Avec l'enthousiasme, l'audace et l'érudition qui ont fait le succès d'On n'y voit rien, Daniel Arasse invite son lecteur à une traversée de l'histoire de la peinture sur six siècles, depuis l'invention de la perspective jusqu'à la disparition de la figure.
Évoquant de grandes problématiques - la perspective, l'Annonciation, le statut du détail, les heurs et malheurs de l'anachronisme, la restauration et les conditions de visibilité et d'exposition - mais aussi des peintres ou des tableaux précis, il fait revivre avec perspicacité et ferveur plusieurs moments clés, comme Léonard de Vinci, Michel-Ange, le maniérisme, ou encore Vermeer, Ingres, Manet. Son analyse se nourrit constamment d'exemples concrets - La Madone Sixtine de Raphaël, La Joconde, la Chambre des époux, de Mantegna, Le Verrou de Fragonard... - avant de conclure sur quelques aspects de l'art contemporain.
Le lecteur retrouvera le goût de mieux voir de grands épisodes de la peinture, grâce à une approche sensible et ouverte. Toujours il sera surpris, réveillé, entraîné dans un véritable enchantement d'intelligence et d'humour.
Ce livre est la transcription de vingt-cinq émissions proposées par l'auteur sur France Culture pendant l'été 2003.
Quels sont les pouvoirs de la couleur ? Comment agit-elle sur notre conscience profonde ? Quelle est la situation créatrice de l'homme dans notre société actuelle ?Écrit en 1910 alors que l'artiste venait de peindre son premier tableau abstrait, nourri des observations et des expériences accumulées peu à peu, ce livre compte parmi les textes théoriques essentiels qui ont changé le cours de l'art moderne.
John Dewey (1859-1952) est un des piliers du « pragmatisme ». Au centre de cette tradition, il y a l'enquête, c'est-à-dire la conviction qu'aucune question n'est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle.
Dewey a porté cette notion d'enquête le plus loin : à ses yeux, il n'y a pas de différence essentielle entre les questions que posent les choix éthiques, moraux ou esthétiques et celles qui ont une signification et une portée plus directement cognitives. Aussi aborde-t-il les questions morales et esthétiques dans un esprit d'expérimentation - ce qui tranche considérablement avec la manière dont la philosophie les aborde d'ordinaire, privilégiant soit la subjectivité et la vie morale, soit les conditions sociales et institutionnelles.
Dans L'art comme expérience, la préoccupation de Dewey est l'éducation de l'homme ordinaire. Il développe une vision de l'art en société démocratique, qui libère quiconque des mythes intimidants qui font obstacles à l'expérience artistique.
Ce recueil est largement inspiré, dans sa composition, de Meaning in the Visual Arts (1957) dont l'auteur avait souhaité une adaptation au public français.
«L'histoire de l'art est une discipline humaniste» définit les trois niveaux de signification d'une oeuvre et leur donne pour principe de contrôle une histoire des styles, des types et des symboles ; «L'histoire de la théorie des proportions humaines», conçue comme un miroir de l'histoire des styles, applique la méthode à l'analyse d'un schème structural particulier.
«Artiste, savant, génie» (1962) peut apparaître comme la dernière synthèse de la pensée de l'auteur sur la Renaissance. Tandis que des deux articles qui le suivent, l'un, «Le premier feuillet du Libro de Vasari», montre la façon dont cette époque, la Renaissance, a pris conscience d'un style, le gothique, qu'elle tenait pour extérieur à elle-même, l'autre, «Deux projets de façade par Beccafumi», est, sur le maniérisme dans l'architecture du XVIe siècle, une discussion sur les principes qui, aujourd'hui, permettent de caractériser un style.
Les trois derniers essais, «Dürer et l'Antiquité», «L'allégorie de la Prudence chez Titien» et la merveilleuse étude sur Poussin et la tradition élégiaque, "«Et in arcadia Ego», offrent, parvenus à leur point de perfection, les chefs-d'oeuvre de l'interprétation iconographique.
Les couleurs existent-elles dans les choses ou n'ont-elles deréalité que dans notre regard ? Sont-elles matière ou idée ? Entretiennent-elles les unes avec les autres des rapports nécessaires ou sont-elles seulement connues de manière empirique ? Y a-t-il une logique de notre monde chromatique ? Pour répondre à ces questions, Claude Romano convoque l'optique, la physique, les neurosciences, la philosophie et la peinture.
