Drame dans les montagnes du Kurdistan iranien.
Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l'Irak. C'est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d'alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en portant des marchandises. Ces contrebandiers sont appelés des « kolbars », et chaque année, plusieurs dizaines d'entre eux trouvent la mort, victimes des gardes-frontière iraniens, des mines antipersonnel, d'avalanches ou des rigoureux hivers de cette région.
Dans Les oiseaux de papier, Jalal, dit l'Ingénieur, est recruté pour participer à l'une de ces expéditions en compagnie d'hommes de son village. Une petite troupe est constituée et entreprend le dangereux périple. Un drame se noue alors entre les membres de l'expédition qui meurent un à un.
Cette première fiction de Mana Neyestani est un drame humain saisissant, plein de suspense, qui raconte aussi une histoire de crime d'honneur et le terrible quotidien des habitants de ces régions obligés de prendre des risques insensés pour assurer leur pitance.
Âmes Publiques est le deuxième recueil d'histoires courtes de Marcello Quintanilha après Mes Chers Samedis, publiés chez çà et là en 2015. A travers les sept histoires qui composent ce recueil, Marcello Quintanilha continue sa description du Brésil contemporain, des années 1920 aux années 2000. On y retrouve le goût de cet auteur pour la description de scènes du quotidien, centrées sur des personnages hauts en couleurs et à la langue bien pendue. Les âmes publiques sont celles d'une vieille couturière amie avec sa femme de ménage, d'un enfant des bidonvilles, d'un compositeur de samba, de deux petits vieux... Le recueil comporte également deux grandes histoires autour du football, ou plutôt de footballeurs. La première se déroule dans les années 2000 et met en scène un joueur de troisième zone qui s'invente une carrière de semi-pro et l'autre décrit un jeune et prometteur joueur qui, en 1954, rate sa chance de passer dans une grande équipe à cause du suicide du président brésilien de l'époque, Getúlio Vargas.
Alternant histoires en couleurs directes et récits en noir et blanc, découpages hyper dynamiques et structures narratives sophistiquées, Âmes Publiques est une nouvelle démonstration de la virtuosité de cet auteur incontournable.
Nous sommes en 2001 et l'Argentine est plongée dans une grave crise politique et économique. Rocío, une jeune fille de dix-neuf ans, emménage dans l'ancienne maison de sa grand-mère Vilma, peu de temps après les funérailles de cette dernière. Dans cet environnement marqué par l'absence, Rocio se remémore la vie de Vilma, une histoire teintée de tragédie qui commence dans les années 1920 en Italie. Les parents de Vilma fuient le pays peu après sa naissance, au moment de l'accession au pouvoir de Mussolini. Arrivés en Argentine sans le sou, ils ne peuvent financer les études de Vilma. Celle-ci doit alors quitter l'école, puis est mariée de force à un voisin après être tombée enceinte et avoir été abandonnée par l'homme avec lequel elle pensait faire sa vie. L'histoire de Vilma dans cette société patriarcale sera une longue suite de désenchantements et de sacrifices, qui la rendront progressivement acariâtre. Vilma terminera sa vie seule, ayant coupé les ponts avec la plupart des membres de sa famille, à l'exception de Rocio. La jeune fille, qui se pose énormément de questions sur son avenir, va tenter de tirer des leçons de cette tragédie familiale.
Ambitieux, ample, fourmillant de nombreuses trouvailles narratives et graphiques, Naphtaline est en partie inspiré de l'histoire de la famille de Sole Otero. La narration sur plusieurs époques, l'inventivité du découpage et de la mise en scène, les jeux sur les couleurs, font de ce roman graphique une jolie découverte et de Sole Otero une autrice promise à un bel avenir.
