Filtrer
Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
Support
Éditeurs
Langues
Creaphis
-
Leone Ginzburg : un intellectuel contre le fascisme
Florence Mauro
- Creaphis
- 29 Septembre 2022
- 9782354281786
À la fin des années 1920 à Turin s'était formé un groupe de jeunes, au lycée d'Azeglio et ensuite à l'université. Leur maître Augusto Monti disait qu'il leur enseignait Dante et la politique. Les élèves se nommaient : Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Noberto Bobbio, Massimo Mila, Vittorio Foa, Mario Lévi.
Leone Ginzburg (1909-1944) est apparu très vite comme la figure émergeante de ce groupe par son attitude morale exemplaire, tant sur le plan intellectuel que politique. En 1933 il fonde, avec Giulio Einaudi et Cesare Pavese, les éditions Einaudi : en 1937 et 1938, il y installe les grandes collections, historiques, scientifiques, et les traductions de la littérature européenne : lui-même, d'origine russe et russophone, traduit les auteurs russes ou révise des traductions (Gogol, Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski, Tourgueniev) tandis que Cesare Pavese traduit les textes les plus novateurs de la littérature américaine (Sinclair Lewis, Herman Melville, John Dos Passos, Gertrude Stein...). De 1941 à 1943, condamné par le régime fasciste à la relégation dans un petit village des monts des Abruzzes, il écrit sans cesse pour la « Casa » Einaudi, et exige l'excellence du travail éditorial. Dans une incessante revendication de ses positions antifascistes, Ginzburg est mort de sa radicalité en 1944, à la prison romaine de Regina Coeli, assassiné par les nazis.
Avec une écriture impliquée, Florence Mauro raconte la vie de Leone Ginzburg tirée comme un trait droit et sans bavure, sans aucune compromission, marquée par l'exigence intellectuelle. Par sa lutte jamais relâchée pour la liberté d'écrire, de traduire, d'enseigner, de transmettre, il a contribué à maintenir un rempart indispensable contre la montée d'une société totalitaire. L'autrice remet en lumière son intransigeance et sa radicalité face aux événements contemporains de sa génération. Il est un modèle qui parle aujourd'hui et enseigne à ne pas manquer de vigilance.
Elle transmet au lecteur d'aujourd'hui son empathie pour le personnage de Leone Ginzburg qui devient par moments héros de roman : elle l'imagine dans une quotidienneté, avec ses camarades de lycée dans les cafés de Turin, ou avec sa famille dans le confino des Abruzzes où il est exilé par le pouvoir fasciste. Elle le met en scène, se fondant sur des écrits retrouvés, des témoignages, des archives. Elle décrit ses enquêtes dans les archives à Turin et à Rome, ses déambulations sur les pas de Leone Ginzburg, ses rencontres avec des témoins ou des historiens.
À travers le geste d'écriture, Leone Ginzburg inscrit la culture comme premier front de l'antifascisme. Pour lui tout acte de langage devient acte politique.
Comment des articles écrits dans la célèbre revue La Cultura - reprise par la Casa Einaudi - apparaissent-ils comme les mots les plus engagés de la Résistance ? Comment la Casa Einaudi est-elle au coeur, dès sa création, d'un des enjeux essentiels de la démocratie, du renouvellement d'un patrimoine qui a fondé un pays, et de sa très nécessaire leçon de résistance à venir ?
Il est à noter que l'épouse de Leone, Natalia Ginzburg, née Natalia Levi, a été une grande écrivaine.
Leone et Natalia ont eu trois enfants dont Carlo Ginzburg le célèbre historien pionnier de la micro-histoire et historien de l'art. -
Mon père, appelé en Algérie : photographies
Bertrand Tillier
- Creaphis
- Format Passeport
- 9 Mars 2023
- 9782354281915
L'auteur du texte de ce livre est le fils de l'auteur des photographies. Historien des images, Bertrand Tillier propose pour ce nouvel opus de la collection Format passeport une approche à la fois intime (ce sont ses propres archives) et plus réflexive et générale sur la guerre d'Algérie. Il se fonde sur les photographies prises par son père, appelé du contingent en Algérie en 1962 et le récit familial. L'historien met en tension la mémoire individuelle exprimée ou tue dans la sphère intime et la mémoire refoulée de l'expérience de guerre.
Les photos envoyées à leurs proches par les jeunes appelés, photographes amateurs pour beaucoup d'entre eux, se conforment à une certaine mise en scène, puisque prises au piège d'un discours précis, national, officiel et médiatique. Elles donnent à voir une réalité choisie, ciblée, lisse, écran à la guerre.
Néanmoins, ces photographies, produites dans un contexte de guerre deviennent en quelque sorte témoignage de l'indicible car vecteurs de « moments de glissement et de débordement où les sentiments, les objets, les expressions du visage échappent d'emblée à toute normalisation ». Remplaçant les mots non dits, elles permettent une transmission d'un passé aux générations suivantes : « Chaque groupe porteur d'une mémoire se dirige vers le miroir qui racontera son histoire » (Benjamin Stora). La valeur des photos des appelés du contingent réside dans ce pouvoir de transmission ; elles constituent un support pour un travail de mémoire et de reconstitution, aussi partiel soit-il, tentant de rompre le silence ; regarder ces photos est une « modalité de communication dans les familles » (Raphaëlle Branche). Retrouvant les photos de son père dans une pochette, Bertrand Tillier, historien des images, met ainsi en lumière le rôle des générations postérieures dans la construction de la mémoire familiale.