En retraversant certaines étapes décisives de la réflexion sur ces problèmes (de Descartes à Newton, de Goethe à Wittgenstein, de Schopenhauer à Merleau-Ponty), il développe une conception réaliste qui replace le phénomène de la couleur dans le monde de la vie et le conçoit comme mettant en jeu notre rapport à l'être en totalité : perceptif, émotionnel et esthétique. L'auteur fait ainsi dialoguer la réflexion théorique et la pratique artistique. C'est parce que la couleur touche à l'être même des choses, en révèle l'épaisseur sensible, que la peinture, qui fait d'elle son élément, est une opération de dévoilement.
Publié en 1926 durant l'époque où Kandinsky est professeur au Bauhaus, Point et ligne sur plan est la suite organique de Du spirituel dans l'art. Après la théorie des couleurs, Kandinsky présente sa théorie des formes qui participe de la même rigueur et de la même volonté de constituer le langage des moyens purs de l'art qui, au-delà des apparences, va parler à l'âme humaine.Dans ce texte capital et souvent mal compris, Kandinsky pose les bases de la future science de l'art, clef pour un art abstrait authentiquement prophétique.
Londres, l'hiver. Aller à la rencontre de Francis Bacon, entamer l'ultime dialogue auquel il a consenti. Pourtant il dira : «On ne peut parler de peinture. On ne peut pas.» Prévenance de géant, humilité du labeur. Or il parlera, autrement qu'attendu mais il parlera, dans le clair-obscur de l'atelier, au détour de la rue, dans la nuit des pubs, jusqu'à retourner les questions. L'enfance, les amis et les rencontres, l'art et la création, encore et toujours le travail : il ne le sait pas - nul ne peut alors le savoir - mais à quelques semaines de sa disparition, il compose le plus libre et le plus étonnant des témoignages cousu en coin de sa vie, posé en regard de son oeuvre. À travers le mythe transparaît enfin l'homme. Et Bacon, qui aura dominé la peinture dans ce siècle et par-delà, délivre sans compter ce qu'il nous faut nommer son testament.
En dépit de la prolifération des publications dont le paysage fait l'objet depuis une quarantaine d'années, nous manquons d'un véritable traité théorique et systématique. Le livre d'Alain Roger comble ce vide.
L'auteur s'attache à exposer, dans une langue accessible au plus large public, les principales questions que soulève, aujourd'hui, la notion, si maltraitée, de «paysage». On trouvera donc ici une histoire du paysage occidental - Campagne, Montagne, Mer -, ainsi qu'une réflexion sur les débats qui divisent actuellement les spécialistes : quels sont les rapports du paysage et de l'environnement? Qu'en est-il de cette mort annoncée du paysage? Quelle politique convient-il de mener dans ce domaine?
L'ouvrage est engagé. Il dit son refus de tous les conservatismes. Il se veut aussi ludique - le paysage peut-il être érotique? - et, surtout, optimiste. L'hommage aux artistes qui, siècle après siècle, ont inventé nos paysages se double d'une confiance fervente en tous ceux qui poursuivront cette aventure esthétique, à condition que nous ne restions pas prisonniers d'une conception frileuse et patrimoniale du paysage.
«Comme il arrive qu'un lecteur à demi distrait crayonne aux marges d'un ouvrage et produise, au gré de l'absence de la pointe, de petits êtres ou de vagues ramures, en regard des masses lisibles, ainsi ferai-je, selon le caprice de l'esprit, aux environs de ces quelques études d'Edgar Degas.Ceci ne sera donc qu'une manière de monologue, où reviendront comme ils voudront mes souvenirs et les diverses idées que je me suis faites d'un personnage singulier... Cependant qu'au regard naïf, les oeuvres semblent naître de l'heureuse rencontre d'un sujet et d'un talent, un artiste de cette espèce profonde, plus profond peut-être qu'il n'est sage de l'être, diffère la jouissance, crée la difficulté, craint les plus courts chemins.»Paul Valéry.
Présenté dans un ordre chronologique, l'ensemble des critiques d'art d'Apollinaire permet de se former un jugement indépendant sur ses idées esthétiques, sa compétence et son rôle dans le développement de l'art moderne. En outre, ses écrits, en tant que chroniques, nous font revivre jour par jour l'époque la plus animée, la plus héroïque du XX? siècle.Les textes s'échelonnent de 1902 à 1918. On y découvre constamment un grand esprit, un grand poète et un homme de goût, ce qui n'empêche nullement le piquant, la fraîcheur et l'imprévu. La critique de Guillaume Apollinaire, en effet, était souvent subjective, impressionniste ; il n'hésitait pas à dire avec candeur : «J'aime ce tableau», ou : «Je trouve ce tableau détestable.» À l'analyse rigoureusement intellectuelle, il préférait l'impression lyrique, et «son génie de critique», comme l'a remarqué André Salmon, «était inséparable de son génie de poète».
