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Archipel Suisse
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Variations sur un standard : Jeux et métamorphoses dans les trois romans biographiques de Jean Echenoz
Emilien Sermier
- Archipel Suisse
- 3 Février 2014
- 9782940355167
Tel un standard musical, le modèle de la biographie est aujourd'hui repris et rejoué par d'innombrables écrivains. Pierre Michon, Patrick Deville, Guy Goffette, Pascal Quignard ou Emmanuel Carrère: tous ont composé des récits biographiques, à leur façon. Et récemment, à son tour, le romancier Jean Echenoz a inventé ses propres variations autour du genre. De manière originale, il a mis en récits les vies de Maurice Ravel (Ravel, 2006), d'Émile Zatopek (Courir, 2008), de Nikola Tesla (Des éclairs, 2010).
Parus aux Éditions de Minuit, ces trois romans biographiques forment un corpus homogène, dont la présente étude cerne les constantes formelles et thématiques. À chaque fois, comme par jeu, Jean Echenoz s'amuse autour d'une forme fixe qu'il parodie et détourne; virtuose, son écriture s'adapte à la vie et à l'oeuvre du biographié. Mais une métamorphose, aussi, s'accomplit, car la réalité historique est revisitée par le regard singulier du romancier. Les biographiés deviennent alors de véritables personnages échenoziens; et ils permettent, à l'écrivain, d'esquisser un autoportrait en creux. -
Tensions toniques ; les récits de Marie-Hélène lafon
Jean Kaempfer
- Archipel Suisse
- 29 Juin 2012
- 9782940355150
La déréliction morale de ceux qui sont restés: fratries vieillissantes régnant, dans leurs maisons devenues trop grandes, sur des domaines agricoles en déclic. Cette délégitimation forrmidable de la paysannerie. qui a périmé en quelques décennies un ordre immuable.
Marie-Hélène Lalon a entrepris de la porter à la présence littéraire sans pathos, mais non sans tendresse. Heureuse ambivalence de la fiction, où l'ironie et l'implication peuvent ainsi composer leurs effets! La " tentative de restitution " Claude Simon engagée par Marie-Hélène Lalon trouve là sa tonicité, sa tension propres, comme en témoignent les études réunies dans ce volume.
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« Les femmes qui se parfument doivent être admirées de loin » : Les odeurs féminines dans Nana de Zola, Notre coeur de Maupassant et L'Ève future de Villiers de L'Isle-Adam
Sophie-Valentine Borloz
- Archipel Suisse
- 23 Février 2016
- 9782940355211
« Les femmes qui se parfument doivent être admirées de loin »: le mot d'ordre est quasi unanime à la fin du XIXe siècle. En écho au discours médical qui accuse les effluves artificiels de tromper sur la véritable nature et sur l'état de santé de la femme, les manuels de savoir-vivre de l'époque condamnent celles qui négligeraient les règles strictes concernant l'usage et le dosage des parfums. Pour les écrivains fin-de-siècle, le danger réside davantage dans le pouvoir addictif et lénifiant des senteurs féminines. Pris au piège de ces odeurs, les héros romanesques qui les respirent plongent dans des états seconds, dont seule la mort parvient - parfois - à les libérer.
Le présent ouvrage étudie la façon dont dialoguent ces trois discours. Par l'analyse des romans Nana de Zola, Notre coeur de Maupassant et L'Ève future de Villiers de L'Isle-Adam, cet essai se propose de montrer comment, au crépuscule du XIXe siècle, les présupposés sociaux et scientifiques concernant les odeurs composent l'imaginaire collectif dans lequel puisent les auteurs pour créer des héroïnes toujours plus séduisantes, menaçantes... et parfumées. -
À Propos du « style » de Houellebecq : Retour sur une controverse (1998-2010)
Samuel Estier
- Archipel Suisse
- 23 Février 2016
- 9782940355204
« Si le style de Lovecraft est déplorable, on peut gaiement conclure que le style n'a, en littérature, pas la moindre importance; et passer à autre chose. » Cette manière franche et malicieuse de dynamiter les bruits qui courent est celle de Michel Houellebecq dans H. P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie, son premier livre publié en 1991. Pressentait-il à l'époque le jugement similaire de certains critiques sur son écriture? Cela a-t-il eu un rôle ensuite dans la réception de son style? Difficile à dire.