À l'approche des vacances d'été, Li Yu et Yang Kuaikuai, les deux adolescents héros de Easy Breezy, partent en classe de mer sur l'île de Duanshan dans le nord-est de la Chine. Les élèves sont à la fois heureux et un peu inquiets, car l'île a la réputation d'être hantée par les fantômes des noyés. Évidemment, rien n'est jamais simple avec nos deux loustics et il se retrouvent à nouveau plongés dans une aventure palpitante et rocambolesque. Li Yu s'amourache d'une élève de la classe, Shi Chengshi, qui disparaît un soir sur la plage. Les deux garçons décident alors de rester sur l'île pour la retrouver. Ils vont croiser le chemin d'un mystérieux personnage amnésique qui pourrait bien être le tueur qui a sévit sur l'île des années auparavant...
Deep Vacation est un polar explosif, drôle et prenant. On retrouve avec bonheur les personnages hauts en couleur de Easy Breezy, ainsi que le dessin hyper dynamique et la narration à cent à l'heure de la jeune et talentueuse autrice chinoise Yi Yang qui vit en Italie depuis 2013.
Dans cette bande dessinée documentaire extrêmement fouillée, le célèbre félinologue Alberto Montt nous fait découvrir un pan caché de l'histoire de l'humanité et révèle comment les chats sont apparus sur Terre pour en prendre progressivement le contrôle après avoir asservi l'espèce humaine. Grâce à des recherches approfondies, à l'accès à des documents rares et confidentiels, mais aussi à de nombreuses enquêtes sur le terrain, Alberto Montt retrace dans le détail la formidable histoire des maîtres du monde. Il explique comment les chats, créés à l'image de Dieu, se sont longuement concertés pour déterminer les meilleurs moyens de prendre le contrôle de la Terre sans se mettre à dos la population humaine, et même mieux, en faisant en sorte que cette conquête se fasse avec leur assentiment.
Notez que ce court précis historique est le compagnon indispensable du précédent ouvrage de cet auteur ; J'adore mon chat (mais il s'en fout complètement).
50 ans après les événements tragiques de la manifestation de Kent State, Backderf livre un récit historique magistral et poignant.
Après l'autobiographie (Mon Ami Dahmer) et l'autofiction (Trashed), l'auteur américain Derf Backderf réalise un magistral documentaire historique sur les années 1970 et la contestation contre la guerre du Vietnam. Kent State relate les événements qui ont mené à la manifestation du 4 mai 1970 et à sa violente répression sur le campus de cette université de l'Ohio. Quatre manifestants, âgés de 19 à 20 ans, furent tués par la Garde nationale au cours de cette journée. Cet événement marqua considérablement les esprits et provoqua des manifestations gigantesques dans tout le pays avec plus de quatre millions de personnes dans les rues, marquant un retournement de l'opinion publique sur l'engagement américain au Vietnam.
Derf Backderf, avait 10 ans à l'époque des faits. Il a vu des troupes traverser sa ville en 1970, et il a été profondément marqué par la répression sanglante de la manifestation du 4 mai. Dans Kent State, il brosse le portrait des étudiants qui seront tués au cours de la manifestation ainsi que celui d'un membre de la Garde nationale. Sa description détaillée de la journée du 4 mai 1970, montre comment l'incompétence des responsables locaux a débouché sur une véritable boucherie.
Derf Backderf a consacré trois ans à la réalisation de Kent State, il a réalisé un véritable travail journalistique et interviewé une dizaine de personnes ayant participé à la manifestation. Kent State est un récit extrêmement prenant, poignant, une leçon d'histoire et une démonstration implacable de l'absurdité de l'utilisation de la force armée pour contrôler des manifestations.
Coincés dans les embouteillages, Will et Connie se disputent sans ménagement sur leurs manières respectives de conduire. Une querelle de couple, comme tout le monde peut en avoir. Une fois rentrés à la maison, les tensions s'apaisent au moment de préparer le dîner. Connie se dévoue pour aller faire quelques emplettes, tandis que Will s'engage à finir la vaisselle qui traîne dans l'évier. Mais les heures passent et Connie ne revient pas. L'attente est interminable. Will sombre alors dans la paranoïa et envisage tous les scénarios possibles et imaginables concernant la disparition de sa compagne. Après avoir bu quelques verres de whisky, il décide de partir à la recherche de Connie.
