D'abord : ceci est une mutinerie. Et si notre mutinerie doit réussir, il faut que je nomme bien les choses, sans détour. Sans ça, tu ne dérogeras pas à tes certitudes. Alors voilà: je suis trans. Comme dans transgression. J'ai cassé les genres, je me suis soustraite aux codes. Je suis trans. Comme dans translation. J'ai fait glisser les éléments qui constituent ma personne d'un état vers un autre. Ma géométrie a été variable. Je suis trans. Comme dans transmutation. Ma vie est une alchimie. J'ai fait de l'or avec du plomb. Je suis trans. Comme dans transports amoureux. J'ai connu toutes les ardeurs. Celles des femmes, celles des hommes et celles de cielleux qui ont quitté le bal des binarités. Je suis trans. Comme dans transie. Par la peur, par l'amour, par la solitude. Je suis trans. Comme dans transhumance. J'ai changé de troupeau et de pâturage. J'étais un mouton. J'ai tenté d'être une brebis. Mais en vain. Je comprends aujourd'hui que je suis une louve parce que je suis trans. Comme dans transgenre. Et ce soir, je suis une révolution.
Vers quelle forêt secrète se dirige la photographe partie à la recherche d'un certain Boychuck, témoin et brûlé des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l'Ontario au début du XXe siècle? On ne le saura pas. Boychuck, Tom et Charlie, dorénavant vieux, ont choisi de se retirer du monde. Ils vivent relativement heureux et ont même préparé leur mort. De fait, Boychuck n'est plus de ce monde au moment où s'amène la photographe.
Tom et Charlie ignorent que la venue de la photographe boulversera leur vie. Les deux survivants feront la rencontre d'un personnage aérien, Marie-Desneige. Elle a 82 ans, tous ses esprits, même si elle est internée depuis soixante-six ans. Elle arrivera sur les lieux comme une brise espérée alors que la photographe découvrira que Boychuck était un peintre et que son oeuvre était tout entière marquée par le Grand Feu de Matheson.
C'est dans ce décor que s'élabore Il pleuvait des oiseaux. Nous voici en plein coeur d'un drame historique, mais aussi pris par l'histoire d'hommes qui ont choisi la forêt. Trois êtres épris de liberté et qui ont fait un pacte avec la mort. Un superbe récit à la mesure du grand talent de Jocelyne Saucier.
Elle se nomme Hélène, mais se fait appeler Joe parce qu'elle veut vivre en garçon comme lady Oscar, son héroïne de dessins animés préférés qui est le capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Comme elle, elle aimerait vivre à une autre époque et réaliser de grands exploits, car elle a l'âme romantique et un imaginaire avide de grands drames. Mais elle doit se contenter de passer les journaux, puis de travailler comme serveuse dans une salle de bingo. Après tout, au début du roman, elle n'a que huit ans, même si elle prétend en avoir dix.
Hélène a trois soeurs, un père très occupé à être malheureux et une mère compréhensive mais stricte qui ponctue ses phrases d'un «C'é toute» sans réplique. Elle vit dans un quartier populaire peuplé de gens souvent colorés dont le plus attachant est sans nul doute son nouveau voisin, Monsieur Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. Il passe ses journées à boire de la bière, mais il accourt dès qu'on a besoin de lui. Hélène et lui développent une amitié indéfectible.
Une chose attend, juste-là, sous la surface de la conscience; un souvenir, un monstre sous le lit de Camille, qui ne dort plus, depuis des semaines. Mais il faut dormir, pour vivre, et pour avoir de nouveau le droit de voir Jeanne, sa nièce chérie, qui a tant besoin d'elle pour apprendre à se défendre. Alors Camille accepte : elle ira voir Gabriel, s'abandonnera à sa machine. Mais une peur la tenaille... qu'arrivera-t-il, si elle perd le contrôle? Un roman troublant, haletant, qui vous privera de sommeil jusqu'à la dernière page. Quelque chose m'appelle. C'est un bruit de douleur. C'est un son insupportable et familier. Il n'y a pas de mot, juste un geignement à peine discernable, caché dans le froissement des pommiers. Ma peau se hérisse de frissons. Il y a une odeur qui veut m'envelopper, provoquer une nausée. Ma gorge se serre trop fort. Je ne peux plus respirer. La peur me vide la tête. Je vais tomber. Je vais disparaitre. Je vais mourir. Je veux crier, mais je ne peux pas, je n'en suis pas capable. Je ferme les yeux et il y un flottement. Un moment où je cesse d'exister, parce que quand j'ouvre les paupières, je suis devant la galerie arrière de la maison. Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Un manque. Un espace vide dans ma conscience. Qu'est-ce qui m'arrive?
