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andre chamson
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Depuis Roux le bandit en 1925, les Cévennes protestantes ont été le théâtre de la plupart des récits d'André Chamson. L'Aigoual, au sommet de ces terres, y a valeur de personnage : il devient un symbole qui cristallise toutes les métaphores de l'oeuvre de l'académicien, lui-même enfant de cette montagne. Corps et terre y sont amalgamés, l'histoire des hommes y devient ruines. Une terre «qui sait se faire justice» et, maniant le temps comme un bélier, frappe toutes les générations. Ce texte, au-delà d'un portrait de la «montagne sacrée», se mue en un véritable récit initiatique imbibé d'une sauvage beauté. De châtaigniers et de pierres sèches, les rumeurs qui font de l'Aigoual un monde à part transpirent de ce récit.
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1914. La mobilisation. Roux n'y répond pas. Est-ce la peur ou ce que lui dicte sa conscience ? En défiant un consensus implacable, Roux se trouve surnommé « le Bandit ». Il est le déserteur, le « monstre ». Écrit en 1925 d'après une histoire vraie, Roux le Bandit semble annoncer les engagements futurs d'André Chamson dans la Résistance. À travers les paysages, les saisons, les caractères de ces paysans lettrés et réfléchis, l'auteur trace aussi le portrait de ces montagnes cévenoles dont il est originaire : une vie dure et austère façonnée par la culture du Livre, libre mais déterminée par une longue histoire.
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Voici ce qu'écrivait André Gide, après avoir lu Les Quatre Éléments :
« Hier soir, j'ai achevé Les Quatre Eléments. C'est le cinquième livre de Chamson que je lis. A chaque fois je suis, d'abord, saisi par le ton si particulier de sa voix : je n'en connais pas aujourd'hui qui sonne plus juste. Il y a, dans les rapports secrets entre les sensations, les sentiments, les pensées et les mots, une sorte d'honnêteté à laquelle je me laisse prendre aussitôt. Chamson me prend et ne me lâche plus. Oui, j'aime le son de sa voix : rude, âpre, parfois, sans jamais être rauque, avec de subites tendresses comme involontaires et tempérées par une sorte de virile pudeur. Et, de-ci de-là, de sauvages frémissements de passion : amour ou haine - mais une haine toujours prête à redevenir de l'amour. Les phrases alors se font courtes, s'essoufflent et, sous les mots, on sent battre le coeur. »
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« Si j'avais raconté la vraie histoire d'Adeline Vénician, personne ne m'aurait cru, disait André Chamson . Dès qu'un romancier prend à la vie une histoire, il est obligé d'en enlever. » Coupée du monde extérieur et de « ses souffles impurs », isolée dans le domaine de Villeméjane avec sa mère et leur servante Maria qui devient sa confidente, Adeline développe très tôt un goût immodéré pour des rêveries qui la jettent dans des vertiges surprenants. La jeune fille évolue dans une réalité entrecoupée de songes auxquels elle croit profondément. Le plus fascinant est qu'elle vit avec intensité cette vie intérieure imaginaire.
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Poussé par sa femme Anna, Combes quitte sa bergerie et s'installe "à la ville". Accompagné de son ami Audibert, il participe à la construction de la route conduisant au col du Minier. Fallait-il partir, troquer une indépendance de paysan pauvre pour un salariat modeste ? Ce roman est le récit de vies de labeur, de femmes sacrifiant leur existence au nom de l'ascension sociale, d'un homme qui demeure viscéralement attaché à sa terre. Ces portraits, sans jugement et sans concession, saisis dans le temps des grandes filatures et du premier abandon des terres, sont aussi un hommage aux montagnes cévenols et à l'inspiration qu'elles suscitent.