Grâce à la curiosité d'un fils historien pour les photographies de son père, ce texte dévoile comment, derrière l'objet photographique témoin d'une histoire dans l'Histoire, se lisent des souvenirs, un passé, une mémoire personnelle, familiale mais aussi commune et collective. -
La commune de 1871 : une relecture
Laure Godineau, Marc César, Collectif
- Creaphis
- 5 Décembre 2019
- 9782354281472
Qu'est-ce que la Commune de 1871 ? Ce livre, riche de multiples points de vue, propose des pistes novatrices et rouvre le débat. Il s'agit d'une relecture collective de la Commune, dans un cadre spatio-temporel élargi. Il propose au lecteur d'aller au plus près du quotidien de 1871, localement, comme d'examiner l'événement à l'échelle nationale ou internationale.
Devenue un mythe mondial au xxe siècle, la Commune de 1871 est en réalité mal connue. Le déclenchement de l'insurrection parisienne le 18 mars et la répression de la Semaine sanglante à la fin du mois de mai sont des points de repères parisiens, marqueurs mémoriels qui cachent en partie sa grande complexité, comme sa dimension nationale ou transnationale.
Fertile en initiatives de tous types, la Commune constitue a posteriori un extraordinaire et fascinant laboratoire du politique. Expérience démocratique originale, affirmation républicaine, forme de fédéralisme à la française, tentative d'émancipation sociale, utopie, référence insurrectionnelle ou révolutionnaire, elle est tout cela à la fois et davantage encore. De fortes reconstructions historiques, sociales et politiques ont de plus accentué sa complexité.
Aujourd'hui, l'historiographie de 1871 se libère de ses carcans et l'expérience communaliste suscite une curiosité renouvelée. Cet ouvrage présente un ensemble novateur de trente-cinq textes inédits des meilleurs spécialistes français ou étrangers mais aussi de jeunes chercheurs. Il s'agit d'une relecture collective de la Commune, dans un cadre spatio-temporel élargi. Il propose au lecteur d'aller au plus près du quotidien de 1871, localement, comme d'examiner l'événement à l'échelle nationale ou internationale : France, Allemagne, Italie, Autriche, Empire ottoman ; Paris, Lyon, Narbonne, Bordeaux ou Perpignan, Aveyron et Morbihan, Oise et Doubs... Le livre explore l'héritage de 1848 et accorde une large place à l'après-Commune, à l'exil et la déportation, aux postérités, aux mémoires, influences et interprétations.
La Commune, ce sont avant tout des hommes et des femmes, des destins. Les regards se portent donc sur les individus : la Commune représente un moment particulier dans des trajectoires de vie d'acteurs ou de contemporains connus ou anonymes. Enfin, le livre aborde les relations complexes entre l'histoire de la Commune et sa mémoire et ses commémorations, de la fin du xixe siècle à nos jours.
Qu'est-ce que la Commune ? Cet ouvrage propose des pistes novatrices et rouvre le débat. Il montre la dimension capitale de l'expérience communaliste pour décrypter le xixe siècle ou nourrir nos questionnements les plus contemporains.
-
Les absents : Robert Creange, partisan de la mémoire
Claire Levy-vroelant
- Creaphis
- Histoire Sciences Sociales
- 9 Février 2023
- 9782354281861
Le 16 août 1942, non loin de la ligne de démarcation, deux enfants cachés sur le bord de la route voient disparaitre leurs parents dans une voiture allemande. Robert et Françoise Créange, alors âgés respectivement de 11 et 13 ans, attendront en vain leur retour. Comment survivre à des questions qui n'obtiendront jamais de réponse ? Comment mener sa vie quand elle est précocement chargée d'un tel héritage ? Comment dire, comment raconter ? Et pourquoi, pour qui le faire ? Françoise Créange a déposé son témoignage au Mémorial de la Shoah en 1997, elle a accompagné son frère aux commémorations et aux cérémonies où il officiait, elle a relu ses discours sans pour autant développer son goût pour le souvenir. Robert, lui, en a fait sa raison de vivre. Il a fini par accepter, trois quarts de siècle plus tard, de raconter sa vie à une sociologue obstinée.
La sociologue se trouve être une lointaine parente de la famille Créange-Salomon. Cousine éloignée, d'une génération plus jeune mais nourrie des mêmes images, mêmes clichés, mêmes plaisanteries et mêmes silences face à un passé indicible. Une première intrigue se noue ici, dans la construction progressive, entre les deux protagonistes, d'un espace de paroles singulier. Parole courtisée, livrée dans le trouble et dans les pleurs, déclamée ou murmurée, qui se cherche sans toujours se trouver, parole traçante, glaçante, hilare, pudique, mutine, suivant le fil des souvenirs perdus et retrouvés et reconstitués. Car la mémoire n'en finit pas de travailler et, si comme Robert Créange, nous acceptons ses ruses et ses revirements, ses tyrannies et ses délices, c'est que nous continuons d'être vivants.
Né en 1931 et décédé en décembre 2021, Robert Créange s'est décidé à entreprendre ce travail de mémoire avec Claire Lévy-Vroelant seulement en 2015, après un long temps d'hésitation. Pour parler de l'enfant meurtri, de l'adolescent délinquant, du soldat révolté d'être envoyé en Allemagne pour son service militaire peu après la guerre, de l'instituteur anticolonialiste qui choisit le Niger, du jeune militant dévoué corps et âme au parti communiste, du cadre du comité d'entreprise de Renault-Billancourt, du secrétaire général de la fédération nationale des déportés internés résistants et patriotes (FNDIRP), de l'initiateur, avec quelques autres, de la Fondation des amis de la mémoire de la déportation, du pédagogue infatigable sur les lieux des crimes, l'histoire de sa vie pourrait suivre le cours d'un long fleuve sinon tranquille du moins apaisé.