La légitimité culturelle et artistique de la photographie est récente. Longtemps tenue pour un simple outil dont on se sert, elle est désormais, dans les galeries et musées, contemplée pour elle-même.Apparue avec l'essor des métropoles et de l'économie monétaire, l'industrialisation et la démocratie, elle fut d'abord l'image de la société marchande, la mieux à même de la documenter et d'actualiser ses valeurs. Mais si elle convenait à la société industrielle moderne, elle répond aujourd'hui difficilement aux besoins d'une société informationnelle, fondée sur les réseaux numériques.La photographie est donc l'objet de ce livre : dans sa pluralité et ses devenirs, du document à l'art contemporain ; dans son historicité, depuis son apparition, au milieu du XIX? siècle, jusqu'à l'alliage présent «Art-photographie» qui conduit André Rouillé à distinguer «l'art des photographes» de «la photographie des artistes».
Cet ouvrage, paru en 1983, est très vite devenu un classique contemporain, tant après lui nombre se sont engagés dans la brèche de cette première vraie critique de la modernité artistique.
Le constat demeure aujourd'hui encore lucide : depuis les années 1950 se sont multipliés aussi bien les musées d'art moderne que les écrits qui lui sont consacrés. Mais jamais on a aussi peu peint, jamais on a aussi mal peint. La pullulation d'objets hétéroclites qui ne ressortissent à l''art' que par l'artifice du lieu qui les expose et du verbe qui les commente amène à poser la question : vivons-nous le temps d'un moderne tardif, au sens où l'on parle d'un gothique tardif ?
Quelles sont les causes de ce déclin? En transposant dans le domaine des formes le propos millénariste des Révolutions, la théorie de l'avant-garde a peu à peu fait entrer la création dans la terreur de l'Histoire. De ce point de vue, le primat de l'abstraction imposé après 1945 aux pays occidentaux n'est que la figure inverse de l'art d'État que le réalisme socialiste a imposé aux pays soviétiques. Elle a entraîné une crise des modèles : inverse de celle du néo-classicisme qui rejetait la perfection de l'art dans le passé, elle a projeté dans le futur une perfection désormais inaccessible dans le temps. Elle a aussi entraîné une perte du métier : le n'importe-quoi, le presque-rien, l'informe et le monstrueux comme variétés de l'hybris moderne redonnent à la querelle de l'art comme savoir-faire ou comme vouloir-faire une singulière actualité.
Qu'est-ce que l'art abstrait ? On connaît, croit-on, la réponse : c'est le non-figuratif et il naît du côté de Kandinsky vers 1913.
La réalité, pourtant, est autre. D'abord, parce que le débat sur l'abstraction est antérieur à l'émergence de l'art abstrait. Nourri par les arguments pour ou contre le fauvisme, le terme, qui circule dans les acceptions les plus diverses, de Cézanne à Derain, de Matisse à Braque, de Van Gogh à Kandinsky, renvoie à d'autres domaines, où il a surgi : la philosophie, l'esthétique, les sciences physiques ou bien encore l'optique physiologique.
Étudier au plus près des oeuvres et des écrits des peintres comme de la réception critique, la migration du terme et les significations nouvelles dont il se charge, permet à Georges Roque de saisir l'art abstrait sous une lumière tout à fait autre. Dépassant les deux écoles très historiques dans leur approche (l'esthétique ou formaliste : en épurant les couleurs, les peintres ont atteint l'abstraction ; la spiritualiste ou absolutiste : en devenant visionnaires, les peintres ont atteint l'essence), il révèle l'abstraction comme une grammaire de la ligne et de la couleur, dont il nous permet de redécouvrir la fraîcheur des signes.
Sur le modèle de ses Entretiens avec Francis Bacon ( Folio essai n° 289, ventes nettes à ce jour : 41114 exemplaires) , Michel Archimbaud s'entretient avec l'un des plus grands et des plus prestigieux musiciens de notre temps. Mais aussi l'un des plus « abstraits » dit-on :
Il est bien difficile de trouver dans sa musique, comme il l'avoue lui-même, des éléments un tant soit peu personnels, « l'arrière-histoire » , aurait dit René Char, de l'une des démarches créatrices les plus radicales du siècle.
