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C'est l'histoire vraie d'une extraordinaire évasion. Durant l'été 1962, un groupe d'étudiants creuse un tunnel de 135 mètres de long sous le mur de Berlin. De l'autre côté, à Berlin-Est, des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants risquent leur vie pour s'échapper.
Mais comment creuse-t-on un tunnel dans le pays le plus étroitement surveillé du monde, sans pouvoir utiliser des engins bruyants ni acheter des outils faute d'argent ? Comment s'éclairer, comment respirer quand l'air se raréfie ou éviter de mourir noyé en heurtant une canalisation ? Et si, malgré tous ces obstacles, on réussit à atteindre le but, que faire si la police secrète attend au bout du tunnel ? S'appuyant sur des centaines d'heures d'entretiens avec des survivants et des milliers de pages d'archives de la Stasi, la journaliste Helena Merriman retrace l'aventure de Joachim Rudolph, l'étudiant à l'origine de ce projet fou. Avec un formidable sens du récit, elle restitue l'odeur de l'argile, le poids de la terre, les bruits des passants au-dessus de sa tête, la peur constante d'être écouté par la Stasi, et l'étrange accord passé avec la télévision américaine, qui filme la tentative d'évasion au risque d'une explosion géopolitique.
Par-dessus tout, Tunnel 29 raconte l'histoire d'une liberté volée, et du combat acharné pour la retrouver. Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Jacqueline Odin -
Les hommes aussi s'en souviennent ; une loi pour l'histoire
Simone Veil
- Stock
- 29 Octobre 2004
- 9782234057203
Le 26 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé au gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing, présente son projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse devant l'Assemblée nationale. Modifier profondément la loi répressive de 1920 est urgent : chaque année, entre 300 000 et 500 000 femmes ont alors recours à l'avortement clandestin ou se rendent à l'étranger pour se faire avorter, tandis que des médecins de plus en plus nombreux font part publiquement de leur pratique des IVG en toute illégalité.
Ce discours et les débats qui l'ont suivi révèlent à la France entière une femme courageuse et déterminée, défendant à la fois la dignité de la femme et l'intérêt de la Nation, face à des parlementaires déchaînés.
Personne n'a oublié ce discours. Beaucoup considèrent cette loi comme le fait le plus marquant du septennat Giscard.Trente ans plus tard, Simone Veil a enfin accepté de voir publier son discours de novembre 1974. Il est suivi d'un long entretien avec Annick Cojean, journaliste au Monde. Simone Veil revient ainsi sur ces débats. On comprend pourquoi la publication de ce texte est aujourd'hui plus que nécessaire. Aujourd'hui où certains tentent de remettre en cause cette loi au nom de conceptions religieuses contraires aux fondements de l'État républicain. -
Que reste-t-il d'un pays disparu depuis plus de vingt-cinq ans et dont l'effacement est toujours un enjeu social et politique ? Sur les tables des videgreniers, par terre dans les hangars ou dans les entreprises délaissées, la République Démocratique Allemande (RDA, 1949-1990) est aujourd'hui un pays à la brocante, un pays à l'horizontal.
Ce livre invite à un voyage sur les traces de ce pays disparu. Dans les usines ou les écoles à l'abandon, il arrive que l'on récupère des dossiers individuels, des empreintes des vies de l'époque. Les traces ce sont aussi les milliards d'objets du temps du socialisme qui ont connu de nouveaux destins depuis la chute du Mur. L'enquête suivra ceux qui célèbrent, aujourd'hui, le souvenir de la RDA, et ceux qui veulent la faire revivre un peu.
À travers tous ces chemins, à travers la pratique de l'exploration urbaine (Urbex), l'historien raconte les expériences sensorielles et personnelles de ces troublantes rencontres avec un monde disparu, toujours porté par ceux qui l'ont vécu, proposant ainsi une ample réflexion sur les traces et la mémoire.
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Les clés retrouvées ; une enfance juive à Constantine
Benjamin Stora
- Stock
- Un Ordre D'idees
- 18 Mars 2015
- 9782234074736
Lorsque la mère de Benjamin Stora est décédée en 2000, il a découvert, au fond du tiroir de sa table de nuit, les clés de leur appartement de Constantine, quitté en 1962. Ces clés retrouvées ouvrent aussi les portes de la mémoire.
