Albin Michel
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Exercices spirituels et philosophie antique
Pierre Hadot
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 30 Octobre 2002
- 9782226134851
En prenant à son compte la distinction que proposaient les stoïciens entre le discours sur la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot a toujours placé au centre de ses préoccupations la philosophie en la concevant comme une métamorphose totale de la manière de voir le monde et d'être en lui.
En s'interrogeant notamment sur les « expériences de pensée » dans l'Antiquité, sur la figure de Socrate, sur la lecture que Michelet fait de Marc Aurèle, il montre de manière lumineuse que les Anciens concevaient la philosophie comme un mode de vie, comme un effort concret de transformation de soi par la méditation, comme un exercice spirituel de chaque instant vers la sagesse.
Réédition du grand classique épuisé de Pierre Hadot, véritable « livre culte », augmentée de la Leçon inaugurale au Collège de France et de divers articles, eux aussi introuvables, publiés dans des revues confidentielles. -
Une grande divergence : la Chine, l'Europe et la construction de l'économie mondiale
Kenneth Pomeranz
- Albin Michel
- L'evolution De L'humanite
- 17 Mars 2010
- 9782226187246
La supériorité de l'économie européenne sur celle de la Chine a longtemps fait figure d'évidence, en particulier chez les historiens occidentaux. Au moment où l'actualité proclame ce qu'il y avait de transitoire dans cette suprématie, le livre de Kenneth Pomeranz pose la question de son caractère inéluctable. Récusant l'idée qu'une telle hiérarchie soit à chercher dans les civilisations elles-mêmes, il s'interroge sur la manière dont chacune a su résoudre les problèmes économiques, écologiques et géopolitiques posés par les processus de développement et par l'essor de l'industrie. C'est toute l'histoire de la mondialisation de l'économie depuis 1750 qui fait ici l'objet d'un nouvel examen, remettant en cause bien des idées reçues, tant sur l'Europe que sur la Chine, l'Inde ou les deux Amériques. On comprend ainsi que c'est l'inégale allocation géographique des ressources en charbon et la conquête du Nouveau Monde qui ont donné l'impulsion finale à l'économie européenne.
Dès sa parution en 2000, Une grande divergence a soulevé chez les historiens et économistes du monde entier un débat qui est loin d'être clos sur la naissance d'une économie globalisée. Sa traduction permettra aux lecteurs français de mesurer l'importance d'un livre unique, tant par sa perspective effectivement mondiale que par l'ampleur de son information et l'originalité de ses thèses.
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Renaissances italiennes, 1380-1500
Elisabeth Crouzet-pavan
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 13 Mars 2013
- 9782226246219
Au mythe de la « Renaissance » et aux débats qui s'y attachent, à la figuration célébrée d'un présent fécondé par une restitution des sagesses de l'Antiquité, à l'imaginaire humaniste d'un recommencement, Élisabeth Crouzet-Pavan préfère substituer l'horizon des Renaissances italiennes.Le pluriel s'impose à ses yeux, parce qu'il existe une autre Renaissance, moins démonstrative que celle des savants et des artistes, mais tout aussi vivante, par laquelle continuent à vivre et à revivre des passés plus ou moins proches.Les représentations, les mémoires et les actions s'enchâssent et jouent alors les unes avec les autres parce que les temps communiquent sans cesse. C'est un âge du paradoxe qui surgit sous nos yeux : de grandes espérances coexistent avec l'appréhension de l'imminence du Jugement dernier, des rêves enthousiastes d'harmonie voisinent avec l'angoisse du péché, la quête de la beauté est confrontée à la conscience du mal...Renaissances italiennes, de Milan à Naples, de Florence à Venise, de Rome à Ferrare, invite ainsi le lecteur à déplacer son regard. Et dans cette somme magistrale, Élisabeth Crouzet-Pavan nous guide dans la complexité d'un univers humain qui éprouvait autant un immense amour de la vie qu'une tenace peur de la mort, autant une extraordinaire exaltation créatrice qu'une profonde sensation de finitude...