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À l'aube du XVIIIe siècle, Louis XIV, dit « le Grand », est au faîte de sa gloire.Lors d'une visite de la Superbe, l'une des plus redoutables galères royales, Lucrèce de Montal n'a pas seulement fait la connaissance du séduisant M. de Maroulle, elle s'est émue du terrible sort réservé aux « galériens pour la foi », ces protestants condamnés pour avoir refusé d'abjurer. Une implacable intrigue se noue entre idylle amoureuse, combats navals et jeux de pouvoirs qui peuvent briser les plus prometteurs destins...L'irruption en Cévennes de la guerre des Camisards bouleverse les convictions des forçats réformés. Entre non-violence et lutte armée, cette grande fresque épique plonge au coeur de la conquête de la liberté de conscience. À travers le regard des galériens, André Chamson aborde de manière intime son héritage huguenot. « La Superbe n'est pas un livre d'histoire, ni un roman historique mais un roman dans l'histoire et, surtout, une autobiographie passionnée. L'obscur galérien pour la foi dont j'ai raconté l'existence était un de mes ancêtres. »
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Les guerres napoléoniennes se sont achevées dans la débâcle. Un lieutenant de la Grande Armée rentre chez lui, en Lozère. Après vingt années de révolutions et de conflits, il traverse un pays parcouru de rumeurs et de peurs, prétextes à toutes les fabulations.Son avant-dernière étape, au col de la Serreyrède, aux abords de l'Espérou, fait halte dans une auberge isolée tenue par des paysans qui se méfient des soldats démobilisés. La visite inopinée du docteur détend pour un temps l'atmosphère mais ne peut prévenir le drame.Dans ce roman à la tension sans cesse palpable, l'abîme de Bramabiau forme un théâtre qui mène étrangement à la découverte de l'amitié et de l'amour. L'abîme sera-t-il un refuge ? Un tombeau ? Objet de toutes les superstitions, il n'a pas encore été exploré. À moins que le docteur...L'abîme de Bramabiau se situe dans le pays qui a marqué la jeunesse d'André Chamson, le massif de l'Aigoual, en Cévennes. En outre, ce gouffre a été cartographié pour la première fois par Félix Mazauric, le beau-père d'André Chamson : le roman se déroule au coeur même de l'univers de l'écrivain.
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Au début du vingtième siècle, la famille Arnal exerce un véritable magistère moral sur un village cévenol, par son savoir, ses compétences, sa droiture. Ainsi, chaque dimanche, à la mairie, le chef du clan, Conseiller Arnal, " bataillait, décidait, arrangeait la vie des autres "... Cette réputation aussi puissante qu'une légende impose aux Arnal de vivre sans tâche. Ce dont ils s'acquittent admirablement, jusqu'au jour où Clémence, la jeune sourde-muette du clan, met au monde un enfant, fruit d'une union avec son frère Maurice. Conseiller chasse Maurice, puis enterre le nouveau-né laissé sans soin. Lié par le secret et la honte, le clan Arnal fait front puis se lézarde. Royalement réélu à la mairie mais brisé par le remords, Conseiller avoue son crime. Emmené par les gendarmes, il se trouvera encore une vieille femme pour lui mendier un conseil sur le chemin de la prison...
Admirable chronique de la vie de gens " durs d'être justes ", Le Crime des justes (1928) impressionne par son austérité et sa sobriété toutes cévenoles. -
GENERATION 1919 : Dépositions d'écrivains en devenir
Pierre Bost, André Chamson, Jean Prévost
- La Thebaide
- 6 Mars 2024
- 9791094295236
Nés aux alentours de 1900, Bost, Chamson et Prévost ont été lycéens en province. Venus à Paris pour leurs études supérieures, ils n'imaginent pas ce que l'année scolaire 1918-1919 va leur réserver. Alors que la Grande Guerre n'a de sens pour eux que par les journaux
et les cartes, l'Histoire s'effectue sous leurs yeux avec la proclamation de l'Armistice et le début de l'après-guerre. Les trois étudiants deviennent amis à un moment où les plus folles espérances sont de mise.
