La diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l'idée de progrès, tels sont les thèmes majeurs de Race et histoire. Dans ce texte écrit dans une langue toujours claire et précise, et sans technicité exagérée, apparaissent quelques-uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme.
Récapitulant les trois âges de l'« ethnographie urbaine » née à Chicago il y a un siècle, ce livre met en perspective historique et analytique une controverse sur l'ethnographie des rapports entre race, classe, et moralité dans et autour du ghetto noir américain à l'âge du néolibéralisme triomphant afin d'en tirer des enseignements positifs pour la pensée et la pratique du travail de terrain. L'empirisme irréfléchi, l'acceptation de problématiques préfabriquées par le sens commun ordinaire et politique, la confusion entre catégories indigènes et catégories analytiques, l'enfermement dans le périmètre immédiat de l'interaction, le moralisme clivant, enfin le déficit de réflexivité : autant de pièges que tout ethnographe rencontre tôt ou tard sur son chemin et que seule la vigilance collective peut espérer déjouer. Ce retour épistémologique est aussi l'occasion de pointer le danger de l'ethnographisme, la tendance à vouloir décrire, interpréter et expliquer un phénomène à partir des seuls éléments discernés par le travail de terrain, et d'appeler corrélativement à la pratique d'une ethnographie structurale historicisée qui s'attache à enchâsser les micro-actions observées dans la série emboîtée des espaces sociaux qui les modèlent et leur donnent sens. Une telle ethnographie permet d'éviter de tomber dans l'un ou l'autre des cinq paralogismes de l'observation participante que sont l'interactionnisme, l'inductivisme, le populisme, le présentisme et la dérive herméneutique. Et de dépasser la « thick description » de Clifford Geertz grâce à la « thick construction » inspirée de Pierre Bourdieu, qui se donne pour mission de construire scientifiquement la construction sociale ordinaire de la réalité. Au final, identifier les causes et les raisons de la misère de l'ethnographie de la misère en Amérique, c'est se donner les moyens de la réduire et, ce faisant, contribuer à une meilleure maîtrise de la raison sociologique en action des deux côtés de l'Atlantique.
Ce livre est le récit d'une vie. Après, dit Françoise Héritier, « fermez doucement la porte derrière vous ». Françoise Héritier (1933-2017) a succédé à Claude Lévi-Strauss au Collège de France. Pascal Lemaître est illustrateur dans l'édition et la presse internationale.
Maléfices, conjurations, sorcellerie, communication avec les esprits, voyance, télépathie : cet essai qui relate d'innombrables pratiques de magie, repose sur une documentation ethnologique de premier plan. Mais son importance, soulignée par des esprits aussi éminents que Benedetto Croce ou Mircea Eliade, tient à l'attitude originale de l'auteur face au problème des pouvoirs magiques, de leur réalité et de leur signification culturelle. Au refus des positivistes, au désintérêt des ethnologues, comme aux illusions qu'ont pu entretenir la parapsychologie et l'irrationalisme, de Martino réplique par une interprétation historique qui assigne à la magie sa place dans le développement de l'esprit humain : celle d'une culture où l'homme doit encore accomplir un effort intellectuel et spirituel pour s'affirmer et s'imposer au monde.
Les articles qui composent ce volume privilégient un aspect peu exploré des pratiques guerrières : les régimes de traitement du corps, celui des meurtriers comme celui des victimes qui leur sont associés. Parmi les manières dont on intervient sur le corps de «â€‰l'autre » afin de reproduire sa propre identité, on trouve la pantomime des guerriers Ayoré au retour de leurs expéditions victorieuses, ainsi que la mise à mort de l'âme de l'ennemi déjà tué en le représentant par un dessin tracé sur le sol ; le traitement du captif chez les Tupinambas avant qu'il ne soit dévoré, ainsi que les contraintes rituelles auxquelles est soumis son bourreau ; la danse qui allège le corps des Guarani pour qu'ils puissent atteindre la terre sans mal, et la fête du miel et de l'amour chez les Achés-Guayakis qui confirme la relation lévi-straussienne entre guerre et mariage.
