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denis lavant
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« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. » Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. » N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. » C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes que la pudeur réprouve.
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Méditation sur la difficulté d'être en bronze
Roland Dubillard
- Éditions Mille et Une Nuits
- La Petite Collection
- 15 Novembre 2023
- 9782755508611
« Comment ce qui ne change pas pourrait-il durer ? Comment pourrait-on le maintenir dans la durée ? Je cesse de durer pour savoir que je dure et le savoir me quitte et je sombre dans un silence à peine moins profond que celui des pierres. » Entre la farce surréaliste et l'essai philosophique, cette Méditation sur la difficulté d'être en bronze nous entraîne dans une réflexion profonde sur le métier de vivre.
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Denis Lavant est l'une des figures les plus singulières du théâtre et du cinéma français. Dans ce formidable autoportrait, il évoque de manière sincère et généreuse ceux qui ont le plus compté dans son parcours : Antoine Vitez et Leos Carax, Bernard Sobel et Claire Denis, Louis-Ferdinand Céline et Samuel Beckett...
Il rend hommage aux Enfants du Paradis, à Charles Chaplin et au mime Marceau, à Pasolini et à Rimbaud.
Inoubliable interprète des Amants du Pont-Neuf et Holy Motors, remarquable lecteur, Denis Lavant est aussi un acteur très physique, fasciné par le cirque et les arts de la rue.
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Les récits de voyage réunis dans ce recueil, dont beaucoup sont inédits, témoignent de la capacité inouïe de Philippe Rahmy à se fondre dans ce qui l'entoure pour en restituer l'essence même. « Raconter » ne l'intéresse pas : il veut « habiter le langage comme on campe sous une voie rapide ». La fulgurance de son regard, son empathie à l'égard de ceux privés de parole, bêtes, choses et êtres confondus, infusent le corps du texte avec rage et humour. À Mexico, les bâtiments s'effondrent « dans un craquement de biscottes », tandis que dans les îles d'Aran, les paysans de la mer ramassent les paquets d'algues « comme on soulèverait des corps en les prenant sous les aisselles ». À Buenos Aires, certains chiens de race sont de « longues saucisses à tête de Charlemagne » et à New York au mois de janvier, les gratte-ciel deviennent « des falaises de béton, luisantes de gel, dégoulinantes d'électricité ».
Portés par une écriture tour à tour lyrique et syncopée, ces textes de Philippe Rahmy immergent le lecteur dans un monde éblouissant de violence, fulgurant de beauté. -
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19 poèmes et 23 « fraîches » de concert (notes de concert de musique improvisée : Albert Ayler, Sophie Agnel, Raymond Boni, Hélène Breschand, Steve Dalechinsky, Joëlle Léandre, Seijiro Murayama, Jean-François Pauvros, Barre Phillips, et bien d'autres).
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Patrick Deville peint la fresque de l'extraordinaire bouillonnement révolutionnaire dont le Mexique sera le chaudron dans les années 1930. Les deux figures majeures du roman sont Trotsky, qui poursuit là-bas sa longue fuite et y organise la riposte aux procès de Moscou tout en fondant la IVe Internationale, et Malcolm Lowry, qui ébranle l'univers littéraire avec son vertigineux Au-dessous du volcan. Le second admire le premier : une révolution politique et mondiale, ça impressionne. Mais Trotsky est lui aussi un grand écrivain, qui aurait pu transformer le monde des lettres si une mission plus vaste ne l'avait pas requis. On croise Frida Kahlo, Diego Rivera, Tina Modotti, l'énigmatique B. Traven aux innombrables identités, ou encore André Breton et Antonin Artaud en quête des Tarahumaras. Une sorte de formidable danse macabre où le génie conduit chacun à son tombeau. C'est tellement mieux que de renoncer à ses rêves.