Mais le récit parfois s'emballe, ou bute sur une énigme et les questions douloureuses resurgissent. Pourquoi le passeur a-t-il vendu les parents et pas les enfants ? Malgré les recherches après la guerre, il ne sera jamais retrouvé. Le souvenir du passage de la ligne de démarcation en août 1942 se brouille au point qu'une nouvelle version se fait jour. Nouveaux souvenirs, nouvelle intrigue. Pourquoi le grand-père, arrêté et interné à Drancy, n'a-t-il pas été déporté ? Le récit élude ou trébuche sur des dates, des noms, des scènes mais la liste des élèves de la classe de sixième du lycée Claude-Bernard, à la rentrée de septembre 1941, est restée gravée, indélébile.
Une enfance bourgeoise, protégée, une pratique religieuse fort modeste qui n'exclut ni l'engagement socialiste et franc-maçon du père, ni son « sionisme pour les autres », la montée des persécutions, la décision de quitter Paris... L'homme public qui aime jouer avec un humour de potache, qui maîtrise parfaitement la présentation de soi et l'art oratoire en privé comme en public, est pris de court lorsqu'il se trouve en situation de tête à tête. En allant au plus profond des choses, son récit tangue. Comment dire, raconter avec une extrême précision quand les souvenirs les plus lointains se transforment au fur et à mesure de leur mise en mots. L'épreuve est alors d'accepter que la mémoire puisse divaguer hors des sentiers battus et des images convenues : le témoignage change le témoin et celui qui l'écoute, silences compris.
Le récit se déroule selon un ordre chronologique mais chaque « chapitre » peut aussi se lire comme un fragment insulaire, intelligible en soi et pourtant relié aux autres. Récit en archipel d'une vie singulière, bouleversée comme tant d'autres, s'attachant aux traces, aux indices, aux petits signes. Le récit de la vie de Robert Créange est constellé d'anecdotes, relatées non sans saveur et sans humour mais il énonce dans un même élan une édification et une déconstruction de soi. Le maître mot de cette histoire, c'est la fidélité sans faille à un engagement tôt contracté. Ce récit peut aussi se lire comme une invitation à questionner sa propre histoire, ce qui lui donne sens et consistance -
L'immontrable : des guerres et des violences extrêmes dans l'art et la littérature
Annette Becker
- Creaphis
- 21 Octobre 2021
- 9782354281649
L'historienne Annette Becker propose un essai d'histoire culturelle et suit les linéaments d'une exploration de ce que Camus nommait en 1965 « la douleur de l'histoire toute fraîche ». Elle rassemble ici des réflexions qui ont émaillé son parcours intellectuel et sensible de femme dans l'histoire. Spécialiste reconnue de la Grande Guerre et des violences extrêmes qui ont marqué le « court xxe siècle » (de Sarajevo à Sarajevo), elle a entrepris dans un réel engagement aux côtés d'autres historiennes et historiens de faire l'histoire et de lire les mémoires des conflits de notre temps, des génocides et des guerres coloniales, de l'Arménie au Rwanda.
Autant de douleurs et de cicatrices que l'historienne décrypte et déchiffre dans les formes les plus diverses de la création (peinture, sculpture, arts visuels, musique et poésie). Ces tableaux successifs de situations traumatiques sont autant de possibilités et de nécessités offertes pour mesurer autrement et pour mieux comprendre les dévastations physiques et mentales subies par les êtres humains en temps de paroxysmes : qu'ils soient militaires ou non, femmes ou hommes, civils de tous âges et de toutes origines. Avec une certitude : l'horreur et l'effroi sont et représentables et historicisables, malgré le topos paresseux selon lequel le choc des souffrances les plus dures serait devenu intransmissible ou inaudible. Tout au contraire l'auteure affirme ici, avec détermination (le déterminant « l' » a toute son importance que la question ne se pose pas) : l'immontrable est bien représentable.
Comment raconter, porter à la conscience ces vécus non partagés, comment retrouver ces expériences et les ré-historiciser, alors que les media nous bombardent - à juste titre mais souvent sans recul - des drames d'aujourd'hui ?
Aussi Annette Becker a-t-elle voulu exhumer dans cet ouvrage des oeuvres et des sources, écrites, visuelles, sonores, saisies au moment de la blessure du corps ou de l'âme, juste avant la mort, pendant la cruauté et la terreur, le chagrin, le sang, les larmes. Elle est et reste persuadée que l'essentiel est de porter un regard qui croise sciences sociales, écriture et art, sans frein ; l'interprétation est essentielle, même si elle est éphémère ou controversée.
Cet ouvrage montre l'importance et l'absolue nécessité de prendre en compte les expressions artistiques et littéraires pour analyser et restituer des périodes ou des phénomènes historiques en voie de disparition dans l'oubli. La liste des artistes et écrivains forme en soi un corpus intéressant, une matière à penser : on y retrouve entre autres Apollinaire, Max Jacob, Claude Debussy, Dada, Julien Gracq, Jean Lurçat, Mark Rothko, Pierre Buraglio, Christian Boltanski...