Le fait est que la parution des Particules élémentaires, en 1998, a vu naître un nouvel avatar de cette figure paradoxale que l'histoire littéraire française, pour des raisons différentes à chaque fois, ressort périodiquement de ses tiroirs: l'écrivain sans style. Qu'est-ce que l'absence de style peut signifier aujourd'hui? Et à quelles nécessités ce constat répond-il?
Jusqu'à l'automne 2010 et l'obtention par Houellebecq du prix Goncourt, ce sont douze années de controverse qui sont ici analysées et mises en perspective. Une tentative de retracer les grandes étapes de ce débat. Un effort pour en dégager les facteurs déterminants. Une invitation, en somme, à penser Houellebecq comme un moment où la littérature se retourne sur elle-même, face aux bouleversements majeurs qui l'assaillent de toutes parts. -
Le Polar hors-la-loi ? : René Belletto : le genre en question
Marion Glauser
- Archipel Suisse
- 17 Avril 2018
- 9782940355235
Le nom de René Belletto s'associe-t-il au roman noir ? Ses romans doivent-ils être rangés dans le rayon « polar » des bibliothèques ou, au contraire, côtoyer les ouvrages de « Littérature » ? Plus d'un lecteur a pu se confronter à ce dilemme au moment d'aborder les romans de cet écrivain lyonnais. L'alignement des couvertures blanches et sobres des éditions P.O.L - chez qui Belletto est publié depuis 1974 - semble assurer la constitution d'une véritable oeuvre littéraire. À la frontière du blanc et du noir, René Belletto apparaît comme un auteur « inclassable » dans le paysage littéraire français. Mais qui classe-t-on exactement dans les inclassables, et pourquoi y placer justement René Belletto ? Qualifiés de « faux polars » ou encore de « romans policiers littéraires », ses ouvrages permettent d'observer ce qui fait un genre contemporain en quête de légitimité littéraire. Quelle est alors la pertinence des typologies littéraires ? Pourquoi nous amènent-elles systématiquement vers l'indétermination ?
Cet essai présente l'oeuvre de René Belletto sous une cohérence parfois peu visible. Il propose un éclairage nouveau sur l'oeuvre d'un écrivain demeuré discret mais dont l'univers foisonnant, inventif et souvent désopilant, interroge radicalement nos classifications par genre littéraire. -
La science plus immédiate du rêve ; esquisses littéraires d'une théorie qui n'aura jamais vu le jour
Michaël Roelli
- Archipel Suisse
- Essais
- 29 Août 2019
- 9782940355259
De nos jours, deux disciplines se partagent l'étude du ou des rêve(s): les neurosciences et la psychanalyse. Tandis que celles-là délaissent volontairement le contenu du rêve pour ne plus s'intéresser qu'à l'activité cérébrale durant le sommeil, celle-ci ne se préoccupe que du plaisir qu'il signifierait. Faute d'y chercher autre chose, on ne trouve donc plus aujourd'hui dans nos rêves qu'un souhait déformé - peut-être même n'y a-t-il plus rien d'autre à y trouver. Cette situation s'est cristallisée au tournant du XXe siècle, cependant qu'une alternative était esquissée, en marge de ce dilemme désenchanté, non par des psychologues ou des médecins de métier, mais par deux écrivains qui ont partagé un penchant de jeunesse pour les spéculations onirologiques: Maurice Maeterlinck et Alfred Jarry. Chacun d'eux a contribué sans le savoir à l'élaboration d'une théorie du rêve qui n'a finalement jamais vu le jour; une théorie dont l'histoire - si tant est qu'elle soit possible - n'est faite que d'avortements et de recommencements.
