rene de ceccatty
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Avec lucidité et humanité, Edith Bruck revient sur son destin. Tout commence lorsque sa famille, de confession juive, est fauchée par la déportation nazie. L'auteure raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie. Elle n'a que quinze ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-quatre ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
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Lors du tournage d'un film de fiction sur la Shoah, Linda, ancienne déportée juive hongroise, est censée aider les deux protagonistes à rendre crédibles leurs souffrances à l'écran. Parallèlement, un incident qui aurait pu n'être qu'une altercation avec un commerçant vire à la tragédie. Insultée et blessée par cet homme brutal et haineux, Linda est soignée par un médecin également juif avec qui elle va nouer une relation sexuelle et presque amoureuse. Mais est-ce un simple attrait physique ou une forme de pitié partagée ? L'atmosphère d'un pays totalitaire, le comportement capricieux d'une des actrices, l'attitude tyrannique et machiste du réalisateur entourent d'hostilité cette liaison éphémère. Et c'est aussi l'occasion pour la narratrice de réfléchir aux limites de la littérature, du cinéma et de la fiction en général pour décrire l'impensable.
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Une lettre d'amour délicate et un grand livre sur le deuil.
Ce livre est le témoignage bouleversant d'une histoire d'amour, à travers lequel Edith Bruck évoque sa dévotion poignante à l'égard de son mari, Nelo Risi, atteint de la maladie d'Alzheimer. Entre journal et autobiographie, l'auteure replonge dans leur histoire, reconstitue le passé - notamment l'oeuvre de son époux, poète et cinéaste, leur vie commune ; elle se remémore également sa propre jeunesse hongroise, sa déportation et son retour des camps. Avec simplicité, elle raconte la vie quotidienne du trio qu'ils forment avec Olga, leur aide à domicile, et la manière dont elles maintiennent en vie cet être cher tout en tentant de préserver sa dignité jusqu'au bout. Un grand livre sur le deuil, délicat et inoubliable.
« Ce livre sur la fin de vie est tout simplement inoubliable. » Le Monde des livres« Ce livre sur la fin de vie est tout simplement inoubliable. » Le Monde des livres -
Les « dissonances » sont cette chambre d'écho où ces réminiscences se répondent et se confrontent au mal qui est fait aux innocents, qu'il s'agisse de juifs, de jeunes femmes, d'enfants ou de vieillards.
Ce troisième recueil complétera les deux premiers, en constituant une sorte de triptyque sur le mal et sur la mémoire. -
Voici, écrits au jour le jour dans la forme ciselée du sonnet, une centaine de poèmes de Pasolini qui se donne pour l'éphéméride d'une passion. Retrouvés bien des années après sa mort tragique, ces textes intenses adressés à Ninetto Davoli, l'acteur lumineux du Décaméron, occupent une place singulière dans l'oeuvre polyphonique de Pasolini. Ici, aucun apparat rhétorique ni de mise en scène : une parole nue, à vif, souvent blessée, qui traduit les alarmes d'un coeur qui ne s'appartient plus et d'un corps perdu de désir. Ce recueil, par sa brièveté, s'apparente à un trait de feu qui éclaire et qui brûle, qui révèle et engloutit, qui exalte et condamne : incontestablement l'un des sommets de la poésie amoureuse de notre temps.
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Un vieil écrivain, Shunsuké, est fasciné par la beauté exceptionnelle de Yûichi, un jeune homosexuel. Shunsuké, dont l'oeuvre est connue, mais déjà achevée, a consacré toute sa vie à l'esprit et à la création. En Yûichi, c'est la liberté du corps, l'esthétique réduite à sa pure apparence physique et à la jouissance immédiate, que le romancier découvre. Yûichi, conscient de sa sexualité, hésite à épouser Yasuko, dont l'écrivain est amoureux. Il se confie au vieillard qui, au terme d'un pacte diabolique, l'incite à se marier. Shunsuké pourra dès lors manipuler le jeune homme comme une marionnette, comme un personnage incarné d'un roman qu'il n'écrira jamais. Sa misogynie déclarée, sa rancoeur à l'égard des femmes qui l'ont fait souffrir durant toute sa vie trouvent ainsi un cruel assouvissement. Mais c'est compter sans l'intervention d'autres manipulateurs et surtout croire qu'il peut lui-même échapper à la séduction de Yûichi. Rédigé entre 1950 et 1953, Les amours interdites décrit avec audace et sincérité l'univers homosexuel du Tôkyô d'après-guerre. Mais c'est surtout le roman où Mishima entreprend d'exposer sans fard sa conception de la sexualité, des rapports familiaux et sociaux, et ses théories esthétiques et philosophiques. À propos des Amours interdites, l'auteur devait écrire : «J'ai formé le projet insolent de transformer mon tempérament en un roman et d'ensevelir le premier dans le second.»