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Enfers et paradis ; l'Italie de Dante et de Giotto
Elisabeth Crouzet-pavan
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 27 Octobre 2004
- 9782226142580
Le XIIIe siècle italien est un long siècle mal connu qui, par sa densité historique, ne le cède pourtant en rien aux « gloires » ultérieures de la « Renaissance ». Un formidable mouvement paraît en effet l'animer, plus vif, plus net à mesure que le temps avance. Dante et Giotto sont les figures symboliques de ce grand remuement au rythme duquel une autre Italie surgit. Tout bouge, tout change : les hommes, les paysages, les rues et les places comme les cultures de la colline, les pratiques du politique ou les techniques économiques et artistiques.Élisabeth Crouzet-Pavan s'attache ici à retracer l'histoire de cette capacité de création qui fut peut-être, alors que la violence envahissait implacablement les cités, les déchirait, alors que le sang coulait et que les factions s'affrontaient avec constance et âpreté, un art de continuer à penser la vie sous « le cours du ciel et de la lune ».Une vie entre enfers et paradis. Élisabeth Crouzet-Pavan est professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Paris IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de Venise triomphante. Les horizons d'un mythe (Albin Michel, 1999 et 2004).
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La comptabilité de l'au-delà ; les hommes,la mort et la religion dans la région d'Avignon à la fin du Moyen-âge
Jacques Chiffoleau
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 16 Mars 2011
- 9782226208880
Dans La Comptabilité de l'au-delà, Jacques Chiffoleau étudie les deux siècles qui constituent ce que l'on a appelé le " Bas-Moyen Age ", le XIVe et le XVe siècle, par le prisme de la mort, catalyseur des fantasmes et des intérêts matériels d'une époque. La mort est en effet au coeur du siècle sombre qui s'étend de 1340 à 1460 : les pestes, les épidémies, la crise démographique qui réduit du tiers ou de la moitié, selon les cas, la population des villes et des villages marquent profondément les consciences. Le corps mort envahit l'art et la littérature ; la multiplication des cadavres, squelettes et danses macabres sur les murs des églises, dans les cimetières et les livres d'heures est le signe d'un trouble dont les racines les plus profondes n'ont pas encore été toutes dégagées. Une " crise mélancolique " se profile, accentuée par le spectre de la grande peste noire où ce n'est pas tant la mort qui a affecté les consciences, mais le dérèglement des relations humaines que l'épidémie a entraîné : abandon des malades par leurs proches, carence des pouvoirs publics, oubli de la pudeur, mort en vrac et à la hâte. Et alors que la peur de la mort en elle-même remplace peu à peu la peur de l'au-delà, l'effort constant des clercs et de l'Eglise consiste à contrôler, à investir ce moment essentiel à travers le culte des saints et des reliques, le contrôle des cimetières, la mise en place de la liturgie des trépassés et la célébration de la Toussaint. La longue préface de Jacques Le Goff montre bien qu'autour de la transformation des attitudes face à la mort, c'est toute une société, dans ses pratiques et ses croyances, son rapport à l'Eglise et au religieux, que Jacques Chiffoleau analyse brillamment.
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L'impossible citoyen ; l'étranger dans le discours de la Révolution française
Sophie Wahnich
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 3 Novembre 2010
- 9782226208835
L'impératif de Saint-Just : « Il faut que vous fassiez une cité, c'est-à-dire des citoyens qui soient amis, qui soient hospitaliers et frères », côtoie un décret qui exclut les étrangers de l'espace politique. En l'an II, les étrangers sont devenus d' « impossibles citoyens », et tout en affirmant l'universalité du droit qui la fonde, la nation souveraine construit ses limites. En analysant le regard que la Révolution française a posé sur les étrangers, Sophie Wahnich a saisi, dans ce livre publié en 1997, les questions qui ne cessent de se poser aujourd'hui encore à la conscience politique. C'est bien à une méditation sur les fondements contradictoires de l'appartenance nationale que cette étude passionnante nous invite.