Ces conversations à bâtons rompus sur la musique, et plus largement la culture, permettent au lecteur de découvrir derrière l'austère théoricien, le polémiste véhément, le chef admiré et mondialement connu, un homme passionné et chaleureux que l'amour de la musique et de la vie sous toutes ses formes constamment anime.
Point n'est besoin de grandes connaissances musicales : ceux qui sont déjà familiers de l'oeuvre y retrouveront le rythme de la phrase de Boulez, le martelé de sa voix, l'ardeur de son propos.
Les autres, grâce aux qualités didactiques bien connues du musicien et à l'enthousiasme communicatif de sa conversation, suivront le parcours d'un créateur solaire et trouveront des repères pour la musique d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
De quand date la peinture moderne ?
De David, de Manet, de Cézanne, dira-t-on ; les candidats à l'acte fondateur ne manquent pas. Michael Fried pose autrement le problème. Moins qu'aux grandes individualités, c'est à ce qu'elles eurent en commun que l'auteur s'intéresse : le courant nouveau de figuration qui très vite devint la tradition moderne et auquel ces peintres participèrent ou s'opposèrent.
Cette tradition naît au XVIIIe siècle avec la critique d'art - notamment Diderot - et celle-ci formule une interrogation : quelle place le tableau doit-il réserver au spectateur ?
De Greuze à David, la peinture refuse la théâtralité. Michael Fried montre les deux moyens que Diderot expose pour combattre la fausseté de la représentation et la théâtralité de la figuration : une conception dramatique de la peinture , qui recourt à tous les procédés possibles pour fermer le tableau à la présence du spectateur, et une conception pastorale qui à l'inverse, absorbe quasi littéralement le spectateur dans le tableau en l'y faisant pénétrer. Ces deux conceptions se conjuguent pour nier la présence du spectateur devant le tableau et mettre cette négation au principe de la représentation.
«Ces fleurs et ces fruits sur une table, cette carafe et ce verre à côté à moitié plein, ce jambon et ce pain sur une serviette, ce malade dont on nous fait tâter le pouls, cet homme et cette femme associés par la conversation et par la musique, ces convives autour de la bouteille et de la soupière, ils attaquent directement à travers la rétine l'intelligence et la mémoire, ils prennent l'importance solennelle d'une chose impuissante à s'effacer, ils sont l'enseigne allégorique de notre échoppe intellectuelle, ils blasonnent au cours de notre durée un moment d'arrêt, ils éclairent par le moyen de l'allusion les mystères de notre cuisine psychologique. Ces chambres en enfilade, ces ruelles et ces corridors de Pieter de Hooch et de Vermeer, ce rayon intravasé, ce miroir comme un oeil secret où se peint quelque chose d'extérieur et d'exclu, ils nous invitent, mieux qu'un traité d'ascétisme, au recueillement, à l'exploration de nos profondeurs et à l'inventaire de nos arrière-boutiques, à la conscience de notre intimité, à l'attouchement de notre secret ontologique, à ce regard qui précède le pas à travers ces chambres prenant jour sur un jardin clos qui se commandent l'une à l'autre, à cette vérification de notre ensemble cellulaire.»
Le pluriel n'est pas ici une afféterie de style.
Car Tristan Tzara, le fondateur de Dada à Zurich en 1916, n'est pas tout, n'est pas seul. La subversion poétique généralisée qu'il initie s'attaque résolument à toutes les disciplines de l'art institutionnalisé, refusant les compartimentages de l'ordre culturel établi. Les dadaïsmes, c'est l'offensive lancée en Suisse, en France, en Allemagne, dans les pays anglo-saxons et jusqu'au Japon même, sur tous les fronts pour repenser à neuf la poésie, le dessin, la peinture, la sculpture, l'architecture, la typographie, le collage, l'assemblage, la photographie, la cinématographie, le théâtre, la musique.
Les dadaïsmes excèdent les années 1915-1923 auxquelles trop souvent on réduit Dada : du créationnisme à Fluxus en passant par le Nouveau Réalisme, la Beat Generation et les situationnistes, ils ont essaimé jusqu' à nos jours dans les revendications de certains des plus grands artistes contemporains, comme le montre cet ouvrage de référence à nouveau disponible en une édition revue et augmentée.
