Un premier roman qui célèbre ce monde vivant et ce territoire que nous voudrions transmettre, intacts, dans toute leur splendeur, à celles et ceux qui viendront après nous.
Koksoak ! Koksoak ! On dirait le cri du corbeau. Ainsi se nomme le fleuve qui traverse Kuujjuaq. C'est là que Guillaume a décroché son premier emploi de professeur. D'abord, il a survolé un pays qu'il croyait aimer mais dont il ignorait tout. Puis il y a eu ces douze adolescents inuits, capuchons sur la tête, qui le fixaient en silence. Ce n'est qu'après que sont venus les expéditions de chasse, là où le caribou se fait de plus en plus rare, et, au beau milieu de la nuit, le match de hockey le plus âprement disputé qu'il ait jamais joué... Guillaume comprend que, un jour pas si lointain, ses enfants reviendront en pleurs de la forêt, parce que les bulldozers seront juste derrière la tente. Il ne saura quoi leur dire. Il n'aura que le silence du Nord à leur offrir
Jamaïque, petit village de pêcheurs. Une famille : la mère, Dolores, qui vend des pacotilles aux touristes américains. La fille aînée, Margot, qui ne recule devant rien pour avoir le droit à une autre vie. Et Thandi, encore adolescente, à la fois brillante étudiante et jeune fille en plein désarroi. Trois femmes "empêchées", à la fois d'être ce qu'elles veulent, mais aussi de faire preuve de tendresse ou de sincérité, au risque de paraître faibles. Or ce qu'elles ont de commun, c'est leur force. Avec ce premier roman, Nicole Dennis-Benn évoque tout à la fois la dynamique explosive des relations familiales et amoureuses, la sexualité, l'homophobie, la prostitution, le racisme, mais aussi la vie de la classe ouvrière jamaïcaine et l'aspect destructeur du tourisme. Un grand roman social.
Le héros de cette utopie publiée à Moscou en 1920 se réveille en 1984 dans une Russie où la dictature du prolétariat a laissé place à une démocratie paysanne. Les villes ont été soumises à une « désurbanisation » drastique, l'initiative personnelle est encouragée, la culture partout répandue, les traditions du passé coexistant avec les innovations techniques. Le héros découvre cette utopie anticollectiviste en compagnie d'une belle utopienne... Suspect, il est arrêté, puis libéré.
Le voyage initiatique d'un homme à travers la Chine bouleversée par la Révolution culturelle, mais toujours immensément attachée à ses traditions millénaires. Un texte d'une veine épique et d'une écriture moderne, et le premier roman d'un dramaturge et essayiste. Gao Xingjian, prix Nobel de littérature en 2000, est également dramaturge, metteur en scène et peintre. Son oeuvre foisonnante en fait l'un des plus grands créateurs de notre temps.
A A'Samar. J'aime la nuit. D'ailleurs c'est la nuit que je suis née. C'était un samedi. On s'en souvient tous. Le problème avec la Nuit. C'est que la Nuit y a personne pour emmener maman à l'hôpital. Parce que papa est à la mine, au travail de nuit". Le soir tombe sur les corons du nord de la France, et une fratrie se presse devant l'écran de télévision. Soudain apparaît le visage attendu ? : celui du père.
Qu'y raconte-t-il ? A l'époque, personne ne s'en soucie vraiment. Ce n'est qu'une fois adulte qu'Hannah, devenue enseignante et aux prises avec les règles imposées, découvrira l'histoire incroyable de son père et d'un groupe d'hommes venus du sud du Maroc pour travailler dans les mines de charbon.
Patsy est une jeune femme jamaïcaine, coincée entre une mère obsédée par la religion et une petite fille qu'elle ne sait pas tout à fait comment aimer. Son obsession est de quitter l'île pour l'Amérique, terre de libertés, et aussi - surtout ? - le pays où s'est exilée Cicely. La meilleure amie d'enfance, mais aussi l'amour secret, l'objet de tous les désirs. Cicely et Amérique se confondent dans l'esprit souvent torturé de Patsy, qui finit par obtenir un visa et traverse l'océan, laissant tout derrière elle.
Sauf que ni Cicely ni l'Amérique ne tiendront leurs promesses, et c'est une existence rude et violente qui attend Patsy. Une représentation obsédante de l'immigration et de la féminité, des fils silencieux de l'amour qui s'étendent à travers les années et les océans du monde entier.
Après Rends-moi fière, premier roman remarquable et remarqué lors de la dernière rentrée littéraire, Nicole Dennis-Benn revient avec un texte encore plus puissant, explorant des vies de femmes à la fois fêlées et courageuses, entre Jamaïque et Amérique. Magistral.
"secrets de famille", rugit lambert, fouillant dans les paperasses d'un tiroir autrefois fermé à clef.