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Une Contradiction fondamentale dans la littérature du travail : Les spectres du conflit dans la littérature contemporaine (1980-2020)
Vivien Poltier
- Archipel Suisse
- 15 Décembre 2021
- 9782940355297
Parler d'une « littérature du travail », n'est-ce pas en soi un oxymore, une contradiction dans les termes? Pourquoi, en effet, la littérature, envisagée comme activité esthétique par excellence, en viendrait-elle à prendre pour objet le travail? Quelle importance les écrivains contemporains accordent-ils à la besogne quotidienne, aux gestes banals, aux lieux triviaux que sont l'usine et les locaux d'entreprise? Pourquoi s'intéresser aux univers de travail pourtant éloignés du labeur d'écrivain?
Si l'on admet le postulat d'une séparation entre le fait social du travail et les écrivains, on peut dès lors se demander comment ces derniers peuvent prétendre dire ou écrire le travail? Il semble qu'un gouffre doive être franchi pour que la littérature s'approche de la condition laborieuse. Ces enjeux touchent aux problèmes du rapport de l'écrivain au monde social et de sa place dans la division du travail. Axé sur l'analyse de trois ouvrages contemporains - Les Fils conducteurs de Guillaume Poix (2017), Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas (2010) et Le Laminoir de Jean-Pierre Martin (1995) - le présent essai explore les textes comme des configurations problématiques, traversées par des tensions qui se cristallisent au coeur de la représentation du travail. -
Le Rap, littérature du monde social. : Du featuring au mythe de la banlieue
Julia Cela
- Archipel Suisse
- 15 Décembre 2021
- 9782940355303
Cet essai a pour première impulsion la volonté d'extraire le rap d'une réception orientée par la hiérarchie symbolique des objets culturels. La clé semble résider dans la manière dont les conditions sociales de l'émergence du genre dans la France des années 90, deviennent, dans les environs de 2015, des motifs textuels qui dessinent les traits de sa poétique et de son esthétique. L'exemple le saillant de cette translation est le featuring. Consistant à inviter un·e·x autre artiste·x à collaborer sur un même morceau, ce phénomène représente l'unité de base des chaînes de coopération qui ont permis l'institutionnalisation du rap à ses débuts. Aujourd'hui, le featuring apparaît dans les textes comme la marque d'un regard sociologique porté par le rap sur sa propre histoire, son monde social et ses acteur·ice·x·s. De ce mouvement performatif et collectif, émergent les caractéristiques qui fondent les critères d'une légitimité autodéterminée destinée à renverser les donnés de l'hégémonie culturelle.
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D'Hélène à Lilith. figures de femmes étrangères en Suisse romande (1890-1914)
Guillemin Oceane
- Archipel Suisse
- 17 Avril 2018
- 9782940355242
Qui sont ces femmes étrangères qui font irruption dans la production romanesque suisse romande du tournant du XXe siècle ?Les protagonistes d'Ægyptiacque (1891), de Luisita (1903) et des Circonstances de la vie (1906) empruntent nombre de leurs traits à des figures mythiques fortement connotées. L'étude conjointe de ces romans révèle combien leurs auteurs - William Ritter, Édouard Rod et C. F. Ramuz - participent à la mise en place et au renforcement d'un imaginaire collectif typique d'une époque traversée par de profonds bouleversements socioculturels. Cristallisant les angoisses suscitées par l'intensification de l'immigration autant que par l'essor du féminisme, les héroïnes des trois récits analysés dans le présent essai ajoutent à la menace de l'altérité étrangère celle d'une féminité incontrôlée. Qu'elles tiennent d'Hélène, enlevée par Pâris et funeste à son insu, ou de Lilith, démoniaque « Ève avant Ève » nuisible à dessein, ces personnages doublement « autres » s'inscrivent obstinément dans la lignée des femmes fatales en rupture de ban.
