Depuis vingt ans, on assiste à la reconnaissance progressive des géoparcs mondiaux par l'UNESCO. Ce sont des espaces territoriaux qui présentent un héritage géologique d'importance internationale.
Cette classification présente de véritables défis. Des stratégies de développement conformes aux recommandations successives prônées par diverses ONG doivent être mises en place. Il faut aussi impliquer les acteurs locaux tant dans la préparation du dossier de candidature que dans la mise en oeuvre d'un plan de gestion adapté suivant un développement global durable. La gestion des tensions et asymétries qui existent entre les différents groupes d'acteurs (politiques, gestionnaires, scientifiques, représentants des populations locales) constitue également un enjeu majeur.
C'est dans ce contexte et à travers des études de cas variées que cet ouvrage interroge les finalités des géoparcs mondiaux UNESCO, en termes d'inventaire et de conservation du patrimoine, de participation des populations locales, de développement local d'un territoire et de sa mise en valeur par l'interprétation du patrimoine.
La question de la participation des habitants et des publics aux activités du musée et celle de la reconnaissance du rôle politique des institutions sont au coeur des débats actuels sur la fonction sociale des musées. Les représentations sous-tendues par les protagonistes de ces deux approches sont largement dépendantes, non seulement des contextes historiques et sociopolitiques des divers pays concernés, mais aussi d'une posture générationnelle.Au coeur de l'actualité et des questions internationales, La fonction sociale des musées étudie donc les actions et les discours prônés dans les processus participatifs de collecte, de sélection et d'interprétation des éléments du patrimoine liés aux territoires, ressources, savoirs et savoir-faire des communautés. L'analyse des tensions et des asymétries de pouvoir entre les groupes d'acteurs (politiques, gestionnaires, scientifiques, visiteurs, représentants des populations locales ou diasporiques, etc.) qui prennent corps, notamment dans le cadre des politiques de décolonisation des musées, constitue également un enjeu majeur de cet ouvrage collectif.
Les champs explorés dans cet ouvrage analysent, sous deux angles, dans un contexte international la nature de l'offre des musées d'histoire naturelle dans le domaine éducatif, d'abord à partir des principaux types de musées (aquariums, jardins botaniques, muséums, parcs naturels, parcs zoologiques), puis à partir des principaux publics scolaires (enseignants, élèves, publics handicapés).
En s'appuyant sur des objets extrêmement variés (territoires, ressources végétales ou animales, archives ou collections, sites archéologiques ou éléments immatériels dérivés de la culture et de l'histoire, comme l'esclavage ou encore la gastronomie), l'ouvrage se penche sur les dynamiques de patrimonialisation et les multiples contradictions, conflits et compétitions, parfois irréductibles, que celles-ci provoquent.
D'un côté, les traités internationaux sur la diversité génétique et le patrimoine naturel ou culturel, par leurs implications éthiques et juridiques, notamment en termes de propriété intellectuelle, sont l'objet d'interprétations contrastées, signalant la confrontation entre droit international, politiques nationales et règles locales. D'un autre côté, dans les espaces stratégiques, tels que les parcs nationaux, se nouent des enjeux multiples et changeants avec les politiques qui les animent.
Quant aux sites archéologiques, ils s'inscrivent souvent dans une double logique de concurrence : les patrimoines universels que la diachronie révèle s'opposent à d'autres usages, en particulier économiques, du territoire.
Toutes ces constructions patrimoniales ont en commun d'impliquer une mise en scène visant à les faire voir et reconnaître, mises en scène qu'orchestrent ou instrumentalisent une série d'acteurs, institutions, communautés locales voire les chercheurs eux-mêmes. L'ouvrage parcourt ainsi, à travers des exemples puisés dans différents terrains, Cambodge, Zanzibar, Guinée et Guinée-Bissau, Ethiopie, Sénégal, Equateur, Lybie, Tunisie mais aussi les salins narbonnais, ou encore les coulisses des grandes expéditions naturalistes françaises, les logiques, ambiguïtés et polyvalences de la patrimonialisation. Il confirme au final la vocation particulièrement stratégique du patrimoine, et révèle les multiples tensions et mutations que son invocation enclenche dans les territoires et les sociétés du monde.