Publiée à l'orée des années 1980, la première édition de cet ouvrage se distinguait déjà. La présence massive des films américains sur les écrans du monde entier, leurs liens avec l'argent et la publicité, leur fonction idéologique, leur popularité aussi avaient longtemps entraîné, de la part de nombreux critiques, une position de défense et de suspicion. S'arrêtant sur l'impact que ce cinéma avait eu sur la formation des grands réalisateurs européens, Michel Ciment dévoilait les ingrédients du succès : la préoccupation constante d'un rapport avec les spectateurs, une attention de chaque instant à la direction d'acteurs, un équilibre enfin entre la plastique et la dynamique, entre le cadre et le montage - conjointement donc, le mouvement et l'image. Il s'attachait à certains thèmes : l'influence des Viennois (von Stroheim, von Sternberg, Wilder) ; la notion d'«auteur» ; le western.
Aujourd'hui, dans ces 37 essais, il élargit plus encore la réflexion, s'arrêtant au système hollywoodien. Même pris dans la tourmente de l'Histoire, celui-ci n'a cessé de faire naître tant de chefs-d'oeuvre qu'on ne peut que s'interroger sur cette fabuleuse moisson. Face aux contraintes du système, les réalisateurs ont déployé ruse, ténacité, courage pour véritablement devenir les conquérants d'un nouveau monde, les bâtisseurs d'une industrie qui permit à leur art de s'épanouir.
Premier mouvement d'avant-garde du XXe siècle, le futurisme est fondé en janvier 1909, Milan, par l'écrivain Filippo Tommaso Marinetti. Ce mouvement révolutionnaire veut instaurer une nouvelle approche du monde en général et de l'art en particulier en repensant l'homme dans sa confrontation avec la machine, la vitesse et la technologie. Etre futuriste signifie poursuivre la régénération continue de toute chose, c'est-à-dire rechercher la plus totale adéquation de la vie humaine à la logique du devenir. Aussi les futuristes inventent-ils mots en liberté, musique des bruits, sculptures cinétiques, assemblages plastiques mobiles, sonores et abstraits, architecture du verre, du fer et du béton, art du mouvement, danses plastiques, théâtre abstrait, tactilisme, jeux simultans, pour réinventer, par l'art, la vie au quotidien : mode, design, jouets, communication postale, création graphique, typographie, meubles, sport, cuisine, comportement, sexualité, etc... Le futurisme, avant de se compromettre en grande partie avec le régime fasciste, deviendra un modèle de référence pour les avant-gardes des années dix et vingt : le cubo-futurisme français et le constructivisme russe, le modernisme brésilien, l'ultrasme espagnol, le vorticisme anglais, l'électricisme suédois, l'ardentisme mexicain, l'activisme hongrois, le formisme polonais, etc., sans parler du dadaïsme et du surréalisme. On retrouvera dans la plupart de ces mouvements, la manière futuriste, la stratégie du manifeste et des "soirées", l'organisation de spectacles, la projection de l'action culturelle au sein même du corps social. Le rôle historique du futurisme fut immense, car son exemplarité en fit le paradigme de ce qu'on a appelé "le siècle des avant-gardes".
L'Histoire de l'art est une vaste fresque qui va de la préhistoire jusqu'aux premières années du XX? siècle. Commencée en 1909, terminée en 1927, plusieurs fois remaniée, la totale nouveauté de l'entreprise d'Élie Faure a été d'introduire un genre nouveau devenu populaire et indispensable aujourd'hui : le livre d'art où chaque commentaire peut être comparé aux oeuvres elles-mêmes, la juxtaposition et la confrontation des images justifiant l'audace des rapprochements qui parfois paraissent insolites. Entreprise tout à fait nouvelle à l'époque, elle n'a été, Malraux mis à part, ni égalée, ni dépassée aujourd'hui. Cette édition du cinquantenaire comporte des éléments inédits : - une présentation de l'homme et de l'oeuvre, en tête de L'art antique ;- un dossier constitué de lettres, d'articles, de variantes, de textes divers, à la fin de chaque volume.Ces éléments établis par Martine Chatelain-Courtois, responsable des Cahiers Élie Faure et grande spécialiste de son oeuvre, sont d'un immense intérêt. Ils permettent une lecture entièrement nouvelle, nous aident à saisir l'évolution de l'auteur, le font revivre au fil des ans et des itinéraires de ses voyages.