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Le problème de l'incroyance au XVI siècle ; la religion de Rabelais
Lucien Febvre
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 19 Février 2003
- 9782226135612
Le Problème de l'incroyance est un magnifique livre sur Rabelais, un extraordinaire effort pour faire revivre sa « singulière vitalité ». Mais c'est surtout un décisif discours de la méthode historique, dans la mesure où il ne veut pas raconter qu'un Rabelais possible, participant d'un temps difficile où la curiosité des hommes était immense, les enthousiasmant et les inquiétant tout à la fois, mais engageant certains d'entre eux dans la voie d'un humanisme érasmien combattant pour défendre, contre le « sacrilège » de l'anachronisme qui nie l'autre comme différence, la liberté de Rabelais d'avoir eu sa vérité, en son temps et en son âme.
En publiant ce livre durant les jours sombres de 1942, Lucien Febvre n'était-il pas animé de la même confiance dans la puissance de l'intelligence que celle qui fit inscrire à Rabelais, sur la grande porte de Thélème, les mots interdisant l'entrée aux « hypocrites, bigots, vieux matagots, marmiteux, boursouflés... » ? Ne voulut-il pas écrire un livre à « plus hault sens », un message d'espérance dans l'avenir de l'histoire ? -
La révolution de 1917
Ferro-M
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 22 Mai 1997
- 9782226093219
Quitter le devant de la scène, celle où s'affrontent les personnages principaux de l'histoire, pour rejoindre la société et ses aspirations : confronter le système des grandes idées (bolchevisme, communisme, etc.
) aux comportements des hommes vivants (ouvriers, paysans, soldats), dont les projets rencontrent ou contredisent ceux des partis et des organisations : ces déplacements dans l'analyse caractérisent la magistrale synthèse de marc ferro. ni fruit d'une nécessité historique, ni accident dû à la guerre et la défaite, la révolution d'octobre redevient un événement qui s'intègre à une histoire de longue durée, ouvrant un cycle qui, après quatre-vingts ans, n'est toujours pas clos.
Comprendre la naissance et la nature de la société soviétique ainsi que son évolution reste un des enjeux majeurs de notre temps.
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Le livre des vies coupables ; autobiographie de criminels (1896-1909)
Philippe Artières
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 14 Mai 2014
- 9782226253781
La scène se passe à la prison Saint-Paul de Lyon, il y a tout juste un siècle. Sur un petit cahier d'écolier, un détenu écrit. Page après page, il fait le récit de ses errances, de ses déroutes et de son long parcours vers le crime. Cette autobiographie, ce criminel la rédige, comme neuf autres codétenus le feront après lui, non pour lui-même, mais pour un destinataire prestigieux : le célèbre criminologue Alexandre Lacassagne. Le professeur de médecine légale a en effet un projet fou : celui de rassembler des archives de la déviance, de constituer une encyclopédie vivante du crime à partir des seuls récits autobiographiques produits par des criminels. Maîtres-chanteurs, apaches, parricides, dépeceurs, prostituées ont ainsi écrit en quelques années un « Livre des vies coupables », resté jusqu'alors inédit. Philippe Artières a retrouvé ces manuscrits éparpillés dans le fonds Lacassagne de la bibliothèque municipale de Lyon. Il en a reconstitué la genèse en montrant comment ces textes s'inscrivent dans l'histoire paradoxale de l'écriture en prison et comment ils participent du développement de la criminologie à la fin du XIXe siècle.
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Introduction à la France moderne
Robert Mandrou
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 15 Octobre 1998
- 9782226094988
Le sous-titre importe ici plus que le titre : ce livre n'est pas, en effet, une présentation, après tant d'autres, du xvie siècle français; c'est une tentative plus originale pour définir dans ses éléments dominants une histoire des mentalités collectives.