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La quatrième case : essai sur le roman au nous
Arthur Brugger
- Archipel Suisse
- Essais
- 26 Janvier 2023
- 9782940355310
Phénomène rare dans la littérature de langue française, la narration à la quatrième personne n'en demeure pas moins attestée. De La Grande Peur dans la Montagne (1925) de Charles Ferdinand Ramuz à Après le monde (2020) d'Antoinette Rychner, plusieurs romanciers ont ainsi choisi le nous (ou le on) pour tisser l'histoire de groupes restreints ou de communautés. Pourtant, à ce jour, peu d'études ont abordé les spécificités stylistiques et les enjeux thématiques de ces récits portés par une voix plurielle. Cet essai s'y emploie donc, s'ingéniant à montrer en quoi ce type de narration diffère du récit à la première personne. Lorsqu'un roman est narré au nous sans aucun je auquel le rattacher, qui raconte vraiment ? Doit-on imputer la narration à un hypothétique narrateur anonyme, ou supposer l'existence d'un sujet collectif d'énonciation ? À l'image de l'ambiguïté référentielle propre au pronom, les situations narratives qui y ont recours de façon systématique appellent peut-être plusieurs lectures, selon la perspective que l'on choisira d'adopter. À partir de la description d'une forme marginale, La Quatrième Case souhaite mettre en tension les modèles narratologiques disponibles en reposant cette question fondamentale de la poétique : au fond, qui parle (s'il faut que quelqu'un parle), lorsqu'un texte dit nous ?
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Les feintes d'une fin : Boris Vian continue par l'oulipo
Alexis Rime
- Archipel Suisse
- Essais
- 26 Janvier 2023
- 9782940355327
Au de´but des anne´es 1950, Boris Vian e´bauche un nouveau livre « a` l'ame´ricaine » dans la ligne´e des quatre romans noirs qu'il a signe´s sous le nom de « Vernon Sullivan ». Vian en e´tablit le synopsis, re´dige les quatre premiers chapitres, puis abandonne le projet et laisse ses personnages en plan ; il ne reprendra plus ce manuscrit jusqu'a` sa mort en 1959. Soixante ans plus tard, l'Oulipo se voit confier l'e´bauche, et six de ses membres s'atte`lent a` poursuivre et a` achever le roman. Celui-ci parai^t finalement en 2020, aux e´ditions Fayard, sous le titre de On n'y e´chappe pas.
Un tel geste fait figure d'exception dans la litte´rature re´cente, les textes inacheve´s e´tant ge´ne´ralement e´dite´s en l'e´tat. Le pre´sent essai cherche donc a` comprendre les mo- dalite´s d'une continuation, partant de l'ide´e qu'une telle entreprise litte´raire, de´licate sinon controverse´e, ne peut se faire sans l'utilisation de strate´gies textuelles et paratextuelles tre`s pre´cises. Mais enque^ter sur On n'y e´chappe pas impose e´galement de de´me^ler les fils du canular Vian-Sullivan, de de´jouer les jeux oulipiens, et, contre toute attente, d'e´laborer enfin quelques feintes pour mieux rendre justice aux audaces des co-auteurs. -
Le théâtre des fées : les scènes du merveilleux féerique de la comédie-italienne aux boulevards (1762-1789)
Angelique Chevalley
- Archipel Suisse
- Essais
- 16 Janvier 2024
- 9782940355334
De`s le milieu du XVIIIe sie`cle, les philosophes tentent de chasser les fe´es de la sce`ne : quels spectateurs sense´s pourraient encore s'e´merveiller de ces " contes de vieilles " et e^tre dupes des artifices des sce`nes de magie ? Pourtant, les spectacles de fe´erie, en vogue depuis la fin du sie`cle pre´ce´dent, continuent a` nourrir le re´pertoire des the´a^tres parisiens : les prodiges des fe´es, sylphes et ge´nies enchantent, font rire et, surtout, pleurer les spectateurs. C'est que les auteurs de la seconde moitie´ du sie`cle engagent en re´alite´ le the´a^tre merveilleux vers de nouvelles formes sensibles, qui frappent les yeux et l'esprit pour parler au coeur.Cette e´tude se propose de mettre en lumie`re les enjeux dramaturgiques et sce´nographiques de ce tournant sensible et moral du merveilleux qui se fac¸onne sur les sce`nes de la Come´die-Italienne et des boulevards dans les anne´es 1760-1780. Elle montre les ambigui¨te´s de ce the´a^tre des fe´es, qui, avant me^me que la fe´erie ne soit, au sie`cle suivant, constitue´e en genre, oscille en toute liberte´ entre le grand spectacle et sa mise a` distance.