Easy Peasy est une virée rocambolesque dans une petit ville du nord-est de la Chine, au milieu des années 1990. Un jeune lycéen propre sur lui, Yang Kuaikuai, se retrouve embarqué malgré lui dans une histoire de vol de camionnette avec Li Yu, un voyou de son lycée, et L'Oncle Ya, un malfaiteur à la petite semaine. Au moment de revendre le véhicule à un gang local, les compères se rendent compte qu'une petite fille dormait à l'intérieur et qu'elle s'est fait enlevée par un véritable criminel. L'improbable trio va devoir échapper au redoutable kidnappeur prêt à tout pour récupérer la petite Yun Duo, y compris supprimer ces trois empêcheurs de tourner en rond.
Premier roman graphique publié en France de la jeune et talentueuse autrice chinoise Yi Yang, Easy Peasy est un ébouriffant récit d'action mâtiné d'humour. Grande admiratrice du mangaka Taiyo Matsumoto, Yi Yang crée une galerie de personnages hauts en couleurs et hyper attachants entraînés dans une aventure au rythme frénétique souligné par un découpage d'un dynamisme explosif.
Le cauchemar de Mana Neyestani commence en 2006, le jour où il dessine une conversation entre un enfant et un cafard dans le supplément pour enfants d'un hebdomadaire iranien. Le problème est que le cafard dessiné par Mana utilise un mot azéri. Les azéris, un peuple d'origine turc vivant au nord de l'Iran, sont depuis longtemps opprimés par le régime central. Pour certains, le dessin de Mana est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et un excellent prétexte pour déclencher une émeute. Le régime de Téhéran a besoin d'un bouc émissaire, ce sera Mana. Lui et l'éditeur du magazine sont emmenés dans la Prison 209, une section non-officielle de la prison d'Evin, sous l'administration de la VEVAK, le Ministère des Renseignements et de la Sécurité Nationale.
Alors que le deux hommes subissent des semaines d'isolement et d'interrogatoires, les azéris organisent de nombreuses manifestations anti-gouvernementales. Les autorités font tirer sur les manifestants, faisant de nombreuses victimes.
Au bout de deux mois de détention, Mana obtient un droit de sortie temporaire. Il décide alors de s'enfuir avec sa femme. Après un long périple qui les fera passer par les Émirats Arabes Unis, La Turquie et la Chine, ils parviendront à atteindre la Malaisie pour s'y installer avant de rejoindre Paris en 2010. Bouleversant, Une Métamorphose iranienne est une plongée en apnée dans le système totalitaire kafkaïen mis en place par le régime iranien.
A l'été 1984, deux jeunes punks autrichiennes de dix-sept ans, Ulli et Edi décident sur un coup de tête de partir passer quelques semaines en Italie, sans papiers d'identité, avec pour seul bagage leurs sacs de couchage et les vêtements qu'elles ont sur le dos. Leur voyage durera deux mois, et les mènera de Vienne à Vérone, en passant par Rome et Naples pour terminer en Sicile...
Trop n'est pas assez est le récit autobiographique de cette aventure, à travers les quelques bonnes rencontres et les très nombreuses galères de Ulli et Edi. Après un départ presque bucolique à travers les Alpes, leur parcours se transforme progressivement en cauchemar : les deux femmes sont confrontées à une constante violence sexuelle, des macs italiens jusqu'aux mafiosi siciliens. Elles continueront leur voyage jusqu'au bout, envers et contre tout.