Tout est dans la famille. bienvenue à triomf, misérable banlieue blanche de johannesbourg érigée sur les ruines de sophiatown, le ghetto noir rasé par les bulldozers de l'apartheid et dorénavant résidence de mol, pop, treppi et lambert - sans oublier chiens, carcasses de voiture et frigos, éléments intrinsèques de cette famille benade complètement paumée. et pourtant le rire n'est jamais loin des larmes, alors que scènes loufoques et paroles profondes se croisent sans cesse sous les yeux ébahis du lecteur captivé tant par l'histoire (les histoires) que par l'écriture de marlene van niekerk, faite de cynisme et de tendresse, de cruauté et de compassion.
Triomf, roman dont l'intrigue se déroule à la veille des premières élections démocratiques en afrique du sud, a déjà paru dans tous les pays anglo-saxons et a reçu la plus prestigieuse récompense littéraire du continent africain, le prix noma, en 1995.
Ce livre de karel capek, paru à prague en 1929, est une véritable petite merveille, et non un " pensum " d'horticulture comme son titre pourrait le faire croire.
En effet, il suffit de regarder les dessins de josef capek -le frère de karel- qui l'illustrent, pour saisir tout l'humour, la tendresse et l'originalité de l'ouvrage.
Fleurs et plantes sont bien présentées avec la rigueur de spécialiste, mais un spécialiste qui est aussi poète : et qui mieux que le poète peut nous faire sentir les fleurs, humer la terre et respirer la beauté d'un jardin ?
Mois par mois, tel un almanach, karel capek nous propose de saisir notre jardin à pleines mains, pour en faire notre paradis ! nous sommes heureux de vous proposer de très délicieux moments.
Une histoire d'amitié entre un vieux luthier et un petit garçon dans un monde de musique, avec Sofi a pour toile de fond, vibrant au son des anecdotes du quotidien.
" Tu n'es pas un dragon, tu n'es pas un insecte, tu n'es ni l'un ni l'autre, ce non-être, c'est toi (...
) ; tu n'es rien d'autre qu'un message de la vie, une expression, une parole dite envers le non-être.
Tu as écrit ce livre pour toi, un livre sur la fuite, le Livre d'un homme seul, tu es à la fois ton Seigneur et ton apôtre, tu ne te sacrifies pas pour les autres et tu ne demandes pas qu'on se sacrifie pour toi, voilà, c'est on ne peut plus équitable. Le bonheur, tout le monde le désire, pourquoi n'appartiendrait-il qu'à toi ? " Gao Xingjian nous lance ce message sans concession : tel qu'en lui-même son personnage se souvient, petit garçon en Chine, individu pris dans les rêts d'un système politique impitoyable, et homme enfin accueilli en Occident.
Après La Montagne de l'âme (1995), Gao propose une nouvelle oeuvre magistrale : douceur des souvenirs et de l'enfance, amours et violence politique, érotisme même, se mêlent sans fin dans cet étonnant roman, somme de la vie d'un seul homme, témoignage essentiel et sublime objet de littérature..
Dans la communauté très unie du Paradis, un bidonville délabré caché au milieu des gratte-ciels luxueux de Bangalore, cinq jeunes filles à l'aube de l'âge adulte forgent des liens indestructibles. Musulmanes, chrétiennes, hindoues, homosexuelles ou hétérosexuelles, toutes pleines de vie, ces filles s'aiment, s'acceptent sans réserve et partagent le peu qu'elles possèdent. Jeunes femmes marginalisées, elles sont déterminées à se transcender. Lorsque le gouvernement local décide de raser leurs huttes de tôle afin de construire un centre commercial, les filles et leurs mères s'y opposent. Ensemble, elles partent en guerre contre les bulldozers envoyés pour détruire leurs maisons et contre la municipalité qui aimerait que les familles comme les leurs restent à jamais cachées !
Chabname est une petite fille comme les autres. à Kaboul, Afghanistan.
Invasion soviétique, riposte des Talibans.
1991 : Les parents de Chabnane décident que Spojmaï, la mère, et leurs deux filles quittent le pays pour se réfugier en France. Le drame pour Chabname, c'est qu'il lui faut libérer ses poissons rouges !
Passage des frontières, arrivée à Montpellier ou la petite fille deviendra grande - au point un jour de rentrer à Kaboul où, bien sûr, plus rien n'est comme avant.
Chabname Zariab nous propose ici son premier roman, vision de l'exil d'une enfant de six ans. L'autobiographie d'une terrible réalité racontée avec fraîcheur, intelligence aigue et humour décapant. En digne fille de sa mère Spojmaï Zariab, Chabname se révèle écrivain.