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La littérature engagée remet en question la définition d'une littérature atemporelle et détachée des contingences historiques. Tel est aussi le cas de ce que l'on a appelé, en France, après la Seconde Guerre, le "roman noir" ou "polar", ce roman policier venu des États-Unis et qui se distingue du roman d'énigme par son écriture béhavioriste, son réalisme et son regard critique sur la société. Dès les années soixante-dix, des auteurs réunis sous l'étiquette "néo-polar" (Manchette, Vautrin, Daeninckx, Pouy ou Fajardie) pratiquent cette littérature policière qui a la tradition d'être politiquement engagée. Or, pour comprendre l'engagement de ces écrivains au passé militant et leur entrée en littérature, il faut se pencher sur la question du genre policier, plus spécifiquement "noir", et de sa position dans le champ littéraire. Car l'engagement politique dans les romans s'avère indissociable d'un engagement pour le roman noir, genre minorisé au sein du champ, à l'instar d'une fiction policière que l'on persiste à qualifier péjorativement de "paralittérature". Le genre partage ainsi en quelque sorte le même sort que les exclus de la société dont on a coutume de parler dans le polar : littérature en marge, le roman noir écrit sur les marges. Mêlant engagement à l'extrême gauche et rejet de la "littérature blanche", Jean-Bernard Pouy est une figure bien en vue du milieu du polar en France : il se présente comme "un ardent défenseur du roman noir et du roman populaire". Le père de l'enquêteur libertaire le Poulpe illustre ce double engagement littéraire et politique en endossant une posture d'écrivain "populaire" illégitimé qui se donne à voir dans une pratique d'écriture, une parole et une présentation de soi au public. Cette posture, analysée dans cet essai, lui permet de transformer à son avantage le handicap d'une position dominée dans le champ littéraire.
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La Nouvelle-instant" : Un cas limite de narrativité. L'exemple de deux nouvelles d'Albert Camus
Raphaël Micheli
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355006
L'ouvrage prend pour point de départ la notion de "nouvelle-instant" proposée par René Godenne dans le cadre de ses travaux sur la nouvelle moderne. Selon le critique, "certains auteurs ne prétendent plus vouloir raconter une histoire en bonne et due forme, mais ramènent le sujet de la nouvelle à la seule évocation, et à l'approfondissement, d'un instant précis de vie [...]. La notion n'inclut pas - ou si peu - une idée narrative". Le but du travail est de reprendre la notion de " nouvelle-instant " pour l'affiner théoriquement et la mettre à l'épreuve d'une approche linguistique de deux nouvelles de l'Exilet le royaume d'Albert Camus (La femme adultère et Les muets). La première partie est ainsi entièrement consacrée à une relecture de la notion de " nouvelle-instant " , à la lumière des théories du récit et de l'action. Les termes clés d'instant, d'action et de mise en intrigue y sont soumis à une tentative de redéfinition. Forte de cette mise au point théorique, la deuxième partie s'ouvre à une analyse stylistique des nouvelles du corpus. L'enjeu central est de montrer que la dilatation temporelle dans l'instant va de pair avec un effritement de l'action humaine et de son organisation textuelle par la mise en intrigue. Les nouvelles camusiennes apparaissent alors comme des cas limites de narrativité où le récit est fondamentalement décevant. L'ouvrage vise ainsi à une réflexion sur la dénarrativisation à l'oeuvre dans la " nouvelle-instant " par une approche située au carrefour de la poétique de la nouvelle, des théories du récit et de l'action, ainsi que d'une stylistique linguistique.