« Il y a très longtemps, deux jumeaux héritiers du trône se disputèrent une épée qui conférait à celui qui la possédait le pouvoir de gouverner. La terrible bataille qu'ils se livrèrent réveilla un puissant démon qui détruisit le Royaume. Et alors qu'auparavant tous les habitants possédaient des pouvoirs magiques, suite à l'attaque du démon, toute la magie se concentra en une seule personne qui nous gouverne depuis lors: la Reine ».
Ania est la princesse héritière du Royaume et elle ne croit pas à la légende, bien qu'elle soit la propre fille de la Reine aux pouvoirs magiques. Mais un jour elle découvre une épée dans des ruines... Serait-ce la fameuse épée de la légende ? La Reine elle-même semble courroucée par cette découverte et envoie Ania aux confins du Royaume....
L'épée est un conte de fantasy aux couleurs chatoyantes et aux multiples rebondissements qui présente toutes les caractéristiques du genre : démons, combats, magie, si ce n'est que la quasi totalité des protagonistes sont des femmes et que l'héroïne, la princesse Ania au caractère bien trempé, n'a aucunement l'intention de tomber dans les filets d'un prince charmant.
Confessions sur une jeunesse amoureuse agitée, cinq ans après les événements décrits dans Trop n'est pas Assez (Prix Révélation Angoulême 2011 et Prix Artémisia 2011).
Autriche, 1989. Ulli Lust a vingt-deux ans et vit désormais à Vienne où elle tente de faire carrière comme illustratrice tout en alternant petits boulots et aide sociale. Elle revient tous les week-ends chez ses parents, dans la campagne autrichienne, pour passer du temps avec son jeune fils, Philipp, qu'elle a eu à dix-sept ans suite à une rencontre sans lendemain. Ulli vit avec Georg, acteur dans une petite troupe de théâtre, limite dépressif et beaucoup plus âgé qu'elle. Suite à une rencontre dans un parc, elle s'engage dans une relation avec Kim, un jeune nigérien récemment arrivé en Autriche et une intense passion charnelle va se nouer entre eux. Mais Ulli tient à continuer sa relation avec Georg, tout en étant avec Kim... Ce nouvel opus autobiographique d'Ulli Lust est une réussite totale. On y retrouve son sens de la narration, le talent de cet auteur pour mettre en scène sa jeunesse, et sa capacité à transmettre aux lecteurs les émotions, les passions, les peurs qu'elle a elle-même ressenties il y a des années. Programmé pour une parution en octobre 2017 par la prestigieuse maison d'édition allemande Suhrkamp, Alors que j'essayais d'être quelqu'un de bien sortira dès le mois suivant en France.
Après sa remarquable bande dessinée FilmoGraphique qui était consacrée au cinéma, l'auteur écossais Edward Ross se penche sur l'histoire du jeu vidéo. Il brosse un portait approfondi de ce medium à travers l'histoire en remontant aux origines des tout premiers jeux joués par les hommes, puis l'apparition des premiers ordinateurs, des premiers jeux d'arcade, des premières consoles jusqu'aux innovations les plus récentes.
Edward Ross analyse l'influence des jeux dans notre société, sur nos comportements et il explique pourquoi ils nous fascinent tant, quels en sont les ressorts narratifs, techniques, scientifiques, et pourquoi tellement de joueurs y consacrent autant de temps. A travers une multitude de références, Edward Ross montre l'extraordinaire variété des jeux, des plus rudimentaires aux plus sophistiqués, du FPS au jeux de plate forme en passant par les jeux en ligne multijoueurs et les jeux de stratégie.
Edward Ross propose une vision synthétique et foisonnante, complétée par de très nombreuses citations de théoriciens, de créateurs et de journalistes spécialistes du domaine, s'appuyant sur des exemples allant de Grand Theft Auto aux jeux indépendants queer pour illustrer son propos. La Vie des jeux est une passionnante plongée dans un monde d'infinies possibilités.
