« Terre inachevée jusqu'à la perfection / Nature à l'état brut toujours en gestation / Se façonnant au rythme des colères du vent / Le Sahara se surprend à rêver / qu'il fut un jour une immense mer » Ourida Nekkache « Tu cours sur la dune, éperdue et radieuse, silhouette sombre nimbée de lumière. / Tu lèves les bras et, dans cet envol, dans un flot de lumière rouge et crissant, tu viens à moi / toi ma folie dansante, toi ma solitaire et toute nue venant à moi [...] » Maïssa Bey Poésie, images, vertige des mots et des sens, fusion des êtres et des éléments, Sahara, mon amour est une superbe déclaration de deux femmes à l'une de leurs puissantes certitudes, ce désert qui bruisse de vie et qui, sans cesse, change au gré de sa minérale éternité.
Si le narrateur est présent à chaque page, c'est cette partie de l'Asie constituée essentiellement par l'Inde, mais aussi le Népal et le Tibet, qui est l'héroïne absolue de ce merveilleux récit. Avec sa nourriture immangeable pour le vulgum pecus coréen (et nous alors ?), ses pickpockets, son incommensurable crasse, ses vaches sacrées, ses grands Sages, son absence de papier Q, ses auberges improbables et surtout son extraordinaire fatalisme - qui m'a fait souvent hurler de rire, avant même d'essayer d'en comprendre la leçon - ce monde si lointain, dans tous les sens du terme, nous touche droit au coeur et remet parfois solidement en cause nos valeurs tellement occidentales.