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L' Enjeu des origines : Les romans préhistoriques de J.-H. Rosny aîné
Melanie Bulliard
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355013
Parallèlement à l'élaboration d'une oeuvre extrêmement variée, touchant au genre du merveilleux scientifique comme à celui du réalisme social, Joseph-Henri Rosny aîné entame, à la fin du 19e siècle, un cycle de romans sur le thème de la préhistoire. Paraissent en effet Vamireh en 1891, Eyrimah en 1893, La guerre du feu en 1909, Le félin géant en 1919, et, en 1930, Helgvor du fleuve Bleu. Dans ces récits, l'auteur s'attache à décrire le cheminement de nos lointains ancêtres, et les montre acquérant, au fil des siècles, les caractéristiques physiques, intellectuelles et morales qui définiront l'homme moderne. La question des origines de l'humanité, de son évolution durant les premiers temps de son existence, est alors fort en vogue. La préhistoire est une science encore jeune, qui passionne les milieux savants comme le grand public, curieux des découvertes archéologiques qui se succèdent à l'aube du 20e siècle. Les récits de Rosny sur les "âges farouches" s'inscrivent donc dans cette vague d'enthousiasme qui entoure la nouvelle discipline. Ils ne constituent cependant pas, comme on pourrait le croire de prime abord, une simple mise en fiction, dans un but de vulgarisation, des thèses des paléontologues et des anthropologues d'alors. L'ouvrage se propose de démontrer qu'ils représentent bien davantage une prise de position sur certains débats esthétiques, politiques ou philosophiques qui divisent la société française aux alentours de 1900.
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Un Hérétique de l'espace : Notations de l'expérience chez Henri Michaux
Filippo Zanghi
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355020
Le livre a pour objet l'expérience de l'espace dans les écrits hallucinogènes d'Henri Michaux. Longtemps, les critiques se sont cantonnés dans la période antérieure de son oeuvre. Ils y ont mis en évidence la fragilité des êtres qui la peuplent, et leur espèce de perméabilité à ce que le poète appelle "les puissances environnantes du monde hostile". Dans un article qui s'interroge sur cet "antagonisme du monde spatial", Georges Poulet émet pourtant l'hypothèse d'une "réconciliation finale avec l'espace". Or, il est remarquable que cette idée lui vienne à la lecture de L'éther, qui n'est autre que le premier texte d'importance consacré par Michaux à la drogue. Il convient donc de se poser la question suivante : dans quelle mesure la drogue contribue-t-elle à réconcilier le poète avec l'espace ? Le travail commence par rappeler en quoi le monde du premier Michaux se présente avant tout comme un monde intérieur et hostile. Il aborde ensuite les livres de la drogue du point de vue de leur forme, en essayant de mettre en lumière le rôle clé qu'y tient déjà l'espace. Sont étudiés le genre des livres, leur mise en page, mais aussi le recours aux métaphores spatiales, et en général les moyens utilisés pour traduire la violence de la drogue. Dans un troisième chapitre, on s'arrête sur une expérience faite en montagne, où se trouve exprimée une sorte de réconciliation. Il s'agit alors de comprendre ce qui, dans cette réconciliation, revient au seul stupéfiant, et ce qui tient peut-être à une nouvelle perception de soi, que la drogue aura seulement permis de mettre à jour. L'attention est portée en particulier sur la relation essentielle de l'espace et du corps. Cette relation est ensuite analysée dans un texte qui n'appartient pas au corpus hallucinogène, mais qui permet précisément de confirmer l'intuition qui court tout au long de cet essai, à savoir que la réconciliation de Michaux avec l'espace ne s'explique pas seulement par le fait, en lui-même indiscutable, que la drogue lui a donné accès à un autre monde.
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"Je n'en feray que che que j'en ay empensé ! " Le nain Tronc dans Ysaÿe le triste
Barbara Wahlen
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355037
Ysaÿe le triste raconte les aventures du héros éponyme, fils de Tristan et Yseut, et celles de leur petit-fils, Marc l'Essilié. L'ouvrage est une étude du personnage du nain, Tronc, fidèle serviteur des deux chevaliers, qui, sous son apparence misérable et hideuse, cache le roi de Féerie, le bel Aubéron. Personnage fascinant, Tronc oscille entre deux pôles, endroit et envers de la morale chrétienne, subtil mélange de sagesse et de machiavélisme diabolique, de générosité et de cruauté. Trickster aux mille tours, il introduit la surprise, le décalage de tons dans la succession prévisible des exploits chevaleresques et entraîne le récit sur des voies obliques : celle du burlesque et du fabliau, détours de la narration qui se multiplient de façon jubilatoire.