Dix ans plus tard, chacun revient sur cette période charnière de leur vie alors qu'ils préparaient leur avenir en khâgne à Henri-IV ou à l'Ecole des Chartes. Découvertes intellectuelles, goût de l'étude et apprentissage de la vie, le besoin de se retourner sur ce proche passé s'exprime avec des textes à leur image. Bost en indifférent avec « Fabrice à Waterloo » ; Chamson en intellectuel avec « La Révolution
de 19 » et Prévost en témoin engagé avec « Dix-huitième année ». Cette coupure de 1919 aura été générationnelle : ces souvenirs de jeunesse, témoignages ou mémoires précoces sont autant de dépositions d'hommes de lettres en devenir. Ils tiendront leurs promesses : écrivains précoces, journalistes talentueux, ils sauront dépasser leur pacifisme initial pour résister brillamment lors de la guerre suivante
et inscrire leur empreinte d'honnêtes hommes. Une destinée qui ressemble à un serment de fidélité à leur jeunesse. -
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L'histoire romancée des détenues de la tour de Constance à Aigues-Mortes, en Camargue, haut lieu de tyrannie de 1686 à 1768.
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Discours de reception a l'academie francaise et reponse de m. j.-l. vaudoyer
André Chamson
- Gallimard
- Blanche
- 3 Juillet 1957
- 9782070213535
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Venant de terminer la lecture des quatre eléments, andré gide écrivait : " il y a, dans les rapports secrets entre les sensations, les sentiments, les pensées et les mots, une sorte d'honnêteté à laquelle je me laisse prendre aussitôt.
Chamson me prend et ne me lâche plus. oui, j'aime le son de sa voix : rude, âpre, parfois, sans être jamais rauque, avec de subites tendresses comme involontaires et tempérées par une sorte de virile pudeur. et, de-ci de-là, de sauvages frémissements de passion : amour ou haine - mais une haine toujours prête à redevenir de l'amour. les phrases alors se font courtes, s'essoufflent et, sous les mots, on sent battre le coeur.
" pour redécouvrir ce très grand écrivain à l'occasion du centenaire de sa naissance, ont été réunis ici les livres qui ont fait sa célébrité et qui témoignent si fortement de son enracinement comme de son universalité.
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Un petit-fils des Camisards cherche le secret des Cévennes. Ce petit livre de 1959 rassemble trois discours tenus dans la chaire des pasteurs du désert lors des rassemblements annuels du Musée du désert. - Résister 1935- La grande tribulation 1954- En lisant le livre 1958" Ecrivain, membre de l'Académie française.
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Depuis quelques annes, des jeux de lumire ont fait surgir de la nuit les plus beaux monuments de l'ancienne France. Le Palais de Versailles et le Palais des Papes, les chteaux du Val de Loire, de Chambord Chenonceaux, s'illuminent et, devant leurs faades transfigures, des voix se rpondent dans l'espace. Elles voquent, comme le faisaient les choeurs des tragdies antiques, les vnements qui se sont drouls dans ces lieux. Ce choeur se tait parfois et l'on entend alors ceux qui furent les acteurs de ces ftes ou de ces drames, de ces catastrophes ou de ces triomphes.
Ces spectacles s'adressent la grande foule. Ce sont des spectacles populaires. Ils s'ouvrent sur le merveilleux et se droulent dans une illusion dont il ne faut pas rompre le charme... Le feu des projecteurs vide les faades de leur poids. La pesanteur disparat sous cette lumire irrelle. Ces fentres et ces murs sont pareils ceux que l'on voit en songe. Baigns dans une aurole blanche ou dans une aurole dore, colors de bleu ou de rouge, ces monuments reoivent l'ombre et la lumire suivant d'autres lois que celles du jour et de la nuit.
Ces feries du Son et de la Lumire ne pouvaient manquer de jeter leurs feux sur Vincennes. Mille ans d'Histoire ont laiss leurs traces sur ce chteau. Avec son donjon et sa chapelle, avec son pavillon du Roi, son pavillon de la Reine, sa galerie rustique et son arc de triomphe, il est un des rares monuments o l'on peut voir une forteresse du Moyen ge s'lever au-dessus des architectures du Grand Sicle.