L'expérience est faite ici au niveau de la première modernité française : il s'agit de faire revivre le plus exactement, et aussi pleinement qu'il se peut, les français qui ont vécu "de colomb à galilée, de la découverte de la terre à celle du ciel" (michelet). la hardiesse de l'entreprise - qui légitime le mot essai - se découvre à la simple évocation de son sommaire : des conditions alimentaires de l'existence jusqu'à la mystique et même à la vogue du suicide, tous les comportements humains sont ici passés en revue.
Le livre se divise en trois parties: les mesures physiques et psychiques des individus; les milieux sociaux et leurs enchaînements de solidarités inégalement solides, inégalement efficaces; enfin, les grands types d'activités humaines vus dans leurs déterminations psychologiques: métiers et divertissements, dépassements - arts, sciences, religions -, évasions, aux formes les plus étranges. en son fond même, cet ouvrage est à la fois un bilan et un programme : état de la question, dans ce domaine de la psychologie collective, trop oublié des historiens, et, en même temps, un plan de recherches à poursuivre, pour aider ce secteur historique à combler son retard par rapport aux secteurs politique et économique, aujourd'hui en plein épanouissement.
Par ce double caractère, cet essai de psychologie historique est bien dans l'esprit de la collection "l'évolution de l'humanité".
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Venise triomphante ; les horizons d'un mythe
Elisabeth Crouzet-Pavan
- Albin Michel
- Bibliotheque L'Evolution De L'Humanite
- 15 Septembre 2004
- 9782226142511
Faire l'histoire de Venise, c'est retracer l'aventure unique d'une communauté humaine redoutée et conquérante, toujours âpre et dure, parfois haïe et combattue pour ses violences et son orgueil.
Élisabeth Crouzet-Pavan s'attache dans cet ouvrage à expliquer comment, en maîtrisant des espaces proches aussi bien que lointains, en cultivant le mythe d'une élection divine, Venise a pu devenir le centre d'un monde.
Aux temps obscurs et précaires, la ville surgit lentement, au milieu d'une eau saumâtre, protectrice comme une muraille. Cette ville, par un effort de tous les jours, les hommes ne cessèrent de la construire et de la reconstruire, de l'embellir et de l'orner, de l'aménager et de la préserver, jusqu'à en faire une image de gloire. Sur tous les théâtres de son histoire, Venise triomphante est alors regardée : l'empire maritime et la Terre Ferme qu'elle contrôle et exploite ; le port, le marché et les ateliers où s'affaire une humanité cosmopolite ; les lieux de pouvoir où les élites façonnent l'ordre et la grandeur de la République ; les maisons, les cours, les ruelles où vivent et meurent hommes et femmes.
Ainsi naît Venise, au croisement de l'imaginaire et de l'histoire : imaginaire de fragilité suscitant un intense attachement à la vie et à la puissance, histoire d'une cité dont la longue geste, dans un conscient défi au temps, est demeurée inscrite dans un dernier espace de palais et d'églises...
Élisabeth Crouzet-Pavan est professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Paris IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de Enfers et paradis. L'Italie de Dante et de Giotto (Albin Michel, 2001).
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La Chrétienté et l'idée de croisade
Paul Alphandery, Alphonse Dupront
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 7 Février 1995
- 9782226076298
Salué comme novateur lors de sa parution dans les années cinquante, cet ouvrage issu d'un manuscrit laissé inachevé par Paul Alphandéry (1875-1932), repris et augmenté par son disciple Alphonse Dupront (1905-1990), a considérablement renouvelé l'historiographie de la Croisade. Comme l'écrit Michel Balard, professeur d'histoire médiévale à l'université de Paris 1er, dans une postface qui enrichit cette édition en un seul volume, les deux auteurs ont su mettre "au premier plan la masse du peuple chrétien dans sa sensibilité et ses comportements quotidiens en un moment où l'histoire des mentalités en était encore à ses premiers balbutiements".