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De Murphy à Molloy : Deux figures de Beckett
Annie Charpilloz
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355044
Le monde selon Beckett est installé dès le premier roman. Autour de la figure-titre, une ronde de personnages burlesques tisse un fond d'intrigue dont Murphy se détache, en posture recroquevillée et dans une perspective cohérente : la "mort aux choses sensibles" comme seul espoir de sérénité et d'unité. Cette position d'être pensant est pourtant sans avenir et Murphy, en tant qu'homme, se verra anéanti dans l'immuable paysage d'un "fiasco généralisé". Quelques romans plus tard apparaît Molloy, dans un dénuement à la fois saisissant et invraisemblable, au terme d'un parcours dont l'entier de la narration se présente comme un écho. Le livre propose un trajet en deux étapes, où l'avènement de Molloy en "figure parlante" fait suite à la chute du premier homme beckettien.
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Penseur inclassable, René Girard fascine par son érudition ou dérange par son omniprésence : philosophie, théologie, anthropologie, psychologie et littérature sont autant de champs d'étude qui dialoguent avec la théorie du désir mimétique. C'est autour du René Girard "originel", le critique littéraire de Mensonge romantique et vérité romanesque, que se construit l'ouvrage, avec comme préoccupation centrale le devenir de la littérature, une fois la machine théorique girardienne engagée.
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La Parole magique : Étude sur la performativité
Mathieu Mermoud
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355068
Au début était le Verbe, proclame la tradition chrétienne et avec elle toute cosmogonie : toujours et partout la parole est au principe ; bien plus, elle est l'action primordiale. Mais il est aussi écrit : "Au début était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au début auprès de Dieu. Toutes les choses ont été faites par lui. La parole n'est pas cette chose vaine et flottante : c'est le logos, institué pour les hommes, et nanti de sa puissance propre. C'est ainsi du moins que sont vécus les rapports à la parole et au monde en un universel mythologique. Aussi, dès lors que coexistent cette dévaluation de la parole quotidienne et la toute-puissance mystérieuse du verbe créateur, le chercheur doit tenter de comprendre comment on peut penser l'un et vivre l'autre ; et la question se pose avec d'autant plus d'acuité dans le cadre de nos sociétés post-modernes où se proclame le déni d'une force quotidiennement manipulée. Il s'agit donc de remonter à l'origine de cette efficacité qu'on prête à la parole et d'en débusquer les fondements. Plusieurs niveaux d'analyse sont envisagés : au niveau des énoncés eux-mêmes tout d'abord, grâce aux outils de la pragmatique ; au niveau social ensuite afin de cerner les conditions de possibilité d'un discours efficace; au niveau anthropologique enfin et au contact de la parole agissante là où elle se réalise en propre, à savoir dans l'acte magique.
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Le Pur et le puissant : Callimaque et Segalen
Maxime Laurent
- Archipel Suisse
- 1 Mars 2005
- 9782940355075
Plus encore que d'oeuvres singulières, Segalen (1878-1919) s'est voulu poète et créateur de genres. Car ce dont il se soucie, ce n'est pas tant le poème lui-même, qu'en aval du poème, la relation littéraire qu'il engage. Un poème vaut donc surtout comme exemple, comme item de collections. Tout aussi varié et ambitieux, Callimaque (3e siècle av. J.-C.) compose également des collections de poèmes : un recueil de Iambes, un autre d'Hymnes ; et comme Segalen, il invente de nouveaux genres : les quatres livres d'Aitia. Chez l'un comme chez l'autre, la verve polémique défend une nouvelle conception de la poésie, comprise comme l'invention d'un nouveau rapport au texte. C'est sans doute pourquoi ces poètes que deux millénaires séparent ont au moins de commun, et de contemporain, quelques tics de leurs littératures secondaires. On y voit aujourd'hui des poétiques dialogiques, orientant tout le travail créateur sur le moment de la réception - ce qui est juste. Mais il arrive qu'on parle aussi, à leur propos, d'une émancipation du poétique ou de la mise en oeuvre d'un pouvoir-faire autonome. Au pouvoir et à ce qui s'y entend d'effectif, l'auteur de l'ouvrage oppose la puissance et ce qui en elle demeure virtuel. Loin d'un pouvoir-faire émancipé, la littérature semble selon l'auteur procéder d'abord et surtout d'un paradoxal (im)pouvoir - d'un pouvoir qui ne peut que pouvoir, sans faire.