Salvatore D'Onofrio est professeur à l'Université de Palerme et membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France, où il coordonne les Cahiers d'anthropologie sociale. Parmi ses dernières publications : Le sauvage et son double (2011), Les fluides d'Aristote (2014) et Lévi-Strauss face à la catastrophe (2018). Il a édité deux ouvrages de Françoise Héritier : Une pensée en mouvement (2009) et Sida : un défi anthropologique (2013).
Pierre Clastres et les Indiens Guayakis, qui mangent leurs morts et connaissent donc le vrai goût de l'homme ; Marcel Griaule qui croit rencontrer Hésiode en Afrique, et cueillir le récit des origines sur les lèvres d'un vieillard aveugle ; Georges Dumézil et les peuples de l'Antiquité, dont les histoires et les croyances sont parvenues jusqu'à nous grâce aux textes, comme dans une migration des âmes qui aurait laissé des traces ; l'Éthiopie enfin, qui a gardé de son histoire des archives qui sont parmi les plus vieilles de l'humanité : ces expériences sont l'occasion de revisiter le musée de l'homme dont chacun d'entre nous est le fondateur et le gardien, mêlant ses souvenirs personnels à ceux des voyageurs et des peuples disparus, à la merci d'une mémoire qui refait sans cesse l'inventaire...
Un musée où les morts se mettent à parler, où les vivants échangent leurs rôles et leurs masques, redisent les anciennes légendes en les interprétant, relancent l'imaginaire en s'inventant des origines, comme de vieux enfants parfois trop crédules.
Ce qui permet de vérifier qu'il existe une autre communauté que celle du sol ou du sens - la communauté des hommes qui se souviennent des mêmes récits.
« La première fois qu'un homme ashaninca m'a dit que les propriétés médicinales des plantes s'apprenaient en absorbant une mixture hallucinogène, j'ai cru qu'il s'agissait d'une plaisanterie. » Un anthropologue étudiant l'écologie d'un peuple indigène de l'Amazonie péruvienne se trouve confronté à une énigme : les Indiens, dont les connaissances botaniques sont admirées par les scientifiques, lui expliquent invariablement que leur savoir provient des hallucinations induites par certaines plantes.
Dans une enquête qui s'étale sur dix ans, de la forêt amazonienne aux bibliothèques d'Europe, il réunit suffisamment d'indices pour être convaincu que la réponse à l'énigme se trouve dans l'ADN. Son hypothèse ouvre de nouvelles perspectives sur la biologie, le savoir des peuples indigènes, l'anthropologie et les limites du rationalisme.
Ce livre, déjà traduit en onze langues et vendu à près de 50'000 exemplaires, n'a cessé depuis sa parution d'intriguer le monde scientifique.
Rsoudre les nigmes poses par les rgles du mariage aux ethnologues, notamment celle de la prohibition de l'inceste, telle est la tche que se proposaient initialement Les Structures lmentaires de la parent. Les deux chapitres introductifs, objets de la prsente dition, n'en abordent pas moins des questions philosophiques cruciales : o finit la nature et o commence la culture ? quelles sont les parts respectives de chacune en l'homme ? comment l'homme se distingue-t-il, sous ce rapport, de l'animal ?C'est ainsi du point de vue de l'ethnologie que le texte de Claude Lvi-Strauss apporte matire et mthode la rflexion philosophique.
On dit que les sorcières des Pyrénées étaient au départ, bonnes, charitables et serviables. On dit qu'elles soignaient tous les maux, fictifs ou réels. Qu'elles connaissaient la nature et ses secrets. Qu'il n'y avait pas pour elles, de mystère dans cette grande pharmacie constituée par la flore des Pyrénées. Qu'elles étaient de vraies oracles, des demi-déesses divinisées, des êtres indispensables...