Une famille de 21 enfants gravite autour d'une mine à l'abandon. En soi, ce n'est pas banal. Surtout que le groupe sème la terreur partout. Mais il y a plus: un drame est survenu qui les concerne tous. Quelqu'un est mort dont on veut taire l'identité. Un
La narratrice du roman, qui ne sera jamais nommée, déplorant le manque d'histoires, de contes, mettant en scène des filles comme elle, des filles trans qui soulèvent des montagnes et pourfendent des créatures fantastiques, entreprend d'écrire l'histoire qu'elle aurait aimé lire - histoire qu'elle basera sur sa vie... tout en se permettant un grand nombre de libertés artistiques.
Un facteur modle s'adonne des activits illicites. S'tant immisc dans une correspondance amoureuse, le voil forc d'crire des hakus (lui qui n'en a jamais produit un seul !) et entran dans une aventure amoureuse qui se terminera d'une incroyable faon...
Papier bulle est une histoire profondément émouvante, qui montre qu'on peut tirer une grande force de ce qui, au départ, paraissait être une faiblesse. Une leçon de résilience dont les illustrations, inspirées de l'univers du manga et colorées aux feutres à l'alcool, exploite le principe du bleeding . En effet, au verso de chaque page, on découvrira une version différente du dessin se trouvant au recto, comme un saignement révélant quelque chose d'insoupçonné...
Des récits, des vérités, peuplent la nuit et les mémoires. L'éclair les révèle, invite Monica à prendre part à un grand et puissant mouvement de réappropriation.
C'est sur un train qui sillonnait les régions reculées du nord de l'Ontario qu'est née Gladys. Avec sa fratrie et les enfants de la forêt côtoyés au fil des haltes, elle a vécu sur les rails des années de pur ravissement. A rencontré l'amour.
«?Quand on a connu le bonheur, il est impossible de croire qu'il n'est plus possible.?» Qu'est-ce qui a poussé cette optimiste forcenée, devenue une femme âgée, à se jeter sur un train puis un autre, échappant à toutes les tentatives pour la ramener à la maison?? La question obsédera ses amis proches et lointains, de même qu'un certain activiste des chemins de fer qui n'en démordra pas?: quelqu'un, quelque part, doit savoir ce qui a conduit Gladys si loin de Swastika.
Le jour où la baleine grise à la nageoire dorsale cicatrisée s'empare de son fils, Jack s'embarque dans une folle aventure pour le retrouver. Le pêcheur sera prêt à tout pour y parvenir, quitte à y perdre... son âme.
Marie-Noëlle est mal dans sa peau. Désespérée par ce corps qui s'arrondit et l'éloigne de l'image à laquelle elle voudrait correspondre, cible du mépris de celles et ceux qui n'ont pas ce « problème », la jeune femme perd pied. Haine de soi, maladresses de proches qui ne savent pas comment aider, incohérences d'une société qui échoue à composer avec ce qui sort des normes : il y a tout ça dans La grosse laide. Avec cette BD entièrement dessinée au crayon graphite, visuellement éblouissante, Marie-Noëlle Hébert signe une première oeuvre à la fois très personnelle et de nature à toucher profondément toutes celles et tous ceux qui un jour se sont sentis en marge du monde. « C'est mon corps et il est beau. Peut-être qu'à la longue, je finirai par le croire. Ne plus s'effacer. Se libérer du corps enseigné, tenu pour acquis, en devenant de plus en plus solide et pleine. Être moi. Et ne plus commettre l'erreur de m'en excuser. »
Ils sont huit. Huit personnages engagés dans un chassé-croisé qui aura pour théâtre Moncton, Montréal, New York ou Santa Fe. Parmi eux, Hope Fontaine, jeune femme sans attaches qui porte paresseusement sa quête: sa mère, férue d'astrologie, l'a en effet convaincue de retracer un poète acadien dont elle a trouvé le recueil dans le désert du Nouveau-Mexique. «C'est l'homme de ta vie», croit-elle.
Un attentat dans une gare parisienne, un vieil homme qui retrouve le guerrier en lui, des artistes qui effacent et refont le monde, et puis l'amour, sous des formes parfois étonnantes... Il y a tout ça dans Vertiges, un roman dont le dénouement ne laissera personne indemne.
Quand c'est sa candidature qui est retenue au Concours-de-qui-ira-sur-la-Lune, la jeune héroïne de cette histoire se réjouit de faire plaisir à son grand-père, qui souhaite la voir déployer son plein potentiel. Mais rien ne se passe comme prévu. Sur le ton de la fable, Grand-père et la Lune montre avec beaucoup de sensibilité qu'il faut parfois savoir remettre en question les rêves qui guident nos pas. Un roman graphique poignant, où chacun, qu'il soit petit ou qu'il soit grand, trouvera une histoire qui lui est adressée.