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L'apparition du livre
Lucien Febvre, Henri-jean Martin
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 4 Février 1999
- 9782226106896
En 1958 était publié, sous la signature conjointe de Lucien Febvre et Henri-Jean Martin, L'apparition du livre. Ecrit par Henri-Jean Martin sous l'inspiration de Lucien Febvre, cet ouvrage va devenir très vite un classique et provoquer une véritable révolution. Pour la première fois, la naissance et la diffusion du livre étaient analysées dans toutes leurs dimensions : intellectuelle, culturelle, économique, sociale, esthétique. Les hommes, les ateliers typographiques, l'invention des caractères, l'édition des textes, la mise en pages, tous ces points se voyaient éclairés à travers une grande histoire sociale. Ce fut l'acte de naissance d'un nouveau regard historique sur le livre qui n'a cessé depuis de se renouveler.
Frédéric Barbier, directeur d'études à l'E.P.H.E., assure la postface de cette réédition qui vise à comprendre le travail commun de Lucien Febvre et Henri-Jean Martin et à montrer l'extraordinaire fécondité de leur ouvrage. -
Calcul et morale ; coût de l'esclavage et valeur de l'émancipation (XVIIIe - XIXe siècle)
Caroline Oudin-Bastide, Philippe Steiner
- Albin Michel
- L'evolution De L'humanite
- 7 Janvier 2015
- 9782226253811
Cet ouvrage s'inscrit de façon tout à fait originale dans le champ foisonnant de l'histoire de l'esclavage atlantique. L'objet de cette étude cherche avant tout à comprendre la place du débat suscité par l'opposition à l'esclavage dans une histoire de la réflexion intellectuelle et politique. Pro- et anti-esclavagistes sont donc convoqués également par l'analyse. Quels sont les éléments qui doivent être retenus pour constituer le prix du travail servile ? Comment le mettre en relation avec celui de la main-d'oeuvre libre ? Quelles sont les dimensions à prendre en compte pour estimer la productivité de l'esclave et du travailleur libre ? Comment évaluer la rentabilité du travail si l'on admet qu'elle dépend non seulement des prix, mais aussi de la productivité de celui qui l'exécute ? Et quels sont les effets politiques de ces calculs ?
Du milieu du XVIIIe siècle jusqu'à l'abolition de 1848, ce livre explore le terrain nouveau qui s'ouvre pour les penseurs français de l'économie et de la société à mesure que se développe le mouvement abolitionniste. Plus particulièrement, il met en lumière la façon dont les économistes, les militants abolitionnistes et même les colons vont étroitement nouer calcul économique et morale. En démontrant que les maîtres et/ou la nation toute entière trouveraient leur intérêt dans l'emploi d'une main-d'oeuvre libre dans les colonies, les calculateurs abolitionnistes prétendent souligner l'irrationalité des défenseurs coloniaux et métropolitains de la servitude.
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Histoire du blasphème en Occident ; XVIe-XIXe siècle
Alain Cabantous
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 6 Mai 2015
- 9782226253859
Révélateurs de la non ou mal-croyance, de la violence, des codes d'une corporation, le blasphème constitue un fait social qui mobilise la parole et ses usages, les pouvoirs ecclésiastique, politique et judiciaire, les structures et les représentations des sociétés de l'Europe moderne.
Si Alain Cabantous démarre son enquête vers la fin du XVIe siècle, c'est que le blasphème et son châtiment deviennent, à partir de cette époque, un enjeu formidable dans la lente laïcisation des sociétés européennes. Jusqu'alors, par fidélité au second commandement, « Tu ne prononceras pas en vain le nom de Dieu », une véritable police de la langue a veillé à la stabilité d'un monde dans lequel sacré et profane sont profondément liés. Désormais la question n'est plus de savoir si l'on doit ou non punir ce « péché exécrable », mais de décider qui, de l'Église et de l'État, doit en juger et selon quelles lois - l'exécution de la peine revenant, depuis toujours, au bras séculier. Ainsi l'histoire du « péché de langue » rejoint celle des multiples procédures mises en oeuvre pour christianiser l'Occident et adoucir les moeurs.