Mana Neyestani est réfugié en France depuis 2011 après avoir dû s'enfuir d'Iran à cause d'un dessin, des événements qu'il a décrits dans son premier livre, Une Métamorphose Iranienne (çà et là/arte éditions, 2012). Dans Trois Heures, il raconte comment sa condition de réfugié lui pèse, condamné à ne pas pouvoir revenir dans son pays où il risque la prison à vie, tout en ne sentant pas encore chez lui en France.
Cette condition lui a été cruellement rappelée en 2017, au moment où il s'apprêtait à s'envoler pour le Canada pour rendre visite à son frère. Bloqué à l'aéroport par la compagnie aérienne qui ne savait pas comment traiter son titre de voyage de réfugié, Mana Neyestani s'est heurté à un mur d'incompréhension. Trois Heures détaille cette longue attente durant laquelle il ne peut que constater son impuissance et le peu d'attention accordée aux personnes dans sa position.
C'est aussi l'occasion pour cet homme timide qui n'ose jamais élever la voix ou défendre ses intérêts de se livrer à un exercice d'introspection. Un récit poignant, parfois drôle et tout le temps honnête, sur un homme forcé à l'exil mais dont le pays d'accueil le traite encore trop souvent comme un intrus.
1937, Tchécoslovaquie. Bohumil Balda est architecte dans la petite ville de Hradec Králové, non loin de la Pologne. Passionné par son métier, il suit les principes de l'architecture moderniste et tente d'insuffler une forme d'avant-garde dans tous ses projets. Balda se méfie comme de la peste des nazis et de leur rhétorique anti-moderniste, d'autant plus que son propre beau-père, qu'il exècre, est affilé au parti National-Socialiste.
Mais Balda se voit confier des travaux de plus en plus importants par la direction locale du NSDAP et alors qu'il réalise les premiers projets à son corps défendant, il bascule progressivement, fasciné par les projets délirants et grandioses du régime nazi. Il en vient à concevoir un bâtiment spectaculaire, une salle géante pour les allocutions des dignitaires nazis, le Soleil Mécanique, qui va provoquer sa disgrâce et sa chute finale.
Soleil Mécanique est une fiction inspirée par l'histoire turbulente de l'architecture européenne entre les années 1930 et 1940, une satire des délires de grandeur du régime nazi ainsi qu'un rappel des compromissions de certains artistes qui se sont fourvoyés avec le IIIe Reich. Deuxième livre de l'architecte polonais Lukas Wojciechowski remarqué pour son Ville Nouvelle en 2019, Soleil Mécanique montre l'impressionnante créativité de cet auteur dans ce nouvel opus également dessiné sous AutoCAD.
Hermann Karnau est acousticien, une sorte d'archéologue des sons. La voix humaine est son obsession. En 1940, il décide d'explorer systématiquement ce phénomène et, repéré par les nazis, met son savoir-faire au service du IIIe Reich. Dans sa frénésie de prouver que la langue allemande est « quelque chose que l'on a dans le sang depuis la naissance », Karnau enregistre des centaines de voix, passant du râle des mourants sur le front russe au gargouillis de gorges ouvertes au bistouri, et procède à des expérimentations scienti-fiques afin d'obtenir la voix aryenne la plus pure.
Sa position l'amène à fréquenter Goebbels, le ministre de la propagande nazie et plus particulièrement l'aînée de ses six enfants, Helga. En avril 1945, l'Armée Rouge est dans Berlin. Un dernier carré de notables s'enferme dans le bunker d'Hitler avec Karnau et la famille d'Helga. Les voix de l'acousticien et de l'adolescente se font écho jusqu'à la fin, quand Karnau enregistre les derniers instants des enfants assassinés.