Pourquoi consacrer un ouvrage aux rites funéraires des Winye ?
En premier lieu pour donner un exemple de société dans laquelle bien réussir sa mort et les funérailles qui seront accomplies en son nom est plus important que de réussir sa vie. L'ouvrage, fondé sur des enquêtes de terrain qui se poursuivent depuis 1983, documente abondamment cette question. Il insiste sur le fait que les différentes cérémonies funéraires sont autant d'occasions de régler les dettes du disparu envers les groupes (notamment les castes et la parenté maternelle) qui sont à l'origine de sa vie et de la trajectoire prospère qu'il a pu connaître et de traiter son corps et son âme de telle manière que cette trajectoire se prolonge après la mort. Une fois que ses dettes sont remboursées, son corps lavé, rasé, vêtu et pourvu d'argent pour son voyage, le défunt accède au statut d'ancêtre, c'est-à-dire d'être complet, qui « se possède ». Les biens utilisés pour régler ses dettes, pour ce qui concerne la parenté maternelle, doivent être interprétés non pas comme des compensations - ce ne sont pas des « prix de la fiancée » qui seraient versés de manière différée - mais comme des incitations pour les groupes qui en sont bénéficiaires à poursuivre leurs tâches et leurs activités, à oeuvrer comme leurs ascendants l'ont fait pour doter d'une vie et de destins favorables des enfants à naître (via le don de femmes à marier).
Cet ouvrage se justifie en second lieu par la nécessité de conserver une trace écrite à propos de pratiques funéraires qui sont en danger de disparaître ou qui ont déjà disparu. Ces manières complètes d'être et de mourir que développent les Winye et qu'expriment leurs coutumes funéraires sont en effet actuellement de plus en plus contestées et remises en question par d'autres référentiels, proposés par les religions révélées, notamment l'islam et l'évangélisme. Ces cultes, dont l'influence est grandissante dans l'ensemble de l'aire winye et du Burkina Faso, proposent des modalités exhaustives de définition de ce que sont la bonne vie et la bonne mort, qui sont des voies alternatives à celles que propose l'animisme. Leur avantage est d'offrir, au moment du décès, des rituels très simplifiés, peu coûteux en temps, en argent et en relations sociales, donc en adéquation avec les pressions actuelles et la paupérisation économique croissante du monde agricole burkinabè.
« Les voitures de fêtes votives n'ont pas la prétention d'être un objet sacré, par contre, de sacrés objets, ça, oui, elles le sont. Pendant huit, neuf, dix jours de bamboula villageoise en Petite Camargue elles passent de l'état de citrouille, mot où s'entend et se présage un avenir de rouille et de rouillé, à celui de carrosse, mais de carrosse bien roturier et passablement engrunè. ».
Jacques Durand.
Préfacé par Jacques Durand, illustré par Eddie Pons, raconté par Frédéric Saumade, un siècle d'histoire camarguaise inédite d'une tradition unique en plus de cent photos rassemblées par Numa Grenan.
Un album d'ethnologie camarguaise, hommage décalé à toutes les bandes de jeunes de Petite Camargue qui ont fait vivre la fé di biou
Devenu référence incontournable de l'entrée dans la discipline, ce manuel d'initiation à l'ethnologie présente ses méthodes et concepts fondamentaux ainsi que ses principaux paradigmes de l'évolutionnisme au structuralisme et ses grands domaines de recherche parenté, économie, politique, religion... Chacune de ces contributions est présentée de manière synthétique et illustrée d'extraits de l'oeuvre des auteurs les plus marquants de l'anthropologie française, britannique, américaine ou allemande, depuis les pères fondateurs (Morgan, Tylor, Boas ou Mauss) jusqu'aux contemporains (Lévi-Strauss, Balandier, Sahlins ou Geertz).
Véritable instrument pédagogique, cet ouvrage, réactualisé dans cette quatrième édition, prépare l'étudiant à une lecture critique des oeuvres, tout en laissant entrevoir la complexité des débats et des controverses qui ont alimenté l'histoire de cette discipline.