L'immigr fait souvent face un difficile dilemme: devenir autre ou rester lui-mme. Rgine Robin, franaise, mais aussi juive d'Europe de l'Est de par ses parents, rend compte de sa difficile intgration dans une ville qui la rebute d'entre de jeu avant qu'elle la dcouvre par petits pans. Rgine Robin nous livre son tmoignage dans un style postmoderne qui droute, surprend et captive le lecteur.
Simone Simoneau, Sissi pour les intimes, veut en faire plus. Engagement citoyen, justice sociale, environnement, place des femmes : pour que la société évolue selon ses idéaux, ne faut-il pas sauter dans la mêlée ? L'invitation du parti Action/Réaction à être candidate dans un arrondissement populaire aux prochaines élections municipales tombe à point ! Au croisement des univers de Valérie Plante, mairesse de Montréal, et de Delphie Côté-Lacroix, illustratrice maintes fois primée, cette chronique d'une femme en politique se veut une oeuvre ludique et personnelle mettant en lumière le parcours d'une citoyenne qui décide, malgré les contraintes des rouages politiques, de suivre son instinct.
Qui aurait pensé faire appel aux grands noms de la philosophie occidentale pour analyser les oeuvres artistiques du hip-hop, décortiquer les textes de chansons, les graffitis au mur, le travail des DJ et l'art des danseurs urbains? Le professeur de philosophie et spécialiste du rap Jérémie McEwen, bien sûr. Dans ce livre, il bâtit des ponts entre la philosophie occidentale traditionnelle et le hip-hop américain afin de mieux comprendre les racines de ce mouvement culturel mondial tout en faisant descendre la philosophie de son piédestal. Il en résulte un formidable portrait des grands courants de pensée qui traversent le hip-hop, ponctué par des entrevues avec DJ Asma, Spicey, Monk.e et Enima, artistes du milieu qui nous offrent leur point de vue du terrain.
Comment vivre dans un monde qui connaîtra l'équivalent de 10 000 ans de progrès d'ici 2100? Comment penser et repenser la société face aux avancées, défis, terreurs et réussites extraordinaires de l'intelligence artificielle? Comment rendre ce monde inondé de technologies plus humain et plus équitable?
Ce livre aborde ces questions et propose d'étonnantes pistes de solutions, dont une alliance inédite entre notre intelligence et celle des machines qui ouvrirait la porte non seulement à une humanisation de l'intelligence artificielle mais aussi à une amplification de notre cognition. Une telle fusion favoriserait l'émergence de solutions aux défis immenses qui sont les nôtres, mais comporterait aussi ses propres défis : enjeux de surveillance, programmation de l'éthique, transformation radicale du monde du travail et enchevêtrement d'une perception mécanique dans la sensibilité humaine.
C'est au coeur de ces tensions qu'il nous faudra apprendre à vivre, créer, penser et éduquer avec l'intelligence artificielle et ses algorithmes en marche vers une nouvelle ère.
Si l'on pouvait faire la cartographie intérieure du voyageur que je suis, qu'y verrait-on? L'enfant bercé par les vagues du lac Saint-Jean n'y est plus seul. Auprès de lui, on trouve la petite Hawa au ventre ballonné, le jeune Thanh aux yeux couleur de jais, Emma au grand nez aquilin, Kouassi, Pilar, Dieudonné. Il y a du thé vert, du tocai friulano et du bissap, de la paella, du couscous et du poulet kedjenou. On y pratique l'animisme, le bouddhisme et l'islam, on y parle italien, créole et attié. La papaye y voisine avec le bleuet; le néré, avec l'épinette ; la girafe, avec l'orignal. Suis-je pourtant plus riche que mon grand-père? Je n'en suis pas si sûr. Mais notre univers n'est plus le même. Nous serons mulâtres ou nous ne serons plus. Amoureux de l'Afrique, mais surtout de ses habitants, Alain Olivier adresse à son fils, resté à Québec, le récit d'un voyage au Mali. Il lui décrit les villes et la campagne, la faune et la flore, certes, mais ce sont les Maliens qui sont au coeur de son récit, ceux avec qui il partage un repas, un verre de thé et une conversation. Au gré de savoureuses anecdotes et de scènes de rue croquées sur le vif se dessine peu à peu l'image d'un peuple fort attachant avec son histoire et ses moeurs (ses superstitions, sa conception du temps, de la famille, des relations entre les hommes et les femmes, etc.). Ponctué de citations d'écrivains voyageurs, le récit se fait aussi, parfois, réflexion sur le voyage.