« Depuis trois jours, je vois des vieux Arabes partout. Des vieux seulement, partout. Rien n'a changé à Saint-Denis depuis que tu es parti, ils ne sont pas plus nombreux, ils ne font pas plus de bruit. Rien n'a changé et pourtant ils sont là. Avec leurs corps tordus et leurs yeux vides. Avec leurs mines grises et leurs pieds qui traînent. Leurs vêtements d'hiver toute l'année. Ils ont envahi la ville, lentement, en silence. On se cogne à eux presque et ils ne lèvent même pas la tête. Je comprends les Français maintenant, quand ils passent, on n'a qu'une envie, c'est de leur crier : Crouillat, rentre chez toi ! et eux, ils descendent du trottoir, ils marchent dans le caniveau pour céder le passage. Je vois ceux-là et tu me manques. Ton silence comme le leur me manque. » Un roman écrit dans une langue magistrale, où tous les mots sonnent juste, pour nous raconter une histoire terrible et belle : celle d'un amour d'une fille pour son père, pour les semblables à son père, pour le pays de son père.
Un jeune homme est mort, noyé dans la Seine. Son corps est emmené à Fès où ses proches veillent sur lui pendant quarante jours en attendant l'arrivée de ses parents, partis à la Mecque. Durant ces quarante journées, il entend tout et comprend tout de ce qui se passe autour de lui. Il raconte ces moments étranges où sa famille, ses amis, ses amours, parlent de lui.
Une famille norvégienne part célébrer les 70 ans de son patriarche en Italie. Sur le papier, tout cela semble idyllique. Sauf que c'est ce séjour que choisissent les parents/grands-parents pour annoncer leur divorce. Le ciel tombe sur la tête de leurs trois enfants, adultes plus ou moins établis dans leurs vies personnelles et professionnelles, et qui se retrouvent tout à fait démunis en voyant se défaire le couple parental. Helga Flatland choisit astucieusement ce point de départ pour dresser un portrait de famille incroyablement attachant, drôle et réaliste. Au passage, elle nous questionne sur ces familles transgénérationnelles, l'évolution des valeurs éducatives... et, pour le lecteur francophone, elle offre une immersion réjouissante dans une famille osloïte.
1981. Omar et Elda fuient le Mexique pour les Etats-Unis. Mais il n'y a pas que la traversée de la frontière qui s'avère dangereuse... et ils ne sortiront pas indemnes de ce périple clandestin. 2012. Isabel épouse Martin, le jour de la Fête des morts. Lui apparaît alors le fantôme d'un homme qu'elle n'a jamais rencontré. Il lui dit être le père de son mari. Il souhaite qu'elle l'aide à renouer le contact avec les siens, qui l'ont tellement rejeté qu'il n'arrive pas à les atteindre.
Par la suite, Omar apparaît ce jour-là à Isabel, et se livre à elle. Dans le monde des vivants, la jeune femme tâche de dénouer les noeuds, de recoller les morceaux, afin que chaque membre de cette famille meurtrie puisse trouver un certain apaisement... y compris ceux qui sont morts depuis longtemps. "Un roman magnifiquement écrit qui m'a totalement captivée". Roxane Gay, auteure de Bad Feminist "Sylvester brosse un tableau mémorable de l'existence précaire et des choix difficiles auxquels font face les sans-papiers en Amérique".
Publisher's Weekly "Dans son oeuvre, Sylvester s'intéresse peu aux révélations et aux fins heureuses... Comme ses parents restés vagues sur les raisons de leur émigration, C'était le jour des morts joue avec l'incertitude et refuse les réponses faciles". The Village Voice "Un roman visionnaire qui aborde les questions de la séparation des familles, du laborieux passage d'un pays à un autre et des sacrifices que nous sommes prêts à faire en échange d'un avenir meilleur".
Houston Chronicle
«?Personne n'échappe à cette toile d'araignée tant il faut de courage pour admettre qu'il est impossible de vivre avec les gens dont on partage le patrimoine génétique et dont on imagine qu'ils nous ressemblent ».
Vous avez aimé Six Feet Under?? Vous vous passionnez désormais pour Succession?? Alors vous allez adorer Mensonges et privilèges?!Le temps d'une journée, les rivalités et les haines vont faire basculer le destin de cette fratrie d'une famille de notaires rouennais - alors que la succession du chef de clan rouvre des plaies jamais refermées... Comme disait Léon Tolstoï, «?chaque famille malheureuse l'est à sa façon?». Le malheur des Lambert est noir et souvent mesquin. Le récit file à un rythme effréné, offrant une galerie de personnages aussi incarnés que saisissants. Les fils de l'intrigue se rejoignent dans un final dramatique, occasion de révéler des secrets inavouables. Car si toutes les familles ont bien une chose en commun, ce sont les secrets...