L'ethnologie et l'anthropologie constituent deux formes d'une même démarche. L'ethnologie devient pleinement autonome au XXe siècle grâce à l'enquête de terrain, à l'observation participante et à des théories à visée comparatiste (culturalisme, fonctionnalisme, structuralisme). L'anthropologie finit par en universaliser la portée en intégrant à son approche aussi bien le changement social que les cultures modernes et occidentales. Ces disciplines analysent l'ensemble des activités sociales et culturelles (dont les nôtres).
Ce livre raconte le singulier itinéraire intellectuel d'un anthropologue talentueux, auteur d'une hypothèse ethnologique très ingénieuse sur l'origine des sociétés humaines. Peinant à convaincre ses pairs, il se tourne vers la Bible pour lui faire valider cette hypothèse. Il fallait dévoiler les astuces exégétiques par lesquelles René Girard attribue à la Bible, et surtout aux Evangiles, la connaissance des axes essentiels du savoir ethnologique qu'il avait développé dans son oeuvre majeure, La violence et le sacré. Le coup de force audacieux opéré par Girard est de faire du Livre saint des chrétiens le lieu d'une révélation à caractère strictement scientifique. Jésus, les évangélistes, l'intelligence transcendante qui inspire ces derniers, tous étaient des girardiens avant la lettre, désireux d'informer les hommes sur le meurtre fondateur, la violence de la foule unanime qui le cause et l'innocence de la victime sacrifiée. Voir l'essence du message évangélique dans une telle opération de communication revient du même coup à bouleverser le sens communément attribué à la Révélation néo-testamentaire, notamment à la Rédemption. Quoi qu'il en soit de l'habileté du fringant René Girard, qui aurait eu cent ans en 2023, cette opération, une aberration épistémologique, était vouée à l'échec. Il restait à en dresser le constat et à conclure qu'il faut laisser l'ethnologie aux ethnologues.
Ils récupèrent dans les poubelles des objets qu'ils revendent. On les appelle les biffins, de ce vieux mot d'argot synonyme de chiffonniers. Une exploration des marges de la société.
Ils sont des milliers à Paris. Toujours plus nombreux depuis les années 1980 avec les crises successives et le durcissement des politiques migratoires.
On les dit aussi «pauvres» ou même «?survivants?». «Marchés aux pauvres», «de la survie», titrent bien des journaux. Et pourtant... Une économie informelle où d'anciens travailleurs, des retraités ou des chômeurs, trouvent un moyen de survie. Des étrangers qui trouvent là un moyen de s'arrimer sur un sol hostile. Des femmes à qui la vente offre le moyen de se libérer de leur ex-mari et de se découvrir capables de parler, de négocier, de s'affirmer.
Tandis que dans les rues, la récupération laisse place à la chance, dans la vente ils s'éprouvent comme des partenaires égalitaires. Le marché devient un lieu d'interconnaissance et espace par excellence des sociabilités. Ils s'efforcent ainsi de bâtir un monde, à contre-courant des dominants, où s'inclure positivement et à égalité.
C'est ce combat quotidien dont Mélanie Duclos rend compte dans ce livre, fruit de quelque quatre ans d'enquête de terrain au marché des biffins de la Porte de Montmartre.
Un récit qui plonge dans les vies des biffins et des biffines pour saisir leur histoire, leurs actes et leurs idées, leurs désirs et leurs souhaits si souvent contrariés, en un mot leur culture, alternative et résistante, et dont le braconnage nocturne des poubelles forme le socle matériel.
Un récit, enfin, qui restitue ce que peuvent mettre en pratique, en rêves et en mots, ceux-là qui les premiers souffrent de l'ordre établi.
Les Polonais, audacieux !