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Le nom de Virginia Woolf est indissociable du quartier de Bloomsbury. Mais ses promenades dans Londres dépassaient de loin ce cadre étroit. On se souvient des rues bruyantes parcourues par Clarissa Dalloway pour aller chercher - elle-même - ses fleurs, et des cloches de Big Ben que l'on entend, de près ou de loin, sonner les heures, de Westminster à Bond Street. On trouvera ici réunis tous les écrits que Woolf consacra à sa ville de Londres.
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L'histoire du tapuscrit de Pétrole suit celle de l'auteur : en novembre 1975, Pier Paolo Pasolini est battu à mort sur une plage d'Ostie. Affaire criminelle irrésolue. Le texte dactylographié auquel il travaillait depuis trois ans est alors retrouvé dans son bureau, inachevé. Pour sa rédaction, Pasolini avait enquêté longuement sur la mort mystérieuse de l'industriel Enrico Mattei. Publié dix-sept ans après la mort de l'auteur et réédité, en 2022, dans une version révisée dont les ajouts ont été intégrés à la présente traduction, Pétrole raconte le quotidien d'un homme vivant un dédoublement de personnalité. Carlo, catholique issu d'une famille de la haute bourgeoisie et cadre de l'industrie pétrolière, conclut un pacte avec le diable. On suit son ascension vers le pouvoir, et les liens qu'il crée avec une société corrompue... Son double, Carlo 2, explore quant à lui une sexualité empreinte de domination : métaphore des aliénations sociales et politiques. Exempt de toute forme d'autocensure, ce «romanlaboratoire» constitue tout un monde expérimental. Miroir de la personnalité exceptionnelle de son auteur, il entreprend une profonde réflexion sur la puissance de la forme romanesque et un dialogue avec l'histoire de la littérature et de l'anthropologie, dans une sorte de Divine Comédie moderne.
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Fumiko Fumiko Hayashi a souvent dit combien les littératures française et russe l'ont influencée. Ses pages les plus intimistes présentent par exemple des accents nettement tchekhoviens. On a également comparé son parcours à celui du héros de Martin Eden de Jack London même si bien sûr, entre le jeune marin de la baie de San Francisco et la fille de marchands ambulants du sud du Japon, les sensibilités sont radicalement différentes.
Marquée par une enfance misérable et par les problèmes sociaux et politiques de son pays, cette romancière qui fut grande voyageuse en Sibérie et en Europe mais aussi reporter de guerre en Indonésie, décrit de manière poignante, à travers le destin d'un animal ou le regard d'un enfant, la lutte de ses compatriotes, et en particulier, des femmes, pour leur dignité.
Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma, de son vivant et après sa mort, notamment par Mikio Narusé, ce qui n'a fait qu'augmenter la très grande notoriété. Sa place dans la littérature japonaise du XXe siècle se situe aux côtés des plus grands grâce à une exceptionnelle qualité d'observation de la vie moderne et à une profonde sensibilité au sort des plus démunis.
Après La Flûte de la grue, paru chez Arfuyen en mai 2024, paru chez Arfuyen en mai 2024, le nouvel ensemble de textes ici présenté par René de Ceccatty comprend, à côté de contes d'inspiration plus ou moins fantastique, plusieurs nouvelles et récits autobiographiques comme l'admirable « Une femme célèbre » qui donne son titre au recueil. -
« En classe, ce qui devrait carre´ment e^tre enseigne´, c'est l'art de pour ne pas croire les autres et la me´thode pour gruger autrui, pour l'inte´re^t de chacun et celui du monde. C'est de ma candeur qu'on avait ri. Dans un monde ou` la candeur et la franchise font rire, il n'y a plus d'espoir ».
Affecté dans un collège de province, un jeune professeur originaire de Tôkyô se heurte aux tracasseries de ses élèves et aux manoeuvres de ses collègues. Drôle, satirique et malicieusement contemporain, Petit Maître est un conte initiatique incontournable, considéré comme un classique des lettres japonaises.
Natsumé Sôseki (1867-1916) est encore aujourd'hui l'un des écrivains les plus étudiés au Japon. Il est notamment l'auteur de Je suis un chat, succès critique et public, et d'Oreiller d'herbes, l'un des romans fondateurs de la littérature moderne.