L'Histoire de l'art est une vaste fresque qui va de la préhistoire jusqu'aux premières années du XX? siècle. Commencée en 1909, terminée en 1927, plusieurs fois remaniée, la totale nouveauté de l'entreprise d'Élie Faure a été d'introduire un genre nouveau devenu populaire et indispensable aujourd'hui : le livre d'art où chaque commentaire peut être comparé aux oeuvres elles-mêmes, la juxtaposition et la confrontation des images justifiant l'audace des rapprochements qui parfois paraissent insolites. Entreprise tout à fait nouvelle à l'époque, elle n'a été, Malraux mis à part, ni égalée, ni dépassée aujourd'hui. Cette édition du cinquantenaire comporte des éléments inédits : - une présentation de l'homme et de l'oeuvre, en tête de L'art antique ;- un dossier constitué de lettres, d'articles, de variantes, de textes divers, à la fin de chaque volume.Ces éléments établis par Martine Chatelain-Courtois, responsable des Cahiers Élie Faure et grande spécialiste de son oeuvre, sont d'un immense intérêt. Ils permettent une lecture entièrement nouvelle, nous aident à saisir l'évolution de l'auteur, le font revivre au fil des ans et des itinéraires de ses voyages.
Un savant, un mélomane, un musicien ont-ils la même conception de la musique ? Pourquoi certains distinguent-ils des fréquences que nous ne distinguons pas ? La manière dont le cerveau humain écoute ou crée la musique s'explique par des phénomènes acquis en fonction de telle ou telle civilisation ; mais aussi par une organisation sensorielle et nerveuse innée, spécifique à la pratique musicale. Ainsi, la prédilection universelle pour l'octave ou la quinte correspond à des processus physiologiques objectifs contenant les valeurs numériques particulières de ces intervalles de fréquence privilégiés. D'autres aptitudes musicales se retrouvent chez le nourrisson, en dehors de tout apprentissage préalable : il semble bien exister, dans le cerveau du nouveau-né, des réseaux neuronaux préprogrammés dévolus à l'écoute de la musique. Les scientifiques estiment aujourd'hui que l'écoute et l'expression musicales sont une fonction propre à l'homme, au même titre que la parole : elle lui est tout autant indispensable, même si son organisation cérébrale s'en différencie nettement. Ainsi s'éclaire la part prépondérante que la musique prend dans le quotidien de notre civilisation : loin d'être un phénomène culturel que faciliterait le développement technologique, la musique est l'expression d'un besoin physiologique dont l'humanité commence aujourd'hui seulement à prendre conscience.
«L'esprit des formes est un. Il circule au-dedans d'elles comme le feu central qui roule au centre des planètes et détermine la hauteur et le profil de leurs montagnes selon le degré de résistance et la constitution du sol. C'est la permanence de cette force qu'il s'agit de retrouver et de mettre en lumière sous la diversité et la variabilité des symboles qui la dissimulent. Je crains de ne pas être parvenu à maintenir, entre les pages de ce livre, cette circulation grandiose d'énergie qui rend aussi sûrement solidaire la moindre image d'oiseau trouvée dans les sables d'Égypte d'un aéroplane actuel, que la plus effacée des silhouettes de mammouth gravée sur les parois du Fond-de-Gaume, de la pagode de Srirangam ou du Parthénon de Périclès. J'aurais voulu aussi montrer comment la statue arrachée d'un temple quelconque reproduit les profils mêmes de ce temple entre ses plans dont les ondes mouvantes vont saisir dans l'espace, pour les incorporer à elles, les passages et les reflets qui déterminent la peinture et font naître de la peinture, par leurs rythmes enchevêtrés, des harmonies invisibles d'où la musique jaillira. J'aurais voulu, enfin, réduire à quelques rapports évidents l'innombrable complexité des relations révélées par la variété innombrable des images, et la profondeur des abîmes que leur étude creuse en nous.»Élie Faure.
Dans le monde de l'art contemporain une idée a fait fortune : nous verrons peut-être un jour où les artistes ne formeront plus une classe spéciale, mais où tous les hommes seront artistes. Cette idée rejoint l'art de vivre japonais, aussi bien qu'une idée fondamentale du surréalisme.Cette pratique de l'art ne s'oppose pas à la création d'oeuvres spécifiques ni à l'idée de la contemplation : même celle des mystiques, loin d'être une forme de passivité, peut être à l'origine d'un degré supérieur d'activité. Le peintre Tapies réfléchit sur la situation actuelle de l'art en se réclamant de la tradition de son pays, de Raymond Lulle à Miró, en passant par Gaudi.