Le plus grand pays de l'ancien bloc de l'Est à rejoindre le club européen, et pourtant méconnu. Encore aujourd'hui associée à l'église catholique et au syndicat Solidarnosc, symbole du tournant démocratique des années 1980, la Pologne affiche une croissance exemplaire et apparaît comme le seul État de l'Union européenne à avoir échappé à la récession.
Car c'est pied au plancher que les Polonais ont entamé les réformes de leur pays après la chute du régime communiste en 1989. Et depuis 25 ans la vitesse des bouleversements que connaît la société polonaise ne faiblit pas. Premier peuple du bloc Est à avoir secoué le joug de Moscou, les Polonais se sont lancés avec enthousiasme dans la reconstruction de leur pays. Entreprenants, dynamiques, très mobiles, ils découvrent l'ivresse mais aussi les défauts de l'économie de marché. Face à un passé douloureux, malgré la proximité inquiétante de la Russie, forte?de ses nouvelles alliances européenne et atlantique, la Pologne cherche sa voie et se forge une nouvelle identité. Ce livre suit quelques-unes des trajectoires mouvementées de ses habitants.
Maya Szymanowska, journaliste spécialiste de la Pologne, auteure de reportages radiophoniques (RFi, France Culture), écrits (Le Point) et télévisuels (France24).
Les essais réunis ici constituent la dernière partie de Culture in Practice, publié en 2000, et récapitulent l'itinéraire intellectuel de Marshall Sahlins. Tous abordent le problème de la rencontre des cultures qu'étudie le grand anthropologue anglo-saxon - celles du Pacifique, des îles Fidji surtout - avec le capitalisme, dans ses versions européenne et américaine. Contrairement au courant rousseauiste qui s'en tient au côté destructeur de cette rencontre, il montre comment ces peuples réagissent à l'arrivée des armes et des marchandises en adaptant leurs institutions et en assimilant les rapports extérieurs dans un cadre qui prolonge leurs traditions. L'ensemble de ces travaux d'anthropologie, dont plusieurs sont de petits chefs-d'oeuvre par l'art de l'exemple, la souplesse du style, l'humour et l'absence de démagogie tiers-mondiste, pose la grande question de la possibilité de dépasser les catégories dont nous avons hérité pour comprendre comment les autres peuples ont pu construire et transformer leurs modes d'existence, même aujourd'hui, à l'heure de la globalisation.
Étrange, joyeuse surprise : nos écrivains de génie, Flaubert, Proust. nos philosophes profonds, Leibniz, Bergson. nos inventeurs dans les sciences, Linné, Galilée, Schrödinger. ont une vision du monde analogue à celles des Inuits du Grand Nord, des Aborigènes australiens ou de certaines tribus amérindiennes d'Amazonie !
Par une intuition réjouissante, Michel Serres emprunte les outils dont l'ethnologue se sert pour étudier les autres cultures. Car ces dernières, à y bien réfléchir, ne sont pas si différentes de la nôtre. Envisagée à rebours des conventions habituelles, notre culture brille alors de tous les feux de son originalité, révèle la chatoyante inventivité de sa pensée.
Pour comprendre ce livre au titre énigmatique, La jument dessillée, observez bien sa couverture. En quatrième, une photo de classe et ses 23 fillettes, et une ardoise : nous sommes dans une école d'Algérie en 1953. Les fillettes sont indigènes, pour ne pas dire musulmanes, sauf une petite blonde, à gauche, l'auteure de ce livre.
Retournez-le. En première couverture : trois symboles religieux, celui de chacun des monothéismes : juif, chrétien, et musulman. Au centre une chaîne et son pendentif : une «main de Fatma«, symbolisant la femme en Islam. Au-dessus, un sous-titre : Cris féminins et regards lucides sur Dieu Un et les femmes. Vous avez compris.