La guerre est un bruit de fond qui s'amplifie soudain. Quand, en août 1955, des soldats installent une mitrailleuse dans la chambre du petit Stora pour tirer sur des Algériens qui s'enfuient en contrebas, il a quatre ans et demi et ne comprend pas. Quelques années plus tard, quand ses parents parlent à voix basse, il entend les craintes et l'idée du départ. Mais ses souvenirs sont aussi joyeux, visuels, colorés, sensuels. Il raconte la douceur du hammam au milieu des femmes, les départs à la plage en été, le cinéma du quartier où passaient les westerns américains, la saveur des plats et le bonheur des fêtes.
Ces scènes, ces images révèlent les relations entre les différentes communautés, à la fois proches et séparées. Entre l'arabe quotidien de la mère et le français du père, la blonde institutrice de l'école publique et les rabbins de l'école talmudique, la clameur des rues juives et l'attirante modernité du quartier européen, une histoire se lit dans l'épaisseur du vécu.
Benjamin Stora a écrit là son livre le plus intime. À travers le regard d'un enfant devenu historien, il restitue avec émotion un monde perdu, celui des juifs d'Algérie, fous de la République et épris d'Orient. -
Le village de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, près de Médéa, porte le nom prestigieux du pont italien qui a permis aux troupes de Napoléon d'entrer victorieuses à Milan.
Il incarne aussi un épisode occulté de l'histoire.
C'est là, pendant la guerre d'Algérie, que des centaines de pieds-noirs, sympathisants de l'indépendance, ont été enfermés de façon arbitraire. Des années durant, ils ont croupi dans des baraques délabrées, entourées de barbelés, inspectées jour et nuit par une armée de gendarmes mobiles, loin des regards indiscrets et des grandes villes. Sans avoir été jugés ni même inculpés. Sur simple arrêté préfectoral, la « lettre de cachet » des années noires du conflit algérien.
Parmi la dizaine de « centres d'hébergement », qui sont nés après l'insurrection du 1er novembre 1954, Lodi occupe une place à part. C'est le camp des Français, le camp des pieds-noirs. Là se sont croisés des médecins, des architectes, des cheminots, des gaziers, des électriciens, des résistants de la Seconde Guerre mondiale, des anciens internés de Dachau... Mais aussi Albert Smadja, l'avocat de Fernand Iveton, seul Français du conflit guillotiné pour avoir tenté de faire sauter une bombe ; Georges Hadjadj, le dernier compagnon de cellule du professeur de mathématiques Maurice Audin, qui a « disparu » après une ultime séance de gégène ; ou encore Henri Alleg, l'auteur de La Question, arrivé à l'été 1957, après avoir été torturé des jours durant par les parachutistes. Et beaucoup d'autres encore.
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« Dans mon souvenir d'enfant, mon grand-oncle, Fernand Doukhan était un vieux grincheux qui semblait se battre contre des moulins à vent. Dix ans après sa mort, cette image est venue se heurter à une notice biographique de quelques lignes, sur son passé d'anarchiste en Algérie, que j'ai découverte sur Internet. C'est ainsi qu'est née l'idée de ce livre.
Il venait d'une famille juive berbère, comme la moitié des juifs d'Algérie, sans doute installée là depuis le xie siècle. Il voit le jour à Alger, en 1913. Il est le premier homme de la famille à naître français, le premier à avoir un prénom qui ne soit pas hébraïque, le premier à apprendre le français à l'école, le premier à devenir instituteur, alors que de génération en génération, chez les Doukhan, on était matelassier, brocanteur, domestique... Il va partir au front dès le début de la Seconde Guerre mondiale pour défendre le drapeau français. Il est fait prisonnier, le 23 octobre 1940, envoyé pour cinq ans dans les stalags allemands, alors qu'à Alger le régime de Vichy supprime le décret Crémieux, retire leur nationalité aux juifs, leur interdit d'enseigner. À son retour, instituteur à l'École Lazerges, dans le quartier de Bab el Oued, il devient anarchiste, commence à s'emporter contre cette France coloniale qui laisse derrière les grilles de ses écoles la majorité des enfants musulmans. Quand éclatent les premières attaques du FLN, en novembre 1954, les anarchistes et les trotskistes sont les seules mouvances politiques à réclamer la fin de la colonisation française. Fernand Doukhan milite de plus en plus activement. Il s'insurge, dans le journal Le Libertaire, contre « la dictature française en Algérie»... Il est arrêté le 28 janvier 1957, en pleine bataille d'Alger. Parce qu'il a fait grève à l'appel du FLN. Il est à nouveau emprisonné. Cette fois-ci au camp de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud d'Alger. Là où moisissent les « Français de souche » suspectés d'être favorables aux thèses indépendantistes et où sera aussi enfermé Henri Alleg, l'auteur de La Question. Le 30 mars 1958, quatre ans avant l'indépendance, des militaires viennent le chercher, le poussent dans un camion, puis sur un bateau en direction de Marseille. Sur simple arrêt préfectoral, Fernand Doukhan vient d'être expulsé d'Algérie. Il n'y retournera plus jamais.
