S'appuyant sur une recherche de terrain approfondie dans le nord-est de l'Inde, au sein de la population Khamti, cet ouvrage propose une ethnographie multi-espèces des relations de travail hommes-éléphants qui s'y déploient encore. L'auteur analyse non seulement l'action humaine mais également l'implication animale dans la mise en place et le maintien de ces relations de travail. Grâce aux descriptions riches et vivantes de Nicolas Lainé, le lecteur est en mesure de suivre et de comprendre l'ensemble du processus, de la capture d'un jeune éléphant de forêt à sa transformation en éléphant de village, comme une dynamique d'engagements réciproques. Les capacités cognitives et corporelles à la fois des humains et des éléphants sont prises en considération, ainsi que leurs influences mutuelles et les représentations qui découlent des contextes de communication et de collaboration manifestes entre les espèces. Cette approche multidisciplinaire permet alors de penser l'unité de travail homme-animal en termes d'interaction collaborative, voire d'engagement intersubjectif -ouvrant la voie à des réflexions sur les modalités mutuellement bénéfiques de l'existence des humains et des animaux dans un environnement partagé.
«Living and Working with Giants est une intervention critique pour penser l'Anthropocène -et j'utilise le terme Plantationocène pour marquer l'importance du travail de Lainé- car il montre comment les différentes formes de sylviculture, la capture et l'apprivoisement de la faune étaient tributaires du travail des hommes et des éléphants. [...] En suivant les modes de capture d'éléphants qui ont survécu dans la communauté Khamti de l'Arunachal Pradesh et dans l'Assam adjacent au nord-est de l'Inde, le travail de Lainé est une ethnographie multi-espèces dans son meilleur sens. Il nous incite à repenser les formes de discipline et les subjectivités que les régimes coloniaux et postcoloniaux ont produites» (Maan Barua, Université de Cambridge).
Nicolas Lainé est titulaire d'un doctorat en ethnologie de l'Université Paris Ouest (2014). Il est actuellement chercheur postdoctoral à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) au sein de l'UMR Paloc (Patrimoines locaux, environnement et globalisation) au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, et postdoctorant associé à l'Irasec (Institut de Recherche de l'Asie du Sud-Est Contemporaine) à Bangkok. Il est membre du réseau thématique international multidisciplinaire « Biodiversité, santé et sociétés en Asie du Sud-Est », soutenu par le CNRS-InEE (Institut national de l'écologie et de l'environnement, France), et est membre expert du groupe de spécialistes de l'éléphant d'Asie de la CSE (Commission de survie des espèces) de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ses recherches portent sur les relations homme-animal en Asie, les liens entre diversité bioculturelle et santé, et la décolonisation des sciences.
Le Pléistocène récent (~75000-15000 ans) est une période clé pour la préhistoire de la Vallée du Nil. Au gré des changements climatiques de cette période, les populations humaines ont dû s'adapter à un Nil changeant. En particulier les changements environnementaux majeurs aux sources du Nil, tel que l'assèchement de certains lacs est africains, ont eu de profondes conséquences, bien qu'encore débattues, sur l'environnement de la Vallée du Nil à cette période, et son rôle de refuge écologique pour les populations humaines. En outre, bien que la Vallée du Nil constitue l'une des routes possibles de migrations hors d'Afrique ainsi que retour en Afrique, les différences dans les méthodes employées et les usages terminologiques empêchent toute comparaison systématique entre la Vallée du Nil d'une part et les régions voisines d'autre part.
Cette monographie réunit des contributions proposant des synthèses actualisées et de nouvelles données sur l'enregistrement archéologique, paléoenvironnemental, paléoanthropologique et géologique de l'Afrique du Nord-Est et des régions voisines (Afrique du Nord, Afrique orientale et le Levant) entre 75000 et 15000 ans. A travers une approche pluridisciplinaire, cette monographie permet d'explorer des questions d'actualité, telles que la capacité d'adaptation des Hommes modernes, en particulier aux changements climatiques, ainsi que les interactions et dispersions humaines dans le passé.
« Ils remplissent de foin la peau de l'ours et après avoir célébré leur victoire avec des chants de raillerie et d'insulte, après lui avoir craché dessus et l'avoir repoussé à coups de pied, ils dressent l'animal sur ses pattes arrière et alors, pendant un temps considérable, ils lui accordent toute la vénération due à un dieu protecteur. » James G. Frazer, Le rameau d'or (1923?: 489).
Les Ostiaks, chasseurs d'ours sibériens, traitaient la dépouille de leurs proies avec la plus grande considération. Cela ne les empêchait pas de projeter sur ces proies une agressivité tout aussi sincère. Contradictions de l'homme primitif?? Témoignages d'une époque révolue?? Peut-être pas. Masquée par des nouvelles rhétoriques, protégée par des nouvelles ritualités, cette ambivalence semble orienter encore aujourd'hui nos rapports aux «?non humains?». On en trouve des traces dans les espaces naturels, où le spectacle de la prédation, différemment commenté, excite chasseurs et non-chasseurs. Elle hante les ateliers des artistes et les salles des musées, où la mort de l'animal est à la fois pleurée et célébrée. Elle visite nos jardins et nos maisons sans épargner le monde végétal, des plantes d'intérieur aux sapin de Noël. En toile de fond, la «?Comédie de l'innocence?» dispositif psychologique et social permettant, par l'adoption d'un comportement stéréotypé, de sévir d'un côté et de se déculpabiliser de l'autre.