Un roman qui s'inscrit dans la grande tradition littéraire française des histoires de famille pour offrir une critique sociale de notre époque, via une plongée dans cette bourgeoisie provinciale, crispée sur ses privilèges et tirant une solide arrogance de son statut alors qu'autour d'elle, le monde change à grande vitesse. Résolument drôle et cinglant.Pierre Sérisier est journaliste et écrivain. Auteur du blog Le Monde des Séries, il enseigne à l'École supérieure de journalisme de Sciences-Po de Lille et est cofondateur du Paris Podcast festival.
N.
Camille apprend que son père est atteint d'un cancer : la tumeur essaime à toute vitesse et trace sa route dans le corps qui tente de se défendre. Au même moment, les autorités donnent leur aval à un chantier routier qui va détruire le massif du Meygal et le vivant qui s'y niche. Ce roman est l'histoire d'une double lutte : la scène publique, où un petit monde militant s'acharne à porter les voix de la montagne et à faire vivre les solidarités abîmées ; la scène privée, qui réunit père et fille dans le combat contre une malade qui révèle les échecs d'une vie soumise au travail. La résistance de la jeune femme, prise en étau entre deux fronts, ouvre peut-être une chance de renaître au pays des sucs volcaniques, raconté dans ses rythmes et ses couleurs, son abondance et sa précarité.
Dans un futur proche, la contre révolution conservatrice l'a emporté, la laïcité et le féminisme ne sont même plus répertoriés dans les encyclopédies en ligne. Les « délatrices » de Me Too sont emprisonnées, les Femen sont les gibiers favoris des chasses du vieux Poutine et le feminicide est dépénalise. Les quotas F. limitent l'accès des femmes aux espaces de pouvoir. Le mariage et la prostitution sont les seules issues pour celles qui ont de l'ambition. Tokiko voit le jour dans ce monde.
Elle est programmée dès la naissance pour devenir geisha. Son corps et ses compétences lui assurent un avenir radieux. Elle connaît sa valeur. À l'achat, elle est le produit de consommation le plus cher du monde. Seulement, Tokiko n'est pas une femme comme les autres, elle n'a ni parents ni famille, juste un créateur, Malenki Krum. Produites en séries, les soeurs de Tokiko pourraient assurer la fortune des financiers du projet de Krum. Mais Malenki a conçu sa Tokiko comme un modèle unique, émancipé et libre. C'est cette errance vers l'humanité qu'elle nous raconte. Une errance dans laquelle Tokiko n'est jamais seule. D'autres femmes l'accompagnent, de vraies femmes, esclaves ou dissidentes, mais aussi toutes les autres, celles qui vivent en elle dans ses mémoires de machine, et qui guident ses pas.
1962. Indépendance de l'Algérie. Lilas et Ali entrent au collège où ils apprennent avec stupeur qu'il est désormais interdit d'utiliser le crayon rouge. En effet :
Puisque le papier reste blanc et l'encre bleue, les corrections se feront donc en vert. Il n'est pas question de maintenir le « bleu blanc rouge », drapeau honni de la colonisation ! Dans l'euphorie de la liberté retrouvée, l'avenir est à portée de mains, plein de promesses et d'espoirs.
1992. Le Fis gagne les élections dans une Algérie plongée dans « l'ombre de la grande désillusion ».
À travers le récit alterné de ses deux héros, Maïssa Bey remonte l'Histoire, avec ses découvertes et ses héritages - et la terrible mission d'être la première génération libérée du joug colonial. Comment faire coexister modernité et traditions ?
Elle doit monter une pièce de théâtre. Finir sa thèse. Lancer une machine. Régler des comptes ancestraux avec les pères et les patrons. Faire la révolution - tout en changeant la couche de Petit Chose. Au passage, casser la figure à Maman Ourse et tordre le cou à la famille idéale. Réussir les gâteaux d'anniversaire. Retrouver la Dame de secours. Croire à nouveau en l'Autre ? Comme toutes les femmes contemporaines, la narratrice de ce roman est très occupée. Découvrant sur le tas sa nouvelle condition de « maman solo », elle jongle avec sa solitude sociale, sa solitude existentielle, et s'interroge sur les liens invisibles entre batailles intimes et batailles collectives.
Ce livre narre le parcours d'un jeune architecte, Fiodor, qui connaît un certain succès dans sa carrière et mène une vie de couple harmonieuse. jusqu'à ce que sa femme, après avoir mis au monde un enfant trisomique, s'évapore dans la nature.
C'est donc ce face à face entre un père désemparé et maladroit et son fils, imprévisible et attachant, que Alexandre Sneguiriev nous raconte. Un jour, Vania vole un portrait de femme, la Vénus de pétrole, dans le coffre de la voiture accidentée d'un peintre célèbre. Il refusera de s'en séparer et dès lors, une série de faits extraordinaires lui arrivent, resserrant ses liens avec son père.