S'il semble s'effacer au XIXe siècle, il n'y a là qu'apparence : la parole blasphématoire témoigne de ce qui, pour chaque époque, demeure sacré.
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Le Manuel des inquisiteurs
Nicolau Eymerich, Francisco Pena
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 29 Août 2001
- 9782226125781
Ecrit au dernier quart du xive siècle, le manuel des inquisiteurs était destiné, à l'origine, aux seuls évêques et inquisiteurs.
Voici désormais à la portée de chacun la pratique inquisitoriale imposée par rome, éditée dès 1503 et rééditée cinq fois, après remise à jour sur ordre du sénat, de l'inquisition romaine, au cours des xvie et xviie siècles. marqué du sceau de l'officialité, le manuel dit le droit, établit la procédure - délation, poursuite, torture, aveu, prison, bûcher - et fournit la réponse papale à tous les problèmes que pouvaient avoir à résoudre les plus redoutables serviteurs de l'ordre catholique.
" l'introduction de louis sala-molins donne les clés de ce qui fascinera le lecteur jusqu'à l'écoeurement. dès son principe, la codification de la chasse aux sorcières a été génialement mise au point, et pour toujours, par eymerich et par peã±a. l'intérêt exceptionnel de ce livre, c'est qu'il est signé du bourreau lui-même, et non de la victime. " emmanuel le roy ladurie, le monde, 22 février 1974.
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Galilée copernicien
Maurice Clavelin
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 12 Mai 2004
- 9782226142351
Pourquoi, bravant hostilité et dangers, Galilée s'engagea-t-il dès 1610 dans un combat passionné en faveur du système copernicien ? Pour comprendre les raisons de ce soutien à Copernic, la seule voie est celle des textes dans lesquels, de 1610 à 1616, Galilée développa toutes les raisons de préférer définitivement l'héliocentrisme au géocentrisme. C'est ce dossier que Maurice Clavelin, avec beaucoup de science, s'est attaché à instruire.
Nous découvrons ainsi les textes essentiels, en traduction nouvelle, par lesquels Galilée espéra neutraliser la pseudo-incompatibilité entre l'héliocentrisme et tel ou tel passage de l'Ancien Testament, ainsi que les principales pièces de l'instruction menée par le Saint-Office en 1615 et 1616. -
Histoire des villes d'Afrique noire ; des origines à la colonisation
Catherine Coquery-vidrovitch
- Albin Michel
- L'evolution De L'humanite
- 1 Novembre 2016
- 9782226324344
L'Afrique fut durablement considérée comme un continent enfoui dans sa ruralité. Les historiens de l'Afrique ont assez peu écrit sur les villes, surtout anciennes (précoloniales), ils ont laissé ce champ à quelques anthropologues et, à partir de l'époque coloniale, aux géographes. Il ne s'agit pas, ici, de « réhabiliter » purement et simplement une Afrique urbaine oubliée : le continent subsaharien fut, en très grande majorité, peuplé de paysans, à plus de 95, sinon 99 %. Mais, pour peu nombreuses et minoritaires qu'elles furent, les villes n'en ont pas moins été présentes, comme ailleurs, tout au long de son histoire. Qui plus est, elles ont joué - elles continuent de jouer - un rôle essentiel de creuset et de diffuseur culturel, d'accélérateur des mutations sociales et politiques. Elles ont, à leur façon, exercé une influence sans commune mesure avec leurs dimensions apparentes.
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Le grand Empire (1804-1815)
Tulard-J
- Albin Michel
- Bibliotheque L'Evolution De L'Humanite
- 18 Novembre 2009
- 9782226187178
En 1811, l'Empire napoléonien englobe la moitié de l'Europe.