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L'oeuvre poétique d'Edith Bruck est indissociable de son oeuvre narrative, elle puise dans sa vie de déportée hongroise et d'émigrée en Italie l'essentiel de son inspiration, faite de souvenirs, de prises de position personnelles et politiques, de réflexions sur la société et sur les choix de vie et sur sa vie familiale et conjugale. Le précédent recueil d'Edith Bruck, paru chez Rivages,
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Pourquoi aurais-je survécu ? : poèmes
Edith Bruck
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 19 Janvier 2022
- 9782743655044
Née en 1931 en Hongrie, Edith Bruck a été déportée avec sa famille en avril 1944. Ayant survécu aux camps de concentration, elle s'installe en Italie dont elle adopte la langue. Dès 1959, elle publie des récits inspirés de sa déportation, implacables, mais dépourvus de haine, qui lui vaudront, outre l'amitié de Primo Levi, les plus grands prix et une reconnaissance internationale. Son oeuvre poétique (publiée de 1980 à nos jours) constitue une véritable autobiographie en vers, en écho à son témoignage.
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«Si la figure publique et internationale d'Adonis, à travers ses interventions journalistiques, ses déclarations fermes mais jamais tonitruantes, dans ses conférences et ses entretiens, est pour beaucoup de lecteurs celle d'un poète révolté contre les désastres du fondamentalisme, contre l'ingérence du religieux dans le politique et contre les naïvetés un peu idéalistes de l'idée même d'une révolution populaire, si aisément manipulable, il est probable que sa place dans l'histoire de la poésie sera conçue avec le temps comme plus complexe. Assurément, elle est singulière par son parcours d'enfant de paysans syriens devenu un intellectuel de haut rang, un érudit exceptionnel et un esprit remarquablement libre, sans la moindre pesanteur didactique, sans la moindre arrogance, mais aux arguments pointus et implacables, qui, pour revendiquer la modernité, n'en renie jamais pour autant le passé littéraire de sa langue, ni sa dette envers la grande poésie classique arabe, préislamique. Mais c'est aussi, ainsi que le prouve le choix de ces recueils tout habités de sensualité et de passion amoureuse, un poète qui aura su rendre aux femmes leur rôle et leur voix. En renversant bien des clichés sur la poésie arabe, en la laïcisant, en la démasculinisant, en l'affranchissant d'identités trop nationales, en l'universalisant, en la confrontant à d'autres expériences linguistiques, en se souvenant aussi de la leçon de la philosophie arabe médiévale, où lyrisme et rationalisme n'étaient pas contradictoires, et qui avait permis de préserver, d'approfondir et de transmettre l'héritage grec antique, il a créé un univers où le livre, le paysage, l'histoire, le corps se donnent mutuellement des armes, dans un renvoi de reflets tantôt sanglants tantôt aimants, à l'image de la lune, lumière de l'amour et du meurtre».
Ce volume contient : Commencement du corps, fin de l'océan - Histoire qui se déchire sur le corps d'une femme - La forêt de l'amour en nous - Le Livre II (al-Kitâb) [extraits].
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«Ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour. Quelqu'un de normal peut se résigner - quel mot terrible - à la chasteté, aux occasions manquées : mais chez moi la difficulté d'aimer a rendu obsessionnel le besoin d'aimer : la fonction a hypertrophié l'organe, alors que, dans mon adolescence, l'amour me semblait être une chimère inaccessible.» La vie de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), cinéaste, romancier, théoricien de l'art et de la littérature, se déroula à la fois comme un destin tragique et comme le symbole de la plus noble des libertés. Ce courage, il le paya très cher : scandales, procès, assassinat mystérieux enfin dont il fut la victime, sur une plage d'Ostie, une nuit de novembre.
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Nouvelles romaines / racconti romani
Pier Paolo Pasolini
- Folio
- Folio Bilingue
- 12 Juin 2002
- 9782070419869
«Rome aurait-elle été la plus belle ville du monde si, en même temps, elle n'était pas la plus laide ville du monde?» Une partie de ballon, un vendeur de marrons, une conversation à la terrasse d'un café, le marché de la Porta Portese le dimanche matin, mais aussi le vol à l'étalage, la misère et la mort - ville de contrastes, Rome offre à Pasolini un décor étonnant pour ces quatorze nouvelles savoureuses et poétiques.