"Ville Nouvelle" dévoile le quotidien d'une équipe d'architectes entre 1958 et 1977, ainsi que l'avancée de leur projet de reconstruction d'une ville européenne, à la suite des ravages de la guerre. Ce qui, au départ, devait être un chantier novateur, habité par la soif du progrès ainsi que le désir de s'affranchir du passé et de révolutionner le monde, prend progressivement mauvaise tournure. L'euphorie initiale fait place à l'abattement. Le futur qui avait été idéalisé devient une dure réalité qui déçoit. On fini par construire une ville où l'homme n'a plus vraiment sa place, où tout est robotisé. Mêmes les architectes sont remplacés par des machines et il ne reste plus personne pour servir le café...
Deux jeunes Mexicaines de province, toutes les deux nommées Susana, emménagent dans le même appartement du 22 de la rue Acacia à Mexico, à 50 années de distance. La Susana du présent démarre une carrière de graphiste dans une agence de communication où elle subit les frasques d'une boss tyrannique et se sent isolée. La Susana des années 1970 est dactylo dans un bureau mais rêve de devenir écrivaine et écrit des manuscrits qui sont systématiquement refusés par les éditeurs.
La vie de la Susana des années 2020 est bouleversée quand elle trouve une lettre qui lui est adressée, dissimulée dans un trou derrière le chauffe eau de l'appartement. Dans cette lettre, l'ancienne Susana raconte toute sa vie... Acacia 22 est le portrait croisé de deux femmes qui connaissent des vies similaires à un demi-siècle de distance. L'expérience de la plus âgée des deux, dont les ambitions seront toujours contrecarrées par la société de son époque, bénéficiera à la plus jeune.
Acacia 22 est l'oeuvre d'un jeune talent de la scène mexicaine, Edgar Camacho, qui montre une impressionnante maîtrise de la narration à travers ce récit à cheval sur deux époques, couplée à une inventivité débridée dans le découpage et la mise en scène qui font de cette bande dessinée une belle découverte.
Connu dans toute l'Amérique latine, Alberto Montt publie des dessins humoristiques depuis une douzaine d'années sur son blog Dosis Diarias qui reçoit jusqu'à 100 000 visites quotidiennes.
Fichtre ! rassemble plus de 150 de ces cartoons à l'humour complètement déjanté.
On y croise Dieu, le Diable, des vaches folles, des microbes dépressifs, des super héros qui tapent la discute au troquet et des hommes des cavernes accros aux réseaux sociaux...
Mon, un jeune ado thaïlandais, fait sa rentrée des classes dans un nouveau lycée professionnel où il ne connaît encore personne mais où il est fermement décidé à trouver une petite copine. En lieu et place d'une petite amie, il fait rapidement la connaissance de Tim, forte tête du lycée et guitariste fan des Ramones. Mon va se lier d'amitié avec Tim et il réussi petit à petit à s'intégrer dans son groupe d'amis. Désoeuvrés et très peu motivés par leurs études, les lascars vont chercher à monter un groupe de rock tout en tentant de survivre à l'ennui qui les submerge cette année-là.
Premier volume d'une trilogie consacrée à un trio d'ados, Juice permet de découvrir un nouveau pan du travail d'Art Jeeno, le jeune prodige de la scène thaïlandaise, dont çà et là a déjà publié Now en janvier 2018. Dans Juice, il met en scène le quotidien de ces ados thaïlandais sous pression, obligés d'être en uniforme au lycée et obnubilés par les filles, qui cherchent un exutoire à travers la musique occidentale. Dessinateur virtuose, Art Jeeno donne énormément de dynamisme à ses personnages volubiles et hyper expressifs, le trait vif et le découpage énergique étant au diapason de la véhémence de ces ados impulsifs.
Bronze Award aux International Manga Awards de 2014.
Un père et son fils arpentent un paysage brûlé et abandonné. Ils sont en route vers la mer. Ou bien peut-être y sont-ils déjà allés ? Peut-être ne cherchent-ils qu'à trouver le bonheur. Leur faudra-t-il traverser l'enfer pour y parvenir ou tout ça n'est-il qu'un rêve ? Un rêve sans fin ni commencement. Un rêve dans lequel un père et son fils explorent non seulement un paysage déserté mais aussi leur propre paysage intérieur, bardés de toutes leurs questions... des questions le plus souvent sans paroles.