-
écrire ou photographier ; Flaubert et Du Camp en Orient
Sylvain Venayre
- Creaphis
- 3 Décembre 2020
- 9782354281359
Ecrire et photographier ? La question est d'une étonnante modernité. Mais elle n'est pas nouvelle et elle accompagne depuis les origines du livre l'histoire de l'édition. Sylvain Venayre saisit l'occasion de réfléchir au rapport du texte et des images, de l'art de la description des lieux face à l'art de les représenter visuellement, par l'approche des relations entre deux grands artistes du xixe siècle : Gustave Flaubert et Maxime Du Camp. Ces deux-là sont à peine âgés de 25 ans, en ce milieu du siècle, quand ils entreprennent de partir en voyage : destination le Moyen Orient. C'est une destination toute trouvée dans un contexte favorable aux voyages et aux expéditions.
La France a découvert l'égypte avec l'expédition de Bonaparte (1798-1801), l'égyptologie avec Jean-François Champollion et de nouveaux accès avec l'entrepreneur Ferdinand de Lesseps. L'« égyptomanie » s'inscrit durablement dans le paysage culturel du nouvel empire aussi bien dans les oeuvres de l'esprit que dans les monuments. Il importe donc d'enrichir la documentation scientifique et architecturale, de s'intéresser aux usages et aux moeurs des populations et des nouvelles contrées à coloniser et surtout d'apporter des preuves et des images fiables de ces « ailleurs » pleins de promesses de profit. Celles-ci vont se multiplier jusque dans les années 1930 sur toutes sortes de supports imprimés.
Ce milieu du siècle de l'industrie est marqué par l'exotisme, la conquête de nouveaux passages et de nouvelles terres. L'Orient est à la mode. À ce moment d'apogée du romantisme, la littérature s'est « orientalisée » avec le goût de l'ailleurs, du voyage, sous l'influence des écrits de Byron, Chateaubriand et Lamartine, qui auront aussi de l'influence sur Flaubert, Du Camp ou Nerval. C'est une époque charnière d'une histoire « contemporaine » avec l'ouverture des temps « modernes » et le développement du goût pour la science et la technique en liaison avec l'industrialisation de l'Occident. C'est notamment le début d'un cycle d'inventions de ce nouvel art de la représentation qu'est la photographie.
Dix-neuvièmiste éclairé, historien du voyage, lecteur et rassembleur assidu de toutes sortes d'archives et de sources d'histoire culturelle, Sylvain Venayre, connu et reconnu pour ses travaux d'histoire culturelle sur Pierre Loti, suit ici de près les deux protagonistes qu'il nomme familièrement « Gustave » et « Maxime » dans leur voyage en Orient et ses conséquences sur la perception qu'ils ont respectivement de l'écriture et de la photographie. Ce débat engagé entre eux en amont de ce voyage par la publication des travaux de Maxime se poursuivra plus tard comme en atteste, dans la correspondance de Flaubert, ses parti pris et ses refus de l'illustration pour ses romans, notamment Salammbô.
Le choix s'est porté ici, dans cet petit ouvrage, sur une relecture à la fois textuelle (avec des extraits de la Correspondance de Flaubert) et visuelle (avec une vingtaine de photographies choisies de Du Camp) de ce moment clé d'une expérience de terrain propice à une philosophie des usages de l'image.
-
Le camp de Drancy, seuil de l'enfer juif ; dessins et estampes, 1942-1947
Georges Horan-koiransky, Benoît Pouvreau
- Creaphis
- 2 Novembre 2017
- 9782354281274
Original et essentiel dans la connaissance du camp de Drancy, le recueil de cinquante-six estampes de Georges Horan-Koiransky, Le Camp de Drancy, seuil de l'enfer juif publié en 1947 était à peine connu il y a seulement quelques années. N'ayant jamais fait l'objet de réédition depuis sa publication, seules quelques estampes extraites de ce livre étaient diffusées sans être présentées comme partie d'un tout.
La réédition et l'analyse de son oeuvre ont été permises par la découverture de très nombreux croquis, esquisses et dessins préparatoires et du journal de Georges Horan-Koiransky (publié en parallèle par les éditions Créaphis). Ce foisonnement nouveau d'archives et d'informations et leur capacité à faciliter la compréhension d'une oeuvre à la fois douloureuse et elliptique nous ont amenés à réaliser une réédition augmentée des sources de ce « témoignage graphique » unique. En effet, ce récit dessiné sur Drancy, novateur et méconnu, constitue un document exceptionnel qui relate avec émotion et talent la misère quotidienne et l'effroi vécus par les internés et les déportés de ce camp majeur dans la persécution des juifs de France entre août 1941 et août 1944.
La réédition respecte la conception originale de l'édition de 1947 et la reproduit intégralement mais dans une version augmentée avec un appareil critique et des documents inédits.
Le livre est composé d'une préface de Serge Klarsfeld, qui rappelle toute l'importance de l'oeuvre de Georges Horan-Koiransky dans la connaissance du camp de Drancy ; d'une introduction générale de Benoît Pouvreau ; du fac simile de l'édition de 1947 et d'une analyse approfondie de l'oeuvre de Georges Horan accompagnée de dessins et croquis inédits et d'extraits du journal.
-
L'extraordinaire destin de Milda Bulle ; une pasionaria rouge
Christian Bromberger
- Creaphis
- 13 Décembre 2018
- 9782354281427
Aujourd'hui bien oubliée, Milda Bulle (prononcer « Boulé ») fut pourtant une des figures exceptionnelles de la révolution d'Octobre et des débuts du régime soviétique. Partie d'un hameau de Courlande, en Lettonie, devenue militante, puis combattante, armes à la main, lors de la guerre civile dans le Caucase, passée par l'Iran pour y enfiévrer une révolution, gradée (elle fut l'une des premières à porter le titre de kombrig, équivalent à général de brigade), décorée, apparatchik dans les organes du pouvoir à Moscou, féministe, oratrice, auteure d'ouvrages de propagande, promotrice de la culture, de deux théâtres et d'un opéra dans la république de Bachkirie (entre Volga et monts d'Oural), Milda fut, en 1938, victime des purges staliniennes.