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Il était une fois un village au fond d'une vallée, dans l'île de Shikoku. C'est là que jadis se sont rassemblés des fuyards, bannis hors de la ville du château. Ils y ont fondé une société autonome de rebelles. La forêt les entoure, peuplée de forces mystérieuses : les «merveilles».
Une rivière capable de détruire une armée entière. Un déluge qui dévaste la terre. Un chef, surnommé le «destructeur», des filles de l'île des «pirates», des villageois qui ressemblent aux démons de l'enfer bouddhiste, une géante, des vieillards qui disparaissent dans les nuées au clair de lune et un enfant né avec une malformation, marque fatale des «merveilles de la forêt». Kenzaburô Ôé nous raconte l'histoire de son village natal, telle que la psalmodiait sa grand-mère. Bouleversant hommage à son fils, c'est aussi une réflexion brillante sur la structure des révoltes et les sociétés autarciques. -
Monsieur Miroir : La vie extravagante de Serge Tamagnot
René de Ceccatty
- Editions du Canoé
- 7 Mars 2025
- 9782487558045
Qui est Serge Tamagnot ? C'est la question à laquelle répond ce livre singulier qui retrace la vie de ce personnage fantasque. Il se lia d'amitié avec Madeleine Castaing, puis avec Violette Leduc, et sans cesse avec des actrices, Brigitte Bardot, Bernadette Lafont, des chanteurs, Hervé Villard, Pascal Sevran, et aussi le mime Marceau. Mais c'est à Jean Sénac, qu'il dut la part la plus tragique de son destin. Il fréquentait de très nombreux écrivains : de Paul Guth à Henry de Montherlant, en passant par René de Obaldia, Arrabal, Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir et Françoise d'Eaubonne.
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Adulte ? jamais ; une anthologie (1941-1953)
Pier Paolo Pasolini
- Points
- Points Poésie
- 26 Septembre 2013
- 9782757836163
Homme inclassable, Pier Paolo Pasolini a choisi la poésie comme voix première. Réunissant des poèmes inédits en français, cette anthologie se veut le reflet vibrant de son inspiration de jeunesse, toujours ample et touchée par la grâce. Sensualité des paysages frioulans et engagement politique s'entrelacent, chant de l'intime et poésie de l'engagement s'enchevêtrent. Habité par la révolte et par le sens du sacré, il lutte contre l'hypocrisie et donne à ses visions toute leur dimension mystique.
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Les poèmes recueillis dans Poésie en forme de rose (1964) sont parmi les plus célèbres de Pasolini. Ce recueil publié au sommet de la gloire de Pasolini, pendant le tournage de L'Évangile selon saint Matthieu et après celui de La Ricotta, fait réapparaître un Pasolini secret (plusieurs poèmes sont des journaux tenus pendant des tournages et des repérages) découvrant un autre monde (Israël, l'Afrique), alors que ses précédents recueils étaient profondément tournés vers l'Italie. Pasolini présentait ce recueil comme un « ensemble de prophéties, de journaux intimes, d'interviews, de reportages, de projets en vers, un roman autobiographique, une lutte inégale contre une longue campagne de diffamation, le moment d'un isolement moral et politique subi et délibéré ». On ne peut pas séparer la création poétique de Pasolini de ses autres activités.
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Ô vous qui empruntez le chemin de l'amour, Observez s'il existe un mal au mien pareil.
Je vous prie de souffrir de m'écouter me plaindre.
Ne suis-je pas de tous les tourments le relais ?
Dante Alighieri (1265-1321) a moins de trente ans quand il écrit ce récit autobiographique, entrecoupé de sonnets, de chansons, de ballades et de commentaires. Il y raconte son amour pour Beatrice Portinari qui, dans La Divine Comédie, apparaît comme l'intermédiaire privilégiée entre le voyageur céleste et Dieu. Si La Vita Nuova a revêtu une telle importance dans l'histoire de la littérature, ce n'est pas seulement parce qu'il contient des poèmes d'amour rivalisant avec ceux de Pétrarque, mais parce que ce texte, de passion, puis de deuil, ne cesse de poser la question de la vérité, de la transparence, de l'allégorie. Comme dans la plupart des éditions italiennes, sont adjointes les autres poésies circonstancielles et retrouvées de Dante, du moins celles qui passent pour authentiques. La traduction inédite ici proposée est en alexandrins, hexasyllabes et le plus souvent, sur le modèle des Amours de Ronsard et des quelques vers écrits par Dante directement en français, en décasyllabes.