Il est mort en 1996 à Montpellier. Sans laisser de souvenirs, de correspondances, de journal intime, ni même d'héritiers. Ce livre a été un long voyage dans le passé, à la recherche des traces qui restaient de lui, en France, en Algérie, dans les archives, auprès des témoins qui ont croisé sa route. » Nathalie Funès -
L'Occident décroché ; enquête sur les post-colonialisme
Jean-Loup Amselle
- Stock
- Un Ordre D'idees
- 23 Janvier 2008
- 9782234060425
De la critique postcoloniale, on retient surtout la remise en cause de l'universalité de la raison occidentale et celle de la prétention européenne à exporter les Lumières, la démocratie et les droits de l'Homme. Pour Jean-Loup Amselle, cette opposition entre l'Ouest et le reste est simplificatrice : elle ignore les connections et les interférences réciproques, ne prend pas en compte des philosophies ou des pensées concurrentes de la pensée occidentale élaborées en Europe et, enfin, méconnaît les réflexions et les controverses venues Afrique, d'Asie et d'Amérique du Centre ou du Sud.
Pour y voir clair, il a donc entrepris une vaste enquête à travers continents et théories, auteurs et institutions. Du renouveau d'une certaine pensée juive dans le sillage de Benny Lévy à l'indigénisation du mouvement zapatiste, en passant par la défense des savoirs endogènes africains ou l'affirmation d'une temporalité indienne spécifique, il analyse les divers « décrochages » par rapport à l'Occident et les dangers que ceux-ci recèlent quand ils mettent en avant les principes essentialistes de cultures et de races. Chemin faisant, il revient aussi sur la figure tutélaire de Gramsci pour montrer combien l'hommage rituel dont celui-ci fait l'objet dans les études postcoloniales repose sur un usage infidèle de sa pensée.
Ce vaste parcours, solidement documenté et argumenté, nous ramène finalement dans la France d'aujourd'hui où le postcolonialisme arrive tardivement, au moment où la crise des deux modèles d'intelligibilité de la société, celui de la lutte des classes et celui de la République, favorise l'ethnicisation des rapports sociaux. -
La France d'hier ; récit d'un monde adolescent
Jean-Pierre Le Goff
- Stock
- 7 Février 2018
- 9782234081956
"Mai 68 peut apparaître comme la préhistoire pour les générations dites X, Y, ou Z... Mais que savent-elles au juste des conditions dans lesquelles a vécu ma génération, de sa jeunesse et de son passage à l'âge adulte ? Ce livre voudrait faire comprendre "de l'intérieur" la vie d'un jeune dans les années 1950 et 1960. Parce que l'adolescence est la plaque sensible du basculement dans le nouveau monde, "crise de l'adolescence" et "crise de la modernité" se font écho : elles révèlent un malaise symptomatique des difficultés du pays à s'engager dans une nouvelle étape de son histoire", Jean-Pierre Le Goff.
Jean-Pierre Le Goff a retenu tout ce qu'il a observé dans les comportements familiaux et sociaux, le catéchisme et les enterrements, les débuts de la grande consommation et des loisirs de masse, le livre de poche, le cinéma, la publicité, les lumières de la ville, le quotidien des femmes, le yéyé... Cinquante ans après Mai 68, pour éviter les contresens et les récupérations, rien de plus nécessaire que ce récit émouvant et drôle qui constitue un document ethnologique hors du commun éclairant le passé et le présent.
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Guerre d'indépendance, conflits de mémoire et séquelles postcoloniales, guerre civile algérienne, luttes intestines... des deux côtés de la Méditerranée les effets des combats n'en finissent pas, comme les répliques des tremblements de terre. Les rapports entre l'Algérie et la France sont ensanglantés, passionnés, obsédants, durablement marqués par une conflictuelle proximité.