Reste le titre. Cette jument était celle de la jeune Germaine Tillion, en mission ethnologique dans les Aurès, celle qui la menait de lieu en lieu à la découverte de ses habitants et de leurs traditions. Solitaire sur son dos, sans doute l'ethnologue confiait-elle à sa monture, au long des chemins de sable et de pierres, tout le fruit de ses réflexions sur le monde, car l'ethnologie, lui explique-t-elle, « dessille » les yeux, donne de bonnes lunettes pour comprendre les sociétés. A moi aussi, l'ethnologie a ouvert les yeux.
A travers des monologues, voire des cris de femmes, alternant avec des réflexions de fond, où elle donne la parole à de nombreux chercheurs sur : les croyances, l'origine des religions, leur utilisation..., l'auteur a voulu explorer la place à laquelle le Dieu unique des monothéismes a assigné les femmes, et la raison des violences contemporaines qui s'expriment en son nom.
Un livre qui parle, qui interpelle, qui questionne et qui, elle l'espère, « dessillera les yeux » de ceux qui les avaient encore cousus, comme ceux des faucons de dressage dont on décousait enfin les paupières avant de les lancer ver le ciel.
Corrèze, quelle histoire !
La Corrèze est un pays pauvre, rural, peu peuplé, peu connu, un pays pas comme les autres.
Ne vient-il pas de donner à la République, et presque coup sur coup, deux Présidents de deux bords politiques différents !
Quelle histoire !
Coïncidence ? Secret ? De studio TV en colonnes de journaux, tous se sont posé la question aux lendemains du 6 mai 2012. Chacun avait ses réponses.
En ethnologue, Marie-France Houdart nous ouvre une autre porte. Et s'il fallait, pour l'expliquer, pénétrer dans le coeur des familles, voir comment elles vivent et comment elles se sont toujours organisées pour répondre à l'histoire ?
Or l'histoire d'ici, occultée, oubliée, est celle d'un pays du Sud de la Loire, libre et fier de sa culture, qui s'est laissé soumettre jadis par un pays du Nord, mais qui a finalement donné un peuple libre sur sa terre depuis des siècles. S'appuyant sur des valeurs d'autorité et d'égalité, de soumission au groupe et de solidarité entre tous, la famille corrézienne s'est jouée de ces apparentes contradictions pour surmonter les épreuves et pour propulser devant les Français, qui les ont choisis comme Présidents, deux hommes de droite et de gauche, moulés à son image, Jacques Chirac et François Hollande, qui partagent une belle qualité : l'humanisme.
C'est peut-être le legs de la Corrèze, la belle leçon d'un pays digne.
L'archaïsme est devenu modernité...
En 2009, l'Unesco inscrit Norouz, la fête du Nouvel An iranien et celle des autres peuples qui faisaient partie de l'Empire persan, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. En 2010, c'est l'Assemblée générale des Nations unies qui reconnaît le 21 mars comme Journée internationale de Norouz, encourageant ainsi tous les pays du monde à s'inspirer des traditions printanières de cette fête pour promouvoir la paix. Norouz intéresse trois cents millions de personnes. Lors des célébrations auxquelles la fête donne lieu, des tables rituelles sont dressées avec sept éléments, des pousses (de blé, d'orge, de lentilles et d'autres graines) que les femmes font germer dans les maisons pour marquer un nouveau commencement : « Le matin des dieux ». Ce livre interroge les possibles origines zoroastriennes de ce rituel, de sa diffusion et déclinaison de l'Inde jusqu'à l'Europe. Il en résulte un voyage passionnant dans le temps, de la Grèce ancienne au Liban, en passant par la Sicile et la Sardaigne, jusqu'à la Provence française, qui nous révèle les similitudes, surprenantes, entre ces différentes traditions.
Aux confins du Limousin, de l'Auvergne et du Quercy, le Moyen Age d'une des plus belles régions de France, la Xaintrie. Nous sommes en l'an 1476. Au coeur du plus exceptionnel des musées vivants, Pierre GIRE, son créateur, vous ouvre aujourd'hui les portes de son jardin.
Pierre Gire avait un rêve : vivre dans un village du Moyen Age.