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La religion de mon temps
Pier Paolo Pasolini
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 19 Février 2020
- 9782743649531
«La religion de mon temps» sort en mai 1961, au moment Pasolini commence sa carrière cinématographique. Il revient d'Inde où il s'est rendu avec Alberto Moravia et où l'a rejoint Elsa Morante. C'est à elle qu'il le dédie. Son amie est mystique, et même catholique. Il a, lui, avec la religion un rapport plus complexe, dont témoigne en particulier ce recueil. Comme dans tous ses recueils, Pasolini utilise la poésie de plusieurs façons : intime, politique, descriptive, sociale, provocatrice, réflexive. Invectives et prières, clamées ou murmurées, confessions et dénonciations, contemplations et méditations, récits et dialogues alternent dans ces poèmes animés comme il aimera le dire plus tard d'une « vitalité désespérée ». Témoin, compagnon, amoureux des pauvres, il tente de décrire un monde de la nuit et de la misère, riche d'une lumière qu'il ne sait pas avoir.
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Fumiko Hayashi est une des figures majeures de la littérature japonaise. Beaucoup de ses nombreux romans et nouvelles ont été adaptés au cinéma par le grand réalisateur Mikio Naruse, et notamment le chef d'oeuvre de ce dernier Nuages flottants (1955).
Plusieurs de ses textes ont été traduits en français : par Corinne Atlan, Nuages flottants (Rocher, 2005) et Les Yeux bruns (Rocher, 2007) et par René de Ceccatty Vagabonde (Vendémiaire, 2022), ainsi que plusieurs nouvelles chez Gallimard et Picquier.
La tonalité d'Hayashi est très proche de celle d'Ishikawa Takuboku, lui aussi révolté par une société patriarcale et répressive, qu'elle cite fréquemment.
C'est en 1930 que Fumiko Hayashi a acquis une précoce notoriété en publiant Vagabonde, son journal romancé. Les onze nouvelles ici réunies datent des années 1930-1948, sa période de maturité.
Un pays dévasté, où les journées se passent à chercher un emploi, un toit, de la nourriture. On entend voler des avions américains. Certains hommes sont partis se battre dans une guerre que l'on ne comprend pas. D'autres ont tenté l'aventure en Mandchourie. Des enfants, des épouses, des amis ont disparu.
Et pourtant, dans cette ambiance de désolation, une forme étrange de sérénité, comme si les destinées individuelles comptaient moins qu'un moment de beauté ou qu'un sourire de bonté sur un visage. Comme si seul importait ce chant mystérieux de la flûte pour éviter de « perdre l'espoir, quelle que soit l'adversité ». -
«Le jour où mes prétendues rivales chanteront ce que je chante, travailleront comme je travaille, se sacrifieront comme je me sacrifie, apporteront ce que j'apporte à l'histoire de l'art, je pourrai les considérer comme des rivales. Vous voyez, je n'ai pas de rivales. Je n'en ai pas une seule, grâce à Dieu pour moi et malheureusement pour l'art ! Parce que la musique y perd et le monde aurait besoin d'autres chanteuses. Malheureusement, je ne peux pas tout chanter partout. On m'accuse de vouloir faire tout. Il ne s'agit pas de vouloir tout faire. J'accomplis mon devoir. Ma seule arme est d'avoir la santé, un art parfait et la capacité de le prouver.» Le nom de Maria Callas (1923-1977) s'est définitivement identifié à la renaissance du bel canto au XX? siècle. Fille d'un pharmacien grec émigré à New York, où elle naît en pleine crise économique, elle devient une cantatrice exceptionnelle à Athènes, puis en Italie et enfin à travers le monde entier où elle triomphe dans un répertoire jusque-là inconcevable pour une même voix. Ses capacités phénoménales, son génie dramatique et sa spectaculaire transformation physique font d'elles une icône. Sa vie privée l'inscrit dans la légende. La perte précoce de sa voix et sa mort brutale achèvent l'élaboration d'un mythe que René de Ceccatty, en biographe attentif, nous fait revivre dans toute sa quotidienneté et son extravagance.
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Papa est une « novella », à mi-chemin entre le conte et le récit narratif, mais aussi entre la nouvelle et le roman. Sa particularité est sa forme poétique et l'évolution progressive de la réflexion du narrateur qui entre, en écrivant, dans le monde de la conscience adulte, sous la pression d'événements politiques dramatiques (en l'occurrence la défaite du Japon) qui sont intériorisés et transfigurés par sa sensibilité enfantine.