À distance des passions partisanes, froide par méthode, l'histoire de ces relations tourmentées s'écrit néanmoins à chaud et l'exercice est parfois périlleux. Un jour de juin 1995, Benjamin Stora reçoit des menaces et un petit cercueil en bois dans une grande enveloppe beige...
Entre étude historique et témoignage personnel, ce livre singulier, jalonné par des rencontres avec quelques personnages clés, associe une réflexion sur l'écriture de l'histoire et l'engagement de l'historien à une analyse profondément originale des rapports entre la France et l'Algérie. -
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Le dernier poilu ; Lazare Ponticelli (1897/2008)
Véronique Fourcade
- Stock
- 22 Octobre 2008
- 9782234061842
Le nom de Ponticelli restera désormais dans l'Histoire comme celui du dernier témoin des atrocités de la Première Guerre mondiale. On sait moins qu'il figure, plus discrètement il est vrai, dans les annales du monde économique et industriel français. Car la vie extraordinaire de Lazare Ponticelli ne se résume pas à ses faits d'armes, ses six ans de mobilisation, sa « croix de guerre » italienne .Lazare ne sait ni lire ni écrire et ne parle pas français lorsque, à l'âge de 9 ans, il fuit la misère de son Italie natale pour rejoindre, seul, sa mère et ses deux frères à Paris. Après l'épreuve de 14-18, les trois frères travaillent dur comme ramoneurs. Analphabètes, leurs mains débordent d'intelligence et leurs muscles de courage. Ils créent une entreprise de montage et d'entretien de cheminées d'usine. Après la seconde guerre mondiale durant laquelle les frères apportent leur contribution à la Résistance, la société Ponticelli diversifie ses activités, emploie des milliers de personnes, ouvre plusieurs agences à l'étranger et en province dont une en 1955 à Bassens, en Gironde, où le groupe emploie aujourd'hui 250 personnes.
Malgré son ascension sociale, l'homme n'a jamais quitté son petit pavillon du Kremlin-Bicêtre, où il s'était installé en 1922. Plus que centenaire, il y vivait seul, faisant tous les jours son marché et lisant les chroniques économiques des journaux pour boursicoter, lui qui avait veillé à ce que sa société ne soit jamais cotée en Bourse !
En 1996, il obtient la Légion d'honneur. Son dernier défi était d'être « le der des ders », il l'a réussi : il meurt le 12 mars 2008 à l'âge de 110 ans, trois semaines après l'avant-dernier, Louis de Cazenave. . -
« Qu'est-ce donc, au fond, que le sport, sinon la lutte des forces au service de la Patrie ? » D'une phrase, Eckart Hans von Tschammer und Osten, Reichssportführer de 1933 à 1943, défi nit les motivations du régime nazi en matière d'exploits athlétiques. Dans Les champions d'Hitler, Benoît Heimermann explore l'histoire de ces athlètes et aventuriers allemands, alpinistes, footballeurs, tennismen, boxeurs, pilotes qui, de records en surpassements de soi, ont joué les fers de lance du régime nazi. Sauf que tous, à l'image du sauteur en longueur Luz Long battu par le Noir américain Jesse Owens, ont échoué avant même que la guerre n'embrase la planète entière. Représentants d'un sport utile, codifi é et instrumentalisé, ces funestes messagers se croyaient des héros infaillibles, ils n'étaient que de vulnérables otages.
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Plus de deux millions de Français, prisonniers de guerre, déportés et travailleurs dans les terres du Reich, sont rapatriés entre le printemps et l'été 1945. C'est le grand retour des absents. Une séquence capitale pour signifier qu'une parenthèse se referme.
Le message officiel est que la nation est prête à les accueillir, tous égaux, pour reconstruire une France unie. Au-delà des slogans, la rentrée en masse va se charger de remettre chacun à sa place, plus ou moins honorée, dans la société et la mémoire de l'après-guerre.
En haut de la « hiérarchie » vont vite figurer les déportés politiques, qui incarnent l'absolu de la volonté. Puis viennent les prisonniers militaires, exilés du pays et de l'histoire depuis cinq ans. À l'égard des autres, les travailleurs volontaires et requis du STO, ou encore des « Malgré nous », Alsaciens et Mosellans, enrôlés sous uniforme allemand, le regard traduit la gêne.