Il l'a entièrement créé, avec ses maisons et ses granges, ses animaux, ses habitants, ses cultures et... son jardin. Les plantes qui y croissent sont les descendantes de celles qui poussaient ici, dans les campagnes, au temps des abbayes. Il a parcouru le pays pour les retrouver, les transplanter. Plus de 330 plantes y poussent aujourd'hui, filles de la terre d'ici : les belles, les bénéfiques, les maléfiques (souvent les deux à la fois), celles qui soignent, qui nourrissent, qui servent à tout.
Cette reconstitution s'appuie sur des recherches documentaires, archéologiques et ethno-botaniques très riches. Alors, « 'chabatz d'entrar », finissez d'entrer. Poussez le «cledou». Le jardin vous attend.
Les populations autochtones d'Amazonie sont les cibles de campagnes d'évangélisation depuis la période coloniale. Si certaines d'entre elles ont rejeté ou se sont rapidement détournées des usages chrétiens importés et imposés par les missionnaires, d'autres s'en sont au contraire emparés pour en faire une pratique socioculturelle distinctive.
En Amazonie brésilienne, c'est le cas des Baniwa, un groupe de langue arawak dont les membres adhèrent majoritairement au christianisme évangélique. Établis dans la région du Haut Rio Negro, les Baniwa se sont convertis à ce mouvement d'origine protestante sous l'influence d'une missionnaire étatsunienne au milieu du XXe siècle.
Fondé sur une minutieuse enquête de terrain, cet ouvrage explore les pratiques religieuses des membres de ce groupe et plus particulièrement de ceux qui ont quitté leurs villages pour s'établir en ville ou en périphé¬rie urbaine. À partir d'une réflexion qui articule quatre thématiques - les conversions amérindiennes, l'expansion des Églises évangéliques au Bré¬sil, le chamanisme et les mouvements indigènes - il éclaire une facette méconnue du rapport des Indiens d'Amazonie au christianisme. Alors que les conversions des populations autochtones des basses terres de l'Amérique du Sud sont généralement présentées dans la littérature anthropo¬logique comme des phénomènes éphémères, l'auteure met en évidence la pérennité du mouvement évangélique baniwa qui, sous l'influence des mobilisations politiques indigènes, s'émancipe de la tutelle des missionnaires et des pasteurs non-indiens et se consolide à travers la constitution d'un vaste réseau d'Églises autonomes, tout en donnant lieu à une reconfi¬guration de la place du chamanisme au sein du groupe. Le champ des pratiques religieuses baniwa apparaît ainsi traversé par un double mouvement d'institutionnalisation des Églises indigènes et de patrimonialisation du chamanisme.
En octobre 1951, un jeune instituteur de vingt-quatre ans, Marceau Gast, arrive au Sahara chez les Touareg Kel Ahaggar, dans le Sud algérien. Pendant trois ans, il sera instituteur nomade, changeant de groupement à chaque rentrée scolaire. Au gré des saisons et des parcours, Marceau Gast photographie les différentes facettes de la vie nomade oscillant entre les ressources rares des monts escarpés de l'Ahaggar et l'abondance des pâturages salés, à six cents kilomètres plus au sud, dans les plaines de la Tamesna. Pour ses hôtes, habiter le désert rime avec nomadisme. Mais, en ce milieu du XXe siècle, la gestion coloniale du vaste territoire des Kel Ahaggar relève de deux administrations distinctes - l'Algérie et le Soudan français - et porte en germe la menace qui s'abattra sur la salutaire mobilité nomade entre montagne et plaine. Les photographies de Marceau Gast témoignent d'un mode de vie qui en quelques décennies s'est profondément transformé. L'instituteur devenu ethnologue en 1960 poursuivra les questionnements nés au cours de son premier séjour. Il constituera un important corpus photographique pour illustrer ses recherches sur l'alimentation en milieu aride et les stratégies mises en oeuvre pour échapper à la famine.