Dans Le dernier sel noir, Henrik Lange s'est inspiré de Pär Lagerkvist, célèbre écrivain suédois Nobel de Littérature en 1951, et plus précisément de poèmes tirés du recueil Pays du Soir et de nouvelles de Contes cruels. Henrik Lange a ensuite versé le tout, et lui avec, dans le roman de Cormac McCarthy, La route, pour finir par assaisonner la mixture d'une pincée de théâtre de l'absurde et d'une goutte de La divine comédie de Dante. Le résultat est l'histoire d'un cheminement vers la lumière.
Dans ce deuxième volume de la trilogie Juice, Art Jeeno continue d'explorer le mal-être de jeunes thaïlandais qui se sentent bloqués dans un système rigide. On y retrouve Tim et Mon, le duo de lycéens fauteurs de troubles du premier volume. Tim s'est assagi et est en froid avec son ancien groupe d'amis. Il a abandonné son projet de monter un groupe en vue de participer à un tremplin musical et a planté les organisateurs du défilé scolaire dont il devait faire partie.
Un jour, il tombe par hasard sur Nim, une jeune fille qui était son amie à l'école primaire et qui vient de se faire plaquée par son petit ami. Les deux ados mal dans leur peau vont se mettre ensemble, amenant progressivement Tim à se poser des questions sur ce qu'il veut réellement faire. De son côté, Mon qui poursuit envers et contre tout le projet de groupe de rock a décidé de se mettre à la batterie et s'avère étonnamment doué.
Les deux comparses décident finalement de former un duo et parviennent à convaincre l'administration scolaire de les laisser jouer au lycée de filles où étudie Nim. Tout ne va pas se dérouler exactement comme prévu...
Peter Kuper adapte en bande dessinée quatorze histoires de Franz Kafka ! L'univers de Kafka sied à merveille à cet auteur américain engagé contre les régimes autoritaires et observateur attristé de l'absurdité du monde contemporain. Kuper est également un adepte de la carte à gratter, une technique particulièrement pertinente pour évoquer des ambiances oppressantes. Il a commencé à adapter Kafka dès 1988. Un premier recueil de neuf nouvelles a été publié en 2004 aux éditions Rackham (épuisé), avec son adaptation de La Métamorphose. Le présent recueil comporte cinq autres histoires, dont La colonie pénitentiaire.
« Alors que notre monde mérite de jour en jour davantage l'adjectif kafkaïen, les messages que Kafka nous souffle à l'oreille et entre les cases prennent un sens renouvelé. »
Rob et Louise, deux jeunes trentenaires d'une petite ville anglaise des West Midlands, en plein centre de l'Angleterre, sont sur le point de se marier lorsqu'ils sont licenciés par la manufacture de faïences qui les employait tous les deux. Rob et Louise réagissent très différemment. Elle entame tout de suite des recherches pour trouver un autre emploi. Lui n'accepte pas son licenciement, se refuse à changer d'employeur, et encore plus de métier. En plein déni, il cache son licenciement à sa famille et à ses amis et sombre dans la dépression. Leur relation se dégrade au fur et à mesure jusqu'à peut-être menacer leur couple.
Initialement publié dans la collection Casterman écritures il y a 15 ans et depuis longtemps indisponible, Breakfast After Noon est le premier roman graphique d'Andi Watson publié en France. On retrouve la patte de cet auteur sensible à la peinture des relations amoureuses et au réalisme social et en toile de fond la crise économique du post-thatcherisme qui a frappé de plein fouet les régions industrielles anglaises. Avec la publication de Breakfast After Noon, la totalité des oeuvres de cet auteur anglais incontournable est désormais au catalogue des éditions çà et Là, avec Slow News Day, Rupture, Little Star et Points de Chute.