Et puis le flou et l'opacité se font sur les victimes juives, ainsi au Lutétia, l'hôtel de la rive gauche où parviennent les rescapés des camps de la mort. Un regard singulier est aussi posé sur le retour des femmes déportées, et les ex-prisonniers soldats des colonies. Quant à des lieux symboles, comme le Vel d'Hiv, où furent acheminés des milliers de Juifs raflés à l'été 1942, on les voit réutilisés pour parquer des collaborateurs.
C'est tout ceci que révèle le fonds d'une exceptionnelle richesse des archives de photographies et de récits oubliés de l'Agence France-Presse.
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Chaque année, le jour de l'Ascension, plusieurs dizaines de milliers de pieds noirs de confession chrétienne, mais aussi musulmane et juive, se retrouvent pour un pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes. Cette population hétérogène, venue de diverses régions de France, retrouve là, dans l'effervescence d'une manifestation éphémère, une sociabilité et une identité perdues.
Jeune ethnologue et fille de Français d'Algérie, Michèle Baussant a fréquenté et étudié ce curieux « lieu de mémoire », appelé par certains « Oranîmes » car il transpose sur le sol français l'ancien grand pèlerinage à la Vierge d'Oran. Partant de là, elle remonte le cours d'une mémoire occultée, enfermée dans la nostalgie, liée au passé honteux de l'entreprise coloniale et marquée par l'exil. En fait, un double exil : le premier a conduit d'Europe en Algérie une population très diverse de pauvres et de proscrits que l'administration coloniale et l'église contribuèrent à unifier, le second, en 1962, a ramené en Métropole, les descendants des premiers, perdants malmenés par l'histoire comme leurs aînés.
Sur un sujet toujours sensible, soumis aux passions politiques et peu étudié, Michèle Baussant a su tirer parti de la familiarité, voire de l'intimité avec ses interlocuteurs tout en gardant un « regard éloigné ». Sans complaisance ni jugements a priori, elle a su trouver cette bonne distance qui permet à la fois la compréhension et l'explication. -
Les héritiers du silence ; enfants d'appelés en Algérie
Florence Dosse
- Stock
- Un Ordre D'idees
- 25 Janvier 2012
- 9782234071643
Il y a eu plus d'un million d'appelés en Algérie, mobilisés pour ce qui, alors, n'était pas reconnu comme une guerre. Pour beaucoup d'entre eux, l'expérience marquante, voire traumatisante, de ce conflit sans nom et sans gloire est restée enfouie dans le silence. Elle n'avait pas de place dans l'histoire officielle et suscitait plus de gêne que de curiosité. Leurs proches eux-mêmes posaient peu de questions. Au fond, personne ne souhaitait vraiment entendre leur récit et ils ont préféré se taire, durablement.
À la génération suivante et dans un contexte différent, alors que l'histoire et la mémoire de la guerre d'Algérie commencent à s'écrire, certains de leurs enfants se découvrent héritiers de ce silence. C'est le cas de Florence Dosse. Entre quête personnelle et enquête, elle a interviewé à la fois d'anciens appelés, les épouses de ces derniers et leurs enfants, aujourd'hui adultes, à qui rien ou presque n'a été transmis. On découvre le « vécu congelé » des premiers, raconté avec les mots du passé, le désarroi des femmes, les non-dits dans les couples et le mélange d'ignorance, d'interdit, de douleur ou de honte confusément ressenti par les enfants. L'originalité profonde de ce livre tient à la juxtaposition de ces trois paroles et à l'écoute attentive de Florence Dosse. -
Attention : terrain délicat, mouvant, piégé, passionnel, passionnant.Il était une fois un journal satirique paraissant le mercredi qui écornait tous les pouvoirs, séculiers et réguliers, qui n'était lié à aucun parti, ne dépendait d'aucun budget publicitaire, et n'avait d'autre souci que railler, en un temps d'ordre et de censure. Sous la guerre d'Algérie, Le Canard enchaîné fut un des lieux de résistance, notamment de protestation contre la torture. On l'achetait pour rire, pour lire les délicieuses chroniques de la Cour, pour s'assurer qu'en France les libertés publiques n'étaient pas mortes.