Pourquoi s'intéresser à Milda, pasionaria rouge ? Son histoire, fascinante par bien des aspects, ne s'inscrit pas dans la lignée des récits biographiques habituels. Elle n'est pas une personne célèbre, ancrée dans la mémoire de ses « pays » et descendants, dont les exploits ont laissé de nombreux témoignages. Elle n'est pas non plus l'une de ces anonymes, à l'existence banale, dont le parcours sans relief révèle l'air du temps, un quotidien toujours si difficile à saisir ? S'agirait-il encore d'un personnage émouvant dont on pourrait suivre avec empathie les accidents de l'existence ?
La vie de Milda est tumultueuse, ponctuée de hauts et de bas. Ce que nous savons d'elle par les documents ou les renseignements divers nous informe beaucoup plus sur les soubresauts de l'histoire que sur la platitude du quotidien.
Son enthousiasme pour une cause et son engagement corps et âme, au seuil de sa vie adulte, pour un monde meilleur, jusqu'à son glissement dans une dérive totalitaire qui finit par se retourner contre elle et la broyer. La trajectoire et la fin tragique de Milda suscitent l'admiration et la compassion. Mais sa docilité et son allégeance au pouvoir soviétique, son « suivisme » tapageur, n'entraînent en rien l'adhésion. Le drame d'une militante prise au piège de sa fidélité.
L'auteur, ethnologue spécialiste de l'Iran, a « rencontré » Milda de manière incongrue au cours de ses recherches et ne l'a plus lâchée. Il retrace ici, avec beaucoup de précision et non sans humour, son fabuleux destin. Le livre est aussi un passionnant carnet d'enquête. Christian Bromberger raconte toutes les étapes de sa recherche sur ce personnage méconnu et médite sur les raisons de son oubli.
-
Paris transformé ; le Marais 1900-1980, de l'ilôt insalubre au secteur sauvegardé
Isabelle Backouche
- Creaphis
- Lieux Habites
- 7 Mars 2019
- 9782354281397
Aujourd'hui le Marais est un secteur sauvegardé et jouit d'une forte attractivité touristique et commerciale alors qu'il était au coeur d'un Paris industrieux et populaire jusque dans les années 1980. Sa partie sud, au bord de la Seine, est l'un des dix-sept îlots insalubres parisiens délimités en 1920. Sous la dénomination « îlot 16 », il focalise l'attention des pouvoirs publics tout au long du XXe siècle. Son destin témoigne des liens complexes entre la réputation d'insalubrité, la stigmatisation d'un ghetto et la réflexion sur les conditions de préservation d'un quartier de Paris.
Emblématique du Paris historique, il a suscité de nombreux programmes, projets, débats et combats avant et après la décision de sa sauvegarde au titre de la loi Malraux de 1962. Que sait-on de cette transformation urbaine ? Comment et à quel rythme a-t-elle abouti au renouvellement de la population ?
L'aménagement de l'îlot 16 a été bloqué, dans l'entre-deux-guerres, par l'épineuse question du relogement et le coût des indemnités. Il est brusquement réactivé en 1941 dans un Paris occupé : Vichy et la préfecture de la Seine, profitant de la persécution antisémite exercée à partir de 1940, lancent une opération édilitaire de grande ampleur, inédite depuis les travaux d'Haussmann.
L'historienne Isabelle Backouche observe à la loupe cette transformation urbaine à l'échelle de la capitale en réunissant tous les acteurs impliqués (pouvoirs politiques, administration, architectes, propriétaires, locataires, commerçants, associations, hommes de lettres et savants). Au cours de ce voyage dans les archives, elle a mené une enquête sans précédent. Sa proposition d'histoire aborde l'aménagement de la capitale en mettant en valeur la diversité de ses temporalités, les expériences de tous les Parisiens, du plus modeste au plus influent, et les résistances qui ont accompagné la genèse du Paris du XXIe siècle.
-
Journal d'un interné ; Drancy, 1942-1943
Georges Horan-koiransky, Benoît Pouvreau
- Creaphis
- 26 Octobre 2017
- 9782354281267
Drancy de Georges Horan est un manuscrit inédit récemment découvert par sa famille. Connu pour ses 56 estampes publiées en 1947 sous le titre Drancy, seuil de l'enfer juif (dont la réédition a lieu en parallèle par les éditions Créaphis), Horan livre ici un texte exutoire et cathartique rédigé dans les semaines qui suivent sa libération du camp en mars/avril 1943.
La sincérité et l'immédiateté du texte lui confèrent une portée particulière. « Écrit pour [lui], pour [s]e libérer d'une obsession », ce texte à usage privé ne le force pas à l'optimisme, contrairement à sa correspondance avec sa famille. Il fait preuve d'humour, d'ironie et de lucidité, s'autorise un style très personnel qui ajoute à ce texte une indéniable dimension littéraire, rare pour ce type de document. Il s'agit de « fixer sur le papier » ce dont il fut le témoin au cours de son internement, débuté le 10 juillet 1942. Encouragé par René Blum, jeune frère de Léon, il a dessiné ces « choses vues » mais il les a aussi décrites.
