour de l'arbre sacré de la propriété. Un choix entre deux maux... » Virginia Woolf « On découvre là comme la poésie de la grande romancière anglaise est fondée sur une pensée politique audacieuse et précise. Sa dénonciation de la colonisation, de la ségrégation des femmes est, en 1938, d'une lucidité cruelle, d'une ironie violente qui n'ont pas à cette heure été dépassées. [...] Les femmes, mais il n'y a pas encore de femmes [...]. Il n'y a jamais eu que l'annulation des femmes. Restent la folie, la douleur de n'être pas qui circulent dans les lignes, les veines de Virginia Woolf... Une femme, aux prises avec ces réseaux barrés, cette mort vivante, captive en elle, de l'être qu'elle était. » Viviane Forrester