Au tournant des années 1970, le journal change complètement. D'équipe, de projet, de nature. Il soutient expressément les socialistes qui vont accéder au pouvoir. Et surtout, il se mue en journal d'investigation et d'influence. Les vingt-cinq permanents (les mieux payés de la profession) s'entourent d'une armée de collaborateurs de l'ombre - cela va des amis politiques aux agents secrets, de la garde rapprochée de Mitterrand à Jean Montaldo, des juges aux justiciables.
Un journal d'influence, cela veut dire un journal qui influence et un journal qui est influencé. On sait aujourd'hui que l'affaire des diamants de Bokassa fut un coup monté par les gaullistes contre Giscard, que les micros clandestinement posés au Canard ne furent pas, comme l'écrivit le journal, découverts par hasard, que la feuille d'impôts qui coûta sa carrière à Jacques Chaban-Delmas n'est pas sortie de nulle part. On sait que le dossier Papon fut fouillé de près, à bon droit, mais que le dossier Bousquet - ami de Mitterrand - fut opportunément refermé. On flaire que Boulin à droite, Bérégovoy à gauche, tous deux suicidés, furent indirectement flingués par des amis qui leur voulaient du bien.
C'est cette saga que racontera le livre. Avec minutie et sans hargne aucune. Le Canard, les auteurs l'aiment bien. Mais, puisqu'il fait la morale à tout le monde, il est temps qu'à son tour il devienne objet d'une investigation rigoureuse. -
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Un hiver à Hendaye. Dominique Sigaud y passe quelques jours pour un atelier d'écriture. L'enseignante lui montre une maison, lui dit : « C'était la Gestapo. » Comment une ville si paisible, au bord de la mer, peut-elle aussi avoir été le refuge de la Gestapo ? D'interrogations en recherches, Dominique Sigaud finira par retrouver les cent soixante-quinze maisons occupées par la Gestapo allemande en France de 1940 à 1945. Ce livre des maisons, c'est l'histoire de la répression SS, des Juifs traqués, des résistants, des déportés, des prisonniers. De ces anciennes chambres d'enfants abritant la réalité des tortures. C'est un hommage à l'humble France combattante. Et la terrible vérité sur ces bourreaux qui s'en sont sortis.
Un livre rempli de photos de façades de maisons cossues, de visages des tortionnaires, ainsi que des résistants.
Très documentée, une enquête et un rappel nécessaires, une façon de restaurer la mémoire, de rendre justice.
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Salué comme un chef d'oeuvre dès sa parution en 1960, Le IIIe Reich de William L. Shirer appartient à cette catégorie d'ouvrages de référence qui se lisent aussi avidement qu'un roman. Il s'est vendu à des milliers d'exemplaires dans le monde. L'auteur consacra cinq années à des recherches à travers les centaines de tonnes d'archives saisies par les Alliés à la fin de la guerre. Il se servit également de ses notes et de son journal rédigés quand il était en Allemagne et sortis clandestinement fi n 1940 au moment où il quitta ce pays pour échapper à la Gestapo. Il nous livre ainsi un extraordinaire et terrifiant voyage dans les coulisses d'un théâtre dont les tragiques productions et les acteurs déments faillirent faire basculer le monde occidental dans des ténèbres permanentes.
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Célia Bertin
Femmes sous l'Occupation
Femmes sous l'Occupation n'est pas seulement une description du quotidien veule, frileux ou héroïque des femmes de 1940 à 1945. Bien sûr, Célia Bertin y inventorie cette "vie au féminin" dans ses aspects les plus modestes - de l'improbable quête du cuir pour ressemeler les chaussures à la confection de la soupe aux orties - comme les plus dramatiques - l'avortement, la collaboration, la Résistance. Le livre abonde ainsi en témoignages humbles ou prestigieux sur ces années de plomb, et se nourrit des études les plus fouillées.
Mais Célia Bertin n'a pas sur cette époque le regard distancié de l'historienne: engagée dans la Résistance pour transmettre les messages clandestins, elle-même a connu la peur, les soudaines disparitions, les départs précipités.
En même temps que la rigueur historique, la force d'une mémoire sensible et vivante.
Célia Bertin est l'auteur de plusieurs biographies, dont celle de la psychanalyste Marie Bonaparte et de Rodolphe de Habsbourg. Elle est également l'auteur de La femme à Vienne au temps de Freud. -
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Histoires extraordinaires de la resistance en asie
Paul Dreyfus
- Stock
- 15 Novembre 1996
- 9782234046979