Pour crire la partition de ce spectacle, il fallait se soumettre ses servitudes, accepter ses limites et savoir user des chances qu'il nous offre. Tout est convention, dans ces grands ballets de la nuit. Andr Maurois, le premier, en ralisant le livret du spectacle de Versailles, avait fix les rgles du genre. C'est lui qui a compris et qui nous a fait comprendre qu'il fallait alterner les rcits du choeur antique et les voix des personnages illustres qui vcurent dans ces lieux. Avec le Grand Roi lui-mme il nous avait fait entendre Bossuet dans la chaire de la chapelle de Versailles et cette voix s'tait leve comme un cho de l'ternit.
C'est pour cela que, devant les murs de Vincennes, j'ai cru pouvoir voquer les voix de Saint Louis, de Charles IX, de Mazarin, du duc d'Enghien et du gnral Daumesnil. Il faut les couter avec une me enfantine, car ce livret n'a pas d'autre but que de raconter un morceau de notre Histoire comme on la raconte aux enfants.
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Les pentes de la montagne, sous l'effort de la tempête, semblent prêtes à se détacher, comme les tuiles d'un toit, la forêt siffle et tremble comme une immense charpente.
La petite colonne piétine un moment dans la neige. Le plus vaillant se met en tête pour faire trace, chacun baisse le front et, remontant les épaules, sent toutes ses forces rassemblées. Le monde fantastique auquel ils croyaient tout à l'heure s'est évanoui.
Le vent frappe, la neige monte, cède, craque, la pente est dure.
Il n'y a plus que l'homme et la montagne.
Depuis Roux le bandit en 1925 les Cévennes protestantes ont été le théâtre de la plupart des récits d'André Chamson. L'Aigoual, au sommet de ces terres, y a valeur de personnage : il devient un symbole qui cristallise toutes les métaphores de l'oeuvre de l'académicien. Ce texte depuis longtemps indisponible, au-delà d'un portrait de la «montagne sacrée», se mue en un véritable récit initiatique imbibé d'une sauvage beauté.
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Le puits des miracles
Avec la conviction d'avoir écrit « le roman de la résistance intérieure », André Chamson dresse une féroce galerie de portraits des années noires. Passé la sidération de la défaite, viennent le rationnement, les profiteurs de guerre, l'alliance d'une bourgeoisie aisée avec l'Église et les voyous, les dénonciations, les arrestations, les rafles et une morale dévoyée tandis que le désespoir de l'accoutumance mène, de concession en concession, à tolérer l'intolérable. On peut s'y faire, et même s'y épanouir. Ou résister, un mot qui sous-tend l'oeuvre et la vie d'André Chamson, c'est-à-dire demeurer « disponible pour faire un homme ».
Récit intemporel et universel, sombre et cependant irréductiblement porteur d'espoir, Le Puits des miracles a été écrit en 1942-1943 mais ne sera publié qu'à la Libération selon la volonté de l'auteur.
La voix d'André Chamson, une des grandes consciences du XXe siècle, à la fois sentinelle et boussole, résonne singulièrement aujourd'hui. -
Toute la vie littéraire de l'entre-deux-guerres est retracée ici. Chamson nous parle du "vorticisme", des samedis de Daniel Halévy, des décades de Pontigny, de la librairie d'Adrienne Monnier. On voit paraître tous les grands écrivains dont il fut l'ami. De la littérature, on passe au grand journalisme avec la fondation de l'hebdomadaire Vendredi. Et puis c'est la guerre, pendant laquelle Chamson ne publie rien, mais sa vie est plus remplie que jamais. Les grands moments de son action sont la fondation de la brigade Alsace-Lorraine avec Malraux et l'entrée en Allemagne avec de Lattre. Le retour à la vie civile transforme Chamson en personnage officiel, non seulement haut commis de l'Etat, mais membre de l'Académie française et président du PEN Club. Le livre s'achève sur quelques pages testamentaires dont le ton nous va droit au coeur.