Ce texte inédit, qui documente notamment l'été 1942, une des pires périodes du camp, éclaire ses dessins d'un jour nouveau et donne des clefs de compréhension sur ce moment majeur pour l'histoire du camp de Drancy. Celui-ci devient alors le camp de transit de l'ensemble des camps d'internement des juifs de zone occupée, comme de zone libre, principalement vers Auschwitz-Birkenau. Son témoignage sur les déportations en gare du Bourget est exceptionnel : de « corvée de Bourget » il est « porteur de bagages » pour les départs et les arrivées. Thomas Fontaine, historien et directeur du musée de la Résistance national, développe en postface l'importance du rôle de cette gare dans le processus de déportation et de l'enjeu mémorial qu'elle constitue.
-
Réveiller l'archive d'une guerre coloniale ; Gaston Chérau, correspondant de guerre, 1911-1912
Pierre Schill
- Creaphis
- 18 Octobre 2018
- 9782354281410
Le livre a pour origine la découverte fortuite par l'historien Pierre Schill, d'une trentaine de photographies dans les archives départementales de l'Hérault : soldats sous des palmiers, désert africain et scènes d'exécution collective en place publique, quatorze corps pendent au gibet. Images « égarées » et retrouvées mais sans aucune indication de date, de lieu ni de nom du ou des photographes. C'est le point de départ de la passionnante enquête historique de Pierre Schill. En identifiant Gaston Chérau, écrivain, comme ce correspondant du Matin lors de la guerre italo-turque en Libye (1911-1912), il propose une analyse historique de ces documents et une réflexion oiriginale sur le statut d'observateur correspondant de guerre à partir d'un corpus important de photographies, d'articles de presse, de lettres et d'écrit littéraire. Mais il y a plus. Soucieux de partager cette découverte, l'historien sollicite le regard et le geste d'artistes contemporains qui entreprennent un travail de création par appropriation (chorégraphique, plastique et littéraire). Quatre contributeurs analysent ces oeuvres en deuxième partie.
Première partie : analyse historique (Pierre Schill) L'écrivain Gaston Chérau (1872-1937) est missionné en 1911 par le quotidien Le Matin, l'un des plus importants de l'époque, pour couvrir la guerre qui vient d'être déclenchée entre l'Italie et l'Empire ottoman à propos du contrôle de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque (actuelle Libye). En affaiblissant l'Empire ottoman, ce conflit a joué un rôle déterminant dans le déclenchement des guerres balkaniques (1912-1913) et consécutivement dans l'embrasement de l'Europe en 1914. Il a alors 39 ans. Plus de 250 photographies, une correspondance privée, des articles publiés et un récit littéraire de 1926 constituent la matière de cet ouvrage.
Cette matière abondante, protéiforme - visuelle et textuelle - avec différents registres d'expression - public et privé - permet de suivre et de comprendre la vie quotidienne et le travail d'un correspondant de guerre au temps du télégraphe. Elle constitue un témoignage rare des premiers temps du reportage de guerre et de l'utilisation de la photo dans la presse.
L'ouvrage aide à comprendre le rôle du correspondant dans la construction du récit de guerre ; conditionné par le dispositif d'encadrement militaire, le matériau produit lui échappe en partie en raison des multiples médiations éditoriales qui façonnent ses récits.
En explorant les coulisses de la fabrique de l'actualité, ce livre restitue la genèse du récit, éclaire le prisme d'un métier tout neuf et permet de mesurer une expérience qui au-delà de l'épreuve personnelle est un engagement dans un espace très contraint. En effet, le reporter se trouve pris entre le contrôle exercé par les belligérants - soucieux de contrôler la narration des événements - et par la rédaction du journal désireuse de captiver son lectorat par une spectacularisation de l'actualité. Le journaliste est tiraillé entre sa fonction de témoin et sa manipulation par les pouvoirs politiques, militaires et médiatiques.
L'intérêt historique de ces archives est également de « dépayser » notre regard habituel sur ces conflits prémonitoires de la Grande Guerre. Les documents rassemblés mêlent deux histoires, de niveaux et d'enjeux différents. L'une est collective : c'est celle d'un conflit colonial tardif marqué à la fois par des violences extrêmes et par l'intensité de la répression de masse, mais aussi par des formes de modernité - la plus symbolique étant d'avoir été le théâtre du premier bombardement aérien de l'histoire par aéronefs. L'autre forme d'histoire est individuelle : c'est celle d'un partie de la vie de Gaston Chérau lui-même. à l'écart des figures les plus célèbres de la littérature de reportage - Dorgelès, Leblanc, Leroux, Londres, Naudeau ou Giffard - Chérau est un écrivain-reporter peu connu mais pas inconnu du monde des lettres. Romancier, il a été deux fois finaliste du Prix Goncourt (1906 et 1911) et élu à l'Académie Goncourt en 1926.
Deuxième partie : Regards croisés : histoire, art contemporain, danse et littérature Contributeurs : Quentin Deluermoz (historien), Mathieu Larnaudie (écrivain et éditeur), Smaranda Olcèse (critique d'art), Caroline Recher (historienne de l'art, conservatrice) Ce livre d'histoire est aussi celui d'une histoire : celle du réveil d'une archive dormante puis de sa constitution en tant que source et enfin de son appropriation artistique. Le croisement des regards a donné naissance à trois créations autour d'un titre générique qui reprend l'une des expressions de Gaston Chérau : « à fendre le coeur le plus dur ». Deux expositions et plusieurs livres ont contribué à donner un large écho à cette archive ainsi réveillée et revélée à un large public. Ce sont les oeuvres des écrivains Jérôme Ferrari et Oliver Rohe, de la plasticienne Agnès Geoffray et du danseur et chorégraphe Emmanuel Eggermont. La deuxième partie de l'ouvrage est consacrée aux modalités et aux enjeux de ce compagnonnage entre art et histoire.