Rome, Bruxelles, Amsterdam, Hambourg, Cologne sont françaises. L'empereur décide du destin des Allemands, des Italiens, des Suisses et de la majeure partie de l'ancienne Pologne ; son frère aîné règne à Madrid cependant qu'un maréchal français est choisi par le roi de Suède comme prince héritier. Pourquoi la France domine-t-elle l'Europe en ce début de XIXe siècle ? Pour la première fois on trouvera ici un tableau complet des causes de cette suprématie : universalité de la langue française, poids de la démographie, innovations militaires...
Et cet impérialisme n'est pas né avec Napoléon : le Grand Empire est fils de la Grande Nation. L'écroulement de cette Europe française est dû à de multiples facteurs : refus de Napoléon de créer une solidarité économique entre les Etats, réveil des nationalismes, hétérogénéité des armées levées par l'empereur à partir de 1807.
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Censures et raisons d'état ; une histoire de la modernité politique (XVI-XVII siècle)
Laurie Catteeuw
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 3 Janvier 2013
- 9782226209146
Dès sa naissance, la raison d'Etat eut à voir avec la censure ; la congrégation de l'Index était chargée d'établir la liste des livres prohibés. Bien que celle-ci ait interdit en 1596 la publication et la lecture de tout livre sur ce sujet, on vit alors se multiplier les ouvrages révélant au public les secrets du pouvoir, que ce soit pour en faire la théorie, en justifier ou en critiquer les pratiques. Naquit alors un genre littéraire, dont les auteurs pouvaient être des gouvernants, comme Richelieu, des opposants, comme Machiavel, voire à la fois des familiers du pouvoir et des opposants, comme Gabriel Naudé. Travaillant l'ambigüité d'une notion à la fois interdite et proclamée, le livre de Laurie Catteeuw cherche dans le lien qui unit raison d'Etat et censure l'une des raisons d'être de la politique moderne.
Son enquête, partant d'oeuvres emblématiques, comme celle de Machiavel, condamnée dès le premier Index, met en lumière la construction de la notion dans l'Europe moderne. Née de la mise en cause de la raison d'Église, durant les guerres de Religion et de l'affirmation de l'autorité politique, la raison d'État se révèle sur la place publique une notion aux visages multiples et aux définitions volontiers contradictoires. L'une d'elles définie en référence au modèle du census romain, intègre au dénombrement des citoyens le contrôle de leurs moeurs ; une autre renvoie à l'exercice d'un jugement critique en matière politique ; la dernière, censure d'Église ou censure d'État, alors en voie de formation, vise la condamnation de certains ouvrages, et l'exercice d'un contrôle officiel des publications.
Par son ambigüité et la variété de ses applications, la raison d'État fut un puissant outil dans le processus de constitution d'une opinion publique. L'enquête de Laurie Catteeuw va à l'encontre des idées reçues et montre que la raison d'État ne fut pas seulement l'instrument du pouvoir absolu ; à sa naissance participèrent aussi les opposants à ses pouvoirs, libertins et auteurs de libelles diffamatoires.
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La cité du soleil et les territoires des hommes ; le savoir du monde chez Campanella
Jean-louis Fournel
- Albin Michel
- L'evolution De L'humanite
- 4 Avril 2012
- 9782226209030
Le dominicain Tommaso CAMPANELLA (1568-1639), éternel prisonnier, pourchassé sans trêve par le pouvoir espagnol et par l'Inquisition, régulièrement accusé d'hérésie, mais qui clame sans relâche son orthodoxie, a laissé une oeuvre considérable et difficilement classable, dont le titre le plus célèbre, La cité du soleil, est présenté généralement comme une utopie, sans que soient bien considérés sa filiation à l'oeuvre célèbre de Thomas More et son rapport avec le contexte européen des premières années du XVIe siècle.