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Jardins d'hiver et de papier : Regards croisés sur le jardin d'hiver dans le Paris et la littérature fin-de-siècle : un espace entre science et imaginaire
Maryline Cettou
- Archipel Suisse
- 1 Octobre 2005
- 9782940355082
L'étude éclaire la profonde dichotomie séparant les jardins d'hiver édifiés dans le Paris de la fin du 19e siècle de leurs homologues "de papier" créés par des auteurs contemporains tels Zola, Huysmans ou Rachilde : il s'agit d'appréhender le rapport apparemment antinomique que ces serres littéraires entretiennent avec ce qui est alors considéré comme l'un des fleurons en matière de science et d'esthétique. En s'intéressant au rôle dévolu aux jardins d'hiver parisiens dans la relation triangulaire entre science, nature et société, il apparaît alors que ces derniers, au travers des théories et des pratiques qui les sous-tendent, ne sont pas sans receler nombre d'ambiguïtés et de doutes dont le discours officiel ne rend pas compte, mais que les serres de la fin-de-siècle s'ingénient précisément à mettre en lumière. La mise en place d'une perspective comparatiste - entre littérature et histoire de l'art et, plus généralement, histoire sociale - permet de constater comment les serres littéraires tour à tour prennent le contre-pied des jardins d'hiver réels ou agissent comme un révélateur à leur égard, témoignant de la posture éminemment ambivalente entretenue par la fin-de-siècle avec son époque.
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Quand l'agneau se couche aux côtés du tigre : Étude comparative de La belle et la bête (1756) de Jeanne Marie Leprince de Beaumont et de The Courtship of Mr Lyon et The Tiger's Bride (1979) d'Angela Carter
Annick Panchaud
- Archipel Suisse
- 1 Octobre 2005
- 9782940355099
L'histoire du fiancé animal et de sa belle a été explorée avec brio par Jeanne Marie Leprince de Beaumont dans son conte La belle et la bête (1756). Deux siècles plus tard, Angela Carter se saisit du sujet et en propose deux réécritures troublantes, The Courtship of Mr Lyon et The Tiger's Bride (1979). En s'appuyant sur la méthode comparative et la mise à égalité des deux textes, l'ouvrage vise à mettre en lumière les visées esthétiques et idéologiques de ces deux auteures et à examiner plus particulièrement comment leurs trois textes sondent les rapports de force entre la belle et la bête. Mme de Beaumont et Angela Carter se servent de l'histoire du fiancé animal pour tenir un discours critique sur les normes culturelles, sociales, politiques et économiques qui mettent en place une représentation dichotomique des rapports entre hommes et femmes et entre humains et animaux. Dans leurs représentations de ces rapports, elles démontrent que contrairement aux apparences, l'agneau et le tigre ne sont pas toujours ce que l'on croit.
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Si l'apparition des objets dans la littérature du 19e siècle coïncide avec l'avènement du réalisme, et si leur description hypertrophique contribue à asseoir le genre, le volume, à travers quelques récits d'écrivains connus, le mécanisme d'intégration narrative d'objets qui outrepassent la banale fonction de caractérisation des milieux et des personnages, en perturbant les catégories, les équilibres et les statuts. De La peau de chagrin à La bête humaine, des récits fantastiques de Gautier à l'univers décadent de Huysmans, certains objets organisent l'espace fictionnel et s'y positionnent en actants à part entière, déterminant avec force la progression de l'intrigue. Le questionnement commun à ces recherches porte globalement sur ce processus d'autonomisation des objets dans la littérature du 19e siècle, repérable à partir de 1830 dans un nombre significatif de fictions, et coexistant avec l'entreprise de recouvrement exhaustif du monde matériel par la description dans les mouvances réaliste et naturaliste. Chaque analyse monographique apporte un éclairage particulier à cette interrogation globale, visant à comprendre la relation nouvelle (probablement perturbée, inquiète dans tous les cas) qui lie, au 19e siècle, l'être humain au monde, et les deux à la littérature.