-
Quarante ans après, les événements qui ont marqué l'année 1968 sont partout rappelés. Expositions, livres, émissions de radio ou de télévision se multiplient en France et à l'étranger et font écho à ce courant de contestation qui a parcouru le monde, de la Californie à Tokyo. Cet ouvrage accompagne des expositions de Bruno Barbey en Espagne.
Bruno Barbey, de l'agence Magnum Photos, a été l'un des rares photographes présents sur les lieux des événements du printemps 68 à Paris, de fin mars à fin juin. Certaines de ses photos, diffusées et publiées au moment même du déroulement des faits, sont devenues des images emblématiques, maintes fois reproduites, de véritables icônes. Avant et après, ses images de la guerre du Vietnam ou des soulèvements étudiants de Tokyo témoignent des mouvements de révolte et de contestation des années 68 à travers le monde.
Bernard Chambaz est né en 1949. Après une agrégation de lettres et d'histoire, il se tourne vers l'écriture. Poète, romancier, il a notamment publié L'Arbre de vies (Julliard,1992, Goncourt du premier roman), Martin cet été (Julliard, 1994), L'Orgue de barbarie (Seuil, 1995), Le Pardon aux oiseaux (Seuil,1998), Kinopanorama (Panama, 2005). ll est professeur d'histoire au lycée Louis-le-Grand à Paris.
Juan Bosco Diaz de Urbaneta est critique d'art et professeur d'esthétique à l'université de Séville.
1 -
Les sourds dans la société française au XIXe siècle ; idée de progrès et langue des signes
Florence Encrevé
- Creaphis
- Silex
- 10 Janvier 2013
- 9782354280475
En 1880, à la suite du congrès de Milan - réuni officiellement « pour l'amélioration du sort des sourds-muets » - le gouvernement français décide de proscrire la langue des signes des écoles pour sourds et d'y imposer l'usage du français oral, tant pour la transmission des connaissances que pour les échanges quotidiens des professeurs et des élèves, y compris des élèves entre eux. Aujourd'hui encore, aux yeux des sourds, ce congrès symbolise une véritable « révolution négative », incompréhensible et aux conséquences lourdes puisqu'elles sont encore perceptibles en ce début de XXIe siècle. Comment expliquer une telle décision ? La langue des signes est victime de l'idée de progrès.
Entre 1830 et 1860, Ferdinand Berthier et ses « frères » sourds parviennent à faire entendre à la société qu'ils sont en mesure d'accéder à l'égalité civile grâce à l'utilisation de la langue des signes. L'idée de progrès n'a pas encore de grandes implications. En cette période des débuts de la révolution industrielle, tout est encore possible et les sourds peuvent revendiquer l'utilisation de la langue des signes dans tous les domaines. Entre 1860 et 1880, l'idée de progrès conquiert peu à peu presque tous les domaines de la société et au lendemain du Congrès de Milan en 1880, les sourds ne peuvent plus revendiquer l'utilisation de la langue des signes comme c'était le cas après la révolution de 1830.
Paradoxe surprenant au premier abord : alors que la société progresse vers davantage d'égalité civile, comment expliquer que les sourds se sentent en situation d'inégalité et demandent à être à nouveau considérés comme ils l'étaient auparavant ? Telle est l'interrogation centrale de ce livre. Un lien avec une lecture du livre en langues des signes sera disponible à partir d'un flash code apposé dans l'ouvrage.
-
Faire l'histoire des violences en guerre : Annette Becker, un engagement
Collectif
- Creaphis
- Silex
- 9 Décembre 2021
- 9782354281656
L'histoire culturelle de la guerre s'est affirmée depuis près de quatre décennies, presque autant que la carrière d'Annette Becker. Le parallèle est loin d'être fortuit ; il vaut reconnaissance de la contribution protéiforme de l'historienne à cette approche historiographique.
Ce livre peut se lire comme un panorama du formidable renouveau apporté à notre compréhension du phénomène guerrier à travers les contributions de 40 auteurs. Deux générations de spécialistes en histoire, en histoire de l'art, en anthropologie mais aussi des gens de lettre, des artistes, des responsables d'institutions de recherche ou de musées, pour lesquelles la rencontre avec Annette Becker a laissé des traces fécondes, suscité de nouveaux terrains, voire infléchi leurs réflexions.
Cette diversité reflète le parcours multiple d'Annette Becker : trajectoire internationale (Europe, Amérique, Afrique, Asie), apprentissages interdisciplinaires (histoire religieuse, histoire de la guerre, histoire de l'art, histoire culturelle, histoire du temps présent, histoire transnationale et connectée, anthropologie culturelle) et rencontres intergénérationnelles.
L'originalité des approches et la pluralité des questionnements permettent d'offrir à un lectorat élargi une entrée dans des thématiques communes à travers une variété de formes, du texte court à l'article plus développé, de la contribution universitaire à des textes plus intimes, sans oublier les nombreuses oeuvres d'artistes inédites.