Jean-Louis Fournel propose ici une analyse approfondie et nouvelle de la vie et de la pensée de Campanella. Il les aborde dans leur véritable contexte, la grande mutation de l'Europe sous domination hispanique. L'objet de la pensée de Campanella est le monde, dont il cherche dans ses textes successifs à penser la nouvelle unité, rendue possible par les découvertes et les progrès techniques de la Renaissance, et à laquelle le catholicisme, qu'il faut comprendre ici comme religion de l'univers et de l'universel, doit donner sa figure.
Campanella apparaît alors comme le penseur d'un espace mondialisé, où chaque puissance réalisée (Espagne, France) ou virtuelle (Italie, Belgique, Amérique) reçoit une mission et exerce une fonction particulière, qui peut la faire progresser vers le but louable qu'est la construction de la « cité du soleil ». L'enquête érudite et passionnante de J.-L. Fournel restitue la méditation historique originale et de grand souffle de Campanella sur un moment crucial de l'histoire du système monde.
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Genèse de l'esthétique française moderne, 1680-1814
Annie Becq
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 6 Octobre 1994
- 9782226074584
Si le mouvement général qui, à partir de la fin du XVIIe siècle, porte la modernité vers une conception inédite du Beau et de l'Art a bien été analysé, notamment par les philosophes, l'aspect proprement français de ce processus restait malconnu.
Annie Becq, professeur de littérature française à l'université de Caen, s'attache à combler cette lacune en une étude magistrale de la naissance et de la constitution de ce savoir nouveau qu'est l'esthétique. Les nombreux traités qui voient le jour, depuis la querelle des Anciens et des Modernes jusqu'au seuil du Romantisme, émancipent le Beau de la morale et insistent désormais sur l'artiste comme sujet créateur. Annie Becq montre combien cette émergence de l'esthétique est à mettre en relation avec l'apparition de la libre critique, du statut autonome de l'artiste et du développement des échanges marchands. Ainsi se trouve fondée, à l'intérieur même de l'histoire des idées, une sorte de sociologie du "génie" créateur moderne.
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Le gihad dans l'islam médiéval
Alfred Morabia
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 9 Octobre 2013
- 9782226246295
Le monde musulman, divisé, voit renaître, dans les années 1990, des mouvements qui réclament la levée de l'Islam tout entier contre les « impies » de l'extérieur et les tièdes de l'intérieur. L'influence grandissante du courant islamiste a donné lieu à toutes sortes d'interprétations.
Seule l'analyse des origines anté-islamiques puis scripturaires de l'élaboration théologique et de l'intériorisation progressive du Gihad, seule la ressaisie globale d'une notion fondamentale et de son évolution historique jusqu'à l'époque classique permettent d'entrer au coeur de l'Islam pour en comprendre les rythmes, les aspirations et les tentations. C'est précisément l'oeuvre accomplie ici avec rigueur et exhaustivité ; ouvrage de référence depuis sa première publication en 1993.
Grâce au travail d'Alfred Moravia, il est désormais possible de comprendre les métamorphoses d'une doctrine aux multiples résonances, politiques et spirituelles, et de mesurer l'écart entre l'Islam classique et les réélaborations récentes du Gihad.
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L'idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle
Ehrard-J
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 5 Avril 1994
- 9782226068712
Entre 1715 et 1755, au temps de Marivaux, Montesquieu, Maupertuis et du premier Voltaire, la majorité des esprits cultivés accorde à la nature une confiance inconditionnelle.
Elle est partout, envahit tout, science, médecine, morale, religion, art et politique. Avant d'entamer une carrière plus tourmentée après 1750, l'idée de nature est à l'aube des Lumières, non sans contradictions latentes, une notion " euphorique ", en rupture avec le pessimisme de l'âge précédent. C'est l'originalité de ce premier XVIIIè siècle que Jean Erhard, professeur émérite des Universités, a voulu saisir dans ce portrait magistral d'une génération qui a su explorer les voies d'un optimisme certes ambigu mais globalement tonique et libérateur.