-
Des cheminées dans la plaine ; cent ans d'industrie à Saint-Denis ; 1830-1930
Gonzalve
- Creaphis
- 15 Mai 1998
- 9782907150859
Entre 1830 et 1930, l'aire géographique de la vaste plaine où s'est développé SaintDenis, qui commence aux portes de Paris et s'achève avec les hauteurs de Montmorency, a connu d'importants bouleversements.
Sous le coup d'une industrialisation rapide et massive, le paysage initial s'est hérissé de cheminées d'usines. Cette mutation du paysage constitue une première approche de la zone industrielle majeure comptant parmi les plus importantes de la banlieue nord et dépassant amplement le quartier qui porte le nom de " La Plaine ". Dans cet ouvrage collectif qui rassemble les contributions de spécialistes de l'histoire industrielle et ouvrière mais aussi d'historiens de l'image, la Plaine-Saint-Denis occupe une place prépondérante, en écho à la diversité de ses activités (orfevrerie, usines à gaz, métallurgie, verrerie...).
L'ensemble est complété par des éclairages portés sur des activités dionysiennes plus spécifiques et plus anciennes, procédant d'une dynamique industrielle large (tanneries, ateliers d'impression sur étoffes, industries automobiles...). En outre, sont abordées les questions de population, d'immigration et de vie politique, ainsi que leurs répercussions dans l'imaginaire des artistes. Cet ouvrage a été édité à l'occasion de l'exposition Des cheminées dans la plaine, Cent ans d'industrie à Saint-Denis, autour de Christofle (1830-1930), qui s'est tenue au musée d'art et d'histoire de Saint-Denis du 5 juin au 23 novembre 1998, dans le cadre de la manifestation Christofle à Saint-Denis.
Livre d'histoire de l'art mais aussi livre d'histoire sociale et industrielle, cet ouvrage s'inscrit dans la série de livres que les éditions Créaphis consacrent à l'anthropologie urbaine.
-
Ivry banlieue rouge ; capitale du communisme français, XXe siècle
Emmanuel Bellanger
- Creaphis
- 16 Mars 2017
- 9782354280499
Ivry-sur-Seine peut se prévaloir d'un héritage et d'une longévité politiques auxquels peu de villes de son importance et de son aura symbolique peuvent prétendre. Son histoire contemporaine fait écho à l'expérience du socialisme municipal et de la banlieue rouge, communiste et industrielle, qui, au cours du 20e siècle, marquent de leur empreinte le paysage de l'agglomération parisienne. Dès les années 1920, cette cité ouvrière s'érige en « fille aînée » du communisme urbain et en « capitale du communisme français ». Sous l'autorité tutélaire de Georges Marrane maire d'Ivry et de Maurice Thorez, député de la ville et secrétaire général du Parti communiste, la ville se présente pendant près d'un demi-siècle en modèle de sociabilité militante, d'opposition au régime capitaliste et de contestation de l'ordre établi. Elle devient aussi un lieu emblématique du déploiement du communisme municipal dont les réalisations sont citées en exemple en France mais aussi en URSS, le pays du « socialisme réel » et de la dictature du prolétariat, que la ville rouge aime à dépeindre sous les traits d'une terre radieuse.
C'est cette expérience politique et historique de près d'un siècle que l'historien Emmanuel Bellanger, chercheur au CNRS, met en perspective en remontant aux sources du communisme ivryen, les années 1880-1890. Il décrit les tensions qui traversent l'époque, les renoncements et les violences qui la caractérisent, les compromis qui s'imposent à des acteurs politiques que tout oppose ainsi que les fiertés d'être banlieusard et d'appartenir à un territoire de conquête. Emmanuel Bellanger achève son récit sur la rupture fondamentale que constitue pour la banlieue rouge la désindustrialisation qui fragilise la société locale et accentue les divisions qui l'affectent. L'ouvrage est documenté par une centaine d'illustrations et se clôture par une anthologie commentée de textes d'archives couvrant les années 1990 aux années 2000.
-
L'entente cordiale ; cent ans de relations culturelles franco-britanniques
Collectif
- Creaphis
- 2 Novembre 2006
- 9782913610798
Le 8 avril 1904, un accord est signé entre la France et la Grande-Bretagne. En 2004, le centenaire de cette " Entente cordiale " a donné lieu à deux colloques, à Paris et en Angleterre, à Oxford et Londres, traitant des relations culturelles entre les deux pays depuis 1904.
L'ouvrage rassemble des communications présentées lors de ces colloques. Il rend compte de la grande variété et de l'immense richesse des échanges culturels dans de multiples domaines : la création d'institutions, comme le Collège franco-britannique de la Cité universitaire de Paris, l'ouverture d'un Institut britannique, le rôle joué par les Galignani, libraires-éditeurs, la gestion de l'égyptologie, mais aussi le cinéma, la littérature, les pratiques sportives, les conceptions de l'éducation, la gastronomie, l'art des jardins etc. Certaines communications traitent d'événements contemporains, sujets de débats, comme la crise de la vache folle ou la question du voile, ouvrant la réflexion sur la façon dont sont traitées dans les deux pays les questions d'intégration, d'assimilation et de multiculturalisme.
Une mésentente récurrente caractérise les rapports franco-britanniques . De multiples facteurs de division, Jeanne d'Arc, Trafalgar, Waterloo, l'Irak. nourrissent cette rivalité séculaire entre " buveurs de thé " et " mangeurs de grenouilles ". Les stéréotypes persistent, l'anglophobie, la francophobie resurgissent périodiquement.
Mais " il y a de nombreux exemples de bonnes relations culturelles entre ces deux voisins que nous sommes, si proches et si différents à la fois ", écrit un directeur du British Council, John Tod.